Alors que nous lui demandons pourquoi son motel porte ce nom-là, Louise nous renseigne une marche dans la forêt pour découvrir des cascades, des rochers qui secouent le cours de la Rivière du Bras. Ce sera la deuxième mise en jambes pour Olivier qui a fait son jogging de bon matin. Ce paysage très nature respire le bon air et donne de jolies photos.
Je recommande vivement ‘A chacun son Pain‘ pour un petit déjeuner avec des produits locaux et une grande variété de pains; c’est ici que je trouve un petit flyer qui influencera le reste de la journée.
Ensuite c’est la découverte des galeries d’Art; il y en a ici à Baie-St-Paul un nombre impressionnant, qui présentent les œuvres d’artistes canadiens. La plupart sont installées dans des maisons anciennes de personnalités du coin et cela apporte encore un charme supplémentaire. Un galeriste prône les oeuvres de Bruno Coté; il nous dit : ‘on achète un artiste vivant par coup de coeur et un qui nous a quittés pour investissement’ ! Le livret sur cette petite localité en répertorie une vingtaine et je ne manque pas d’aller montrer à Olivier la plus typique, celle de la maison de René Richard.
Olivier aime passer devant le monastère des Sœurs Franciscaines, qu’il a de suite repéré non pour la petite sœur sur le parvis, mais parce que ces sœurs ont un wifi gratuit dans l’Espace Muséal des Petites Franciscaines de Marie! C’est fin du dix-neuvième siècle que le père Fafard ouvre à Baie-St-Paul l’hospice Ste-Anne, avec onze sœurs fondatrices pour s’occuper des malades, des orphelins, des personnes âgées. Leurs bâtiments s’étendent sur une belle superficie, leurs églises ont ces clochers d’argent typiques qui brillent au soleil. Elles ont vendu une partie de leurs terres pour la réalisation d’un grand projet qui s’appelle ‘La Ferme’.
Ce complexe hôtelier fut construit avec des matériaux bruts et naturels, à l’emplacement de la plus grande ferme en bois au Canada, il comprend cinq bâtiment à l’architecture et au design modernes, tout en laissant paraître des éléments de la ferme d’antan. Les chambres ont des décors très variés et les clients peuvent acheter tout ce qu’il y a dans la pièce. Il y a trois restaurants offrant des produits régionaux, des légumes de leur jardin mais aussi un Spa et une gare où arrive un train faisant la navette entre Baie-St-Paul et Petite-Rivière-St-François un peu plus au sud.
Voilà un endroit qui plairait bien à Yves lors d’une prochaine visite dans la région tandis que moi, je serais attirée par une excursion à bord du Train du Massif de Charlevoix. La ligne se trouve juste entre le fleuve et les montagnes, une croisière ferroviaire qui peut se vivre entre Québec et La Malbaie.
Nous voici quittant le pays sauvage et magnifique de Charlevoix; nous reprenons la route 138 vers Québec. Une dernière halte encore à Beaupré nous tente pour une ultime marche en nature, au Canyon Ste-Anne. Woah, c’est assez vertigineux et spectaculaire de passer par dessus cette chute d’eau, sur les trois ponts suspendus, dont une passerelle qui se situe à soixante mètres au-dessus du gouffre. Ici aussi nous sommes face à une chute plus haute que celle du Niagara; le débit de la rivière varie beaucoup au cours de l’année entre le printemps avec la fonte des neiges et l’automne. La rivière Ste-Anne prend sa source dans une trentaine de lacs, à cent kilomètres à la ronde avant de se faufiler et se jeter dans le St Laurent à Beaupré. Comme la plupart des rivières du Québec, elle abrite des poissons, on peut y pêcher la truite arc-en-ciel, l’omble de fontaine, l’anguille ou le meunier noir. Sa couleur est brune par endroit; cette coloration provient des acides présents dans l’humus du sol des forêts et aussi de la présence de métaux comme le fer et le manganèse qui se trouvent dans les roches sur lesquelles la rivière ruisselle. Elle n’est cependant pas impropre à la consommation.
Les points de vue sont fabuleux, les arcs-en-ciel sont féeriques; les plus aventureux traversent en tyrolienne ou escaladent la Via Ferrata des Marmites, du nom des bassins d’eau profonds creusés par la chute de la Rivière Ste-Anne depuis un milliard d’années. Le site est une sortie en nature fantastique et qui a attiré des peintres depuis longtemps, comme le révèle le tableau de Cornelius Krieghoff au dix-neuvième siècle. Nous aurons découvert une Chute, des Cascades et un Canyon … elle est belle et riche la nature.
Ainsi se termine notre escapade au pays de Québec et Charlevoix mais il reste une longue route, monotone pour rentrer; nous empruntons aujourd’hui l’autoroute 20 sur la rive sud et déposons Olivier vers 18h30 à son hôtel au centre ville de Montréal. Cinq jours s’offrent encore à lui pour explorer la métropole.
Pour nous, ce sera un achat de valises – eh oui, je pense avoir quand même accumulé quelque surplus – et un souper tranquille en terrasse chez Rumi, un restaurant aux saveurs orientales.