Mardi est un jour férié à Singapour pour Deepavali, une fête très importante dans le monde indien, fête des lumières avec échange de cadeaux et feux d’artifice; même si nous ne nous sentons pas concernés, cela ressemble pour nous aussi à un dimanche. Je suis très contente, je parviens à boucler sur ma journée un livre-album de notre séjour au Japon tandis que Yves retrouve un de ses contacts genevois pour un dîner en ville.
Et voici que je peux me concentrer sur le voyage en Chine, cinq jours à Beijing et trois à Shanghai. Olivier et Laurent m’ont déjà donné des indications pour les hôtels, restaurants et visites. Et mon amie Agata a rassemblé pour moi des guides, des plans, des cartes mais surtout nous passons un après-midi à en discuter. C’est une chance de la rencontrer maintenant; elle est très enthousiaste et aussi réaliste, quant au comportement de la population locale vis-à-vis des touristes. Ses conseils pour des bars, des restaurants, des spectacles, des magasins nous seront également fort précieux … et à ma demande, elle m’apprend même quelques mots de chinois. Cela fait sourire l’équipe du cours de Qigong le lendemain, qui nous écoute. Le docteur Wu Yue et les assistantes de ce cabinet d’acupuncture créent vraiment une ambiance chaleureuse et conviviale autour d’eux. Et quand la discussion vient sur Business Model, une participante n’en revient pas … elle a découvert le livre il y a quelques mois et elle me raconte comment cela lui a permis de faire évoluer sa carrière.
En me baladant jeudi après midi vers chez Caroline, je sillonne dans un quartier de villas très agréable. Elle habite juste derrière U-Town, les nouvelles résidences de l’université; nous sommes très proches à vol d’oiseau mais l’autoroute et la configuration du terrain me font faire un grand détour. Les rues sont calmes et dans la verdure; les villas sont spacieuses avec de beaux jardins mais l’idée d’un face-à-face avec un gros lézard ou un boa ne m’enchanterait guère. Caroline dit que l’on s’y fait … sauf quand il faut ramasser les peaux mortes de serpent dans le gazon. Rien à faire, je me sens mieux au bord de la piscine à Kent Vale!
La météo nous a réservé un beau week-end avec peu de pluie pour la saison, les températures sont fort agréables et le petit vent au bord de la piscine irrésistible. Une sortie à Holland Village nous amène dans le quartier des expatriés, on entend parfois y parler français, surtout au Coffee Bean où le capuccino est très bon et où le wifi attire les clients. Un restaurant coréen, Charcoal, nous fait repenser aux Yakiniku du Japon … le grill au milieu de la table, un choix de viande qui fond dans la bouche, des sauces parfumées.
Dimanche fin de journée a lieu au Centre Culturel juste en face de chez nous, une cérémonie importante de remise de prix à quelques trois mille personnalités et qui voit se déplacer le Président de Singapour. Nous ne sommes pas invités mais nous pouvons constater toutes les mesures de sécurité qui sont mises en place ; une alignée de blocs de béton comme nos Toblerone antichars en Suisse et des portiques sophistiqués de contrôle du passage des véhicules, sur un périmètre important.
Nous avons minutieusement collecté les renseignements et rempli les formulaires pour la demande de visas vers la Chine. Je me rends donc lundi au rendez-vous pris en ligne ; quelle illusion de croire que nous serons ainsi peu nombreux à cette heure-là ! La pièce est remplie de gens qui se déplacent en tous sens, certains remplissent sur place les documents, une dame s’occupe juste de faire des photocopies pour nous quand le format des documents ne convient pas et je fais la file pour obtenir mon numéro, comme chez le boucher. La préposée vérifie tous mes papiers et semble douter du cas de Yves : pour un visa business il faudrait une invitation officielle par le gouvernement chinois … rien que ça ! Elle m’octroie toutefois un numéro et je patiente avec tous les autres devant la douzaine de guichets. Je présente alors, toute innocente, mes dossiers et la dame me réexplique la même chose. Fort aimablement, elle suggère deux visas touristiques pour cette fois, que je peux venir chercher vendredi. Et c’est gagné !
Le ciel est couvert mais pas trop sombre, je profite de me trouver dans le quartier des affaires pour contourner la baie, regarder les premiers petits sapins de Noël offerts par les sociétés pour des œuvres caritatives et rejoindre les Dômes des Gardens avec l’objectif de parvenir au barrage. Je croise peu de monde sur la balade le long de l’embouchure de la ‘river’ … c’est beau, c’est paisible. J’aperçois le barrage et non seulement celui-ci mais également un énorme espace et bâtiment en forme d’anneau, de spirale qui s’élève. Oh! comme c’est impressionnant … et en me retournant je découvre un autre point de vue de Marina Bay. La plaine au-dessus de l’édifice, couverte de gazon, a la superficie de quatre terrains de football ; c’est un endroit privilégié pour les cerfs-volants. On aperçoit les turbines du barrage dans une grande salle aux parois vitrées et il y a également un joli musée sur la thème ‘SustainableSingapore’ … l’eau est un sujet de première importance pour la ville. Le barrage s’étend sur 350 mètres, que l’on parcourt sans autre, à pied ou à vélo.
