Ainsi lundi matin Yves va encore prendre un dernier café avec Luda, une collègue de l’Ecole des Ingénieurs alors que je boucle l’ultime valise et que je mets en ordre la cuisine. La maid de Catherine, Arlène, vient chercher notre imprimante – son fils resté aux Philippines en sera tout content – et je profite encore pour lui donner quelques dernières babioles. Ces maids sont tellement dévouées, courageuses, toujours avec le sourire … et pourtant leur vie n’a rien d’enviable à nos yeux, surtout quand elles sont elles-mêmes mamans.
Mr Tan est au rendez-vous à midi, un dernier regard sur ce Condo de Kent Vale où nous nous sentions tellement ‘bien chez nous‘ et le taxi nous emmène avec nos lourdes valises au Pan Pacific de Marina.
Depuis notre séjour à Vancouver, il y a une théorie sur le bonheur que je n’ai pas oubliée. Un Prix Nobel d’économie, dont j’ai oublié le nom, a dit que de tout événement, de toute rencontre, c’est la dernière image qui reste dans les souvenirs. C’est pourquoi, de ces derniers jours à Singapour, ce n’est guère l’image d’un appartement vide, devenu impersonnel, avec des cartons et des valises, que nous voulions conserver. Quelques jours à se laisser vivre, dans une chambre tout confort, avec vue sur cette baie dont nous nous souviendrons à jamais … voilà notre choix pour nous retrouver nous deux et apprécier les derniers instants d’un séjour de rêve. C’est Yves qui a choisi le Pan Pacific, avec sa classe executive, où le personnel sera vraiment très compréhensif, attentionné et chaleureux.
Yves ne résiste pas à la pression de Samsung qui souhaite organiser une interview pour leur chaîne interne de la société à Seoul – ils envoient une équipe ici à NUS. Avec mon travail de re-lecture, il parvient également à préparer une édition de sa revue SIM et moi, je tâche tant bien que mal de rattraper le retard sur mon blog.
Nous flânons au gré de nos envies du moment, dans le centre, parcourant des malls encore et encore, sillonnant dans Chinatown avec quelques photos de temples – j’aime celui de Thian Hock Keng, nous baladant sur les quais avec la chance d’avoir une météo qui devient de plus en plus rayonnante ces derniers jours, malgré le mois des moussons. Yves me fait également découvrir The HUB de Singapour – centre de rencontre et assistance pour jeunes entrepreneurs – et en face, SCAPE – espace d’expression pour les jeunes. Nous découvrons aussi par hasard une exposition de Fabienne Verdier à la Galerie Plural, tenue par un couple de genevois dont mes copines m’avaient touché un mot … la surprise de cette exposition fabuleuse est grande et nous avons bien évidemment une pensée toute particulière pour nos amis Cristina et Jean-Michel.
Mon amie Agata vient me raconter ses contacts de la semaine relatifs à sa recherche d’emploi – j’aimerais tellement qu’elle puisse trouver un poste qui lui convienne – et sa grande joie d’avoir assisté au séminaire de Yves, où elle a rencontré des personnes intéressantes. Nous ne nous attardons pas au moment des adieux … ce n’est pas facile … et nous voulons conserver l’image de nos sourires et nos rires spontanés.
Et le jour du départ, c’est Catherine qui insiste pour venir me faire un dernier petit coucou à l’hôtel; Laura est bien arrivée hier à Vienne pour son semestre – une séparation mère-fille qui la rend mélancolique. Elles ont eu la chance de dormir quelques nuits dans une maison Khmer de Sala Lodges, elle me décrit l’avancement incroyable des travaux d’aménagement. Avec Catherine, nous nous quittons avec la quasi-certitude de nous revoir … probablement en Suisse où elle vient chaque année – en avril, elle sera à Zurich, Genève ou Vienne à l’occasion d’un déplacement professionnel de Giuseppe; j’ai donc une chance sur trois que l’on puisse boire un café toutes les deux.
Ce séjour dans le quartier de Marina nous permet de tester encore deux excellents restaurants de notre carte de ‘survie‘, comme l’appelle Thomas. Un lunch au Keystone, un restaurant installé dans deux shophouses transformées d’une ruelle du quartier chinois, offrant un cadre intimiste et moderne, et dont chaque plat est un réel plaisir pour les yeux et le palais … sans parler de la gentillesse, de la douceur des serveurs et serveuses. Et les meilleurs sushis ainsi que un émincé de foie gras poêlé et bœuf wagyu succulent, ce sera au Kinki. J’y emmène Yves … un peu forcé … mais quelle superbe découverte. L’apéro sur le toit de l’ancienne Custom House, avec des tables presque toutes occupées par des expatriés – et on voit bien que nous sommes dans le quartier des banques – vue sur le Marina Bay Sands, dont l’inclinaison, la perspective ont chaque fois une touche particulière selon l’angle d’où on l’admire. Pour le repas, une salle au décor typique de mangas japonais – il y en a même dessinés sur le sol – une bande dessinée pour le menu … et vivement le prochain voyage au Japon!
Jeudi arrive bien trop vite … la mélancolie nous tient assez silencieux tous deux … nous tapotons sur nos iPads, confortablement installés dans le Lounge du Pan Pacific, avec le regard qui se perd sur Marina Bay et ses deux derniers – pour nous – Light and Water Shows.
Vers 22h30 une belle mercedes nous emmène à l’aéroport, la circulation est fluide et le chauffeur bien aimable sort nous chercher un chariot pour les valises – veut-il nous donner une dernière image de leur gentillesse? Yves fait une rapide analyse des préposés aux guichets du check-in et il choisit bien; nos deux valises pèsent quarante-neuf kilos plutôt que les quarante autorisés mais cela passe ainsi, et sans devoir mettre sur la balance les valises Muji de cabine qui ne sont pas légères non plus. Au poste de douane, la dame qui réceptionne Yves repère que son contrat de travail à NUS touche à sa fin, elle nous reprend les cartes de résidents, met à jour le système informatique et avec un grand sourire, elle ajoute ‘ tout est en ordre, vous serez toujours les bienvenus comme chez vous ici à Singapour !’.