Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine


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Harlem, Guggenheim, SoHo, NYU, Washington Square, Greenwich Village

Si la nuit nous a permis de récupérer de l’énergie, toutefois ce n’est pas avec le petit-déjeuner médiocre que nous tiendrons bien longtemps; Mathieu est désigné pour nous trouver mieux pour demain.

Et ce matin, il aimerait que nous commencions par Harlem; un des concierges de l’hôtel, un petit noir tellement drôle, nous fait tout un discours expliquant que certaines églises sont réservées aux locaux, que nous n’y trouverons aucune place mais que c’est bien d’y aller quand même. Au carrefour de la station de métro, ce sont des dizaines de policiers qui s’apprêtent à gérer le grand défilé de la Gay Pride; impressionnant comme déploiement des forces de l’ordre – et de nombreuses rues sont bordées de barrières Nadar.

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Voulant monter à bord d’un ‘omnibus‘, nous attendons assez longtemps dans cet underground étouffant de New-York, tel un vrai sauna et finalement nous arrivons au cœur de Harlem sur la 116th au nord de Central Park. C’est exact qu’il y a plusieurs églises baptistes où afflue la population noire bien endimanchée; la première Église Corinthienne est installée dans un ancien théâtre. Les cultes se déroulent au rythme du Gospel qui s’échappe sur le trottoir …

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J’hésite, puis je me décide à entrer dans Mount Olivet Baptist Church et mes hommes me suivent – à regret, peut-être. L’ambiance y est unique, les fidèles amassés dans les premiers rangs vivent cette célébration de tout leur cœur, ils applaudissent et s’exclament à certaines allocutions du révérend ou de la diacre, ils se lèvent et frappent dans les mains au rythme des chants, ils ont tous revêtus leurs plus beaux habits, les dames portent un chapeau.
Les enfants du chœur Curtis sont habillés de noir, les petits garçons ont un joli nœud papillon rouge à la chemise et les filles portent un Borsalino rouge également; on fête le premier anniversaire de cette jeune chorale et tout le monde se lève pour les applaudir. Cela ressemble à un vrai moment de partage, de communauté; le révérend s’enquiert même des nationalités des blancs qui se sont logés au fond de l’église – y a-t-il des Français? des Japonais? des Australiens? – et nous sommes tous invités au repas qui va suivre l’office. Une chaleur humide envahit l’église, des éventails à l’effigie d’un religieux sont distribués aux fidèles, par des dames vêtues de blanc qui assurent le bon déroulement de la célébration.
Un orchestre avec piano, cymbales et guitare se déchaîne ensuite pour accompagner la chorale toute entière; l’assemblée se lève, chante, tape dans les mains et s’anime comme à un concert … Oh que j’aime cette ambiance dansante, chantante dans une église … Merci Mathieu d’avoir suggéré Harlem!

Ce quartier a toujours joué un rôle important pour la culture afro-américaine; il a été un des centres de lutte pour l’égalité des droits des citoyens et ce n’est pas sans nous rappeler le quartier de Martin Luther King à Atlanta. Encore considéré comme un ghetto il y a une dizaine d’années, où régnaient la violence et la criminalité, Harlem s’est peu à peu transformé en une zone presque attirante et dynamique – Bill Clinton a choisi d’y installer ses bureaux au début des années 2000.

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Des centres commerciaux, des théâtres et cinémas, des musées, des boutiques et restaurants avec terrasse où se joue du jazz s’échelonnent le long des rues aux jolies façades, avec ces escaliers extérieurs – ici ils sont des sorties de secours et non comme à Montréal les accès aux logements. Mathieu trouve son bonheur dans des magasins comme le célèbre Jimmy Jazz, où les jeans, t-shirts, casquettes de marque sont à prix très serrés – mais où ne trouverait-il pas son bonheur ici à New-York, ville de shopping par excellence! Yves se plait lui à observer le comportement, les tenues, les carrures des gens dans la rue, les ventes qui se font sur les trottoirs comme ces essences de parfums et tout cela souvent en musique. Et je ‘navigue‘ entre mes deux hommes, profitant de la climatisation des magasins pour me rafraîchir, le temps est lourd, orageux.

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Aujourd’hui je freine un peu l’entrain des garçons et je propose – ou impose presque – de reprendre le métro pour se rapprocher de Central Park; il y a quand même une trentaine de rues qui nous séparent du prochain point de chute. Et pour rejoindre la Fifth Avenue, nous empruntons la traverse numéro trois, juste au sud du réservoir du Park; quel grand lac – Mathieu renonce à en courir le tour qui est pourtant bien fréquenté! La taille de Central Park mériterait, pour moi du moins, une journée presque complète mais « ce n’est qu’un parc, juste spectaculaire par sa taille au sein d’une ville » concluent les boys. Le ciel s’assombrit, le vent se lève, les premières gouttes commencent à tomber à l’approche du Guggenheim. Alors que les parapluies s’ouvrent pour les visiteurs faisant la file sur le trottoir, mes entrées commandées sur le net nous permettent l’accès direct au Musée.

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Ce bâtiment de 1959, est l’œuvre de l’architecte Frank Lloyd Wright qui a imaginé une galerie longue de huit cents mètres grimpant en spirale jusqu’à une coupole. C’est vraiment spectaculaire, et à force de tourner je suis comme perdue, ne sachant plus ce que j’ai déjà vu ni à quel niveau je me trouve, ni quel sens je dois prendre en quittant une salle d’exposition! C’est un plaisir de découvrir la réalisation ici dans le hall central du Guggenheim, de James Turrell, un artiste américain qui joue avec l’espace et la lumière. L’atmosphère créée par ces tonalités de couleurs pastel, lumineuses, relaxantes, envoûtantes et qui évoluent sans cesse pousse les visiteurs à s’allonger au sol … magique. L’inconvénient reste cependant le fait qu’il a couvert de toiles tout le tambour central, nous privant de la vue en profondeur de la spirale et de la coupole; une autre visite s’imposera!

Les bouquinistes le long du Park ont bien senti que le ciel ne se limiterait pas à quelques gouttes, ils replient et pas de chance pour moi, une deuxième traversée de Central Park tombe à l’eau. Mathieu sentirait bien une petite pause à l’hôtel – le décalage horaire et la fatigue de la session d’examens se font sentir – et nous allons rejoindre le métro avec l’intention de rentrer. Mais dans les catacombes de la ville, nous oublions presque la pluie et la fatigue, et à l’unanimité, optons pour descendre jusque SoHo – Olivier nous a conseillé cette portion de Broadway pour le shopping et mon guide parle de La Mecque du shopping branché.

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OMG pour les jeans, les marques de sport Adidas ou Nike, des disquaires, des chaussures et même nos magasins préférés d’Asie Muji et Uniqlo; les prix et les marques nous semblent ici plus abordables que sur la cinquième au Nord et les bras s’allongent au poids des sacs.

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Mathieu poursuit seul son ‘magasinage’ et rentre à l’hôtel tandis que nous flânons encore un peu dans SoHo, vers l’est pour rejoindre le Nouveau Musée d’Art Contemporain. Celui-ci s’est offert pour ses trente ans, en 2007, une nouvelle parure de zinc étincelant qui recouvre une tour de cubes empilés; cette modernisation est l’œuvre des architectes japonais SANAA qui ont créé le Learning Center de Lausanne. La rose en façade donne tout son effet selon moi à ce bâtiment, nous prenons un peu de temps pour monter sur la terrasse du dernier étage afin d’admirer la vue sur le sud de Manhattan, de parcourir ensuite les expositions d’Ellen Gallagher, de Llyn Foulkes et Erika Vogt, jusqu’à l’heure de fermeture du musée.

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Le quartier de SoHo nous plait beaucoup, une autre facette de la ville, avec des rues aux maisons plus basses, jolies façades dont certaines, typiques sont en fonte, des colonnes, des corniches et des fenêtres de style. Nous passons devant un magasin Nespresso et aussi Apple, installé dans une ancienne poste. Remontant l’avenue La Guardia, nous arrivons à NYU, l’Université de New-York où Yves a rendez-vous mardi; les bâtiments sont très différents les uns des autres, certains avec des architectures intéressantes – ils sont faciles à repérer car ils arborent tous le drapeau mauve avec la torche. Elle a été fondée en 1831 par un homme politique du nom de Albert Gallatin; il s’agit de la plus grande université privée à but non lucratif et elle compte quarante mille étudiants de toutes disciplines.

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Nous sommes ici dans Greenwich Village, un quartier agréable pour son parc, le Washington Square; un parc réputé joyeux, favori de la bohème New-yorkaise, avec des étudiants, des artistes de rue. Il est particulièrement animé ce soir; un pianiste joue en plein air sur un piano à queue des mélodies agréables, plus loin des jeunes se donnent au rap et aux acrobaties au son de leur transistor et autour de la fontaine, ce sont encore les extravagances de la Gay Pride.

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Un petit Arc de Triomphe borde le parc; sous son arche depuis le sud, on aperçoit l’Empire State Building et depuis le nord, la Freedom Tower qui sera au programme demain … enfin. Le monument commémora en 1892, le centenaire de l’investiture du premier président américain Georges Washington. Et le peintre Edward Hopper habita juste en face, soit sur la même rue que notre hôtel.

