Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine


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Le retour …

Le réveil sonne bien assez tôt, les valises sont rapidement regarnies ( tout trouve place ) et nous apprécions notre dernier petit-déjeuner sur la terrasse au 17ème étage. Le climat en ce mois de mars était vraiment parfait, nous avons pris tous nos repas à l’extérieur sans avoir froid et sans nous plaindre de la chaleur ! Il nous reste encore du temps pour aller chiner au fameux marché aux puces de la Plaza Perú – pas de chance, aujourd’hui encore personne ne s’est présenté. Nous marchons alors sur Isidora Goyenechea et Apoquindo; nous aimons l’architecture moderne de ce Sanhattan et son calme divin d’un dimanche matin. Le bilan de notre séjour est vraiment posisitf, tant du point de vue professionnel, que social, que climatique, que gustatif, que sécurité et aussi découvertes … pourquoi pas une nouvelle visite l’année prochaine. Nos nouveaux amis nous y incitent et une exploration de la Patagonie s’imposera alors.

Le vol de retour est un peu perturbé assez rapidement après le départ, par un incident cardiaque d’un des passagers; le pilote décide de se poser à Cayenne en Guyane française pour permettre son hospitalisaiton (il faut dire que le vol dure presque 14 heures jusque Paris). L’escale se prolonge sur 3 bonnes heures et la cabine sera désinfectée avant le re-décollage (procédure sanitaire normale, nous dit-on). Un incident médical semblable nous est arrivé l’an dernier en partant sur Singapour et pourtant ce doit être assez rare car l’hôtesse qui vole depuis 15 ans nous affirme que c’est pour elle la première fois.

Je parviendrai à me rendormir et cette fois j’ai bien apprécié la cuisine d’un chef français – excellent ! Les hôtesses sont particulièrement agréables, souriantes, attentionnées et notre vol de correspondance à Paris a de suite été re-planifié – service impeccable. Paris n’était vraiment pas la destination finale de la plupart des passagers; AirFrance a dû re-planifier 72 correspondances.

Thomas et Lucie sont à Genève pour nous acceuillir, nous sommes bientôt à la maison … pour une petite semaine avant le prochain départ vers l’Asie cette fois.


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Last but not least … Viña Santa Rita

Une dernière activité récréative reste à faire avant de quitter le Chili : la visite d’une cave. J’ai suivi les recommandations du concierge de l’hôtel quant au choix du tour operateur et aussi de la cave et ce sera pico bello. Nous repartons vers la vallée de Maipo, un peu plus à l’ouest que pour le volcan et en cours de route le guide nous donne quelques informations. La Chili est le quatrième exportateur de vins au monde après la France, l’Espagne et l’Italie. Les vignobles de vin rouge se plantent sur les terres de plus haute altitude que pour le vin blanc; la région est volcanique donc et les retombées de cendres procurent un bon fertilisant pour le raisin – de plus la zone centrale du Chili jouit d’un climat méditerranéen propice également à de bonnes récoltes.

Ceci n’est pas seuleemnt valable pour les pieds de vignes mais aussi pour toutes les cultures de fruits et de légumes dont regorgent les 15 grandes vallées de cette partie du pays. Celle-ci nous paraît immensément plate et des lotissements gigantesques de petites maisons toutes semblables, modestes, alignées aussi nettement que les cultures, permettent d’accueillir et de loger les travailleurs des champs.

Nous entrons dans le domaine Viña Santa Rita, le troisième plus important du Chili et c’est géant! Santa Rita est la sainte que l’on vénère pour obtenir l’impossible … et c’est en 1880 que sont importés de France des ceps de vignes pour lancer la viticulture dans les vallées chiliennes. La visite guidée nous balade dans le vignoble; la maison possède 4’000 hectares de vignes, réparties sur 5 sites et avec 20 cépages de base, ils produisent plusieurs centaines de déclinaisons différentes (assemblages, élevages en barrique, etc) – leur production totale s’élève à 72 millions de bouteilles par année. Je retrouve ici de jolis rosiers aux extrémités des longues rangées de vignes et ensuite nous visitons les vastes hangars hyper propres et bien rangés avec les cuves métalliques de macérations, les tableaux de bord électroniques permettant de contrôler les températures, durées, etc; puis ce sont les caves voûtées où vieillissent les vins en barrils de chêne, achetés en France ou aux US et enfin l’atelier avec la chaîne de mise en bouteilles (du lavage de chaque bouteille pourtant neuve – à la pose de l’étiquette sur le produit fini).

Le vin rouge prestigieux au Chili est le Carmenère, un cépage originaire du Bordelais; il fut abandonné en France à la suite de la fâcheuse épidémie de phylloxera en Europe et aussi en Californie. Le Chili a par chance été épargné de cette maladie et a conservé la culture de ce cépage fruité, rond, qui accompagne très bien les viandes rouges – notre préféré et la dégustation en fin de parcours nous le confirme une fois de plus !

Ce soir Alex H. vient nous chercher à l’hôtel pour nous emmener dans leur magnifique maison au nord-est de la ville, sur les hauteurs, avec une vue incroyable. Sigal nous gâte avec un menu très copieux de cuisine péruvienne et nous passons une super dernière soirée.


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Visite intéressante autour du Parque Quinta Normal

C’est le plus beau parc de la ville que je découvre depuis mon arrivée, avec son plan d’eau bien garni et ses grands palmiers (même si mon guide de mercredi aurait déploré toute cette végétation importée) – il s’agit de Parque Quinta Normal. Mon idée première n’est pas de visiter plusieurs des musées qui s’y trouvent et pourtant celui d’histoire naturelle m’attire. Les sujets me parlent assez depuis le « cours » de géographie de Gonzalo. L’entrée est gratuite et je peux y approfondir mes connaissances; je parcours les vitrines et les panneaux explicatifs avec la bonne surprise de m’apercevoir que la lecture de l’espagnol est bien plus simple que la compréhension orale (car étonnamment pas d’anglais ici).

