Me voici en route ce matin avec un circuit concocté par moi-même, avec comme point de départ la station de métro Baquedano. Je remonte à la surface au niveau de la place d’Italie, bien reconnaissable et point de repère lointain, avec sa statue centrale entourée d’un joli parterre fleuri mais surtout l’édifice Telefonica, en forme d’un énorme téléphone portable. Avec ses 34 étages et son héliport sur le toit, il est resté une dizaine d’années le bâtiment le plus élevé de la ville. Il se voulait à sa construction début des années 90, une image moderne du monde des téléphones portables, il est devenu de nos jours comme une antiquité, style des premiers Sony Ericsson.
Il y a toujours moins de monde quand je me promène le matin; après avoir franchi la Rio Mapocho où coule un faible torrent couleur café au lait, se présente devant moi le Barrio BellaVista, avec son université San Sebastian et juste en face le Patio Bellavista. Je pénètre avec joie dans ce quartier; l’espace intérieur est nettement plus sympathique, coloré, artistique que les bâtiments sur les rues qui l’entourent. J’admire des terrasses de bistrots, des boutiques d’artisanat, des sculptures et peintures murales et j’y reviendrai, du moins je l’espère, pour un repas avec Yves. C’est très propre et calme et je pense que la musique doit animer ce Patio en fin de journée.
Le Parque Forestal longe la rivière, il fait bon s’y balader à l’ombre des grands arbres, s’asseoir sur l’un des nombreux bancs, regarder les sculptures et notamment la Fontaine Alemania, construite en 1912 pour célébrer le centenaire de l’indépendance du Chili, remodelée en 97 pour commémorer les 150 ans des immigrants allemands et une dernière restauration par la ville en 2012 pour le bicentenaire du Chili comme nation indépendante. L’eau semble manquer un peu partout dans cette ville chaude en fin d’été, peu d’eau dans les fontaines et les bassins de la ville; les arbres et les fleurs en manquent aussi, même si je vois souvent des jardiniers abreuver les pieds des plantations. Cette balade tranquille me mène au Musée des Beaux Arts, où de loin je repère un énorme cheval aux formes arrondies, signé Botero.
Juste après un monument au morts (du moins, cela y ressemble mais les panneaux signalétiques sont souvent taggés, détériorés et ne me permettent pas d’identifier toujours ce que cela représente), se présente le fameux Mercado Central, le marché central de Santiago, avec son ossature métallique, son ambiance de marché aux poissons ainsi que des étals de poulets en grande quantité, des restaurants, des boutiques de souvenirs et toutes les agences de guides touristiques – j’imagine bien que les circuits des tours opérateurs doivent passer par ici ! Je m’installe dans un petit restaurant pour commander et me régaler d’une assiette de mérou, on ne peut plus frais dans sa marinade citronnée, accompagnée d’une excellente cerveza locale.
Le quartier de Lastarria est assez coquet, il est plaisant de jour mais serait plus chaud le soir; son église, copie de la Santa VeraCruz de Mexico à la façade rouge y cadre magnifiquement bien. Egalement de façade rouge, la plus ancienne église de la ville, Iglesia San Francisco, se trouve au départ de la rue du même nom ainsi que deux rues nommées Paris et Londres. Elles devraient me donner une ambiance européenne, il faut bien chercher – à mon avis cela ne valait pas le détour. Par contre, de l’autre côté de l’avenue Alameda, le bâtiment de la Bibliothèque Nationale, assez gris vu de l’extérieur, est superbe et imposant quand on y pénètre. Des escaliers de marbre, des lustres de cristal, des peintures murales historiques – j’avance d’un air décidé, comme une locale, en espérant ne pas me faire stopper dans ma prospection car en effet je cherche la salle la plus ancienne de la bibliothèque, avec ses boiseries magnifiques et étonnamment bien conservées. Je n’oserai toutefois pas y pénétrer pour la prendre en photo, je trouverai une image sur le web qui me permet de garder son souvenir.
La colline Cello Santa Lucia est un passage obligé lorsque l’on visite Santiago. Plusieurs sentiers, se terminant par des escaliers en gros rochers mènent à un fort posé sur la hauteur. La vue sur 360° s’étend de la ville aux montagnes. Une statue de Pedro de Valdivia trône à mi-hauteur de la colline; il se pourrait que ce soit ici qu’il décida de créer la ville de Santiago en février 1541 (une autre version relate la Plaza de Armas comme lieu de signature). Ce poumon de verdure est bien agréable près du centre historique avec ses bâtiments tout gris. La fontaine de Neptune (datant de 1902) accueille les promeneurs au niveau de l’avenue artère principale de la ville, que l’on appelle Alameda – un petit côté méditerranéen sympathique – et une fois de plus, ce serait mieux encore avec de l’eau dans les bassins. Je serai assez contente d’une de mes photos qui rassemble plusieurs symboles de Santiago : la colline San Cristobal avec le funiculaire et l’Inmaculada Concepcion, la Torre Telefonica, le Costanera Sky, le Gam (le centre culturel Gabriela Mistral ) repérable comme un gros bâtiment à la couleur du fer rouillé et enfin au loin les sommets enneigés des Andes. Yves va même choisir ma prise comme fond de présentation de ses exposés !