Le réveil nous secoue un peu avant six heures et très excités par le voyage, nous sommes bien à l’heure pour le départ de la navette de 6h30 vers l’aéroport. Contrairement à notre déplacement pour Boston, nous sommes en période de vacances et de long week-end en plus – lundi premier juillet sera la fête nationale du Canada. La file pour la sécurité forme un long serpent qui avance par blocs, régulée par les postes de douanes cachés derrière la grande paroi. C’est ainsi une seconde attente pour passer auprès d’un agent douanier américain, sous l’œil sévère du superviseur; les haut-parleurs nous remercient de notre compréhension : pour raisons budgétaires, le personnel des douanes a été réduit! Nous mettons une heure pour le tout, ce qui n’est pas si mal. Un copieux petit-déjeuner américain nous cale l’estomac avant de prendre place dans un Embraer d’Air Canada; le vol est complet et nous atterrissons à La Guardia avec un quart d’heure d’avance.
Les yellow cabs s’alignent à la sortie, notre chauffeur est plein d’humour même si je ne comprends pas tout – quel accent et quel débit. Ça y est, nous sommes bien à New-York et c’est pour nous trois une première découverte qui s’annonce passionnante, , amusante, excitante. L’île de Manhattan s’étire entre l’Hudson et la East River, ce n’est qu’un des cinq districts de la métropole qui se voit comme la capitale du monde ; 1,6 millions de personnes habitent sur cette île allongée et alors que les statistiques mentionnent quelques cinquante millions de visiteurs par an, notre chauffeur de taxi se réjouit lui des huitante mille de cette année.
Les bagages sont vite déposés à l’hôtel, Mathieu prend le temps de revêtir du plus léger et c’est parti; mon rôle de guide commence à la station de métro ‘West 4th St.’ où nous achetons chacun un pass pour plusieurs trajets. Le métro est assez similaire à celui de Boston quant à son apparence, d’un train sous terre, et quant au rythme des directs ou omnibus. Lorsque nous émergeons à l’air libre à Rockefeller Plaza, l’immensité des buildings me fascine, me rappelle ces grandes villes américaines; les rues semblent si étroites à l’ombre des édifices, je pense que mes photos seront principalement en hauteur et qu’il me sera difficile de capter tout sur une pellicule.
John Rockefeller, un magnat du pétrole, lance l’idée dans les années 1920 de financer dix-neuf immeubles qui se dresseront autour de la place, c’est son fils qui terminera son oeuvre et c’est un chef de file de l’Art déco, Raymond Hood, qui les a réalisés. On y trouve un des premiers centres commerciaux au monde et également le Radio City Music Hall qui fut inauguré en présence de Charlie Chaplin, de Clark Gable et qui renferme six mille places, sans oublier la tour Top of the Rock où nous avons rendez-vous dans quelques heures.
Les rues sont animées de monde, dans une atmosphère toutefois respectueuse et après avoir traversé un marché dans la rue – où Mathieu fait son premier achat – nous nous dirigeons vers le MoMA où nous pénétrons de suite avec les billets commandés par Internet. Je trouve le bâtiment majestueux, spacieux et très clair. Nous débutons notre visite par l’étage supérieur avec une exposition extraordinaire sur Le Corbusier; on ne peut que se sentir tout humble et tout petit face à l’œuvre d’une seule vie de cet homme qui a parcouru le monde, innové et bâtit partout. Ses dessins, ses esquisses, ses tableaux, ses maquettes sont vraiment très beaux; on retrouve l’intérieur de son cabanon à Roquebrune Cap Martin sur la Côte d’Azur, une photo de son studio à Paris, des dessins géants esquissés pendant qu’il donnait des cours à la School of Architecture de Princeton, plus de trois cents de ses œuvres en Europe, en Amérique Latine, à New-York, à Moscou, en Inde … et je dois en oublier. Une exposition absolument fascinante qui nous replonge dans le Jura de La Chaux-de-Fonds comme point de départ de la vie d’un tout grand architecte du vingtième siècle. Et nous poursuivons en descendant, vers de jolies collections de peintures et sculptures d’art moderne et contemporain.
Une pause pour les jambes, le dos et l’estomac nous semble bienvenue et c’est au bar The Modern, adjacent au MoMA que nous nous régalons de la cuisine légère et succulente d’un chef français; le foie gras et les gnocchis au homard resteront inoubliables. Mathieu est rassuré, le séjour s’annonce sous son meilleur jour : les parents ne se limitent pas à la course au culturel, leurs pauses sont de bonne augure!
