Finalement nous nous rangeons à la suggestion d’Alex, nous donnons à un chauffeur Uber l’adresse de notre hôtel à Santiago et celle de Valparaiso et nous pouvons nous détendre – pas besoin de chercher la ligne de métro, le guichet des autocars à la station centrale ni trouver le moyen de rejoindre l’hôtel à destination. Notre chauffeur est un jeune chilien, né au Danemark par contre et qui a justement grandi sur la côte à Viña del Mar; il nous sera un bon guide durant le trajet qui dure environ une heure et demi, par la seule route qui rejoint les 2 plus grandes villes du pays, la route 66 !
Après avoir quitté les beaux immeubles de Santiago, nous retrouvons comme au jour de notre arrivée, les étendues de quartiers excessivement pauvres et sales, ressemblant à des bidonvilles – selon Knud c’est une plaie dans toute l’Amérique latine. Puis ce sont les contreforts arides et sablonneux des Andes, où pousse une végétation clairsemée et sèche, avec de hauts cactus; il nous dit observer un changement de climat depuis les 15 dernières années, comme si le fameux désert d’Atacama se rapprochait. On voit peu de vie sur ces larges étendues, quelques fermes avec des chevaux et des vaches qui cherchent leur verdure et au-dessus de nos têtes parfois des volées de condors.
La région de Casablanca, vers l’Ouest, est réputée pour son vin; tout devient plus vert dans cette plaine qui s’élargit. Les champs de vignes bien alignées sont immenses, les rangées ne sont pas ici bornées par un rosier comme à Lonay, mais par un beau plant de lavande et ce sont de majestueux palmiers qui entourent les allées et certaines parcelles. On peut également voir des cultures de maïs, d’avocats, des productions d’agrumes et de tunas; dès que la vue s’éloigne de l’autoroute, ce sont des pistes en terre qui amènent aux fermes et résidences. Le tuna du Chili, est un fruit du cactus; demain dans un bistrot de Valparaiso, je dirai à un serveur qui m’avance une carte de menu où je reconnais le mot Tuna, que nous aimerions seulement boire un jus de fruits et non manger … il me confirme que c’est bien la carte des jus de fruits et explique que le tuna est un fruit local, à la saveur proche d’une figue de barbarie. Le jus de Tunas et Naranjas est excellent !
Plus loin de jolies productions d’olives, dont il semble que la destination soit fréquemment l’Espagne quand ils en manquent là-bas; la moitié des olives vendues comme espagnoles proviendraient en fait du Chili. Toutes ces informations nous viennent de notre chauffeur et je ne prendrai pas la peine de les vérifier; il a étudié l’agronomie ici au Chili et ceci nous incite à le croire. Des forêts plus denses bordent la route 66 à mesure que nous approchons de la destination; ces forêts sont quasi chaque été amputées à cause de la sécheresse, par des feux gigantesques et affolants, nous en voyons des traces à plusieurs endroits mais cette année les grandes dévastations par le feu ont eu lieu plus au sud du Chili, et seraient d’origine criminelle.
Valparaiso est un port sur le Pacifique, créé en 1541 par les espagnols; la ville est construite sur les flancs de collines vraiment abruptes avec des ruelles qui plongent vers l’océan, des voies tortueuses, des escaliers et c’est la ville des funiculaires/ascenseurs. Les locaux les empruntent tout autant que les touristes; en 2003, le centre historique de Valparaiso est reconnu patrimoine culturel par l’Unesco. Avant l’arrivée des espagnols, ce sont les Chango, des indigènes principalement pêcheurs et des indiens Picunche, plutôt eux agriculteurs, qui occupent la région côtière. Valparaiso (littéralement Vallée du Paradis, les conquistadors tombent sous le charme de la baie) prend son nom au 16ème siècle et fut créée par Pedro de Valdivia pour donner un port à la ville de Santiago, qui se situe à 120km dans les terres.
C’est le principal port du pays, il a subi de nombreuses attaques de pirates, il fut aussi dévasté par des tremblements de terre et des raz de marée. Aujourd’hui le centre historique de la ville nous semble toujours aussi paradisiaque car dès le 19ème siècle les travaux de rénovations et l’attrait des artistes ont enrichi ses ruelles de couleurs, de peintures murales innombrables, énormes et fantastiques. C’est époustouflant et les appareils photos ne savent où crépiter – de plus la chaleur estivale balayée par la brise de l’océan lui offre un climat idéal. Heureusement Angelica à l’hôtel nous a dessiné sur un plan, un itinéraire bien utile; Yves est aujourd’hui mon guide, avec ce tracé que nous suivons à la lettre et ainsi je peux me focaliser sur les photos. Il y a des touristes mais en nombre vraiment parfait (ni trop ni trop peu). Et encore plus qu’à Santiago, les chiens errants sont partout … attention où l’on met les pieds, non pas pour leurs crottes mais parce qu’ils dorment souvent couchés de tout leur long là où on ne les attend pas. Les ruelles sont toutes faites de pavés, assez glissants ; les moteurs des voitures doivent souffrir et celui qui passe ici son permis de conduire est un as des démarrages en côte ! Les véhicules sont assez vieux, d’anciens modèles même, beaucoup de coccinelles – et si l’on veut prendre un taxi, il est recommandé d’appeler un taxi bleu.
Sur la recommandation de notre hôtesse, après la Plaza Sotomayor, nous nous offrons également une visite en bateau du port et de la baie. La vue depuis le Pacifique nous montre l’étendue incroyable de cette ville pentue (250’000 habitants) où les ruelles qui tombent toutes droites à pic font penser à des tracés de pistes de ski dans nos montagnes (image purement personnelle ;-). Nous pensions les sud-américains plus exubérants, bruyants et depuis notre arrivée, à maintes occasions, nous nous apercevons qu’ils sont au contraire calmes et posés. Sur notre petite embarcation, l’excursion se déroule si agréablement, les gens ne parlent pas fort, seul le guide est lui très volubile pour crier ses commentaires mais tout en espagnol et avec un débit qui nous échappe … le plaisir des yeux suffit largement; nous approchons non seulement des petits bateaux de pêcheurs, d’énormes porte-containers mais aussi d’un phoque installé sur un flotteur, il fait le beau et semble savoir qu’il est l’une des attractions des touristes.
Angelica nous a été également d’un excellent conseil pour les restaurants. A l’heure du lunch (où nous sommes toujours les premiers avec nos montres suisses ;-), nous dégustons au MM450, un assortiment de ceviche. Ce régal est une spécialité des côtes pacifiques; du poisson cru, coupé en cubes, marinés dans beaucoup de citrons, avec des avocats, des fruits, des feuilles de coriandre et autres épices savoureuses … miam miam. Le soir ce sera au Mito que nous mangerons une cuisine également chilienne (mélange de cuisine espagnole et mapuche, des populations natives), avec une purée de pommes-de-terre et maïs, agrémentée de morceaux de tomates, d’oignons et d’épices formant un lit pour un délicieux poisson grillé.