Il joue trois rôles pour la population locale ; celui d’un réservoir d’eau qui pourvoit au dixième des besoins de la ville, celui de contrôle du niveau de l’eau dans les zones basses que sont Boat Quay, Chinatown ou encore Clarke et enfin celui d’un espace de loisirs nautiques avec la possibilité de pratiquer du canoeing, du windsurfing ou d’admirer des ‘light water shows’. Lors des fortes pluies – et nous savons qu’elles peuvent être fortes – et en rapport avec les marées, il régule le niveau du bassin, qui représente un sixième de Singapour et qui s’immisce dans les quartiers habités dont certains ont été repris sur la mer. La ville est donc maintenant épargnée des inondations connues par le passé.
Je n’avais pas vu figurer le site sur les guides touristiques et ma surprise en est d’autant plus belle. Sur le toit du bâtiment et aussi sur le barrage lui-même, le vent marin fait rêver, la vue se porte au loin soit vers la ville, soit vers l’océan et ses gros porte-containers en stagnation.
Et cela me donne envie au retour de faire un bout de chemin sur un de ces ferries pour touristes, qui me ramène à Clarke … un moment de navigation fort agréable. Clarke commence à revêtir ses décorations de Noël et Jingle Bells résonne déjà dans les centres commerciaux.
Je suis assez contente de boucler mes posts, avec de nombreuses photos pour les onze journées merveilleuses passées au Japon. Ce Pavillon d’Or est superbe ; j’en fais faire un nouveau poster rigide au centre … et une cliente me demande là si c’est notre maison de campagne !! Déjà Yves parle du prochain voyage en Chine, où il est invité pour deux jours de workshop par China Business Média Group. Des visas sont nécessaires pour nous et je commence à rassembler les informations et documents à présenter (lettre d’invitation, billets d’avion, réservations des hôtels). Tout n’est pas encore connu, quelques mails sont envoyés. Il est prévu de séjourner cinq jours à Beijing et ensuite trois jours à Shanghai que nous rejoindrons en train ; les paysages qui vont défiler en traversant la Chine valent le détour, nous a-t-on dit.
Un matin en sortant faire mes courses, je croise notre voisin de pallier ; j’ignore depuis combien de temps il est ici car je n’ai jamais aperçu qu’un chat pas la porte entrouverte! Ce jeune homme est rattaché à la faculté de Computer Sciences, dans une discipline sans doute pas très éloignée de Yves et on fera plus ample connaissance prochainement.
Si je suis de manière détaillée, heure par heure, la météo, je parviens à me réserver des plages de beau et chaud pour retrouver ma place appréciée autour de la piscine, avec un bloc pour rédiger des mails, des textes ou alors une revue sur les nouveautés et manifestations à Singapour. Les orages sont fréquents mais le soleil re-pointe souvent son nez ensuite.
Mardi soir, au centre culturel, soit à dix minutes à pied de la maison, nous assistons à un spectacle de danse contemporaine fabuleux. Danny Tan est le chorégraphe que nous avions découvert lors de Phase47 au quartier chinois. Ce spectacle aujourd’hui est le grand final d’une année d’échanges et de collaboration avec des danseurs du monde, Europe, Australie, États-Unis et Asie. La représentation est grandiose; les artistes vraiment pros, les costumes vaporeux, les décors et montages vidéo parfaits, la mise en scène révèle l’originalité et le talent de ce Danny, qui dans le morceau final emballe tout le public. Après ce moment de plaisir, comme c’est souvent le cas lors de manifestations, un grand buffet attend les spectateurs et les artistes ; c’est le moment de pouvoir échanger quelques mots avec eux, chaleureusement et en toute simplicité.