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Nous lançons nos achats sur le lit et c’est parti pour aller souper; le restaurant que j’ai repéré doit être très très sympa mais il est en plein cœur de Greenwich, qui semble être aussi le cœur des retombées de la Pride. Toujours beaucoup de barrières, des policiers en nombre, des trottoirs et rues encombrés de détritus et surtout une foule pas très engageante … nous nous faufilons pour en sortir au plus vite et dénichons une terrasse fort agréable, d’un restaurant français à l’enseigne ‘La Villette‘ au croisement de Bleecker et Americas. Un des serveurs, parisien, a reconnu notre accent – tiens donc … ; il devrait venir étudier à Montréal à la rentrée. Le filet mignon de Yves, l’entrecôte de Mathieu et mon Lobster sont de vrais régals; l’attente valait la peine, vraiment et les desserts renforcent encore notre impression d’un repas succulent … Qu’est-ce qu’on peut bien manger à NY!

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New-York, we are coming !

Le réveil nous secoue un peu avant six heures et très excités par le voyage, nous sommes bien à l’heure pour le départ de la navette de 6h30 vers l’aéroport. Contrairement à notre déplacement pour Boston, nous sommes en période de vacances et de long week-end en plus – lundi premier juillet sera la fête nationale du Canada. La file pour la sécurité forme un long serpent qui avance par blocs, régulée par les postes de douanes cachés derrière la grande paroi. C’est ainsi une seconde attente pour passer auprès d’un agent douanier américain, sous l’œil sévère du superviseur; les haut-parleurs nous remercient de notre compréhension : pour raisons budgétaires, le personnel des douanes a été réduit! Nous mettons une heure pour le tout, ce qui n’est pas si mal. Un copieux petit-déjeuner américain nous cale l’estomac avant de prendre place dans un Embraer d’Air Canada; le vol est complet et nous atterrissons à La Guardia avec un quart d’heure d’avance.

Les yellow cabs s’alignent à la sortie, notre chauffeur est plein d’humour même si je ne comprends pas tout – quel accent et quel débit. Ça y est, nous sommes bien à New-York et c’est pour nous trois une première découverte qui s’annonce passionnante, , amusante, excitante. L’île de Manhattan s’étire entre l’Hudson et la East River, ce n’est qu’un des cinq districts de la métropole qui se voit comme la capitale du monde ; 1,6 millions de personnes habitent sur cette île allongée et alors que les statistiques mentionnent quelques cinquante millions de visiteurs par an, notre chauffeur de taxi se réjouit lui des huitante mille de cette année.
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Les bagages sont vite déposés à l’hôtel, Mathieu prend le temps de revêtir du plus léger et c’est parti; mon rôle de guide commence à la station de métro ‘West 4th St.’ où nous achetons chacun un pass pour plusieurs trajets. Le métro est assez similaire à celui de Boston quant à son apparence, d’un train sous terre, et quant au rythme des directs ou omnibus. Lorsque nous émergeons à l’air libre à Rockefeller Plaza, l’immensité des buildings me fascine, me rappelle ces grandes villes américaines; les rues semblent si étroites à l’ombre des édifices, je pense que mes photos seront principalement en hauteur et qu’il me sera difficile de capter tout sur une pellicule.

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John Rockefeller, un magnat du pétrole, lance l’idée dans les années 1920 de financer dix-neuf immeubles qui se dresseront autour de la place, c’est son fils qui terminera son oeuvre et c’est un chef de file de l’Art déco, Raymond Hood, qui les a réalisés. On y trouve un des premiers centres commerciaux au monde et également le Radio City Music Hall qui fut inauguré en présence de Charlie Chaplin, de Clark Gable et qui renferme six mille places, sans oublier la tour Top of the Rock où nous avons rendez-vous dans quelques heures.

Les rues sont animées de monde, dans une atmosphère toutefois respectueuse et après avoir traversé un marché dans la rue – où Mathieu fait son premier achat – nous nous dirigeons vers le MoMA où nous pénétrons de suite avec les billets commandés par Internet. Je trouve le bâtiment majestueux, spacieux et très clair. Nous débutons notre visite par l’étage supérieur avec une exposition extraordinaire sur Le Corbusier; on ne peut que se sentir tout humble et tout petit face à l’œuvre d’une seule vie de cet homme qui a parcouru le monde, innové et bâtit partout. Ses dessins, ses esquisses, ses tableaux, ses maquettes sont vraiment très beaux; on retrouve l’intérieur de son cabanon à Roquebrune Cap Martin sur la Côte d’Azur, une photo de son studio à Paris, des dessins géants esquissés pendant qu’il donnait des cours à la School of Architecture de Princeton, plus de trois cents de ses œuvres en Europe, en Amérique Latine, à New-York, à Moscou, en Inde … et je dois en oublier. Une exposition absolument fascinante qui nous replonge dans le Jura de La Chaux-de-Fonds comme point de départ de la vie d’un tout grand architecte du vingtième siècle. Et nous poursuivons en descendant, vers de jolies collections de peintures et sculptures d’art moderne et contemporain.

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Une pause pour les jambes, le dos et l’estomac nous semble bienvenue et c’est au bar The Modern, adjacent au MoMA que nous nous régalons de la cuisine légère et succulente d’un chef français; le foie gras et les gnocchis au homard resteront inoubliables. Mathieu est rassuré, le séjour s’annonce sous son meilleur jour : les parents ne se limitent pas à la course au culturel, leurs pauses sont de bonne augure!

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Ce serait dommage d’être si proches de la Fifth Avenue et de ne pas aller y jeter un œil … le ‘magasinage‘ est reparti avec notre fils; les marques connues, plus ou moins luxe sont ici, bien entendu. Le plus spectaculaire reste évidemment le cube de verre Apple, qui mène au magasin sous la place; on le connaît en photo mais rien de tel que d’y plonger … et Yves a la bonne surprise d’apprendre que l’iPhone 5 est vendu ici avec les systèmes GSM et CDMA, ce qui permet de voyager entre autre au Japon avec cet appareil.

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Sur notre chemin, la Trump Tower vaut un petit détour; cette tour bâtie en 1983 par le géant de l’immobilier du même nom, est luxueuse sur cinquante-huit étages et présente un atrium de marbre sur lequel coule une cascade haute de vingt-quatre mètres.
La cathédrale Saint-Patrick est la plus grande cathédrale catholique des États-Unis, elle peut accueillir deux mille quatre cents fidèles, elle est malheureusement en travaux et devrait rayonner de beauté la prochaine fois.

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C’est l’heure de grimper au Top of the Rock, et soixante-sept étages plus haut d’admirer la grandeur de la ville … quelle chance avec la météo! Central Park vers le nord, l’Empire State building, le Chrysler building et le centre de la finance vers le sud où déjà nous distinguons la Freedom Tower. Les rivières bordent l’île et au loin, nous devinons la Statue de la Liberté; un panorama magnifique!

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La chaleur, l’émotion donnent soif; après avoir fureté dans le magasin LEGO où les blocs sont rangés par couleur dans des boîtes comme des bonbons, nous nous attardons sur la Plaza Rockefeller avec sa sculpture en bronze doré d’une divinité grecque, oeuvre de Paul Manship et ses Inukshuks de pierres à grandeur humaine.

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Ragaillardis par notre bière, nous voici partis vers l’ouest en direction de Broadway, que nous descendons vers Times Square. Ce carrefour est fou fou fou, quasi indescriptible … des panneaux publicitaires immenses, des néons, des écrans géants, une foule extravagante, des marionnettes animées … Woah, ça c’est quelque chose!! Le regard est pris sur 360 degrés, de bas en haut, il reste scotché, émerveillé.

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Mes deux hommes ne semblent pas fatigués, ou plutôt n’ont pas encore vraiment pris la notion de distance ici à Manhattan … ils veulent poursuivre à pied sur Broadway jusqu’à l’hôtel – « il y a à peine deux pages sur ton cartoville! ». C’est parti pour quelques kilomètres pedibus alors que l’on entend par les bouches, le métro sous nos pieds; et nous ne comprenons pas vraiment pourquoi nous avons toujours les feux rouges pour traverser les rues, notre rythme ne cadre pas avec la signalisation!

L’Empire State Building brille sur notre droite, Madison Square Park est un joli espace vert et le Flatiron Building très original avec sa forme triangulaire qui lui donne son nom. Cet immeuble fut construit tout début du siècle, a ouvert l’ère des gratte-ciel et demeura quelques années seulement le plus haut du monde avec ses nonante mètres; sa structure est en acier, recouverte de parements en calcaire et terre cuite, ornés de motifs très travaillés.

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Au Washington Square Hotel, nous découvrons nos chambres avec joie, joie de s’allonger un moment; la recommandation d’Olivier semble parfaite, le décor de la chambre et de la salle-de-bain est très plaisant. Les yeux de Mathieu pétillent lorsque je propose pour le dîner, un fameux SteakHouse également conseillé par mon frère. Le Strip House est à deux rues de l’hôtel, mais nous nous trouvons bloqués au passage de la cinquième par un premier cortège de la Gay Pride, qui va s’étendre tout le week-end – décidément nous les suivons à la trace! Notre chance est l’arrivée en trombe et en sirènes tonitruantes d’un camion de pompier qui fonce droit devant pour couper la cinquième … sauve qui peut!

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L’hôtesse d’accueil nous trouvera une petite table dans les caves, c’est sombre et intime; ici aussi les serveurs vont débiter à toute allure leur carte de mets, difficile à capter. Les cocktails sont drôlement forts, la viande est savoureuse et juteuse à souhait … et en quantité … et la suggestion des ‘black truffle creamed spinash‘, un régal. La taille des desserts que nous avons vu passer sous nos yeux ne nous laisse aucun espoir de pouvoir y goûter ce soir …


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Dernière ligne droite avant l’arrivée de Mathieu et le voyage a New-York

Les journées passent vite entre les lessives, les courses et surtout le travail sur l’ordinateur. Je prends plaisir à revivre les quatre jours de ce week-end en Charlevoix et je ris seule en me remémorant les bons moments. Olivier se plaignait que certains posts soient trop brefs, cette fois il est servi et c’est un bon aperçu de la région que nous pensons re-parcourir avec lui dans un mois.