Le Chili s’étend sur plus de 4’000 km du nord très désertique au sud, pays des glaciers de l’Antarctique. Je retrouve le nom de l’arbre natif vu dans les Andes, le Tamarugo, arbre aux racines très profondes pour s’adapter aux conditions du désert et aller capter l’eau bien en-dessous de la surface – ses feuilles se recroquevillent par fort ensoleillement pour éviter l’évaporation. Il y a tellemennt de parcs nationaux qu’il serait merveilleux de découvrir, chacun selon sa latitude avec une faune et une flore spécifiques.

Le pays se situe sur la ceinture de feu du Pacifique et compte plus de 2’000 volcans dont une cinquantaine encore actifs. Alex H. nous dira que la terre tremble autour de Santiago tous les 3 mois environ. Avec le Japon, il sont les experts des constructions antisismiques. La capitale (6 millions d’habitants) rassemble plus d’un tiers de la population du pays et n’a cessé de croître depuis sa création, dans tous les sens, et sans planification; ce qui a engendré des problèmes de déforestation, de hausse de la circulation, entre autres. La pollution stagne sur cette ville plate entourée de montagnes très élevées, elle a ses pics de densité en hiver à cause des différences de températures importantes – il arrive que les centres d’activités extérieurs soient fermés et cela me fait penser au haze de Singapour (dû lui aux conséquences des feux en Indonésie).

Je me dirige ensuite vers le Museo Artequin, un joli pavillon métallique de couleur bleue, surmonté d’une coupole; il fut construit par un architecte français, transporté à Valparaiso pour l’exposition universelle du centenaire de la révolution et reconstruit à Santiago pour accueillir depuis les années 90 un musée interactif destiné à susciter la créativité des enfants. Un bruit de cloche me pousse alors vers une partie voisine du parc où est exposée la collection d’une vingtaine de locomotives anciennes – il fait bon s’y promener, la mise en valeur des engins est bien pensée, il y autant des enfants que des couples plus âgés.

Aucun de ces musées ne faisaient partie de mon plan en quittant l’hôtel, c’est une bonne surprise que ce parc qui rassemble ces lieux d’intérêt et ce dans un paysage qui me convient très bien. Le coin est par contre éloigné du centre, je ne m’aventure donc pas dans les rues autour de la station de métro et je me dirige enfin vers le Musée de la Mémoire et des Droits Humains – le but premier de ma sortie. Il fut inauguré en 2010, en la présence de la présidente Michelle Bachelet et de deux anciens chefs d’état. Mon parcours dans ce musée très moderne, est ici bien facilité par un audio-guide en français. Les visiteurs sont nombreux, jeunes et moins jeunes, l’atmosphère est lourde, l’émotion est perceptible. De nombreux documents télévisés et journalistiques de l’époque du coup d’état militaire de 1973 sont présentés, donne la vision de comment elle fut vécue à l’intérieur du pays et comment on y a réagi à l’international. Les années d’investigations, de recherches non seulement de personnes disparues mais aussi pour rétablir la vérité par rapport aux informations qui étaient diffusées par le régime, sont bien détaillées (il n’y a pas moins de 70 postes sur l’audio-guide). La violence montrée est intolérable, les témoignages de survivants aux scènes de torture sont très poignants. Un bien triste épisode de l’histoire, comme il y en a eu d’autres de par le monde et ce encore de nos jours malheureusement.

Yves ce soir donne sa dernière conférence, organisée par le département Innovation de la société Telefonica, conférence ouverte au public également. Ainsi 250 personnes s’appliquent de 20h à 22h, à pratiquer le BM canvas; Alex H. est au premier rang, pas peu content de connaître l’orateur. Une sketcheuse immortalise la séance et tout comme hier, un service de traduction simultanée permet une meilleure compréhension. Le succès se traduit toujours par des photos-autographes, des cadeaux (ma valise sera-t-elle assez grande ?) et ce soir, un jeune couple assiste même à l’exposé avec leur petit enfant dans sa poussette !


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Le centre historique de Santiago

Après mon expédition dans les Andes, la soirée s’est déroulée dans un club privé, le Prince of Whales, où nous étions invités par le professeur Mike et son épouse Jackie. Le décor et l’ambiance sont super agréables ; Jackie, d’une famille allemande émigrée dans le sud du Chili depuis plusieurs générations, parle également le français. Le doyen de la faculté et son épouse se joignent à nous; une soirée autour de discussions intéressantes et d’un repas fait de spécialités qu’ils nous font découvrir. Le congrio frit et la cassolette de crabe sont excellents, tout autant que le Pisco à l’apéro … mais je leur dis que nous y avons déjà pris goût.

Yves est très satisfait de ses rencontres, il commence à avoir une bonne vision du monde entrepreneurial de Santiago. Ce mouvement a probablement démarré plus récemment ici à cause de la dictature jusque dans les années 90. L’accueil est partout fort chaleureux; ils font vite la bise et les photos-autographes sont presque aussi populaires qu’en Asie.

Inutile de mentionner que j’ai super bien dormi après cette journée mémorable. Mon application « santé » indique bien moins de pas pour hier que pour ma journée d’entraînement dans le parc métropolitain mais par contre elle estime le dénivelé à plus de 90 étages ! Pas de courbatures, je peux donc repartir à la découverte d’autres quartiers de Santiago. Je donne rendez-vous à Yves pour le lunch entre ses 2 conférences, sous le Palacio de la Moneda; un centre culturel construit sous l’esplanade du palais présidentiel, inauguré en 2006. Le restaurant y est idéal, au calme et notre horaire des repas à la suisse nous permet toujours de trouver aisément une table. Le métro est également facile d’accès en dehors des débuts et fins de journée, j’en situe bien les arrêts à présent et je trouve très appréciable la prévenance et le respect des utilisateurs (propreté, céder son siège, pas de bousculade, …).

Le Parque Almagro longe la rue Santa Isabel (je me devais d’y aller jeter un oeil) n’est pas un joli espace vert mais il renferme le Palacio Cousiño, un des plus luxueux palais du Chili, construit par un architecte français à la fin du 19ème siècle, qui fut endommagé par un tremblement de terre en 2010 et ensuite restauré dans toute sa splendeur. À l’autre extrémité du parc, l’église Los Sacramentos me paraît de plus en plus grisâtre à mesure que je m’en approche – et elle aussi est fermée ! C’est également un quartier de libraires semi-ambulants, un peu comme les bouquinistes à Paris ou Lyon. Et toujours à pied je traverse le Paseo Bulnes, au charme plus avéré avec ses grands arbres, ses fontaines, ses terrasses – à condition toutefois de ne pas trop lever les yeux vers les étages des bâtiments.