Ce serait dommage d’être si proches de la Fifth Avenue et de ne pas aller y jeter un œil … le ‘magasinage‘ est reparti avec notre fils; les marques connues, plus ou moins luxe sont ici, bien entendu. Le plus spectaculaire reste évidemment le cube de verre Apple, qui mène au magasin sous la place; on le connaît en photo mais rien de tel que d’y plonger … et Yves a la bonne surprise d’apprendre que l’iPhone 5 est vendu ici avec les systèmes GSM et CDMA, ce qui permet de voyager entre autre au Japon avec cet appareil.
Sur notre chemin, la Trump Tower vaut un petit détour; cette tour bâtie en 1983 par le géant de l’immobilier du même nom, est luxueuse sur cinquante-huit étages et présente un atrium de marbre sur lequel coule une cascade haute de vingt-quatre mètres.
La cathédrale Saint-Patrick est la plus grande cathédrale catholique des États-Unis, elle peut accueillir deux mille quatre cents fidèles, elle est malheureusement en travaux et devrait rayonner de beauté la prochaine fois.
C’est l’heure de grimper au Top of the Rock, et soixante-sept étages plus haut d’admirer la grandeur de la ville … quelle chance avec la météo! Central Park vers le nord, l’Empire State building, le Chrysler building et le centre de la finance vers le sud où déjà nous distinguons la Freedom Tower. Les rivières bordent l’île et au loin, nous devinons la Statue de la Liberté; un panorama magnifique!
La chaleur, l’émotion donnent soif; après avoir fureté dans le magasin LEGO où les blocs sont rangés par couleur dans des boîtes comme des bonbons, nous nous attardons sur la Plaza Rockefeller avec sa sculpture en bronze doré d’une divinité grecque, oeuvre de Paul Manship et ses Inukshuks de pierres à grandeur humaine.
Ragaillardis par notre bière, nous voici partis vers l’ouest en direction de Broadway, que nous descendons vers Times Square. Ce carrefour est fou fou fou, quasi indescriptible … des panneaux publicitaires immenses, des néons, des écrans géants, une foule extravagante, des marionnettes animées … Woah, ça c’est quelque chose!! Le regard est pris sur 360 degrés, de bas en haut, il reste scotché, émerveillé.
Mes deux hommes ne semblent pas fatigués, ou plutôt n’ont pas encore vraiment pris la notion de distance ici à Manhattan … ils veulent poursuivre à pied sur Broadway jusqu’à l’hôtel – « il y a à peine deux pages sur ton cartoville! ». C’est parti pour quelques kilomètres pedibus alors que l’on entend par les bouches, le métro sous nos pieds; et nous ne comprenons pas vraiment pourquoi nous avons toujours les feux rouges pour traverser les rues, notre rythme ne cadre pas avec la signalisation!
L’Empire State Building brille sur notre droite, Madison Square Park est un joli espace vert et le Flatiron Building très original avec sa forme triangulaire qui lui donne son nom. Cet immeuble fut construit tout début du siècle, a ouvert l’ère des gratte-ciel et demeura quelques années seulement le plus haut du monde avec ses nonante mètres; sa structure est en acier, recouverte de parements en calcaire et terre cuite, ornés de motifs très travaillés.
Au Washington Square Hotel, nous découvrons nos chambres avec joie, joie de s’allonger un moment; la recommandation d’Olivier semble parfaite, le décor de la chambre et de la salle-de-bain est très plaisant. Les yeux de Mathieu pétillent lorsque je propose pour le dîner, un fameux SteakHouse également conseillé par mon frère. Le Strip House est à deux rues de l’hôtel, mais nous nous trouvons bloqués au passage de la cinquième par un premier cortège de la Gay Pride, qui va s’étendre tout le week-end – décidément nous les suivons à la trace! Notre chance est l’arrivée en trombe et en sirènes tonitruantes d’un camion de pompier qui fonce droit devant pour couper la cinquième … sauve qui peut!
L’hôtesse d’accueil nous trouvera une petite table dans les caves, c’est sombre et intime; ici aussi les serveurs vont débiter à toute allure leur carte de mets, difficile à capter. Les cocktails sont drôlement forts, la viande est savoureuse et juteuse à souhait … et en quantité … et la suggestion des ‘black truffle creamed spinash‘, un régal. La taille des desserts que nous avons vu passer sous nos yeux ne nous laisse aucun espoir de pouvoir y goûter ce soir …