Quand l’envie me prend de voir le soleil pour trouver l’inspiration de ma rédaction, je monte sur la Montagne, vers l’université. Par contre c’était bien plus calme la semaine dernière à cause de la grève dans la construction; apparemment ils ont repris le travail! Il y a toujours un chantier en cours quelque part.

Mercredi, Martine me propose une visite chez ‘son’ italien sur Sherbrooke et j’en reviens avec de délicieux plats préparés que nous dégusterons ces prochains jours. Elle a récupéré Louba, toute calme d’avoir gambadé au chenil durant le week-end. En fin de semaine, les résultats médicaux qu’attendait Alain sont bons; nous en sommes très heureux pour lui. Quant à Titine, le garagiste a effectivement décelé un court-circuit au niveau de la génératrice, j’espère que cela sera facilement réparé; nos amis sont invités en juillet à un mariage et elle est fortement courtisée pour la séance photos.

Les réservations de vols et d’hôtels pour New-York sont faites depuis un moment mais la tâche de concocter le programme sur place m’incombe et me prend un peu de temps. Certaines visites et entrées de musées peuvent s’acheter sur le net, ce qui devrait nous épargner des files sur place. Je reçois de Thomas, Olivier, Amanda, Vanessa et des collègues d’ici, des conseils que j’essaie d’intégrer. La météo ne joue pas en ma faveur, les prévisions ne sont guère ensoleillées tous les jours et surtout pas stables, cela change chaque jour que je regarde. Croisons les doigts pour que j’aie fait les bons choix aux bons moments. Quatre jours, ce sera court; ça je le sens déjà et Thomas m’a prévenue : tu vas quitter frustrée, avec l’impression d’avoir peu vu! Ce sera sans doute une incitation pour y retourner.

Commence ce week-end à Montréal, le Festival du Jazz; pour nous en donner l’eau à la bouche, Yves suit les conseils d’un collègue et réserve pour jeudi soir, un souper jazz au Modavie dans le Vieux Montréal; très agréable.

Notre Mathieu nous arrive ce vendredi en début d’après-midi, sous une pluie qui n’a cessé depuis le matin. La nuit a été tempétueuse, le vent soufflait très fort dans les arbres.
Un plaisir immense de le retrouver, en forme et heureux d’avoir terminé sa session. Même si nous communiquons très souvent, nous avons beaucoup à nous raconter. Le départ demain pour New-York est matinal, nous restons donc dans un hôtel près de l’aéroport à papoter et se sustenter avant que le ‘petit’ ne sombre le premier.


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Les meilleures choses ont une fin …

D’un commun accord, nous avons fixé l’heure du petit-déjeuner à 8 heures et c’est une chance que la Fête Nationale ne dure qu’un jour.

Ensuite, le grand moment de vérité … que va décider Titine? Rentrer avec nous ou sur un camion de dépannage? Super, elle démarre au premier tour de clé mais Alain ne va plus l’arrêter jusqu’à l’arrivée, même à la station d’essence et tout se passe bien.

Par un temps gris mais sec, nous quittons Sainte-Foy, à 9 heures, un peu nostalgiques de voir ce magnifique week-end toucher à sa fin. Nous prenons l’autre rive pour redescendre vers Montréal et passons le Saint-Laurent par le Pont Pierre Laporte. Le paysage, les autoroutes nous paraissent toujours aussi larges et le train de marchandises que nous croisons, lui est très très très long.

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A mesure que nous nous rapprochons de Montréal, le thermomètre extérieur grimpe et grimpe; comme ils doivent avoir chaud devant nous. Il reste quarante kilomètres quand nous faisons une petite pause pour rassasier Titine assoiffée et on en profite pour décapoter; les pauvres, ils ont leurs habits tout mouillés, Martine est rouge, ils cuisent comme des écrevisses dans cette petite Austin! Et Martine a dû faire la chasse à une énorme méchante fourmi qui s’est octroyée un voyage en Austin.

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Des travaux évidement à l’entrée de Montréal ralentissent le trafic et causent de forts ralentissements qui vont grever notre moyenne. Nous entrons par l’autoroute 20, je reconnais sur ma droite le port, les buildings, la montagne, le stade et le Casino. Une fois de plus, Alain zizonne entre gros 4X4 et camions, essayant peut-être de nous perdre … heureusement que nous l’avons entendu dire qu’on rentrait en ville par le Pont Champlain! Nous passons d’abord sous le beau Pont Jacques Cartier, dessinons une grande courbe pour aller chercher le Pont Champlain – où je revois la direction pour l‘île des Sœurs, le quartier aussi de ma Maison Saint-Gabriel – et prenons enfin Decarie, qui nous est familière – quasi au bout du jardin.

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Il fait 30 degrés, il est midi pile quand nous nous séparons au Rockledge … toutes les meilleures choses ont une fin … Ce week-end, nous serons quatre à en parler encore souvent … à ne pas l’oublier!


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Après les qualifications, le conclave se poursuit sans nous …

Le Saint-Laurent fume ce matin, nous sommes face à la mer. Le buffet du petit-déjeuner est ici gargantuesque, il est bien dommage de ne pouvoir goûter de tout. Et c’est à la terrasse, en compagnie de Michel Drucker, que nous débutons en beauté cette journée. Il est en Charlevoix pour affaire et est allé hier soir admirer les bélugas, les baleines à Tadoussac, spectacle extraordinaire. Avec sa coéquipière canadienne Julie Snyder, ils préparent le tournage du nouveau talk-show franco-canadien pour l’automne 2014, qui s’appellera l‘Eté Indien. Ils y accueilleront entre autres, Céline Dion – selon la presse du lendemain.

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Alain et Martine sont allés rejoindre le groupe du conclave à l’aéroport de Saint-Irénée, où l’activité de cette matinée est un gymkhana; la piste leur est réservée et Alain se fait embaucher pour le chronométrage.

Mathieu a passé ce matin son avant-dernier examen, un oral qui ne se déroule pas vraiment comme il devrait et il sent les vacances approcher. Thomas est bien ancré dans son nouveau job, le lundi sera son jour de congé et dès demain, il est lancé tout seul aux commandes de sa boutique! Yves s’installe sur la terrasse pour un travail à propos des vidéos de BMG tandis que je profite d’un merveilleux massage au Spa de l’hôtel – le premier depuis le Canada, mais que m’arrive-t-il?

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De l’hôtel, un raide escalier descend jusque Pointe-au-Pic, un bourg longé par la ligne du train touristique, la plage et le fleuve. Nous découvrons ici des maisons au charme irrésistible et dont plusieurs proposent des chambres B&B.

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Et c’est un peu plus loin dans le village que nous retrouvons nos amis déjà attablés à une terrasse, avec un œil sur Titine. Le restaurant propose des plats agréables pour notre lunch – salades bien garnies et pâtes maison excellentes – et en face je repère une auberge accueillante, au nom presque familier de ‘Chez Truchon‘.

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L’étape suivante se déroule dans l’Arena de Clermont, une énorme patinoire l’hiver que le conclave a louée pour procéder au ‘judging‘. Cinq voitures s’y sont inscrites – trois québécoises, une d’Ontario et une de New Hampshire – elles vont être passées au crible trois heures durant par des juges spécialistes de chacun des modèles. Le but est de leur attribuer des points, dont le nombre global donne droit à une certificat Gold ou Silver ou Bronze.

Nous retrouvons JF, le copain d’hier soir, qui présente son Austin, il s’estime à 987 points sur mille et semble donc certain d’obtenir le certificat Gold. Il nous en append pas mal sur ce monde des collectionneurs de vintages. Cela devient un mode d’investissement aussi prisé que les titres; certaines vieilles Ferraris des années 48-50 se vendent à trente-cinq millions de dollars. Elles prennent une plus-value de dix pourcents chaque année pour autant qu’on l’entretienne un minimum et ce sont des voitures qui finalement roulent peu. Ce certificat Gold qu’il espère obtenir, il le conservera à vie et cela représente une belle plus-value pour son Healey. Il l’a achetée ‘silver‘ et a dépensé des milliers, voire des dizaines de milliers de dollars pour l’amener au niveau ‘Gold‘.

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Les pièces se cherchent partout dans les ventes et sur le net, elles ne sont pas excessivement chères mais si on ne peut pas bricoler soi-même, la main d’œuvre pour les réparations se chiffre elle beaucoup plus. Il est évident que toute pièce qui ne serait pas d’origine déprécie la valeur. Un autre Alain de Montréal présente également sa voiture, cela fait dix à douze années qu’il l’améliore et la répare; il a dans son garage, trois Austin et il commence la collection des vélos anciens.

L’astuce au début est d’accumuler le maximum de pièces du modèle pour pouvoir parer à tout souci et Martine confirme que son garage est déjà bien encombré! Ce n’est que le début, Martine … Chaque année à Stowe au Vermont, se déroule une grande foire des vintages de toutes marques – plus de deux mille voitures s’y rassemblent – et c’est là aussi un énorme marché de pièces … il faut fouiner. Chaque voiture possède un Journal de bord où toute opération est consignée.