Caroline, une copine de Marie-Christine me donne rendez-vous vendredi matin pour un café à Holland Village. Installée ici depuis les années 2000, elle connaît tout le monde dans ce Coffee Bean, repaire des caucasiens. Nous sympathisons très vite, elle est maman de quatre enfants et apprécie la vie ici avec sa maid philippine et les facilités dont peuvent bénéficier les expatriés. Sa maman vit à Bâle, les sujets de discussion s’enchaînent et elle me fait une longue liste de conseils à tous points de vue, magasins, musées, visites, bien-être … elle m’entraîne d’ailleurs pour un massage des pieds, excellent où nous nous laissons aller, presque jusqu’au sommeil. J’y reviendrai … Et c’est Isabella, une autre amie de Caro et Marie, qui m’attend alors pour une nouvelle discussion et prise de connaissance, toujours au Coffee Bean ! Voilà, comment on passe ses journées quand les expatriées se retrouvent. Elle est également hyper sympa et me raconte qu’elle va suivre des cours d’hypnose ; elle travaille comme bénévole dans un hospice et pense que la technique pourrait soulager la douleur des personnes qui souffrent en fin de vie. Qui sait, peut-être lui servirai-je de cobaye ! Nous parlons de la Suisse où elles rentrent toutes en général durant l’été et ce sera, je l’espère, un moyen de conserver le contact. Cammy, l’esthéticienne conseillée par Caroline (elle m’a pris de suite un rendez-vous) est très gentille et professionnelle. Et voilà une journée pas trop productive pour mes reportages mais enrichissante en relations ; cela m’a redonné du punch.
Yves a envie d’évasion ; quoi de plus simple que de se retrouver au paradis de Sentosa pour le week-end … et la connexion y est excellente pour mon travail de bloggeuse. Le samedi démarre par des fortes pluies, qui nous font presque rire … pour autant que l’on puisse s’abriter ou trouver un taxi. L’odeur de cette humidité équatoriale est très caractéristique ; on s’y fait et les ventilations font tout leur effet. Les paons sont toujours nos compagnons sur la terrasse du Shangri La et notre chef coq marocain nous reconnaît aussi ; son couscous royal est succulent ainsi que l’assiette de fromages français qu’il nous offre à présent chaque fois !
Mes textes sont bouclés, il me reste à faire un choix parmi les deux mille photos et vidéos prises sans limites. Mathieu m’a également envoyé un petit rapport à relire ; je n’y comprends pas tout, loin de là mais cela me semble clair, précis et je corrige les coquilles.
C’est une vue magnifique ensoleillée, sur la plage, la piscine et les palmiers, qui nous sourit dimanche au réveil … Au cours du petit-déjeuner, toujours sur la même terrasse, Yves engage la conversation … en français avec Ben, le General Manager de cet établissement ravissant. Il a travaillé plusieurs années au Club Med avant de rejoindre le groupe Shangri La et il fait tourner cet hôtel d’une main de maître … nous lui disons notre bonheur de venir passer ici un week-end de temps en temps. Et voilà qu’il nous offre le repas de midi au restaurant qui se trouve juste en bordure de mer ! Quelle chance, c’est un buffet de grande qualité, où le crabe nous est servi décortiqué – le luxe – on se régale tout en admirant la vue et supportant avec plaisir la légère brise marine. Il passera nous saluer, sans rester partager le repas.
La chaleur pèse sur notre balade vers l’est de l’île, direction du Golf … un endroit de toute beauté également. La plage située en bas des collines, est peu peuplée, son sable est beau clair. Nous espérions prolonger vers les quartiers résidentiels car nous connaissons deux personnes qui y habitent ; zut, l’accès est clôturé. Un beau dimanche qui a rechargé nos batteries pour la semaine.
Nous allons manger des sushis ce soir avec le collègue d’Yves finlandais, et sa famille. Ils ont deux charmantes petites filles, habituées aux voyages puisque elles sont nées aux US; ils ont habité dix ans à Ann Arbor au Michigan. Miina son épouse va reprendre du travail en janvier, ils sont bien aidés par la maid philippine qu’ils ont héritée d’un couple rentré au pays. Ces jeunes filles font tout, des courses aux repas, de la lessive au repassage, du nettoyage à l’occupation des enfants. La famille part skier en Laponie à Noël, quel changement cela va leur faire par rapport au climat d’ici.
Le retour à la maison se passe très rapidement … l’avion s’est posé mardi peu après 5 heures du matin et une heure plus tard, nous sommes chez nous. Tout va pour le mieux et nous apprécions de nous allonger un moment avant de démarrer. Yves reprend le chemin de NUS et moi, outre le rangement et les lessives, j’entreprends mon travail de rédaction pour les onze journées du voyage. Ce fut tellement intense et dense, que j’ai quelques notes sur des bouts de papiers mais je voudrais me souvenir longtemps de cette découverte ; je vais prendre du temps, aller piocher sur Internet, pour retracer nos escapades.
C’est donc l’occupation première des jours qui viennent ; je me réhabitue ici aux supermarchés, à la monnaie et à leur accent. C’est agréable de comprendre et se faire comprendre ! La saison des pluies aurait commencé … les températures sont toujours aussi élevées mais un orage gronde quotidiennement. Telles des trombes d’eau, ça tombe en force et j’ouvre alors les fenêtres pour entendre et sentir l’humidité.
