Après mon expédition dans les Andes, la soirée s’est déroulée dans un club privé, le Prince of Whales, où nous étions invités par le professeur Mike et son épouse Jackie. Le décor et l’ambiance sont super agréables ; Jackie, d’une famille allemande émigrée dans le sud du Chili depuis plusieurs générations, parle également le français. Le doyen de la faculté et son épouse se joignent à nous; une soirée autour de discussions intéressantes et d’un repas fait de spécialités qu’ils nous font découvrir. Le congrio frit et la cassolette de crabe sont excellents, tout autant que le Pisco à l’apéro … mais je leur dis que nous y avons déjà pris goût.
Yves est très satisfait de ses rencontres, il commence à avoir une bonne vision du monde entrepreneurial de Santiago. Ce mouvement a probablement démarré plus récemment ici à cause de la dictature jusque dans les années 90. L’accueil est partout fort chaleureux; ils font vite la bise et les photos-autographes sont presque aussi populaires qu’en Asie.
Inutile de mentionner que j’ai super bien dormi après cette journée mémorable. Mon application « santé » indique bien moins de pas pour hier que pour ma journée d’entraînement dans le parc métropolitain mais par contre elle estime le dénivelé à plus de 90 étages ! Pas de courbatures, je peux donc repartir à la découverte d’autres quartiers de Santiago. Je donne rendez-vous à Yves pour le lunch entre ses 2 conférences, sous le Palacio de la Moneda; un centre culturel construit sous l’esplanade du palais présidentiel, inauguré en 2006. Le restaurant y est idéal, au calme et notre horaire des repas à la suisse nous permet toujours de trouver aisément une table. Le métro est également facile d’accès en dehors des débuts et fins de journée, j’en situe bien les arrêts à présent et je trouve très appréciable la prévenance et le respect des utilisateurs (propreté, céder son siège, pas de bousculade, …).
Le Parque Almagro longe la rue Santa Isabel (je me devais d’y aller jeter un oeil) n’est pas un joli espace vert mais il renferme le Palacio Cousiño, un des plus luxueux palais du Chili, construit par un architecte français à la fin du 19ème siècle, qui fut endommagé par un tremblement de terre en 2010 et ensuite restauré dans toute sa splendeur. À l’autre extrémité du parc, l’église Los Sacramentos me paraît de plus en plus grisâtre à mesure que je m’en approche – et elle aussi est fermée ! C’est également un quartier de libraires semi-ambulants, un peu comme les bouquinistes à Paris ou Lyon. Et toujours à pied je traverse le Paseo Bulnes, au charme plus avéré avec ses grands arbres, ses fontaines, ses terrasses – à condition toutefois de ne pas trop lever les yeux vers les étages des bâtiments.
La Moneda est le palais présidentiel, imposant et nettement plus lumineux. Le drapeau énorme du Chili vole visuellement à une hauteur semblable à la Tour Entel, tour des télécommunications en plein centre de la ville. Elle fut construite dans les années 70, resta longtemps le plus haut édifice de Santiago et est conçue pour résister à des séismes dépassant le degré 8.
Le Général Bernardo O’Higgins, fils du gouverneur Ambrosio dont on a vu la statue hier à San José de Maipo, est appelé le libérateur du Chili. Son père est arrivé comme conquistador et lui, a oeuvré pour l’indépendance du Chili dont il fut le premier chef d’Etat. Décédé en 1842 alors qu’il est exilé au Pérou, il fut enterré dans l’Eglise de la Merced à Lima et ce n’est que plus tard que son corps fut ramené au cimetière de Santiago. La crypte sous la Place de la Citoyenneté expose son mausolée, oeuvre en marbre blanc de carrare réalisée par un sculpteur italien en 1979.
Le quartier des ministères est très surveillé par les carabineros, je ne dois rien craindre ici. J’ai lu qu’il est possible d’entrer dans le bâtiment de la Bourse alors je m’y rends sans hésiter; je reçois un badge visiteur et je suis conduite dans la salle ronde. Alors que je pensais y voir toute une effervescence, elle est déserte et pourtant les chiffres défilent sur les tableaux et quelques personnes plus âgées pianotent sur des écrans.
Les Paséos Huérfanos et Ahumada sont les deux artères piétonnes perpendiculaires du centre historique. Elles sont bien ombragées, colorées sur le bas et les marchands ou cireurs de chaussures sont plus nombreux sur la rue que les enseignes de magasins en bordure. C’est assez calme en semaine et en milieu d’après-midi, cela me convient. Je suis surprise parfois de dénicher une petite terrasse coquette ou bien une place avec des bâtiments bien entretenus et d’architecture classique, comme par exemple près du Théâtre Municipal.
La Basilica de Merced est imposante et typique de la ville avec sa façade rouge. Elle est visitée non seulement par des touristes mais aussi par des gens qui passent s’y recueillir sur leur chemin – chacun semble avoir sa ou son saint à vénérer. Le choeur, les allées, la chaire à prêcher, les plafonds, les statues, les marbres et les peintures sont magnifiques.
Dans toutes les villes du Chili, on trouve une place centrale carrée, nommée Plaza de Armas, bordée aux quatre coins d’une église, d’un poste de police, d’une administration et d’une école et celle-ci à Santiago est le point zéro de toutes les routes du pays. Elle est bien vivante avec ses joueurs d’échecs attablés, ses artistes peintres à leur chevalet, ses crieurs de poèmes ou de textes (j’avoue ne pas comprendre ce qu’ils racontent) – et tout ceci sous la surveillance des carabineros, dont certains très sérieux sur leur monture. Chance aujourd’hui, la Catedral Metropolitano est ouverte; dès l’arrivée de Pedro de Valdivia créateur du Chili milieu du 16ème siècle, une église est construite ici à la Plaza de Armas. Elle sera plusieurs fois détruite par des tremblements de terre et la version actuelle a mis 50 ans à voir le jour, entre 1747 et 1800. Elle est imposante, impressionnante, superbe !
15 mars 2017 à 05:39
Encore une fois un très beau reportage et l’assurance d’excellentes prestations de Yves. Félicitations à tous les deux.