La Moneda est le palais présidentiel, imposant et nettement plus lumineux. Le drapeau énorme du Chili vole visuellement à une hauteur semblable à la Tour Entel, tour des télécommunications en plein centre de la ville. Elle fut construite dans les années 70, resta longtemps le plus haut édifice de Santiago et est conçue pour résister à des séismes dépassant le degré 8.

Le Général Bernardo O’Higgins, fils du gouverneur Ambrosio dont on a vu la statue hier à San José de Maipo, est appelé le libérateur du Chili. Son père est arrivé comme conquistador et lui, a oeuvré pour l’indépendance du Chili dont il fut le premier chef d’Etat. Décédé en 1842 alors qu’il est exilé au Pérou, il fut enterré dans l’Eglise de la Merced à Lima et ce n’est que plus tard que son  corps fut ramené au cimetière de Santiago. La crypte sous la Place de la Citoyenneté expose son mausolée, oeuvre en marbre blanc de carrare réalisée par un sculpteur italien en 1979.

Le quartier des ministères est très surveillé par les carabineros, je ne dois rien craindre ici. J’ai lu qu’il est possible d’entrer dans le bâtiment de la Bourse alors je m’y rends sans hésiter; je reçois un badge visiteur et je suis conduite dans la salle ronde. Alors que je pensais y voir toute une effervescence, elle est déserte et pourtant les chiffres défilent sur les tableaux et quelques personnes plus âgées pianotent sur des écrans.

Les Paséos Huérfanos et Ahumada sont les deux artères piétonnes perpendiculaires du centre historique. Elles sont bien ombragées, colorées sur le bas et les marchands ou cireurs de chaussures sont plus nombreux sur la rue que les enseignes de magasins en bordure. C’est assez calme en semaine et en milieu d’après-midi, cela me convient. Je suis surprise parfois de dénicher une petite terrasse coquette ou bien une place avec des bâtiments bien entretenus et d’architecture classique, comme par exemple près du Théâtre Municipal.

La Basilica de Merced est imposante et typique de la ville avec sa façade rouge. Elle est visitée non seulement par des touristes mais aussi par des gens qui passent s’y recueillir sur leur chemin – chacun semble avoir sa ou son saint à vénérer. Le choeur, les allées, la chaire à prêcher, les plafonds, les statues, les marbres et les peintures sont magnifiques.

Dans toutes les villes du Chili, on trouve une place centrale carrée, nommée Plaza de Armas, bordée aux quatre coins d’une église, d’un poste de police, d’une administration et d’une école et celle-ci à Santiago est le point zéro de toutes les routes du pays. Elle est bien vivante avec ses joueurs d’échecs attablés, ses artistes peintres à leur chevalet, ses crieurs de poèmes ou de textes (j’avoue ne pas comprendre ce qu’ils racontent) – et tout ceci sous la surveillance des carabineros, dont certains très sérieux sur leur monture. Chance aujourd’hui, la Catedral Metropolitano est ouverte; dès l’arrivée de Pedro de Valdivia créateur du Chili milieu du 16ème siècle, une église est construite ici à la Plaza de Armas. Elle sera plusieurs fois détruite par des tremblements de terre et la version actuelle a mis 50 ans à voir le jour, entre 1747 et 1800. Elle est imposante, impressionnante, superbe !


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J’use mes chaussures dolomites dans Les Andes !!

Il est 7 heures, il fait nuit quand le mini-bus de AndoAndes vient me chercher à l’hôtel pour une journée extraordinaire. Roberto est un chauffeur habitué aux routes de montagnes depuis 20 ans et Gonzalo, notre guide aux rastas qui émergent de la casquette, a fait des études en géo-sciences et éco-tourisme – avec les six autres touristes, nous devons nous sentir en de bonnes mains pour cette expédition. La circulation est dense de bon matin pour parcourir la métropole, je me reconnais assez bien et il est pratiquement 8h30 lorsque le véhicule est au complet, a chargé ses victuailles, le matériel et s’élance sur l’autoroute en direction du sud-est vers la vallée de Maipo.

À la périphérie extrême de Santiago, dans l’arrondissement de Puente Alto, Gonzalo nous annonce le « dernier arrêt pipi de la journée » !! … là où l’on va, ce sera seulement la nature. Le groupe commence à se réveiller et à échanger, on fait connaissance – il fait super beau, le jour idéal pour notre excursion. Après une heure de route, nous nous arrêtons à San José de Maipo, une petite localité où la vie semble ne pas s’être modernisée à outrance. Le guide en profite pour nous donner un petit cours d’histoire devant la statue de Ambrosio O’Higgins, un général irlandais du 18ème siècle, qui a servi pour l’empire espagnol comme gouverneur au Chili et qui a oeuvré pour protéger cependant les populations natives – ce sera à peu près le seul élément historique de la journée, notre Gonzalo est bien plus préoccupé par la faune, la flore, les écosystèmes.

Il nous montre ici la différence entre les arbres originaires de cette région à 1’000 mètres d’altitude et les arbres qui furent implantés d’Europe ou des Etats-Unis, comme le pin ou l’eucalyptus. Pour lui, c’est un danger de vouloir modifier la végétation naturelle d’une région. À Santiago, tous les parcs et même les fameux « cello » n’ont plus rien de la végétation chilienne native et c’est pourquoi il faut tant arroser. Dans cette partie de l’Amérique du Sud, les arbres (dont celui dont j’ai oublié le nom, avec lequel on fabrique du savon) sont épineux avec des grosses feuilles grasses qui conservent l’humidité pour survivre aux sécheresses. Il peut se passer 7 mois sans pluie ici pendant l’été de octobre à avril.

Autour de San José de Maipo, la population ne vit plus comme par le passé des mines d’argent mais de l’élevage de chèvres, de poules – en pleine liberté bien évidemment – et de la culture d’olives, de fruits secs – une vie simple, saine et tranquille. Ils craignent et subissent quand même souvent des feux de forêt déclenchés par négligence humaine (cigarette, barbecue, …); nous verrons sur le parcours des pans de montagnes brûlés et il est vrai que seuls les cactus semblent avoir mieux résisté ou mieux repris vie.