Ma première vraie sortie est jeudi pour ma séance d’acupuncture ; en attendant l’arrivée du médecin, nous papotons avec son assistante. Elle est singapourienne et fière de l’être ; le mélange de cultures, la tolérance envers les autres sont des points forts effectivement. Je dois aller voir le Jardin Botanique, c’est fait mais aussi le zoo et ses nouveaux pandas qui devraient être visibles pour les visiteurs dès la fin du mois. Cherchant à nous contacter, elle a fait des recherches sur le net et sa découverte du parcours de mon mari l’impressionne. La séance se poursuit, le médecin sourit en voyant que nous avons fait plus ample connaissance et ses manipulations me font toujours un plus grand bien. Les séances de Qigong ont commencé sans moi jeudi dernier et ce soir je retrouve Yves en ville pour un souper dans le quartier de Roberston, un des premiers endroits où il m’avait emmenée lors de notre arrivée en juillet. Après le japon, c’est comme un nouveau départ …
J’ai comme l’impression que les semaines passent de plus en plus vite. Notre vie ici a pris son rythme de croisière. Yves est pas mal sollicité; il est en contact avec la plupart des universités (NUS, NTU, SMU, INSEAD, ESSEC, …) et a même rencontré une équipe qui depuis une année crée une toute nouvelle université (SUTD) en collaboration avec le campus du MIT à Boston. Des entrepreneurs ou startups de la ville ont eu écho des présentations de Business Model Generation et se sont mêlés à des séminaires de doctorants pour en connaître davantage. Il y a même deux ministères qui seraient intéressés par un workshop pour leurs managers; IE (International Enterprise) au sein du ministère du commerce et de l’industrie, pour l’aide aux entreprises Singapouriennes dans leur développement à l’étranger et dans le ministère MICA (Information, Communication and Arts), le département « design Singapore » qui aide les designers souvent démunis de notions de business. Tout récemment c’est Amazon qui souhaite le rencontrer. Son agenda est bien rempli, c’est gratifiant.
Notre voyage au Japon est réservé du 18 au 30 octobre, en commençant par Tokyo avant de découvrir la beauté automnale de Kyoto. Dans la capitale, Yves aura plusieurs entretiens avec des entreprises, des collègues et le monde de l’édition. Heureusement nous avons trouvé un guide français pour les deux premiers jours; il va nous emmener dans des coins et divertissements insolites et il va nous aider à apprendre l’autonomie pour nos futurs déplacements. C’est précieux d’avoir une personne locale pour se débrouiller dans les transports en commun, cela ne semble pas évident.
Le climat ne sera pas celui de Singapour … la bonne excuse pour un peu de shopping! Je retourne à Jurong Point dans ce mall dont les magasins me correspondent assez bien. Pas très original, je trouve chez Esprit de quoi faire face à des températures qui baisseront de 10 degrés. J’y connais mes tailles et la qualité, et de plus, ce n’est pas toujours facile de dénicher une tenue qui me convienne dans les petites boutiques; souvent elles n’ont qu’une seule taille à proposer et c’est toujours beaucoup trop petit (et non non je n’ai pas pris de kilos!). C’est le comble que j’aie trouvé une blouse longue au design coréen, chez une vendeuse qui annonçait des tailles jusque XL!
Ma première séance d’acupuncture mardi, s’est super bien déroulée. Le professeur Wu Yue a étudié à Beijing la médecine traditionnelle chinoise et a aussi longtemps travaillé en Malaisie avec des médecins allopathes. Je suis admirative de sa dextérité pour insérer les aiguilles, rapides comme des flèches et sans aucune douleur ni gêne; le moment de repos s’est transformé en sieste, sans plus aucune notion de l’heure. Ensuite il a peaufiné avec une séance d’acupressure; je pense que tous les muscles de mon corps se sont détendus sous les pressions de ses doigts, avec toujours une préférence pour le massage du visage, du crâne, de la nuque. L’attente avant de me décider semble payante, je suis enchantée de cette thérapie par un vrai chinois professionnel.
Anita m’a fait la dernière coupe il y a trois mois; mes cheveux collent dans le cou pendant les promenades! Je prends rendez-vous chez Oscar, le coiffeur de Jutta et il s’avère que c’est une bonne recommandation. Il n’est pas désarmé devant nos cheveux fins, tellement différents de ceux de la population locale. Je le laisse créer une coupe un peu nouvelle; il me les raccourcit très fort sur la nuque et cela m’arrange. Son coup de ciseaux est phénoménal, précis et parfait! Quelques mèches pour éclaircir et un traitement pour nourrir les cheveux. Les fauteuils du bac de lavage sont presque des lits, on y est super bien installé pour le massage et la pause de la crème, enrichie par un jet de vapeur qui me transporte sur un nuage … rien de comparable avec les dix minutes express de la coiffeuse de Yves; je suis restée presque deux heures dans le salon d’Oscar, Hairapy.