Le conclave se poursuit toute la semaine avec d’autres activités qui doivent être sympas mais Alain doit rentrer pour son travail – Yves aussi d’ailleurs -; ce sont beaucoup des retraités qui ont fait ce long déplacement en Charlevoix. Nous quittons Clermont vers 15 heures, le temps est lourd, chaud, orageux ce lundi. La circulation est vraiment facile et nous atteignons Québec après une heure-et-demi de bonne conduite sans arrêt – un peu toutefois comme dans un sauna, dit Martine.

Arrivé à destination, Alain semble inquiet en s’extirpant de sa voiture, un signal rouge mentionne un problème avec la génératrice qui est pourtant neuve. Et en effet lorsqu’il essaie de la re-démarrer, Titine n’est pas d’accord. Nous la poussons vers une place légèrement en pente, espérant pouvoir la lancer demain matin. Qu’elle se repose maintenant!

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Alain a réservé dans le faubourg de Sainte-Foy, les chambres à l’hôtel Alt, du Groupe Germain. L’établissement est tout récent, très design, j’aime beaucoup la chambre, la lampe de bureau – Alain va essayer de m’en dénicher la marque, elle ressemble à une table design vue au Musée des Beaux Arts – et surtout la douche. Internet est gratuit mais tous les autres services sont par contre payants; dans la chambre, il y a un frigo … vide et une machine à café … sans café, ni sucre, ni lait! Tout se paie en supplément, une politique qui permettrait des tarifs de chambre moins élevés. Et ce soir, le restaurant de l’hôtel est fermé pour cause de Fête Nationale.

L’orage éclate violemment – Martine et moi, avons d’abord pris ce grondement pour le bruit du moteur de notre Titine, deviendrait-on gaga? – tandis que nous faisons la sieste et un peu d’écriture. Puis Alain vient nous chercher pour fêter ensemble la performance de sa Titine! Il fait sauter le bouchon et nous trinquons gaiement.

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Connaissant bien Québec, il nous emmène ensuite en ville, sur la rue Cartier pour trouver un bon restaurant. Le couple des hommes et celui des nanas font chacun un trottoir … nous tombons d’accord sur le Bistro B et cela s’avérera un excellent choix, à recommander. Les jeunes tenanciers sont très professionnels et font tout leur possible pour nous satisfaire; les vins se choisissent sur un iPad, les menus nous sont contés et adaptés. Nous sommes bien dans notre petit coin, c’est exquis et nous rions beaucoup … comme toujours !

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Le soir, les frères de coeur se penchent avec intérêt sur une vidéo présentant un projet d’architecture …

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De Québec à La Malbaie

Très basic le petit-déjeuner au Cofortel, il faudra se rattraper plus tard. Et c’est parti pour les cent-soixante kilomètres qui nous séparent de La Malbaie – hier nous en avons parcouru deux-cent-soixante -, il est 9h30, c’est un ciel soleil et nuages qui nous accompagne. Nous quittons Québec par une autoroute qui surplombe le Saint-Laurent; un joli pont suspendu le traverse pour se rendre à l’île d’Orléans. Cette île au milieu du fleuve fait 8 km sur 32 km, de nombreux français arrivés dans la colonie y ont résidé et on trouve encore de belles maisons de pierre. L’île vit de l’agriculture, des caves viticoles, de la production de cidre et de l’élevage. Elle est très prisée par les touristes et comme endroit pour un seconde résidence. Sa population double ainsi l’été avec les résidents et les ouvriers saisonniers. Sur notre gauche, nous apercevons les Chutes de Montmorency, plus hautes que celles de Niagara mais beaucoup moins larges, là où la rivière du même nom de déverse le long de la falaise dans le fleuve. Ce serait une jolie escale pour notre prochain voyage. Les marées se forment encore sur les rives du Saint-Laurent jusqu’à la ville de Québec, donnant ainsi des paysages changeant au cours de la journée.

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La route est belle, ce sont les vacances … beaucoup de motards sont de sortie, notamment des motos trois roues, modèle de Bombardier qui semble populaire. Les bourgs se suivent, avec leurs églises au toit de cuivre vert ou de métal argenté qui reluit au soleil. Il est coutume d’exposer le long des routes les véhicules à vendre; non ce n’est pas une voiture banalisée de police avec un radar, c’est une voiture à vendre ou une moto et même des pneus dans une brouette! Les espaces sont grands, les terrepleins sont larges.

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A partir de Beaupré le relief change, la route s’éloigne de la rive du fleuve, les panneaux mentionnent des canyons, les côtes sont longues et droites, le paysage est nettement plus vallonné avec d’immenses forêts de pins et de feuillus; les villages s’espacent, deviennent des hameaux avec quelques fermes et habitations, cette fois nous sommes dans les grands espaces canadiens. Nous soulignons le courage des vélos qui arpentent ces montées infinies, sur les voies d’urgence.

Les montagnes en fond de décor, les vallons recouverts de forêts à perte de vue, et seulement d’énormes trouées pour les monstrueuses lignes à haute tension. Québec est en effet l’état dont la richesse est due à ses barrages qui fournissent en électricité une grande partie de l’Amérique du Nord. Mais nous ne roulons pas à l’électricité et c’est à une pompe d’essence que nous ravitaillons nos deux véhicules; tout se passe bien, l’optimisme est de mise.

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Le Massif ou le Mont Saint-Anne sont des stations courues pour le ski, elles donnent l’impression de piquer droit sur le fleuve mais il leur manque une vingtaine de mètres pour pouvoir accueillir une coupe du monde hommes. Après s’être bien élevée au-dessus du fleuve, la route 138 plonge vers Baie-Saint-Paul, en face de l’île aux Coudres.
La région est tellement belle, entre un paysage de mer et de montagne, qu’elle a attiré de nombreux artistes dont le Groupe des Sept venus de l’Ouest Canadien; une halte ravit tout le monde pour découvrir cette localité qui se vante d’avoir vu passer peintres, photographes et gens de lettres.

Nous sommes en terre de Charlevoix, une région particulière qui serait née de l’impact d’une météorite géante il y a 350 millions d’années, une sorte de grand cratère de la planète qui fut d’ailleurs difficile d’accès et restée vierge très longtemps. Baie-Saint-Paul est le lieu de naissance du Cirque du Soleil; un des cofondateurs, Daniel Gauthier est président du Massif de Charlevoix.

Sur la rue principale, de belles demeures de deux cents ans ne sont que galeries ou ateliers d’artistes; il ne nous est pas possible de tout voir et Martine se souvient d’une petite maison-musée, un peu à l’écart. La maison de René Richard, peintre qu’ils ont rencontré lors d’une ancienne visite, recèle de petits trésors de tableaux. La vieille dame qui habite cette maison de 1852, nous raconte le passé, la rencontre de René Richard avec des peintres du Groupe des Sept qui ont logé ici, l’influence de l’artiste Clarence Gagnon qui fut un grand maître. René Richard est né en Suisse en 1895, et dans les années 1920, il fut l’élève de Clarence Gagnon, peintre québécois de renommée mondiale. Tout est présenté avec les meubles d’époque, dans cette maisonnette qui sent le bois de cheminée et l’ambiance d’autrefois; nous deux Yves sommes attirés par un tableau de Don Cavin et un autre de John Joy, qui me fait presque penser à notre Valais.

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Il fait beau et chaud, le thermomètre indique 25 degrés; c’est le moment de décapoter, de porter lunettes et chapeaux. Et c’est par la route touristique 362 que nous quittons Baie-Saint-Paul en direction du littoral à marée basse quand soudain Alain pique sur la droite, une descente affolante à travers la forêt – mais pourra-t-il remonter ? – qui plonge sur Saint-Joseph-de-la-Rive. Ciel que c’est beau! Mais que de monde, une file incroyable s’est formée au bord du chemin, appelé Côte de la Misère, pour prendre le seul bac qui mène à l’île aux Coudres. Son nom lui est donné par Jacques Cartier qui y trouve beaucoup de coudriers, ancien nom des noisetiers. Le village a longtemps été réputé pour son chantier maritime; son église fine et blanche est magnifique et veille sur les bateaux accostés au port; une papeterie artisanale fondée par un écrivain local vaudrait une petite visite à une prochaine occasion. Martine et Alain se souviennent de leur descente ici avec leur deux-chevaux alors que Martine était enceinte; prise de panique, elle a voulu quitter la voiture et poursuivre à pied le chemin!

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C’est encore une plus petite route qui nous emmène, le long de la ligne de chemin de fer et des maisons de bois colorées, vers le prochain village. C’est la campagne, ça sent la ferme et les foins, des immenses tas de bois sont déjà entassés pour l’hiver. Les Eboulements doit son nom à un terrible glissement de terrain survenu après le tremblement de terre de 1663. Ce village est magnifique, avec un dénivelé superbe offrant des trouées sur le Saint-Laurent. A nouveau des galeries, les églises, des maisons anciennes aux couleurs pimpantes s’alignent le long de la rue principale. Et on pourrait y passer une journée à visiter un ancien moulin qui fonctionne toujours, un manoir d’époque, une chocolaterie et une poterie ainsi que la Forge du Village.

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Nous reprenons un peu à regret la route 362 pour une dernière étape jusque La Malbaie. Nous pensons ne plus devoir nous arrêter mais soudain on commence à voir des Austin sur la route et un attroupement sur le bord fait signe à Alain de s’arrêter. Un souci de tuyau a forcé une voiture à l’arrêt et c’est le moment de s’entraider pour la réparation de fortune. L’un d’eux vient de Pennsylvanie et a roulé quatre longs jours pour rejoindre le conclave.
A Saint-Irénée nous longeons la voie du train et une longue plage avec une jetée dans le fleuve, des dizaines de mouettes et un spectacle miraculeux d’une brume qui tourbillonne s’élevant sur le littoral.