On ne craint plus les gens dans ces contrées éloignées, ni même les animaux (les seuls décès importants dus aux animaux proviennent de piqures d’une petite araignée … que l’on trouve surtout dans les maisons mal entretenues de Santiago !) mais c’est la nature qui peut causer des ravages. La semaine dernière un gros courant pluvieux chaud venu de l’Atlantique a buté contre la Cordillère des Andes et par malchance s’est abattu sur les hauteurs de cette vallée de Maipo. L’eau est tombée à 4’000 mètres d’altitude où le sol peut absorber de la neige mais pas une telle quantité d’eau; celle-ci a donc dévalé, emportant sur son passage arbres, habitations, rochers, formant un énorme courant de boue. Gonzalo nous montre une vidéo prise sur le fait; impressionnant et bruyant (avec lui c’est un vrai cours de géographie illustré!). Sur notre route, plusieurs éboulis corroborent son récit, la route est même parfois déviée.

Le paysage se fait de plus en plus aride, la vie humaine devient rare et bientôt nous franchissons le dernier poste de carabineros; après ce point il est possible de s’évader du pays, aucun douanier ne pourra plus nous arrêter mais les montagnes sont bien austères, un sacré barrage à franchir pour quelqu’un qui voudrait rejoindre l’Argentine. Les randonneurs qui s’embarquent pour un trek de plusieurs jours peuvent donner au poste leur identité ainsi que la durée de leur expédition et les secours pourront être mis en branle si nécessaire – ce n’est pas notre cas aujourd’hui, fort heureusement !

Comme premier petit échauffement, Gonzalo nous propose une marche d’un kilomètre vers une chute d’eau bien à pic. Les couleurs sont très belles, nous admirons un joli arc-en-ciel au pied de la falaise et le guide sera tout au long de la journée notre reporter photo également. Il connaît tous les endroits pour nous prendre en groupe ou individuellement et c’est un luxe que j’apprécie.

La météo est idyllique, le ciel d’un bleu intense et il nous fait remarquer qu’au loin vers le nord, il est plus blanchâtre. C’est la pollution de la ville, cette pollution énorme dont se plaignent les habitants de Santiago. Et pourtant il n’y a pas d’industries au centre du Chili, ce sont uniquement les véhicules qui rejettent du co2 et la topologie de la ville en forme de cuvette entourée de montagnes fait que cet air pollué stagne. Plusieurs personnes nous diront avoir dans leur maison un système de purification de l’air.

Au loin nous apercevons le volcan enneigé de Maipo; la vallée est encore assez large et verte. Sur « LA » route, seuls passent des camions qui transportent des pierres taillées dans les carrières de gypse et la route leur appartient; c’est la seule activité ici, avec le transport d’animaux que les bergers montent en été pour plus de fraîcheur. Cette route a perdu son revêtement de goudron, elle est plus chaotique mais large et sans précipices.

L’heure est venue d’abandonner le véhicule et son chauffeur; nous chargeons nos sacs-à-dos du pic-nic procuré par l’agence et d’une grande bouteille d’eau chacun. Des bâtons de marche sont à disposition et c’est une chance pour moi. Quelques conseils d’usage par Gonzalo (petits pas réguliers, attention aux pierres, protection du soleil, position du chat en cas de chute) et c’est parti sur un chemin de caillasse pour une ascension par grand vent. Il est un excellent guide, il a un oeil sur chacun de nous et a ponctué la montée d’arrêts, pour reprendre souffle, se désaltérer, admirer le paysage grandiose (car en montant les yeux sont fixés sur nos pieds!) et prendre des photos. Une usine sur notre gauche au loin fait tache dans le décor – il s’agit d’une petite centrale hydro-électrique qui suscite pas mal de polémique au Chili.

Arrivés au pied du « vase » du volcan (son sommet enneigé est à 5’860 mètres), nous posons notre camp pour le lunch, avec une telle satisfaction du but atteint, dans un paysage merveilleux. Les montagnes ont des couleurs diverses, des coulées de sédiments, des mouvements de plaques tellement visibles … Quelques légers nuages apportent une touche artistique à l’immensité du ciel. Chacun trouve sa place à l’abri d’un rocher pour manger son pic-nic et nous avons la consigne de laisser au sol les déchets alimentaires … pour les chèvres qui sont à l’alpage, avec une végétation rare et peu variée. Nous ne croiserons personne, aucun autre groupe de touristes sur nos traces – c’est magique ! L’ambiance du groupe est joyeuse et Gonzalo entame la descente à un rythme drôlement soutenu, sans plus aucune pause. Je n’ai pas exactement les chaussures idéales pour une descente raide sur un chemin à ce point caillouteux mais je ne m’imaginais vraiment pas, en faisant mes valises il y a 10 jours, que je participerais à une telle randonnée – les semelles de mes Dolomites sont lisses ce soir, elles auront fait leur dernière marche dans la Cordillère des Andes !

Roberto nous a attendus, c’est rassurant. Le vent s’est levé de plus belle et nous souffle du sable en plein visage. Après l’effort, le réconfort et c’est ainsi que le guide débouche du vin pour trinquer à notre joyeuse excursion (ce sera du vin avec un peu de sable …). Et Rosa rend place avec nous dans la voiture, elle doit se rendre dans un hôpital à Santiago et a profité de notre halte pour demander la faveur du transfert en voiture. Sa petite famille et elle passent l’été ici, emmenant leur troupeau de 200 chèvres, 50 moutons et 20 chevaux. On pourrait croire que c’est un peu comme la vie dans les mayens du Valais mais leur habitat est ici nettement plus rustique, fait de planches et de tôles. Gonzalo a terminé son cours de géographie … il nous met une jolie musique latino pour la rentrée directe vers ce qu’il appelle la « jungle de béton » …


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Parque Metropolitano de Santiago

La matinée se veut « studieuse », par un ciel couvert ce mardi. Il va certainement falloir imprimer de nouveaux canvas mais ce sera plus difficile de trouver les formats d’étiquettes qui répondent aux critères des exercices – Yves décide de changer de tactique.