Le petit-déjeuner au Toast Box est surprenant ce matin par le fait tout d’abord que les œufs mollets nous sont donnés ainsi dans une petite coupelle … un peu chaud pour les doigts … ne connaissent-ils pas les coquetiers? Ils sont toutefois savoureux, même si on n’a jamais vu de poules ici, tout comme les toasts et buns au beurre parfumé provenant d’une jolie montagne sous cloche réfrigérée et aussi le café et thé latte dont la préparation est amusante, rappelant aux nostalgiques singapouriens le Nanyang coffee fraîchement grillé ; la serveuse transvase x fois le mélange d’une grande cruche à une autre, ajoutant lait, cacao Nestlé, sirop de sucre, en soulevant bien haut son geste, comme pour le thé marocain. Le résultat nous surprend en bien, c’est délicieusement doux et sucré.
Notre taximan chinois, pure souche, dit pourtant bien « can can« , ce qui signifie « oui oui » en Singlish (la langue de Singapour), quand on lui donne le nom du Mandarin Oriental mais il nous dépose au Marina Mandarin et c’est le jeu de piste pour atteindre notre lieu de rendez-vous. Nous rencontrons Nicole, la fille de nos amis de Uzès, avec son mari et leur charmante petite Juno de 14 mois. Le contact est de suite très chaleureux et joyeux; on échange sur nos vies et nos expériences, devant un Tea Time qui n’est pas sans nous rappeler celui de l’Empress à Victoria.
Nos amis Monique et Rémi se marient aujourd’hui à Charmey; nous avons une tendre pensée pour eux et vive la technologie qui nous envoie une photo presque en direct! Et notre jeunesse est elle montée en Belgique pour le grand plaisir des grands-parents
Ce samedi j’ai encore un coin de la ville à montrer à Yves; il s’agit du quartier arabe avec ses ruelles de petites boutiques design, le Blue Jazz Cafe dont les graffitis colorés sur les façades créent la polémique auprès des autorités, ses chichas au parfum agréable, Bussorah street et ses restaurants turques, marocains ou égyptiens. La magnifique mosquée du Sultan, avec ses éclairages nocturnes, séduit Yves comme je l’ai été dans la semaine; c’est réellement un petit quartier très plaisant.
Le Mamanda propose ces jours un Food Festival pour promouvoir la Malaisie. Nous sommes installés dans la cour, avec une jolie vue sur le parc et le musée et nous dégustons des mets délicieux d’un buffet où couleur, odeur, saveur sont les maîtres mots. Pas d’alcool dans le monde musulman, je me hasarde à une boisson rouge pensant que c’est une sorte de grenadine probablement et j’y retourne plusieurs fois, à la pompe de cette boisson aromatisée à la rose, un régal! Nous sommes aussi aux premières loges pour les danses folkloriques qui animent la soirée; rythme, couleurs, fleurs, or, soies, sourires, séduction … nous sommes sous le charme. L’ambiance est très conviviale, les dames engagent la conversation facilement alors que nous n’avons pas du tout le look des musulmans présents ce soir. Au final, chaque danseur et danseuse vient chercher un nouveau partenaire pour l’accompagner dans une dernière danse; je vous laisse deviner qui reste assis et qui est entraînée! Je m’y amuse et passe une soirée magique. Cela donne envie d’aller découvrir leur pays, leur but est atteint… et on reçoit des cds de musique et de reportages sur la Malaisie. Nicole nous a d’ailleurs donné cet après-midi un beau conseil pour un éventuel voyage.
Il fait bon se promener la nuit dans Singapour illuminée, animée, sans agressivité et aussi prendre un dernier verre dans un bar, pourquoi pas ? Celui de ParkView Square est réellement extraordinaire comme architecture, aménagement et décoration. Le bâtiment est relativement récent (une dizaine d’années), construit sur le modèle du Chanin Building de New York, pour un chinois de Taiwan par un groupe d’architectes locaux , comme Office Building le plus remarqué de son époque. Le rez de l’immeuble est un immense bar, complètement « art déco » des années 1920, une hauteur de plafond à quinze mètres, avec des bouteilles rangées sur une hauteur de trois étages, auxquelles les serveuses accèdent agrippées à une corde et hissées par un treuil (malheureusement pas de démonstration ce soir, nous n’avons sans doute pas choisi le bon breuvage;-). Chaque pièce de mobilier, table, fauteuil, lustre, statue, revêtement de mur, de plafond est une œuvre originale d’artistes internationaux et d’une sophistication et un luxe incroyables parfois, mélange de verre, de marbre, de bronze, de bois, de cuir. Des statues de grands hommes comme Churchill, Platon, Chopin, Dali, etc gardent le parvis de ce building imposant et une énorme grue dorée pointe vers la Chine. Et voilà comment notre curiosité nous mène parfois dans un endroit insolite, auquel les guides ne font pas référence.