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La Malbaie approche au compteur, Alain pousse Titine, la lance dans les descentes pour être certain d’atteindre le sommet suivant; les côtes sont parfois à 15%, comme un relief des Ardennes. Youpie, il est 13h15 lorsque nous arrivons au Manoir Richelieu, un hôtel Fairmont planté sur une falaise et c’est ici que nous séjournerons vingt-quatre heures. Ce gros hôtel se veut à l’image du Château Frontenac surplombant le Saint-Laurent mais son extérieur n’est pas comparable. Je préfère de loin la brique au stuc de ciment, d’un gris triste comme ici. L’ambiance ‘château‘, grand escalier, lobby luxueux, jolis salons se ressent dès que l’on franchit l’entrée. C’est un endroit pour un week-end de villégiature, avec un golf splendide, des installations sportives, piscines et Spa ainsi qu’un Casino de renommée qui attire de nombreux visiteurs venus en autocars.

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Le lunch sur la terrasse nous procure la vue sur le Saint-Laurent, majestueux. Sur un grand parking arrivent progressivement les deux-cents Austin attendues pour le meeting; certains viennent de loin aux États-Unis, Michigan, Texas. Quelques propriétaires se refusent à rouler sur les autoroutes avec leur voiture de collection, ils l’ont emmenée sur une remorque ouverte ou fermée. Et chacun bichonne sa voiture, d’autres réparent, il y a même un stand de nettoyage. Tout le monde parle avec tout le monde, ce sont tous des passionnés, bricoleurs automobiles avec leur coffre qui déborde de matériel et ils s’échangent conseils et adresses.

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Nous laissons les passionnés ensemble et partons nous deux sur la promenade des planètes; ça monte et ça descend vachement fort sur trois kilomètres aller et trois kilomètres retour. Nous sommes quasi seuls dans cette forêt sur la crête de la falaise, apercevant de temps à autre l’eau mais sans jamais y descendre. Yves semble vouloir battre un record sur sa montre, il court et ne me laisse pas le temps de prendre beaucoup de photos, je tiens par contre bien le rythme. La douche est plus que nécessaire ainsi qu’un temps de repos en attendant Martine et Alain. À 18 heures, les participants au conclave se réunissent pour des énormes pizzas – on soupe bien tôt aux US – avant les discours de bienvenue dans un des grands salons de l’hôtel.

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Et c’est encore dans un petit coin à l’écart que le serveur nous installe au Restaurant Saint-Laurent ici même, cela nous convient à merveille. Alain espérait déguster de l’agneau tendre et doux, comme c’est la spécialité de Charlevoix mais pas de chance, l’établissement serait trop important et ne peut se permettre d’accaparer toute la production! Tandis que nous mangeons, un paquebot de croisière balaye le paysage du fleuve, tout illuminé de ses feux … n’est-ce pas ce que nous avions espéré voir?

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Avant de remonter en chambre, nous échangeons quelques mots avec Jean-François, d’origine belge mais né au Québec. Il fait partie du même club qu’Alain à Montréal et nous explique qu’il est ici avec son Austin dans l’espoir de remporter un certificat gold demain au jugement. J’en comprendrai plus demain …

C’est avec grand plaisir que nous entendons Alain nous dire qu’il se sent nettement moins stressé! Cela fait des jours, voire peut-être des semaines que cette expédition lui tourne dans la tête et lui fait monter le stress. Ce soir il se sent plus relax!

Catherine a accouché cette nuit d’une petite Audeline qui fait son bonheur!

François et Maricarmen sont chez Colette ce week-end; nos garçons se joignent à eux pour le dessert et ils passent ensemble un très bon moment, selon tous les échos que j’en aurai.


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La grande aventure commence !

C’est le grand jour pour Alain et vu qu’il est plutôt du style quart-d’heure vaudois en avance qu’en retard, nous sommes dans les starting-block à 8h45. Pas besoin de regarder par la fenêtre, nous entendons arriver la Austin Healey, les freins ne sont pas encore chauds. Les quatre enfants que nous sommes, sont tout excités pour leur aventure du week-end en Charlevoix – si on y arrive -, comme pour une excursion scolaire! Je suis à l’unanimité désignée reporter pour les quatre jours, moi qui pensais être en vacances. La météo est moins souriante ce matin, Martine a emporté des plastics pour parer aux fuites.

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Nous suivons la vedette du voyage, avec l’Audi de nos amis et c’est parti, direction Québec par la 40 Est. Les villages de la région portent des noms vraiment très religieux et drôles; c’est une chance que nous habitions Lonay, cela aurait pu être Assomption, Épiphanie, Grand-Mère, Sainte-Philomène, Saint-Ignace-de-Loyola – les Jésuites sont aussi venus par ici – et j’en passe.
Cette première partie du voyage se passe sous une pluie battante, ce qui rend la conduite assez fatigante pour Alain. Petite pause donc après une bonne heure de route pour un café. Mademoiselle Titine – c’est ainsi que nous la baptiserons après moulte réflexions – a pourtant bien dû connaître la pluie dans son pays d’origine, l’Angleterre mais Alain craint par exemple pour le moteur des essuie-glaces; ainsi il l’économise et c’est souvent le brouillard sur leur pare-brise – je comprends mieux pourquoi leur conduite n’est pas vraiment rectiligne! C’est assez bruyant entre le moteur, la pluie, etc et ils doivent parler fort pour se comprendre alors que l’habitacle semble minuscule. Alain s’enquiert auprès de Yves de la vitesse que l’on tient, ses compteurs n’étant pas très précis. Titine date de 1965, elle est donc la plus jeune de nous tous, elle a été construite pour le marché allemand mais a surtout vécu aux US et au Canada. Alain l’a achetée à son quatrième propriétaire, il y a deux ans mais c’est le premier grand déplacement qu’elle va effectuer depuis cette acquisition et c’est la raison de notre présence comme équipe de sauvetage – et de soutien moral ! Le week-end dernier, elle s’est montrée très capricieuse et il a fallu changer batterie, génératrice et le starter qui était d’origine, comme de nombreuses autres pièces du moteur, aie aie … Nous sommes vaguement rassurés d’apprendre qu’ils ont contracté une assurance ‘dépannage-rapatriement’. Un petit bisou d’encouragement d’Alain à son bijou et c’est reparti.

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Nous longeons le Saint-Laurent sur la rive gauche, juste séparés par des marais et ensuite le lac Saint-Pierre, un de ces élargissements du fleuve. Trois-Rivières est bien connu au Québec pour son université et c’est également un nom de ville dans les romans de Marie Laberge. Ici le fleuve se rétrécit et un pont permettrait de passer sur l’autre rive; à quelques autres endroits, nous avons vu l’indication d’un bac de traversée mais ce n’est pas si fréquent, il s’agit de bien repérer son itinéraire.

Alors que la pluie a cessé, Alain quitte l’autoroute à Sainte-Geneviève-de-Batiscan pour une route plus exotique, ‘Le Chemin du Roy’. La plus vieille route d’Amérique du Nord (route 138) permet d’apprécier un paysage de campagne, très vert, de superbes fermes, des maisons en bois comme on les aime et qui nous font penser à des décors de films, des églises au toit d’argent qui brille; nous traversons même un pont dont le revêtement est en fer, broum broum broum.

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Il est temps de donner à boire à Titine, la jauge n’est pas très fiable mais le comble bien sûr, c’est ‘notre’ Audi toute récente qui affiche une alerte pour le liquide de refroidissement! Martine, as-tu également une assurance dépannage pour l’Audi?
Sainte-Anne-de-la-Pérade – toujours des noms de localités simples et brefs – est réputée pour la pêche sur la rivière gelée; on y pêche les petits poissons des chenaux, de réputation mondiale. De Noël à la mi-février, la rivière Sainte-Anne devient un village de cabanons et cette tradition remonte à une époque bien plus ancienne que l’arrivée des Européens.

Soudain Alain vire sur la gauche, comme nous il a aperçu une jolie bâtisse en contrebas. C’est le Moulin de La Chevrotière, moulin à farine d’inspiration française, qui date du début du dix-neuvième siècle et fut restauré dans les années 1970. Quelques maisons du patrimoine sont encore bien conservées, ce petit hameau nous laisse imaginer l’époque des Seigneurs – y avait-il déjà ces beaux coquelicots que j’admire dans les jardins ? Le pont qui enjambe la rivière fut détruit par une crue en 2005 et la municipalité a demandé à l’artiste Florent Cousineau de le rebâtir tout en y intégrant une œuvre d’art. Le résultat est superbe, avec comme palissade au pont de bois, des tubes d’aluminium qui selon son réalisateur, évoquent ‘le souffle d’un vent léger sur un champ de blé’. Au jour tombant, un éclairage lui donne, semble-t-il, un effet magique. Ainsi il a également fait travailler une usine locale, Alcoa, l’Aluminerie qui a confectionné ces tuyaux.

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Alain doit trouver qu’on se traîne sur cette route touristique et il nous reste encore des kilomètres; il remonte sur la voie plus rapide. Le ciel devient bleu pour notre plus grand plaisir, le soleil va nous accueillir pour notre arrivée à Québec. Quand je regarde la carte de cette région nord, il y a tellement plus de lacs et de rivières que de routes, c’est incroyable! Ce n’est pas étonnant que 80% de la population canadienne habitent à moins de cent kilomètres de la frontière américaine; un long bandeau horizontal et plus au nord, c’est le désert humain.