Le cours qu’il donne aujourd’hui est en séance plénière avec tous les étudiants de première année de Master en Innovation de l’Ecole d’ingénieurs de l’Université Pontificia Catolica. Ils sont au moins 400 dans l’auditoire, auxquels sont venus s’ajouter des assistants et des professeurs. Mike, qui a officiellement invité Yves, est un fan du modèle, il l’enseigne et possède un des premiers exemplaires du livre – il m’écrit le soir que la prestation de Yves a surpassé ses attentes, un élan d’énergie pour débuter l’année scolaire, une satisfaction bien partagée.

Mike et d’autres personnes de son entourage se demandent si je ne m’ennuie pas seule; ils sont nombreux à proposer des barbecues, des sorties à la mer (pas proche cependant) et ce, même pour m’y accompagner pendant que Yves travaille ! Il tente de les convaincre que sa femme est une solitaire, très débrouillarde.

Après la matinée passée donc à l’hôtel, avec entre autres des réponses à des messages pour nos futurs séjours au Japon et au Canada (tout s’organise), l’appel de nouvelles découvertes me fait sortir quand même. Me dirigeant vers le Parque de las Esculturas, je reconnais par hasard l’hôtel Orly; il figurait sur la liste des établissements que j’avais pré-réservés et la devanture, la rue fort sympathique n’auraient pas pu combler le désavantage de la circulation dense de cette rue perpendiculaire à Providencia. De plus, je l’avais repéré car proche du cours d’eau Rio Mapocho que j’avais imaginé comme un superbe beau fleuve qui traverse nos villes européennes et sur les berges desquels il fait bon se promener mais ici en cette saison, y coule un tout petit torrent d’eau qui charrie tellement de sédiments sur sa descente depuis les glaciers qu’elle a la couleur de la boue.

Mon parc expose en effet des oeuvres d’artistes au talent incontestable, dont certaines sont originales; c’est dommage que la végétation soit si pauvre et ne puisse pas mieux les mettre en valeur. Toutefois le quartier résidentiel à l’arrière me plait avec ses rues verdoyantes, sa garderie bien sécurisée, ses maisons parfois charmantes (il y en a même une à vendre). Ce matin j’ai ressenti le besoin de m’évader de la ville pour faire quelque chose de plus spectaculaire; je me suis inscrite donc pour un tour organisé demain et j’ai besoin pour cela de m’y préparer physiquement.

La colline San Cristobal et son Parque Metropolitano n’auront plus de secret pour moi ce soir, j’y marche dans tous les sens, de long en large, de haut en bas – parfois sur une route où est dessinée une large piste piétonne et parfois sur un petit sentier qui crapahute dans la forêt (appelé Grandes Traversias !). Je me sens en confiance, pas de serpent, de moustiques ni d’araignées par ici et les seules personnes que je croise sont des sportifs en VTT (j’aurais pourtant bien aimé rencontré sur ma promenade des vendeurs ambulants de bouteilles d’eau fraîche comme dans les rames du métro;-). En voyant une affiche annonçant dimanche une course sur San Cristobal, je comprends mieux pourquoi ils sont si nombreux à s’entraîner. Les gardes de sécurité sillonnent eux le parc sur leurs motos de cross, leurs chiens sont d’ailleurs dressés ici et ce doit être également le terrain de jeux des scouts.

Ça côte pas mal, le point culminant près de la piscine Antilén est à plus de 800 mètres (Santiago étant à 500 mètres). J’observe bien évidemment la végétation, les arbres, les eucalyptus, les cactus et plantes fleuries. Plusieurs espaces notés sur mon plan sont en réfection (le jardin japonais, le jardin botanique Chagual, les fontaines); je ne perds jamais de vue au loin la statue de l’Inmaculada Concepcion et les cabines du Teleferico ainsi que la Torre Costanera de moins en moins haute à mesure que je grimpe ! Les sommets des Andes se dégagent ainsi que la montagne El Carbon, la plus proche de la ville et qui culmine à 1’365 mètres … ce pourrait être une jolie randonnée.


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De Baquadeno à Cerro Santa Lucia

Me voici en route ce matin avec un circuit concocté par moi-même, avec comme point de départ la station de métro Baquedano. Je remonte à la surface au niveau de la place d’Italie, bien reconnaissable et point de repère lointain, avec sa statue centrale entourée d’un joli parterre fleuri mais surtout l’édifice Telefonica, en forme d’un énorme téléphone portable. Avec ses 34 étages et son héliport sur le toit, il est resté une dizaine d’années le bâtiment le plus élevé de la ville. Il se voulait à sa construction début des années 90, une image moderne du monde des téléphones portables, il est devenu de nos jours comme une antiquité, style des premiers Sony Ericsson.

Il y a toujours moins de monde quand je me promène le matin; après avoir franchi la Rio Mapocho où coule un faible torrent couleur café au lait, se présente devant moi le Barrio BellaVista, avec son université San Sebastian et juste en face le Patio Bellavista. Je pénètre avec joie dans ce quartier; l’espace intérieur est nettement plus sympathique, coloré, artistique que les bâtiments sur les rues qui l’entourent. J’admire des terrasses de bistrots, des boutiques d’artisanat, des sculptures et peintures murales et j’y reviendrai, du moins je l’espère, pour un repas avec Yves. C’est très propre et calme et je pense que la musique doit animer ce Patio en fin de journée.

Le Parque Forestal longe la rivière, il fait bon s’y balader à l’ombre des grands arbres, s’asseoir sur l’un des nombreux bancs, regarder les sculptures et notamment la Fontaine Alemania, construite en 1912 pour célébrer le centenaire de l’indépendance du Chili, remodelée en 97 pour commémorer les 150 ans des immigrants allemands et une dernière restauration par la ville en 2012 pour le bicentenaire du Chili comme nation indépendante.  L’eau semble manquer un peu partout dans cette ville chaude en fin d’été, peu d’eau dans les fontaines et les bassins de la ville; les arbres et les fleurs en manquent aussi, même si je vois souvent des jardiniers abreuver les pieds des plantations. Cette balade tranquille me mène au Musée des Beaux Arts, où de loin je repère un énorme cheval aux formes arrondies, signé Botero.