Sur le chemin du retour vers Raffles City, une musique se fait de plus en plus puissante … mais une autre sorte de musique ici. En octobre, même à Singapour, on célèbre la fête de la bière! Un orchestre, que je dirai bavarois, met une de ces ambiances devant le German Bar et parvient à faire chanter et bouger les caucasiens et les asiatiques amoureux des mass de bière (les serveuses n’ont pourtant pas la même morphologie que les germaniques!).
Ce fameux centre commercial récemment inauguré, je l’aurais vraiment appelé « The Boat » plutôt que « The Star », tellement cela me fait rêver à une croisière quand j’y fais le lèche-vitrine. La construction est phénoménale, avec des ponts comme sur un paquebot. Tous les emplacements ne sont pas encore occupés mais il y a déjà beaucoup à admirer ainsi ; de nombreux restaurants évidemment, de toutes origines et je choisis aujourd’hui un lunch léger et sain avec des wraps et un smoothie mangue-passion, délicieux. A la commande, le garçon me remet un petit gadget en forme de soucoupe volante, qui se met à clignoter 5-10 minutes plus tard quand mon repas est prêt ! Les boutiques rivalisent entre chaussures confort ou à talons aiguilles, sacs de voyage ou avec coques, vêtements casual ou plus chics, cosmétique (je me fais masser les mains avec du sel de la mer noire), articles de maison (je repère des ceintres anti-glisse) et un petit supermarché japonais.
Ce qui ne fait jamais défaut par ici, ce sont les salons de massages et de beauté. La concurrence joue entre eux ; ils essaient de nous attirer avec des offres alléchantes dont la plupart jouent sur la durée par des sortes d’abonnements mais je ne suis pas ici assez longtemps alors je craque pour une massage javanais du visage proposé à moitié prix : douceur et parfum dans le geste et le toucher – odeur de fruit, d’épice et de concombre – tradition et savoir-faire pour un réel bien-être.
Les heures ont passé et je suis toujours sur mon bateau … je poursuis dans ma démarche bien-être, en allant découvrir un centre « body & soul ». Une publicité dans le Finder, la revue gratuite sur ce qui se passe et s’offre à Singapour, a attiré mon attention. Le centre propose de l’acupuncture, des massages, de l’ostéopathie, des cours de relaxation et Qi gong … toutes thérapies qui me parlent. Et ce sont des françaises qui m’y accueillent même si les thérapeutes sont chinois ; je me renseigne sur des séances de Qi gong et je prends rendez-vous chez l’acupuncteur la semaine prochaine.
Après un passage rapide à l’appartement, je repars avec Yves en ville pour un souper au Grand Shanghai, offert par Virginia Cha, une de ses collègues originaire de Shanghai elle-même mais élevée en Thaïlande, ayant étudié à Hawaï, lancé des entreprises en Chine et installée à Singapour où elle a fait un Doctorat à l’âge de cinquante ans ! Selon elle, c’est le seul vrai restaurant chinois, typique « old fashion » avec un groupe de musique live mais surtout « it is the place to be » pour faire du business avec les chinois ; les touristes ne fréquentent pas l’établissement ! Nous la laissons choisir pour nous une quantité de plats qui viendront garnir notre table ; tout est très très bon et comme c’est l’habitude souvent, elle a apporté sa bouteille de vin ! Le maître d’hôtel et les serveuses sont très attentionnés ; normal, nous dit-elle, je les « arrose » d’un gros pourboire une fois par année (c’est la coutume). Soirée très agréable que nous terminons par une balade en amoureux sur les trottoirs éclairés de Robertson Quay, un des trois quais animés de la River.