La ville approche, les buildings et les usines remplacent le paysage montagneux; Alain sent le but et se met à accélérer alors que la circulation se densifie. Il s’agit de le suivre de près, de ne pas le perdre de vue, il est si petit que si une voiture se glisse entre nous, c’est foutu, on n’aperçoit plus Titine. Et il ne faut pas compter non plus sur son signofil, il est minuscule et pas souvent utilisé; Alain souvent hésite et braque en dernière minute pour changer de direction … Nous sortons à Sainte-Foy; petite particularité du Canada : les numéros de sortie correspondent au kilométrage, ce qui est bien utile.

Il est 13h30 quand nous nous garons devant le Cofortel. La petite histoire veut que nous soyons ici car c’est un ancien Confort Hôtel qui a été rénové et Alain fait le même travail pour un établissement à Val d’Or. Le motel est donc tout neuf, et même pas complètement achevé, et il sera parfait pour la nuit. C’est quand même la première fois que Yves signe une décharge comme quoi nous ne fumerons pas dans la chambre.

La brave demoiselle a bien mérité le repos, nous repartons tous ensemble avec l’autre voiture vers la ville de Québec.
Les émotions, ça creuse; l’entrecôte Saint-Jean est la bienvenue! Avant, nous sommes juste entrés dans le Palais Montcalm, inauguré après rénovation en 2007 et dont Maia nous a conseillé la salle Raoul-Jobin connue comme une des dix meilleures au monde pour son acoustique extraordinaire. Un spectacle de Pierre Richard est en cours et malgré tout son charme et son insistance, Alain ne parvient pas à nous y laisser pointer un œil. La salle porte le nom d’un grand ténor de l’art lyrique, qui y chanta souvent en soliste notamment à l’inauguration de l’édifice en 1932. Nous n’aurons pas la chance de nous laisser bercer par ‘Les Violons du Roy’, une autre fois peut-être.

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La porte Saint-Jean sur les remparts du Vieux Québec nous amène dans une rue piétonne sympathique avec boutiques, galeries et restaurants, aux façades et aux toitures joliment entretenues. Québec est l’une des rares cités fortifiées en Amérique du Nord, remparts qu’elle a su sauver et valoriser. La Place de l’hôtel de ville est animée, autour d’un artiste de rue et trône ici la Basilique-Cathédrale Notre-Dame de Québec, la première paroisse catholique et la première cathédrale au Canada; une façade asymétrique comme c’est souvent le cas et un décor intérieur très en dorures. Construite ici en 1647, elle subit un incendie à trois reprises dans son histoire et chaque fois fut reconstruite selon les plans d’origine.

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Je me hâte à suivre mes trois compères qui ne me laissent pas toujours le temps pour toutes les photos que j’aimerais, ni le temps de lire toutes les explications. Nous atteignons l’Hôtel du Gouvernement de la Province du Bas-Canada, où fut établi le premier brevet d’invention canadien; il s’agissait d’un moulin à foulon, moulin à eau destiné à fouler les étoffes, remplaçant probablement le foulage aux pieds. La vue débouche alors magnifique, sur le Saint-Laurent; à quai un énorme paquebot de croisière – qui me fait bien envie évidement -, des voiliers et des bateaux mouche au large, sous la surveillance des garde-côtes mais les gros porte-containers passent de l’autre côté de l‘île d’Orléans. La rue Saint-Louis et l’escalier Petit Champlain nous amènent dans la basse ville, beaucoup de maisons classées; ici aussi des boutiques, des galeries pour touristes, des couleurs, des fleurs, des devantures originales dans le Petit Champlain.

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Nous arrivons à la Place Royale, riche en histoire. En son centre un buste du Roi Louis XIV; après avoir été érigé ici même, les marchands l’auraient enlevé car il gênait la circulation des calèches et plus tard ce sont les taxis qui suppriment une des copies envoyée par la France avant que finalement la place devienne piétonne, site historique.

C’est ici sur cette place que Samuel de Champlain fonde la ville de Québec, à un emplacement stratégique fréquenté par les Amérindiens depuis trois milliers d’années. Il établit le Comptoir du Québec en juillet 1608, tout d’abord des maisons en bois pour la traite des fourrures, qui seront reconstruites en pierre peu après mais fin du dix-septième siècle, le feu détruit la place et c’est l’église Notre-Dame-des-Victoires qui s’érige à l’endroit du premier comptoir français.

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C’est en fait Jacques Cartier qui posa le premier son pied en 1534, dans ce village Iroquois qui deviendra Québec mais il ne parvint pas à combatte l’hostilité de ce peuple amérindien et c’est Samuel de Champlain qui a repris le flambeau au début du dix-septième, alors que les Iroquois avaient migré plus au sud. C’est de la langue d’une tribu amérindienne, que le nom de Québec est probablement né; kebek signifiait ‘là où la rivière se rétrécit‘ chez les Algonquins. Québec est nommée capitale de la Nouvelle-France en 1663, ce qui ne durera qu’un siècle.

Les dangers de l’époque étaient les guerres, les épidémies et le feu; ainsi ils utilisèrent diverses techniques pour éviter les incendies, tels des murs coupe-feu entre les maisons ou ce toit de planches de bois rouge censées ne pas s’envoler en cas d’incendie, contrairement aux bardeaux de cèdre. Les toits d’ardoise ou de métal étaient eux réservés aux riches commerçants car l’importation depuis l’Europe coûtait cher. De nombreux toits argentés persistent encore sur les toitures des églises et des habitations.

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De la Place Royale nous nous dirigeons vers le Musée de la Civilisation, énorme bâtiment où l’ancien et le moderne se mêlent, avant de pénétrer dans l‘hôtel Germain Dominium, du même groupe que celui que nous avons beaucoup aimé à Toronto. Et il se fait que Alain connaît Madame Germain; il nous relate aussi l’existence des Alt hôtels, un peu moins ’boutique’ mais aussi très design.

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Au bord du quai, nous sommes si petits devant ce bateau de croisière et ensuite nous retrouvons les boutiques du Petit Champlain où Martine essaie quelques toques en fourrure pour les hivers rigoureux. Alain renonce aux escaliers, les plus anciens de Québec, appelés l‘escalier Casse-Cou et choisit plutôt le funiculaire – de marque suisse Otis – pour rejoindre le Château Frontenac.

A l’arrivée un monument à la mémoire de Champlain accueille les visiteurs; né au sud-ouest de la France vers 1567, il servit sous l’armée de Henri IV, il explora les Indes occidentales, l’Acadie et découvrit les régions des Grands-Lacs. Gouverneur de la Nouvelle-France, il meurt à Québec en 1635.

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Mais le plus spectaculaire sur les hauteurs du Cap Diamant, c’est le Château Frontenac, le symbole de Québec. Cet édifice est un exemple des hôtels style château qui faisait partie des haltes de luxe du réseau de chemin de fer Canadien Pacifique qui reliait Halifax à Vancouver. Il fut dessiné par l’architecte new-yorkais Bruce Price, terminé en 1893 et porte le nom d’un gouverneur célèbre de Nouvelle-France, le comte de Frontenac.

Cette imposante silhouette a accueilli des célébrités comme Edith Piaf, Charles de Gaulle, Winston Churchill et Alfred Hitchcock qui l’utilisa comme décor pour son film ‘La Loi du Silence’; plus récemment la visite de Kate et William de la cour d’Angleterre fut sujet à polémique, dû aux relations complexes avec l’Angleterre.

Ses façades sont en briques de différentes couleurs, qui proviennent d’Ecosse et servaient pour lester les navires anglais partant à vide d’Europe pour venir chercher du bois et des fourrures. Ses tours et tourelles donnent beaucoup de majesté à l’ensemble, elles sont recouvertes tout comme la toiture, de cuivre vert-de-gris, toitures souvent retrouvées sur les hôtels de ce type à travers le Canada.

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Pour fêter les trois-cent-cinquante ans de Québec, le Gouvernement Fédéral a fait construire une longue promenade de 655 mètres, avec plus de 300 marches d’escalier qui longe le cap Diamant et offre un super point de vue sur le Saint-Laurent et la région. En hiver elle se transforme en patinoire et pistes de luge.

Elle mène aux Plaines d’Abraham qui furent le lieu des fameuses batailles de 1759 entre la colonie française et la flotte anglaise menée par James Wolfe. La bataille fut de courte durée; pourtant bien protégés dans leur Fort, les français se sont laissés prendre, surpris par les anglais qui escaladèrent les falaises. Le général français Montcalm et le général anglais Wolfe trouvèrent tous deux la mort au cours de cette bataille. En 1763 le Canada est attribué à la Grande-Bretagne par le traité de Paris, ainsi s’est brisé le rêve des colons français.

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Ces plaines d’Abraham portent le nom d’un homme arrivé en Nouvelle France en 1620 et qui fit paître son troupeau sur des terres appartenant aux Ursulines. Le Fort est bien caché à la pointe de ces plaines que nous traversons comme des pâturages. C’est ici que se monte une scène énorme pour les fêtes de la Saint-Jean-Baptiste, fête nationale du Québec célébrée le 24 juin et depuis longtemps fête du solstice d’été avec les feux de la Saint-Jean.

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Nous atteignons ensuite l‘Hôtel du Parlement, bâtiment superbe, inspiré de l’architecture du Louvre par Eugène-Étienne Tâché dans les années 1877-1886. Sa façade est consacrée aux personnages ayant marqué l’histoire du Québec, qu’ils soient français ou anglais; vingt-quatre statues de bronze rendent hommage à ces héros. Le bâtiment de l’Assemblée Nationale est entouré de magnifiques jardins, aménagés depuis 1986 par des étudiants de l’Université de Laval qui s’initient à l’horticulture ornementale. On trouve ainsi non seulement des arbres et arbustes du Québec mais aussi des potagers, des petits-fruits, des plantes aromatiques, dans des bacs en bois élevés.

