Au revoir Québec! Nous prenons la route et montons encore plus au nord le long du St Laurent. Le ciel est d’un bleu éclatant pour notre première étape à la Chute de Montmorency. Le spectacle est magnifique, Olivier emprunte les escaliers dans la roche pour s’approcher du sommet alors que nous montons en cabine vers le Manoir Richelieu, qui trône sur un éperon rocheux. Ce manoir est connu par des amis d’Olivier qui réagissent à ses premières photos du Facebook!
La chute est moins large mais plus haute de trente mètres de celles du Niagara et a ainsi creusé une ‘marmite‘, de dix-sept mètres de profondeur à ses pieds. Le site géologique est intéressant, on y voit clairement l’inclinaison des strates dans la roche; on en parlait déjà dans des ouvrages scientifiques en 1879. On entend et on ressent ici encore la force du courant.
Un point piéton permet d’enjamber le point où la rivière tombe à pic le long de la falaise. Ce sont des endroits superbes pour les photos, nous n’oublierons pas de si tôt ce spectacle splendide; au loin, le pont vers l’île d’Orléans et les buildings de Québec.
L’hiver, ce parc change d’apparence, les embruns de la chute gèlent formant une colline de neige et les parois givrées permettent de l’escalade sur glace.
La route n’est pas trop longue jusque Baie-St-Paul, le paysage devient presque semblable à celui des Ardennes si ce n’est que le gibier qui pourrait ici nous couper la route, serait un orignal et non un sanglier! Les côtes sont fortes et rectilignes.
Nous retrouvons ensuite le petit chemin tombant à pic sur St-Joseph-de-la-Rive que Alain nous avait fait prendre. Le moteur ronfle sur cette pente qui va jusqu’à 20% et nous ne sommes pas nombreux à l’emprunter. Il y a peu de véhicules en attente pour le traversier qui mène à l’Isle-aux-Coudres. Allez hop, on y va! Et Isabelle est chargée d’y trouver une auberge pour se restaurer.
La traversée est agréable, les gens sur le pont parlent vite entre eux. C’est ainsi qu’Olivier répond à un gars local, en anglais alors que celui-ci s’est adressé à lui en français. Eh oui, c’est ainsi pour nous encore … difficile parfois de comprendre que le québécois relève de la langue française. Ce brave monsieur traverse avec sa 2 CV de 1985. Si celle-ci monte la côte qui nous attend de l’autre côté, nous devrions aussi y arriver. Ensuite un couple de Québec discute avec nous, ils aiment venir dans cette région sauvage qu’ils parcourent à vélo, les courageux. Ils nous conseillent une ou deux auberges et également une ‘boulange‘ si l’envie nous prend de faire un pic-nic sur un bac face à Baie-St-Paul. Il fait plus frais sur le fleuve, nous remettons une couche; on m’avait bien prévenue de m’équiper si nous allions voir les baleines encore plus au nord.
La chanson de l’Isle-aux-Coudres dit : ‘Il est quelque part une grève, au beau milieu du St Laurent où la vie, l’amour et le rêve ont rendez-vous avec le vent‘.
L’île n’est pas bien grande, on peut en faire le pourtour en vingt-trois kilomètres; un petit coin de paradis … tellement magique … un peu trop perdu pour Olivier. Et c’est au Cap-aux-Pierres que la terrasse nous accueille pour manger. Nous y sommes seuls, la vue sur le St Laurent vers le sud est magique et reposante. La dame nous propose d’abord un ‘breuvage‘ et ensuite des ‘Éperlans‘ grillés … tout va bien dès qu’elle nous explique que ce sont des petits poissons pêchés ici dans le fleuve. L’établissement comprend un motel et une énorme salle de restaurant qui a accueilli jusqu’à deux cents convives chaque midi durant l’été mais la concurrence augmente et il y a moins de touristes à présent, à cause de la crise d’une part et de plus les québécois cette année, se dirigent vers le Lac Mégantic pour ‘jouer aux voyeurs’.
Les gros bateaux passent au nord de l’Isle-aux-Coudres, soit dans la partie la plus étroite et aussi sans doute la plus profonde. Des deux rives du St Laurent, il faut bien choisir à l’avance son itinéraire car il y a peu d’endroits où on peut le traverser avec un bac. D’ici il faudrait remonter nonante kilomètres au nord pour emprunter le traversier entre St Siméon et Rivières-au-Loup; la traversée pour les trente kilomètres de la largeur du fleuve prendrait une heure et demi. La société des Traversiers est importante dans ce pays de rivières et d’îles. Entre St-Joseph-de-la-Rive et l’Isle-aux-Coudres, il y a un bac dans chaque sens toutes les trente minutes en été jusque 18 heures, l’hiver c’est toutes les deux heures!
Nos éperlans ont la saveur de sardines grillées et là je parviens presque à tenir le rythme des hommes – un peu peur qu’ils ne m’abandonnent sur cette île!
La file d’attente pour le bac de retour est longue en cette fin de week-end. Le premier qui se pointe va partir sans nous et nous nous retrouvons en quatrième position pour le suivant. Il est 17h30, juste à temps pour ne pas passer ici la nuit. C’est grisant de faire ces traversées au grand vent du large … Et je m’amuse à observer que Madame Garmin fait progresser notre voiture comme une petit point sur un écran tout bleu.
Thomas nous envoie de jolies photos de leur randonnée avec Mélina au Mont Tendre; il y fait grand beau. Et en Belgique, l’événement du jour est la passation de pouvoir entre le roi Albert et son fils Philippe, le jour même de la fête nationale. Plus de cinq-cent-mille personnes se sont rassemblées pour voir et acclamer le cortège! Un événement unique dans l’histoire de la monarchie belge; un roi n’a jamais démissionné.
Le Motel des Cascades sera notre pied-à-terre pour la nuit. Louise nous y accueille très simplement et gentiment. Les chambres sont régulièrement rénovées, la nôtre semble toute fraîche et conviendra très bien. Un sentier nous mène dans la localité de Baie-St-Paul dont les travaux dans la rue St-Jean-Baptiste ont bien progressé depuis le mois dernier. Nous sommes dans le grand nord et préférons ce soir une table en salle, au Café des Artistes, une charmante petite pizzeria. Quoique dans un pays froid, nous trouvons beaucoup de glaciers et c’est toujours bienvenu de prendre son dessert ainsi en se baladant dans la rue des galeries et des boutiques.