Le retour en taxi est rapide à cette heure tardive ; c’est toujours amusant d’échanger avec les chauffeurs de taxis. En général, il suffit d’engager la conversation et ils sont partis à raconter … Mais le plus surprenant au début, est que souvent ils nous demandent « par où nous avons envie de passer aujourd’hui » ? Les Singapouriens aiment les acronymes et c’est donc un discours du style « par CTE ou AYE ? ERP est terminé à cette heure ! ». Autant dire que les premières fois, c’était vraiment du chinois pour moi. CTE et AYE figurent sur les plans comme des noms d’autoroutes mais en réalité le E signifie Express et les autres lettres sont les initiales des deux points extrêmes qu’elle relie, comme si l’autoroute Genève-Lausanne était appelée GLE et prononcée « gu l e ». Et ERP est le système de taxation de la circulation au centre ville durant les heures de forte affluence. Le taxi est un mode de transport très courant, même des jeunes étudiants se déplacent souvent ainsi. Personnellement, je n’ai jamais autant pris le taxi de ma vie, que ces deux derniers mois et à présent nous parvenons à leur indiquer l’itinéraire qui nous fait plaisir …
Un orage violent et très bruyant nous a réveillés cette nuit. Il paraît que Singapour est touchée par la foudre environ 170 jours par année, à cause de son climat chaud et humide permanent et cela en fait une des capitales mondiales de l’éclair (sans danger toutefois, rassurez-vous). Il est vrai que j’entends très souvent le ciel gronder mais sans que cela ne déclenche chaque fois un déluge … fort heureusement. La pluie tombe ce matin toute droite, drue et en force mais le bonheur ici, c’est que cela ne dure pas trop longtemps.
Il n’y a aucun rapport entre cette pluie et l’eau qui coule dans ma salle de bain. J’ai bien cru expliquer hier au bureau de la résidence que c’était sous les toilettes et non dans la douche … mais le technicien vient avec un flexible de douche! Il resserre juste une rondelle près du wc, je doute que ce soit d’un grand effet. J’en profite pour lui demander où je peux me procurer des sacs pour l’aspirateur … il paraît étonné de ma question ; le vôtre était neuf à l’entrée dans l’appartement, me dit-il et ça dure des mois … et là c’est moi qui fais l’étonnée! Explication : il faut ôter le sac de l’aspirateur et le vider dans la poubelle … simple !
Yves est lui libéré de son attachement à Swisscom depuis ce mois et souhaite utiliser son numéro singapourien sur son iPhone, alors qu’il avait pris un modèle Nokia basic au départ ici. Le format des cartes SIM étant différent, il va s’enquérir chez Singtel de la possibilité d’échanger une grande carte SIM pour une petite, sans devoir changer de numéro. Mais pourquoi faire compliqué, une fois de plus, quand on peut faire simple … l’employé a tout naturellement coupé physiquement la carte pour la faire entrer dans l’iPhone … le tour est joué … et ça marche!
En fin d’après-midi, le bus me dépose en bas de la Swiss Club Road, rue qui monte, pas étonnant puisque nous avons rendez-vous ce soir avec la Suisse. Les maisons sont grandes, magnifiques et leurs propriétaires sans aucun doute de riches bourgeois de Singapour. Je montre patte blanche au garde à l’entrée du Swiss Club, un des clubs de la ville les plus appréciés, selon nos informations (un peu biaisées, je l’avoue). Une jolie bâtisse datant de 1927 et qui fut créée à l’origine pour servir de stand de tir aux suisses expatriés … pas question d’échapper aux tirs militaires obligatoires à l’époque ! La propriété se situe sur une petite hauteur et au milieu de la forêt, dont on reconnaît typiquement les bruits … et Yves a même vu passer un « dinosaure » tranquillement. Se trouvent ici aussi l’ambassade, une école suisse, des installations sportives comme les courts de tennis et la piscine, sans oublier le petit chalet en bois aux volets rouges et quelques vaches ! En attendant le début des « festivités », nous croisons par hasard Yin Yin … quelle coïncidence, c’est pratiquement ma seule amie locale (elle est membre du club et attend son garçon qui suit ici des leçons de tennis).
Yves est convié par l’association Swissnex, à faire une présentation pour les alumni HEC Lausanne, en position à Singapour ; ensuite un souper « fondue fromage » nous est offert pour ne pas nous permettre d’oublier nos racines. L’ambiance est hyper conviviale ; Yves reconnaît pratiquement tous les visages de ses anciens élèves. On parle beaucoup français, voire même vaudois mais aussi anglais avec des tous jeunes gens de Lugano. Par contre dans les bars et restaurants du club, c’est le suisse-allemand qui domine. Nous sommes une vingtaine et les contacts se font rapidement ; on échange, en fait pour nous c’est plutôt recevoir, des informations sur la vie à Singapour et en Asie. Plusieurs couples se sont installés il y a une dizaine d’années et n’envisagent pas du tout un retour en Europe ; ici ils apprécient le climat, la nature, le statut qui leur permet d’avoir une maison et du personnel. Par contre à l’âge des études universitaires, la jeunesse s’échappe aux Etats-Unis ou en Europe, par besoin de liberté et aussi de connaissance de leurs racines. Et c’est ainsi que dans la conversation, Arne, mon voisin, me parle de Claude et de Daniel, deux amis très proches … et soudain le monde se rétrécit ! Ou alors, après avoir papoté un bon moment avec Alexandra, nous nous apercevons que nous avions fait connaissance, il y a plus de vingt-cinq ans, lors de grillades à La Forclaz, chez Isabelle, la première assistante de Yves. Elle nous demande des nouvelles de Gabor, d’Alex, etc. La soirée se passe ainsi dans une ambiance excellente et les cartes de visite s’échangent de-ci de-là … on se reverra !
