Après deux jours dans mon quartier, je repars en exploration, cette fois vers le Plateau. Il était au départ le coin des vieilles familles ouvrières francophones et ensuite il fut recherché par les artistes, les intellectuels et plus récemment par les jeunes professionnels. Des avenues animées le cernent avec commerces, bistrots, galeries mais dès que je flâne dans les rues centrales du quartier, je trouve une quiétude, accentuée par cette verdure abondante. Les habitations, aux façades colorées, sont ici très typiques, des duplex ou triplex, étroits et allongés auxquels on accède par des escaliers extérieurs aux contours amusants et sur la largeur de ce qui serait une bonne maison, on trouve quatre ou cinq logements, tous accessibles par une porte à la rue, individuelle. Entre deux rues d’habitations de ce type, je m’immisce parfois indiscrète dans la petite ruelle qui reçoit les faces plus privées, également avec des escaliers courbés, des petits jardins, des terrasses dans les étages. Je me situe sur la rue St. Denis dans sa partie supérieure, la rue Fabre ou Cherrier, la rue Duluth que j’aime beaucoup. Ce qui me fascine et attire de suite mon regard, ce sont ces grandes peintures sur les pignons des maisons; certaines sont de vraies œuvres d’art et aujourd’hui je suis gâtée.
Je vais manger un encas simple, délicieux dans un cadre très sympathique chez Mamie Clafoutis et sur cette rue St. Denis, il me sera difficile de résister dans certaines boutiques. Pourtant la première excuse pour en franchir la porte est souvent de trouver un peu d’air conditionné pour me rafraîchir.
Deux églises imposantes sont sur mon parcours; l’église Notre-Dame-du-Saint-Sacrement dont la façade est un peu austère, on y accède, passée la première lourde porte, par une rampe d’escaliers et le décor intérieur est original, coloré, incitant à la prière devant l’exposition permanente de l’Eucharistie. L’église St. Jean Baptiste est un témoignage de la forte communauté ouvrière catholique du Plateau à la fin du dix-neuvième siècle mais cette église sera la proie des flammes et a dû être reconstruite; ses portes sont closes aujourd’hui et il me semble qu’elle est devenue un lieu pour des concerts. Il y a tant d’églises dans la ville et de moins en moins de pratiquants qu’elles sont rachetées et trouvent une deuxième vie, transformées en bibliothèque, en condos ou même en centre gym-Spa!
Proches du parc La Fontaine, un grand bâtiment cubique de briques rouges regroupe les studios de diverses compagnies de danse contemporaine depuis une vingtaine d’années et chapeautée par l’UQAM, c’est l’Agora de la danse. Également en face du parc, l’ancienne bibliothèque centrale de Montréal qui avec ses colonnes ressemble presque à un édifice grec. Depuis l’ouverture de la Grande Bibliothèque dans le quartier latin, siège ici le Conseil des arts et du patrimoine.
La fraîcheur je la cherche à l’ombre des beaux arbres du parc La Fontaine, aménagé sur les terrains d’une ancienne ferme d’une grande famille écossaise. C’est un véritable lieu de rencontre, de balade, d’activités comme le tennis, le base-ball, le beach-volley. Des classes y pratiquent leur sport tandis que les vélos, les rollers, les promeneurs circulent sur les sentiers. Mais pourquoi donc Montréal a-t-elle choisi cette période pour assécher ses lacs d’agrément? Pas de chance, les deux lacs artificiels ici sont en cours de nettoyage des algues … c’est nettement moins joli et les pauvres canards ne doivent eux non plus pas être très contents. Ma récompense sera de découvrir l’installation du Festival de la BD où j’emmènerai Yves demain.