Juste après un monument au morts (du moins, cela y ressemble mais les panneaux signalétiques sont souvent taggés, détériorés et ne me permettent pas d’identifier toujours ce que cela représente), se présente le fameux Mercado Central, le marché central de Santiago, avec son ossature métallique, son ambiance de marché aux poissons ainsi que des étals de poulets en grande quantité, des restaurants, des boutiques de souvenirs et toutes les agences de guides touristiques – j’imagine bien que les circuits des tours opérateurs doivent passer par ici ! Je m’installe dans un petit restaurant pour commander et me régaler d’une assiette de mérou, on ne peut plus frais dans sa marinade citronnée, accompagnée d’une excellente cerveza locale.

Le quartier de Lastarria est assez coquet, il est plaisant de jour mais serait plus chaud le soir; son église, copie de la Santa VeraCruz de Mexico à la façade rouge y cadre magnifiquement bien. Egalement de façade rouge, la plus ancienne église de la ville, Iglesia San Francisco, se trouve au départ de la rue du même nom ainsi que deux rues nommées Paris et Londres. Elles devraient me donner une ambiance européenne, il faut bien chercher – à mon avis cela ne valait pas le détour. Par contre, de l’autre côté de l’avenue Alameda, le bâtiment de la Bibliothèque Nationale, assez gris vu de l’extérieur, est superbe et imposant quand on y pénètre. Des escaliers de marbre, des lustres de cristal, des peintures murales historiques – j’avance d’un air décidé, comme une locale, en espérant ne pas me faire stopper dans ma prospection car en effet je cherche la salle la plus ancienne de la bibliothèque, avec ses boiseries magnifiques et étonnamment bien conservées. Je n’oserai toutefois pas y pénétrer pour la prendre en photo, je trouverai une image sur le web qui me permet de garder son souvenir.

La colline Cello Santa Lucia est un passage obligé lorsque l’on visite Santiago. Plusieurs sentiers, se terminant par des escaliers en gros rochers mènent à un fort posé sur la hauteur. La vue sur 360° s’étend de la ville aux montagnes. Une statue de Pedro de Valdivia trône à mi-hauteur de la colline; il se pourrait que ce soit ici qu’il décida de créer la ville de Santiago en février 1541 (une autre version relate la Plaza de Armas comme lieu de signature). Ce poumon de verdure est bien agréable près du centre historique avec ses bâtiments tout gris. La fontaine de Neptune (datant de 1902) accueille les promeneurs au niveau de l’avenue artère principale de la ville, que l’on appelle Alameda – un petit côté méditerranéen sympathique – et une fois de plus, ce serait mieux encore avec de l’eau dans les bassins. Je serai assez contente d’une de mes photos qui rassemble plusieurs symboles de Santiago : la colline San Cristobal avec le funiculaire et l’Inmaculada Concepcion, la Torre Telefonica, le Costanera Sky, le Gam (le centre culturel Gabriela Mistral ) repérable comme un gros bâtiment à la couleur du fer rouillé et enfin au loin les sommets enneigés des Andes. Yves va même choisir ma prise comme fond de présentation de ses exposés !

Pour Yves c’est sa première journée de contacts professionnels avec des chiliens, après la parution ce matin de l’article le concernant dans le quotidien El Mercurio – good timing et il reçoit plusieurs messages encourageants. Il devait rencontrer ce lundi 3 personnes pour des échanges plutôt informels mais cela se transforme vite en une conférence pour 25 à 30 personnes; heureusement Yves est toujours prêt pour ce genre de changement de programme et les discussions avec des entrepreneurs et des designers s’avèrent très intéressantes. Prometteur pour la suite …


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Un dimanche calme dans notre quartier

Après nous être bien régalés de poissons crus durant le week-end, j’ai vu de suite le sourire de Yves hier soir lorsque je lui ai dit avoir repéré ici sur Avenida Isidora Goyenechea un restaurant de cuisine provenant d’Argentine avec de la viande réputée excellente. Et pour accompagner le filet succulent, nous avons opté pour un vin rouge chilien, d’une vallée proche de Valparaiso, du Camenère – un cépage que nous avons découvert ici et qui nous convient à merveille. Et en parlant des restaurants, je voulais signaler que sur l’addition figure déjà une proposition de tip de 10% mais le serveur s’enquiert à chaque fois avant d’encaisser si le client est d’accord avec le montant (c’est assez bien comme pratique, je trouve).

La journée est calme autour des rues de Las Condes et El Golf; c’est dimanche, il y a peu de circulation mais les centres commerciaux sont ouverts. Nous retournons avec plaisir au Costanera Center, le supermarché qui s’y trouve, de nom Jumbo (tiens donc) porte vraiment bien son nom – on y trouve de tout et dans des marques multiples. L’idée m’est venue d’acheter au stand Nespresso une barrette (une seule demande plusieurs fois le vendeur, tout dépité !) de capsules afin de les essayer dans la machine de notre chambre – et là est bien le comble (cela fonctionne à merveille … j’irai en rechercher d’autres) : acheter de vraies capsules pour une machine copiée alors que c’est normalement le processus inverse qui se développe !

A défaut de me répéter peut-être, nous trouvons que les chiliens sont réservés, posés (nous devions nous attendre à un peuple exubérant ;-); même les vendeurs ambulants qui se postent aux carrefours, sur les trottoirs de grands passages, aux sorties des métros interpellent peu les gens et il me semble ainsi à première vue qu’il y a peu d’asiatiques et d’africains (et pratiquement pas de clochards). Par contre les agents de sécurité sont nombreux partout et ils veillent. Sur une terrasse de restaurant, un garde à vélo a fait remarquer à une dame que son sac-à-dos qui pendait à l’arrière de sa chaise était trop visible et facile d’accès !

Ce matin mon plan est d’emmener Yves à la Plaza Peru pour un marché aux antiquaires dominical dont parlent tous les guides – pas de chance, nous tournons tournons autour de la place mais rien en vue. Il semble que les exposants soient encore en vacances …

Yves va commencer demain sa série de rencontres, conférences, cours et ateliers; je m’active à préparer le matériel, les itinéraires tandis que lui peaufine ses exposés. Il est un peu inquiet car nous sentons que l’anglais est mal maîtrisé par ici; j’essaie de le rassurer : les chiliens que nous côtoyons dans les commerces et les restaurants ne sont pas ceux qui vont assister à ses conférences … à suivre.