Le retour est joyeux également ; il tombe quelques gouttes seulement à la sortie du bus et il ne nous faut que dix minutes pour rejoindre le condo. Eh bien, cela suffit pour prendre une bonne douche … les nuages tout d’un coup décident de se vider sur Kent Vale. Le petit parapluie est insignifiant face à la force de l’eau et ça rebondit de partout, formant une vraie rivière au sol. Nous ne pouvons qu’en rire, avec nos jolies chaussures, Yves en chemise classe et moi avec ma petite robe de soirée … L’avantage ici, c’est qu’avec la température, même à minuit, on ne prend pas froid et c’est bien aussi quand cela arrive au retour plutôt qu’à l’aller. J’ai compris ce soir, preuve à l’appui, que le parapluie à Singapour est utile pour se protéger du soleil et non de la pluie !
Nous n’aurons jamais fini de découvrir des endroits insolites, sympas, un peu à l’écart des sentiers battus. Hier Yves donnait un cours à la prestigieuse école INSEAD, qui ne se trouve pas très éloignée de Buona Vista. Je lui propose donc de m’arrêter à cette station de métro, à mon retour de la ville, ayant lu quelque part que Rochester Park valait une visite. Il ne s’agit pas d’un parc où l’on fait des km de balade mais de petites rues cachées dans les bois où de magnifiques bars et restaurants se fondent dans le paysage de la forêt. Un repas tout simple mais dans un cadre qui fait oublier tous les « éventuels » soucis ou douleurs de la journée. Dans ce coin là, en septembre, à été inauguré un CC à l’architecture grandiose, une fois de plus; on se croirait dans un énorme paquebot à ciel ouvert; les architectes se donnent du plaisir ici. Je dois aller à un bureau de poste à Clementi pour récupérer un envoi; l’adresse sur l’avis indique « 3 Clementi Avenue » et je me souviens que le coiffeur conseillé par Jutta se trouve au 2 de la même avenue. Mais ne serait-ce pas trop facile pour moi que ce soit juste des voisins ou de l’autre côté de la rue? Je dois bien marcher quinze à vingt minutes pour aller de l’un à l’autre … je comprends enfin que le 3 Clementi Avenue est toute une rue en elle-même, à l’intérieur de laquelle chaque building a un numéro de block et il en va de même pour l’autre adresse. Il suffit de savoir; je trouve enfin le salon de Oscar, qui a justement décidé de prendre sa journée! Mais comment Jutta a-t-elle déniché ce petit salon au rez d’un block perdu dans ce quartier de HDB?
Je suis retournée chez Joy pour une longue séance de manucure-pédicure, un plaisir de me faire dorloter avec un bon thé et des petits chocolats … pour moi en tout cas c’est un plaisir mais pas pour le monsieur qui, installé à quelques fauteuils du mien, pousse des cris de douleur quand la fille lui triture les orteils … serait-il tellement douillet; il a mis de l’ambiance au salon aujourd’hui!
Puisque c’est le moment des anecdotes, je continue avec celle du début de semaine. On m’a proposé sur le campus un cornet de glace, gratuit … et ceci pour l’inauguration d’un nouveau guichet de banque! Je pensais plutôt recevoir un bic, un porte-clé … mais non un cornet de glace, avec trois parfums, fraise, chocolat … tout va bien mais je suis surprise du troisième goût : sweet corn. Étrange de se trouver avec un grain de maïs en bouche alors que je déguste une glace, mais ce n’est pas si désagréable!
Yves, lui, apprend que son collègue finlandais a hérité d’une philippine qui travaillait pour des amis ayant quitté Singapour. Nous aurions de la peine à héberger une jeune fille à notre service, dans ce réduit minuscule, borgne, sans climatisation, qui me sert à moi de cave. Mais elles sont très contentes d’avoir du travail, celle-ci gagne 600$ par mois, elle fait les courses et leur prépare tous de bons repas asiatiques, qu’ils ont réussi à lui faire prendre à leur table (ce qui n’est pas usuel). Le dimanche est leur jour de congé, on les retrouve en nombre sur les trottoirs de Orchard Road et dans les environs, tout comme on l’avait observé à Hong-Kong, il y a une vingtaine d’années.
Un autre professeur belge, de Hasselt, est en visite à NUS pour deux mois. Il vient de s’installer, à Kent Vale également, et est rattaché à un département management de la faculté d’ingénieurs où Yves est déjà intervenu dans un cours. Ils se trouvent des contacts et des centres d’intérêt communs … même ici le monde est petit!