Le soleil est bien de retour comme prévu ce matin. Et c’est vers Jean-Talon que je vais faire quelques achats de produits locaux à ramener dans mes valises. J’en profite pour suivre une suggestion de Suzanne et aller découvrir Plaza St Hubert. C’est une très longue et ancienne rue commerçante qui pour se renouveler a été recouverte sur toute sa longueur d’une galerie de verre qui couvre les trottoirs et protège du soleil, de la pluie, de la neige. Ces toits sont même découpés pour laisser passer les arbres qui bordent la rue St Hubert. L’effet global est très beau et original; les magasins sont eux aussi spéciaux avec une grande majorité de commerces de robes de mariées. Pour quelques centaines de dollars, on trouve sa robe de mariée ou pour être dans la suite, un costume pour les hommes, des vêtements enfants pour une communion, des vitrines de chaussures avec seulement des escarpins blancs, des bijouteries avec diadèmes. C’est amusant à regarder, les autres magasins sont eux aussi moyens de gamme.

Je rentre vers mon quartier et trouve l’inspiration un moment, attablée à Première Moisson; ce fut un endroit où j’ai eu plaisir à venir.
Dans le Vieux Montréal, autour de l’hôtel de ville, il y a une terrible animation pour le tournage d’un film, grande production américaine de nom de code H4. Olivier s’est enquis de la présence de vedettes mais la réponse reste évasive. C’est ici que je le retrouve, au milieu d’une foule impressionnante de figurants. Les drapeaux français sont hissés sur les mâts, les costumes d’époque nous laissent supposer que l’intrigue se passe au milieu du vingtième siècle. On remarque de vieilles Citroën DS, les uniformes de gendarmes français et Olivier verra une scène qui fait penser à une pendaison. Il est ‘chanceux‘; ce matin il a assisté au tournage de l’émission ‘Juste pour rire‘, une émission qu’il a souvent eu l’occasion de regarder sur Adria lors de ses vols vers la Macédoine. Il a été pris en photo, sur la Place Royale, avec la réalisatrice et l’acteur!