Des jolies sculptures ornent le parc, j’y retrouve Louis-Hippolyte La Fontaine, célèbre homme politique du dix-neuvième siècle, premier chef de gouvernement élu démocratiquement à travers le monde colonial – serait-il un de mes ascendants? – , un empilement de pierres inukshuk et la statue de René Lévesque, journaliste, animateur média, député et ministre, fervent défenseur de l’indépendance. Il fut premier ministre de 1976 à 1985 et s’est éteint à Verdun sur l’île des Sœurs.

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Après avoir traversé un petit cimetière malfamé, nous prenons un petit apéro sur une petite terrasse, le temps de retracer notre beau parcours de la ville et de réfléchir à un bel endroit pour le repas du soir. Alain nous emmène au Capitole, ancien cinéma rénové il y a vingt ans en un hôtel – théâtre – restaurant, trois en un! Un menu italien d’excellente qualité, un petit coin au calme rien que pour nous, une ambiance très joyeuse en cette fin de première journée d’aventure!

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L’écriture …

Ce matin j’ai rendez-vous dans petit salon pour me refaire de beaux ongles et j’ai presque l’impression de me retrouver à Singapour; disposition similaire, mêmes fauteuils avec massage et ce sont également toutes des vietnamiennes. Le prix est par contre beaucoup plus attrayant ici.

Devant les nombreuses choses que j’aimerais raconter avant de partir en week-end, Yves m’envoie une phrase d’une écrivaine québécoise qui dit ‘L’écriture, toute écriture, reste une audace et un courage. Elle présente un énorme travail’. Elle a bien raison mais j’aime ce travail. Je reste un moment à l’appartement pour pouvoir faire des recherches sur Internet qui agrémentent mon récit et ensuite je pars avec mon crayon et mon cahier, m’installer sur un banc au soleil dans les hauteurs de l’Université. Je n’ai pas le temps de mettre en ligne, il y a une valise à préparer pour notre escapade.

Yves a quelques rendez-vous skype et rencontre des collègues mais c’est plutôt calme à HEC le vendredi car durant l’été, le personnel administratif ne travaille pas et ils récupèrent les heures durant les périodes chargées de l’année scolaire.

Tout est prêt pour demain, après le souper nous sortons pour une balade dans le quartier et nous arrêtons dans un bistrot d’étudiants très sympathique.


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Sherbrooke et ses bâtisses vouées à l’éducation

Oups, sur l’agenda ce matin, un rappel du vol pour Genève en soirée! Yves a bien récupéré le coup, Mathieu et Thomas ne nous en veulent pas trop, Cristina est un peu triste … nous serons de retour en août.

Il fait trop beau pour rester cloîtrée, je descends avec le bus 165 jusque Sherbrooke que je décide de découvrir vers l’ouest. C’est la rue des écoles, universités, bibliothèques et collèges plutôt anglophones et très chics, tels de petits châteaux.

Sur le domaine du Fort de la Montagne, les Sulpiciens fondent le Séminaire de Saint-Sulpice à l’époque où ces prêtres furent les Seigneurs de l’île (de 1663 à 1854). La mission avait pour vocation d’initier les Amérindiens à la vie chrétienne. Le Fort comptait quatre murs de pierres reliant quatre tours dont deux subsistent encore aujourd’hui ; l’une d’elles logea des religieuses de Notre-Dame.

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En 1857, le Grand Séminaire, qui formera les séminaristes de tout le diocèse, vient occuper le Fort, reconstruit dans un style néo-classique sur le plan de celui de Saint-Sulpice à Paris ; un agrandissement vers l’est accueille le Collège de Montréal et c’est ainsi que je le découvre aujourd’hui. Ces bâtiments sont encore bien à l’abri derrière un mur d’enceinte. Le Collège Dawson est lui aussi prestigieux, la Selwyn House est une école anglaise privée pour garçons et je déniche également l’Ecole Internationale.
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D’anciens manoirs sont transformés en appartements luxueux; je suis sans aucun doute dans un quartier de Montréal très différent de celui d’hier matin à la Pointe-Saint-Charles!

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L’église catholique romane ‘Ascension of our lord’, je la trouve très belle, élégante mais ses portes sont closes.

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Sur Maisonneuve, je pénètre par contre dans l’église Saint-Léon-de-Westmount, impressionnante pour son plafond peint d’inspiration Renaissance par l’artiste peintre, maître verrier et architecte Guido Nincheri ; un vrai chef d’œuvre. Le jubé est finement sculpté en bois, les lambris et pieds des colonnes sont en marbre ainsi que la chaire à prêcher; cette église valait que je la cherche un peu sur mon plan.

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Je me balade dans les rues, admirant tantôt une maison, tantôt un jardin qui me fait rêver; les Schoolbus ramènent les enfants dans ces rues résidentielles toujours aussi ombragées par les arbres. Le ciel est bleu, le soleil est juste chaud, un petit vent adoucit et je fais une pause dans le parc Victoria. Je ne m’étonne plus cette fois que son étang soit à sec!

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Le parc renferme le Victoria Hall, bâti en 1924 dans le style néo-Tudor et qui abrite une galerie où les gens de la commune peuvent exposer. Je pénètre ensuite dans une suite de petites serres, de mode anglaise probablement, où le plaisir des yeux est assuré; elles n’ont rien à envier à celles du Jardin Botanique mais c’est là un avis purement personnel. Celles-ci donnent accès à une bibliothèque, la première bibliothèque publique du Québec fondée en 1899. Elle fut agrandie et revêt de nos jours, une architecture joliment mêlée d’ancien et de moderne et un arrangement intérieur qui reflète bien le genre de quartier dans lequel elle se trouve.

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La rue Arlington, la Côte St Antoine qui suivrait elle le tracé d’une ancienne piste amérindienne, toutes deux accrochées à la Montagne recèlent de somptueuses demeures de la bourgeoisie anglophone … je passe mon chemin et je regarde … j’essaie de m’imaginer que mon jardin un jour s’en inspirera.

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La Place Jacques Cartier est cataloguée par les Montréalais place pour les touristes mais j’aime m’y asseoir sur un banc au soleil, écoutant les airs des artistes de rue, sirotant un smoothie fraîchement mixé, chattant avec Martine … tout en attendant Yves, qui a aussi passé un peu de bon temps au Vieux Port à cogiter. Les nouvelles sont toujours meilleures quand il me parle de HEC Montréal que Lausanne et nous conversons ensemble sur des solutions qui pourraient lui rendre l’avenir plus rose.

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La terrasse du Jardin de Nelson est tellement bien fleurie, signe de gens de bon goût de ses tenanciers … nous nous y installons pour un souper fort agréable, avant de poursuivre la soirée au rythme des Francofolies … quand je me souviens tout-à-coup que nous sommes proches de la galerie Peter W. Hart, où j’aimerais montrer les toiles à Yves. Première chance, elle est encore ouverte; deuxième chance, l’épouse de l’artiste nous reçoit chaleureusement. Nous craquons pour ‘Révélation Cramoisie‘ et c’est Mathieu qui assurera la réception à Lonay. Peter nous rejoint et si elle, s’étend plutôt sur le côté artiste de son mari, lui nous parle de son entreprise ‘Rideau’, une entreprise familiale qui a débuté avec des objets de reconnaissance pour les clubs et les grandes entreprises et a évolué vers des programmes informatiques de gestion des reconnaissances pour le personnel. Il est en contact occasionnel avec HEC Montréal, Paris; il nous propose une visite de ses bureaux et nous attendrons son mail.

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Tout guillerets nous remontons vers la Place des Arts où ce soir sur la scène Bell, l’animation est créée par les mélodies de deux chanteurs qui ont fait partie de la comédie Notre-Dame de Paris, Bruno Pelletier et Daniel Lavoie. Celui-ci est originaire de Manitoba, état des grandes prairies du centre du Canada – avec toutefois quelques pourcents de manitobiens francophones ; sourire aux lèvres et la guitare en bandoulière, il nous enchante avec ses histoires d’enfance et fascine son public avec des succès tels ‘Docteur Tendresse‘ ou ‘J’ai quitté mon île’. Nous apprendrons demain par le journal qu’il a chanté plus tard ‘Tu vas me détruire’ et ‘Belle’ … zut ! La soirée est belle encore aux sons vibrants de notre premier festival à Montréal.

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Yves m’emmène pour un dernier verre au Lounge Plateau de l’hôtel W, lounge particulier pour lequel que le bureau d’Alain a résolu des problèmes d’acoustique. Le résultat est non seulement concluant pour cet aspect bruit mais je le trouve fort joli avec son ambiance sombre et feutrée et ce plafond de lamelles de bois à clair-voie.


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Maison Saint-Gabriel et en soirée les Francofolies …

Me voici replongée dans l’histoire du début de la colonie en allant visiter la Maison Saint-Gabriel située sur une bande de terre appelée la Pointe-St-Charles, de l’autre côté du Canal de Lachine.

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Dans les années 1660, la colonie française peine à se développer; normal, on compte seulement soixante-cinq filles célibataires pour sept-cents hommes. Le roi Louis XIV fournit alors la dot et le voyage à de jeunes orphelines désireuses de partir s’établir en Nouvelle-France. Le premier navire de la flotte royale, l‘Aigle d’Or, quitte le port de La Rochelle en 1663 en direction de Québec avec à son bord les premières jeunes françaises venues ‘prendre mari’. Après trois mois de traversée, elles sont accueillies par une religieuse du couvent des Ursulines, elles sont trente-six et vont être formées à leur nouvelle vie d’épouse et de femme de la terre.

