C’est le plus beau parc de la ville que je découvre depuis mon arrivée, avec son plan d’eau bien garni et ses grands palmiers (même si mon guide de mercredi aurait déploré toute cette végétation importée) – il s’agit de Parque Quinta Normal. Mon idée première n’est pas de visiter plusieurs des musées qui s’y trouvent et pourtant celui d’histoire naturelle m’attire. Les sujets me parlent assez depuis le « cours » de géographie de Gonzalo. L’entrée est gratuite et je peux y approfondir mes connaissances; je parcours les vitrines et les panneaux explicatifs avec la bonne surprise de m’apercevoir que la lecture de l’espagnol est bien plus simple que la compréhension orale (car étonnamment pas d’anglais ici).
Le Chili s’étend sur plus de 4’000 km du nord très désertique au sud, pays des glaciers de l’Antarctique. Je retrouve le nom de l’arbre natif vu dans les Andes, le Tamarugo, arbre aux racines très profondes pour s’adapter aux conditions du désert et aller capter l’eau bien en-dessous de la surface – ses feuilles se recroquevillent par fort ensoleillement pour éviter l’évaporation. Il y a tellemennt de parcs nationaux qu’il serait merveilleux de découvrir, chacun selon sa latitude avec une faune et une flore spécifiques.
Le pays se situe sur la ceinture de feu du Pacifique et compte plus de 2’000 volcans dont une cinquantaine encore actifs. Alex H. nous dira que la terre tremble autour de Santiago tous les 3 mois environ. Avec le Japon, il sont les experts des constructions antisismiques. La capitale (6 millions d’habitants) rassemble plus d’un tiers de la population du pays et n’a cessé de croître depuis sa création, dans tous les sens, et sans planification; ce qui a engendré des problèmes de déforestation, de hausse de la circulation, entre autres. La pollution stagne sur cette ville plate entourée de montagnes très élevées, elle a ses pics de densité en hiver à cause des différences de températures importantes – il arrive que les centres d’activités extérieurs soient fermés et cela me fait penser au haze de Singapour (dû lui aux conséquences des feux en Indonésie).
Je me dirige ensuite vers le Museo Artequin, un joli pavillon métallique de couleur bleue, surmonté d’une coupole; il fut construit par un architecte français, transporté à Valparaiso pour l’exposition universelle du centenaire de la révolution et reconstruit à Santiago pour accueillir depuis les années 90 un musée interactif destiné à susciter la créativité des enfants. Un bruit de cloche me pousse alors vers une partie voisine du parc où est exposée la collection d’une vingtaine de locomotives anciennes – il fait bon s’y promener, la mise en valeur des engins est bien pensée, il y autant des enfants que des couples plus âgés.
Aucun de ces musées ne faisaient partie de mon plan en quittant l’hôtel, c’est une bonne surprise que ce parc qui rassemble ces lieux d’intérêt et ce dans un paysage qui me convient très bien. Le coin est par contre éloigné du centre, je ne m’aventure donc pas dans les rues autour de la station de métro et je me dirige enfin vers le Musée de la Mémoire et des Droits Humains – le but premier de ma sortie. Il fut inauguré en 2010, en la présence de la présidente Michelle Bachelet et de deux anciens chefs d’état. Mon parcours dans ce musée très moderne, est ici bien facilité par un audio-guide en français. Les visiteurs sont nombreux, jeunes et moins jeunes, l’atmosphère est lourde, l’émotion est perceptible. De nombreux documents télévisés et journalistiques de l’époque du coup d’état militaire de 1973 sont présentés, donne la vision de comment elle fut vécue à l’intérieur du pays et comment on y a réagi à l’international. Les années d’investigations, de recherches non seulement de personnes disparues mais aussi pour rétablir la vérité par rapport aux informations qui étaient diffusées par le régime, sont bien détaillées (il n’y a pas moins de 70 postes sur l’audio-guide). La violence montrée est intolérable, les témoignages de survivants aux scènes de torture sont très poignants. Un bien triste épisode de l’histoire, comme il y en a eu d’autres de par le monde et ce encore de nos jours malheureusement.
Yves ce soir donne sa dernière conférence, organisée par le département Innovation de la société Telefonica, conférence ouverte au public également. Ainsi 250 personnes s’appliquent de 20h à 22h, à pratiquer le BM canvas; Alex H. est au premier rang, pas peu content de connaître l’orateur. Une sketcheuse immortalise la séance et tout comme hier, un service de traduction simultanée permet une meilleure compréhension. Le succès se traduit toujours par des photos-autographes, des cadeaux (ma valise sera-t-elle assez grande ?) et ce soir, un jeune couple assiste même à l’exposé avec leur petit enfant dans sa poussette !