Et c’est au quai King Edward que nous embarquons à bord du Cavalier Maxim pour une croisière AML sur le St Laurent. Ici aussi nous sommes chanceux; un gros bateau pour seulement trente passagers cet après-midi et ainsi presque une croisière privée commentée, avec service de boissons. Le St Laurent et la ville de Montréal ont encore pas mal de secrets pour moi, j’en apprends tous les jours. L’île compte un million-six-cent-mille habitants et s’étend sur cinquante kilomètres de longueur et seize de largeur. Nous nous approchons des bâtiments Habitat 67, ces logements formés de cubes, classés monuments historiques en 2009. Au total, il y a trois-cent-soixante cubes pour cent-quarante appartements; chacun ayant de un à cinq cubes, d’un prix unitaire de deux à trois-cents mille dollars! Le quartier est très recherché pour l’originalité, la vue sur Montréal. Le BOTA BOTA se présente à moi sous un autre angle, c’est un très beau Spa dont Marc m’a dit que le propriétaire en possédait un autre en pleine nature, magnifique … à essayer lors de notre prochaine visite. Les quelques silos à grains qui subsistent, même s’ils ont arrêté de tourner en 1966, rappellent que Montréal fut le plus important port céréalier au début du vingtième siècle; des projets de reconversion en logements sont à l’étude.
Le temps est superbe pour cette remontée du St Laurent; les eaux sont calmes, nous sommes dans le port longé par la Pointe du Havre, construite en 1898 pour protéger les quais du courant fort du fleuve. À l’œil nu, on distingue très nettement la zone après la Pointe, où le fleuve est beaucoup plus mouvementé, un peu comme aux rapides de Lachine. Sous le Pont Jacques Cartier, on aperçoit l’entrée vers la voie navigable du St Laurent; la création de cette voie avec ses sept écluses, vers le Lac Ontario où il prend sa source, a rendu beaucoup moins pratiqué le passage par le Canal de Lachine. Le fleuve est ainsi navigable depuis Montréal sur deux-mille-cent kilomètres jusqu’au Lac Supérieur, le plus extrême des Grands Lacs situé entre le Canada et l’état de Michigan. Si l’on ajoute à cela la distance depuis l’Atlantique, cela fait presque quatre mille kilomètres navigables dans le continent, soit parmi les plus longs fleuves de la planète! Entre Montréal et Trois-Rivières, la profondeur naturelle n’étant pas suffisante, le fleuve a dû être creusé, pour atteindre onze mètres de fond et permettre le passage des gros laquiers. Nous verrons quelques laquiers à quai, ces gros bateaux qui transportent en vrac les marchandises depuis les ports des Grands Lacs, transitent par Montréal pour rejoindre l’océan. La Voie Maritime se recouvre l’hiver, de glace sur les Grands Lacs et la navigation n’est donc pas possible les trois premiers mois de l’année.
Passant sous le Pont Cartier, que je trouve très très beau, nous avançons au-delà des îles du Parc Jean Drapeau avec une vue globale sur La Ronde, le parc d’attractions d’où s’échappent les cris des gens sur les montagnes russes. Par-delà, c’est le quartier du campus de Longueuil de l’Université de Montréal et en face nous apercevons le Stade Olympique, à la tour penchée la plus haute au monde. Les couleurs sont magnifiques pour de belles photos, je suis vraiment ravie de cette excursion; le Cavalier Maxim fait ensuite son demi-tour alors que l’on découvre les abords du port marchand.
Après le Pont, le commentateur attire notre attention sur les énormes bâtiments rouge-brique de la brasserie Molson, la plus vieille, la plus grande du Canada et même d’Amérique du Nord. Ensuite, un immeuble d’appartements très luxueux et c’est là que Yves a donné sa conférence pour les architectes du groupe Provencher Roy et Moureaux Hauspy. La Tour de L’Horloge, ce mémorial aux marins victimes des grandes guerres est superbe dans le décor, elle est très bien mise en évidence. C’est dans cette direction que par les quais nous nous dirigeons ensuite; Olivier y grimpe pour de jolies vues sur le fleuve, les îles, le Vieux Montréal où trône Notre-Dame-de-Bon-Secours … tandis que je rédige quelques pages, installées dans le parc – j’emporte souvent avec moi mon carnet et mon crayon- … « c’est ainsi qu’Isa crée son blog », dira-t-il … mon secret est dévoilé.

Nous retrouvons Yves, en arrêt bien évidemment devant le tournage du film. Tout le monde se pose des questions et aimerait savoir de quel long métrage il va s’agir. Des touristes nous accostent, nous prenant pour des locaux … ils prennent l’Hôtel de Ville pour la Cathédrale Notre-Dame. Que c’est drôle, de les entendre nous raconter qu’ils sont, eux, venus en vacances ici, chercher un peu de chaleur. Ils viennent d’Abitibi, la région du Grand Nord, au nom déjà rigolo comme l’est leur accent et ils ne semblent pas avoir distingué que nous ne sommes pas Montréalais! Le grand-papa est quasi incompréhensible et cela nous fera rire longtemps en y repensant.
Olivier nous invite pour une première expérience dans une Rôtisserie Brésilienne, le Rodìzio Brasil. Oh, que ça plairait à Mathieu; de la viande à volonté – du bœuf, du poulet, du porc, de l’agneau, du jambon – cuits sur de grandes broches dans la salle du restaurant et qui nous sont servies en fines lamelles coupées directement sur nos assiettes. C’est succulent et original; l’ananas grillé est aussi un régal et j’ai découvert avec plaisir, l’apéritif brésilien, le Caipirinha. La serveuse est française, originaire de la Vallée d’Abondance, en face de chez nous; on se demande toujours comment elle a atterri à Montréal connu pour ses longs hivers rigoureux alors que son rêve était le Brésil!

Le quartier de l’UQAM est un peu déjanté ce soir … En face de l’église éclairée de jeux de couleurs, une jeunesse folle de musique métallique s’y est rassemblée et Olivier nous ramène jusqu’au métro, pour être certain peut-être que nous ne nous attardions pas trop longtemps !