Certaines poursuivent jusque Trois-Rivières et d’autres viennent à Montréal, Ville Marie encore à l’époque. Ici c’est Marguerite Bourgeoys qui les prend en charge dans sa métairie, la Maison Saint-Gabriel que je visite ce jour. Sur une dizaine d’années, huit-cents ‘Filles du Roy’ arriveront en Nouvelle France; c’est à elles que la colonie française doit sa survie. Les prétendants leur sont présentés, toujours sous surveillance des religieuses, les mariages et les naissances s’en suivront très rapidement – la colonie aura triplé en 1700.

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Marguerite Bourgeoys, née en 1620 à Troyes, débarque à Ville Marie en 1653 à la demande du Sieur de Maisonneuve, Paul de Chomedey, pour assurer une instruction digne de ce nom. Elle souhaite de suite fonder une communauté de religieuses, canadiennes et amérindiennes, non cloîtrées pour accomplir leur mission d’éducation en Nouvelle France. Pour cela, le roi Louis XIV exige quelle ne soit à charge de personne; en 1662 le Sieur de Maisonneuve lui accorde une terre à défricher, les religieuses s’organisent, font bâtir une métairie et deviennent ainsi autonomes. En 1668 Marguerite Bourgeoys devient propriétaire de la Maison Saint-Gabriel, c’est la première ferme de la Congrégation de Notre-Dame et elle y ouvre son école pour les jeunes des colons mais aussi les amérindiens. C’est donc ici qu’elle accueillit les ‘Filles du Roy’, dont une cinquantaine résideront à la métairie. La fondatrice de la Congrégation de Notre-Dame, pionnière de l’enseignement au Québec s’est éteinte en 1700 alors qu’elle allait avoir huitante ans.

La Pointe-Saint-Charles est un très ancien quartier de Montréal, où les congrégations religieuses établirent leurs fermes, principalement celles des Sulpiciens et celle des religieuses Notre-Dame qui y logeront pendant trois-cents ans, exploitant les terres pour nourrir la communauté et dont l’exploitation se poursuivra jusque dans les années 1950. On fête en 2013 les trois-cent-cinquante ans de l’arrivée des ‘Filles du Roy’ à la Pointe-Saint-Charles.

La maison Saint-Gabriel, classée site historique, est un dernier témoin de la vie rurale de cette Pointe-Saint-Charles, lotie entre le Canal de Lachine et le Saint-Laurent. Cette maison de ferme avec sa maçonnerie de moellons, son toit pentu et sa charpente de bois est typique de l’architecture traditionnelle sous le Régime Français. La ferme sera ravagée par un incendie en 1693 – seules la laiterie et les caves subsisteront – et rebâtie cinq ans plus tard. Jusqu’au milieu du dix-neuvième siècle, leur maison se trouve en bordure du fleuve, juste face à l’île des Sœurs – autrefois appelée île St Paul – et on raconte qu’elles communiquaient entre elles à l’aide d’un énorme porte-voix.

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La période d’industrialisation voit l’arrivée du chemin de fer et des usines qui s’échelonnent le long du Canal de Lachine. Les rives du St Laurent s’éloignent, on remblaie pour construire des digues anti-inondations, la ligne du chemin de fer en 1886 et plus tard au vingtième siècle l’autoroute Bonaventure. Les grandes fermes sont alors morcelées et vendues pour construire des logements aux ouvriers venant travailler dans les usines et à la Compagnie du Grand Tronc. Les communautés francophones et anglophones, catholiques et protestantes cohabitent ainsi dans ce quartier devenu ouvrier.

Devant la maison, l’étrange montage en bois s’appelle une ‘Croix de Chemin’. Typique en Nouvelle France, elle est érigée pour signifier une prise de possession et la foi des habitants. Celle-ci date de 1818, elle rappelle la passion du Christ et les religieuses l’ont élevée suite à des inondations freinées par leurs prières. La grange date du milieu du dix-neuvième et comporte trois parties: une écurie, une zone pour battre les céréales et une pour ranger les instruments et les outils.

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Une visite guidée, de la cave au grenier, nous plonge dans la vie quotidienne des siècles passés alors que le temps était rythmé par les saisons. La salle de réception, la cuisine, le dortoir des hommes de maison, celui des religieuses qui servait de salle de classe le jour, la chapelle, la cave … nous racontent les détails d’une époque plus rude, que nous avons vite tendance à oublier. Ce qui me reste en tête : les moules à étain pour se faire les assiettes, l’évier de pierre énorme et superbe dont on récupère l’eau par un écoulement extérieur pour nourrir le bétail, les murs épais de 1,80 mètre au niveau des fondations – épais pour soutenir la bâtisse mais aussi pour y laisser des niches qui servent de garde-manger, le joug et les seaux pour aller chercher l’eau à la rivière et cette même rivière sciée en hiver pour obtenir des blocs de glace, ancêtres du frigo, le coin chaud à l’étage sous la cheminée pour y secourir les petits animaux blessés.

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La production issue des cultures de pommes-de-terre, carottes, navets, choux, poireaux suffisait non seulement à la communauté mais était aussi vendue aux habitants. Dans les prairies, des chevaux pour les travaux dans les champs, des cochons pour la nourriture et des moutons pour la laine. Ces animaux n’existaient pas en Amérique du Nord, ils sont venus d’Europe avec les colons.

Ma bavardise n’est que le reflet du plaisir que j’ai pris à cette visite fascinante. Je m’en retourne vers la ville jusque Square Victoria avec l’intention de rester plongée dans l’histoire. La place d’Youville est le point de départ de la ville, et aussi de son développement; on y trouve encore la bâtisse des douanes, de la Compagnie de chemin de fer du Grand Tronc, de l’administration du port; des ruelles de maisons basses en pierres où se sont installés bureaux et restaurants, ou transformées en condos qui doivent être prisés – la cour du Gibby’s sera à essayer je pense.

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Le temps est très clair aujourd’hui pour voir nettement les fameux  ‘Habitat 67‘, ces logements gris originaux, comme des cubes entassés en quinconce, oeuvre de l’architecte Moshe Safdie. Cette réalisation lui vaudra une notoriété mondiale et c’est à lui également que l’on doit le fabuleux Marina Bay Sands et le ArtScience Museum en fleur de lotus, de Singapour. Il est né à Haifa, est arrivé au Canada avec sa famille à l’âge de quinze ans et a étudié à l’Université McGill. Et dans le port de Montréal, avant l’embouchure du Canal, le spa sur l’eau Bota Bota  me fait envie, on y voit les gens en peignoirs blancs se prélasser près des bassins et des jacuzzis!

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Installé dans une ancienne caserne datant de 1904 et construite par les architectes Perrault et Lesage, le Centre d’Histoire de Montréal trône au centre d’une place publique et il porte bien son nom. J’ai encore un peu de courage pour m’y promener les quarante-cinq minutes qui restent avant la fermeture. Au deuxième étage une exposition dévoile les aspects méconnus de la Montagne, ce qu’elle était avec sa faune et sa flore, l’histoire de la création des cimetières et aussi l’implantation de l’Université de Montréal, de l’Oratoire et d’autres collèges … cette montagne qui a séduit Jacques Cartier quand il a mis pied à terre ici.

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La seconde exposition, moins joyeuse, relate la destinée de trois quartiers de Montréal, Red Light, Goose Village et Faubourg m’lasse, qui ont été rayés du panorama dans les années 1950-1970 pour ériger de grands projets, stade, parking, radio-Canada, immeuble Jeanne Mance. La population de l’époque aurait été mal et tardivement informée et la rancœur subsiste; des pages d’histoire qui portent à réflexion. Le rez-de-chaussée expose de manière structurée dans le temps, imagée avec photos, films et objets, les grandes étapes du développement de la ville depuis les années 1535. La lecture des documents doit être passionnante; peut-être aurai-je le temps une autre fois, cet été ou dans le futur.
C’est par le dédale des souterrains, passants par les commerces et les hôtels, les longs corridors que je rejoins la Place des Arts où je retrouve Yves. Une table haute nous attend au restaurant Place Deschamps dans un décor fort agréable – réalisé par le bureau d’Alain – les mini burgers au homard sont un régal et nous découvrons les délicieux chocolats de Geneviève Grandbois.

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Le beau temps est de la partie, une toute autre ambiance anime le vingt-cinquième Festival des FrancoFolies. Tout d’abord nous vibrons sous les voix puissantes et chaudes d’une dizaine d’artistes qui nous interprètent Jacques Brel, notre Jacques du plat pays. La salle est comble, le public applaudit avec enthousiasme – Jacques Brel aimait beaucoup le Québec – mais c’est motus pendant les chansons; ceux qui le connaissent bien peuvent imaginer le sacrifice de Yves à devoir se taire lui aussi! Un beau moment de souvenir et d’émotion.

Les scènes extérieures font elles se déhancher et crier les spectateurs – ça déménage – et ici nous pouvons nous défouler, même sans connaître les artistes; les installations sono et vidéo sont excellentes, l’ambiance est sage et ‘cool‘. Les grands sponsors sont Bell et Ford et nous découvrons le tout nouveau modèle de notre Ford Fusion du week-end dernier – ‘elle a l’avant d’une jaguar‘, dit un jeune homme!
Chouette festival … on y reviendrait bien demain!

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