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La Sebastiana et Viña del Mar

La Sebastiana se situe sur les hauteurs de la colline Florida, nous y allons à pied par l’Avenida Alemania qui est une route corniche assez plate, fort agréable avec d’un côté une vue plongeante vers l’océan et de l’autre des ruelles menant encore à des endroits plus élevés – on pourrait presque penser à San Francisco. Les habitants de Valparaiso, d’autres touristes comme nous et des chiens errants se côtoient en se saluant avec un beau sourire; nous sommes parfois entourés de 5 ou 6 chiens qui sont beaux, bien portants et ont la chance de ne pas devoir se promener en laisse. Toute cette promenade est colorée, les murs sont agrémentés de vie, allant de simples graffitis à des peintures signées par des artistes chiliens. Il est bon également de noter que tous ces quartiers sont hyper propres, pas de papiers ni bouteilles qui jonchent les trottoirs (et pourtant les voitures souvent ressemblent à des poubelles) – est-ce ainsi également sur les circuits moins touristiques ? On remarque des maisons plus cossues, peut-être des secondes résidences et qui ont toutes des grilles à l’entrée et aux fenêtres – les cambriolages ne doivent pas être seulement une légende.

La Sebastiana est la maison que Pablo Neruda acquiert en 1959, construction commencée par un architecte (Sebastian Collado d’où le nom La Sebastiana) qui décède avant la fin du chantier. Pablo cherchait une maison pour s’évader de la grande ville de Santiago; il acquiert celle-ci avec un couple d’amis et ils en terminent la réalisation. Elle s’élève sur 4 étages, elle est isolée tout en étant proche des transports, elle surplombe le port avec une vue grandiose. Neruda était un diplomate et poète, il parcourut le monde et en ramena des souvenirs variés, il était collectionneur et cette maison nous montre encore beaucoup de ses acquisitions. Une visite intéressante qui permet de bien cerner le personnage politique engagé et aussi écrivain, original, qui reçut le prix Nobel de littérature en 1971.

Notre hotel est situé sur le dessus de la colline Alegre, une situation géographie idéale pour visiter cette ville extraordinaire. Je le recommande vivement, le Casa Galos, pour son design, sa terrasse sur le toit, le petit-déjeuner et pour l’accueil, les conseils judicieux et la serviabilité de nos hôtes.

Il faut un certain temps pour prendre conscience de la topologie de la ville, ses dénivelés tant verticaux que latéraux; ici la ruelle s’arrête à pic devant un mur, là elle se poursuit par un escalier raide ou alors même par un ascenseur ou funiculaire – qu’il faut dénicher à l’intérieur d’une vieille bâtisse ou au fond d’un étroit corridor … et tout ceci n’est pas de suite visible sur un plan. C’est pourquoi les explications précises et détaillés d’Angelica à notre arrivée nous ont permis de voir un maximum d’œuvres artistes sur peu de temps.

Aujourd’hui nous nous sentons déjà plus familiers à l’environnement et nous osons des divergences d’itinéraire pour rejoindre le Puerto – cette fois non pas pour monter à bord d’un bateau mais plutôt pour emprunter la ligne de métro qui longe la côte – d’ailleurs sur des terres reprises à l’océan. Notre destination est Viña del Mar dont plusieurs personnes nous ont vanté la beauté. Le parcours en métro est agréable, entre autres avec les distractions d’une joueuse de violon, puis d’un guitariste latino ou même d’un jeune rappeur en espagnol bien sûr. D’autres personnes vont passer dans les rames pour proposer soit des chocolats, soit des bouteilles d’eau fraîche … des petits boulots, pour de petites recettes dont de nombreux chiliens semblent avoir besoin.

Viña Del Mar est aussi nommée la Garden city, une destination de vacances, de secondes résidences et aussi de congrès avec son hôtel Sheraton à la situation idyllique. La ville ressemblant plus à des régions côtières comme la Côte d’Azur, avec des hauts immeubles d’appartements et des avenues bordées de palmiers, nous lui trouvons un intérêt moins spectaculaire que Valparaiso; la promenade le long de la Marina est cependant fort agréable, longeant l’océan pacifique d’une couleur limpide, où des mouettes énormes et des pélicans se dorent sur les rochers. Le château Wulff est lui aussi en première position sur le Pacifique; il date du début du 20ème siècle et est construit selon l’allure d’un château féodal avec ses tours à créneaux. Au croisement de l’Avenue España et La Marina, une des attractions de Viña del Mar est son horloge florale, commanditée pour la Coupe du Monde de 1962; elle fut construite en Suisse, par l’horloger Favag de Neuchâtel !

De retour à Valparaiso, il nous est difficile de quitter ce lieu magique et si nous avons ici pu apprécier nos premiers ceviche (cette spécialité de poissons crus marinés), je propose à Yves de tester le cocktail chilien nommé Sour Pisco. Je pensais avoir lu que le Pisco était un vin pétillant et que le cocktail y ajoutait du citron vert et du sirop de sucre, un peu comme nos apéritifs mémorables à l’Arak de Ubud – j’avais presque raison, si ce n’est que le Pisco est une eau de vie de raisin à plus de 40 degrés. Rien de tel donc pour une bonne sieste dans l’autocar qui nous ramène à Santiago !

 


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Valparaiso, la fantástico !

Finalement nous nous rangeons à la suggestion d’Alex, nous donnons à un chauffeur Uber l’adresse de notre hôtel à Santiago et celle de Valparaiso et nous pouvons nous détendre – pas besoin de chercher la ligne de métro, le guichet des autocars à la station centrale ni trouver le moyen de rejoindre l’hôtel à destination. Notre chauffeur est un jeune chilien, né au Danemark par contre et qui a justement grandi sur la côte à Viña del Mar; il nous sera un bon guide durant le trajet qui dure environ une heure et demi, par la seule route qui rejoint les 2 plus grandes villes du pays, la route 66 !

Après avoir quitté les beaux immeubles de Santiago, nous retrouvons comme au jour de notre arrivée, les étendues de quartiers excessivement pauvres et sales, ressemblant à des bidonvilles – selon Knud c’est une plaie dans toute l’Amérique latine. Puis ce sont les contreforts arides et sablonneux des Andes, où pousse une végétation clairsemée et sèche, avec de hauts cactus; il nous dit observer un changement de climat depuis les 15 dernières années, comme si le fameux désert d’Atacama se rapprochait. On voit peu de vie sur ces larges étendues, quelques fermes avec des chevaux et des vaches qui cherchent leur verdure et au-dessus de nos têtes parfois des volées de condors.

La région de Casablanca, vers l’Ouest, est réputée pour son vin; tout devient plus vert dans cette plaine qui s’élargit. Les champs de vignes bien alignées sont immenses, les rangées ne sont pas ici bornées par un rosier comme à Lonay, mais par un beau plant de lavande et ce sont de majestueux palmiers qui entourent les allées et certaines parcelles. On peut également voir des cultures de maïs, d’avocats, des productions d’agrumes et de tunas; dès que la vue s’éloigne de l’autoroute, ce sont des pistes en terre qui amènent aux fermes et résidences. Le tuna du Chili, est un fruit du cactus; demain dans un bistrot de Valparaiso, je dirai à un serveur qui m’avance une carte de menu où je reconnais le mot Tuna, que nous aimerions seulement boire un jus de fruits et non manger … il me confirme que c’est bien la carte des jus de fruits et explique que le tuna est un fruit local, à la saveur proche d’une figue de barbarie. Le jus de Tunas et Naranjas est excellent !

Plus loin de jolies productions d’olives, dont il semble que la destination soit fréquemment l’Espagne quand ils en manquent là-bas; la moitié des olives vendues comme espagnoles proviendraient en fait du Chili. Toutes ces informations nous viennent de notre chauffeur et je ne prendrai pas la peine de les vérifier; il a étudié l’agronomie ici au Chili et ceci nous incite à le croire. Des forêts plus denses bordent la route 66 à mesure que nous approchons de la destination; ces forêts sont quasi chaque été amputées à cause de la sécheresse, par des feux gigantesques et affolants, nous en voyons des traces à plusieurs endroits mais cette année les grandes dévastations par le feu ont eu lieu plus au sud du Chili, et seraient d’origine criminelle.

Valparaiso est un port sur le Pacifique, créé en 1541 par les espagnols; la ville est construite sur les flancs de collines vraiment abruptes avec des ruelles qui plongent vers l’océan, des voies tortueuses, des escaliers et c’est la ville des funiculaires/ascenseurs. Les locaux les empruntent tout autant que les touristes; en 2003, le centre historique de Valparaiso est reconnu patrimoine culturel par l’Unesco. Avant l’arrivée des espagnols, ce sont les Chango, des indigènes principalement pêcheurs et des indiens Picunche, plutôt eux agriculteurs, qui occupent la région côtière. Valparaiso (littéralement Vallée du Paradis, les conquistadors tombent sous le charme de la baie) prend son nom au 16ème siècle et fut créée par Pedro de Valdivia pour donner un port à la ville de Santiago, qui se situe à 120km dans les terres.

C’est le principal port du pays, il a subi de nombreuses attaques de pirates, il fut aussi dévasté par des tremblements de terre et des raz de marée. Aujourd’hui le centre historique de la ville nous semble toujours aussi paradisiaque car dès le 19ème siècle les travaux de rénovations et l’attrait des artistes ont enrichi ses ruelles de couleurs, de peintures murales innombrables, énormes et fantastiques. C’est époustouflant et les appareils photos ne savent où crépiter – de plus la chaleur estivale balayée par la brise de l’océan lui offre un climat idéal. Heureusement Angelica à l’hôtel nous a dessiné sur un plan, un itinéraire bien utile; Yves est aujourd’hui mon guide, avec ce tracé que nous suivons à la lettre et ainsi je peux me focaliser sur les photos. Il y a des touristes mais en nombre vraiment parfait (ni trop ni trop peu). Et encore plus qu’à Santiago, les chiens errants sont partout … attention où l’on met les pieds, non pas pour leurs crottes mais parce qu’ils dorment souvent couchés de tout leur long là où on ne les attend pas. Les ruelles sont toutes faites de pavés, assez glissants ; les moteurs des voitures doivent souffrir et celui qui passe ici son permis de conduire est un as des démarrages en côte ! Les véhicules sont assez vieux, d’anciens modèles même, beaucoup de coccinelles – et si l’on veut prendre un taxi, il est recommandé d’appeler un taxi bleu.

Sur la recommandation de notre hôtesse, après la Plaza Sotomayor, nous nous offrons également une visite en bateau du port et de la baie. La vue depuis le Pacifique nous montre l’étendue incroyable de cette ville pentue (250’000 habitants) où les ruelles qui tombent toutes droites à pic font penser à des tracés de pistes de ski dans nos montagnes (image purement personnelle ;-). Nous pensions les sud-américains plus exubérants, bruyants et depuis notre arrivée, à maintes occasions, nous nous apercevons qu’ils sont au contraire calmes et posés. Sur notre petite embarcation, l’excursion se déroule si agréablement, les gens ne parlent pas fort, seul le guide est lui très volubile pour crier ses commentaires mais tout en espagnol et avec un débit qui nous échappe … le plaisir des yeux suffit largement; nous approchons non seulement des petits bateaux de pêcheurs, d’énormes porte-containers mais aussi d’un phoque installé sur un flotteur, il fait le beau et semble savoir qu’il est l’une des attractions des touristes.

Angelica nous a été également d’un excellent conseil pour les restaurants. A l’heure du lunch (où nous sommes toujours les premiers avec nos montres suisses ;-), nous dégustons au MM450, un assortiment de ceviche. Ce régal est une spécialité des côtes pacifiques; du poisson cru, coupé en cubes, marinés dans beaucoup de citrons, avec des avocats, des fruits, des feuilles de coriandre et autres épices savoureuses … miam miam. Le soir ce sera au Mito que nous mangerons une cuisine également chilienne (mélange de cuisine espagnole et mapuche, des populations natives), avec une purée de pommes-de-terre et maïs, agrémentée de morceaux de tomates, d’oignons et d’épices formant un lit pour un délicieux poisson grillé.