Un ciel bleu encore pour mon escapade vers le parc olympique qui se situe bien loin à l’est de la ville. Je m’y trouve avec un groupe de touristes asiatiques et je discute deux mots avec une fille de Malaisie, c’est incroyable le rythme auquel ils visitent les villes en si peu de temps.
C’est sur l’ancienne ville de Maisonneuve que s’étend le complexe ainsi que le Jardin Botanique. Fin du dix-neuvième siècle des marchands et des fermiers canadiens-français s’installent ici et vingt ans plus tard la ville sera annexée à Montréal. Sous le mandat du maire Jean Drapeau, le jardin botanique voit le jour, initié par le frère Marie-Victorin, botaniste québécois et en 1976, l’immense complexe sportif accueillera les Jeux Olympiques – je me souviens avoir pu acheter cet été-là mon premier blue jeans sur la poche duquel était inscrit Montréal avec les anneaux; nous étions en vacances dans la région d’Avignon.
Le stade principal doit sa forme ovale à l’architecte français Roger Tallibert, ainsi que la tour penchée, la plus haute du monde mais ironie du sort, elle ne pût être terminée pour l’ouverture des Jeux. Elle fait cent-septante-cinq mètres et s’incline à quarante-cinq degrés. J’y monte dans le funiculaire qui offre une vue imprenable sur les deux immeubles en forme de pyramides qui ont logé les athlètes durant les jeux et sur la ville bien évidement. De l’observatoire on admire le Mont-Royal, les silos le long du fleuve, les ponts sur le St. Laurent, dont le pont Jacques Cartier; la vue se porte très très loin et juste sous nos pieds, le biodôme que je visite ensuite – j’ai en effet pris un billet combiné pour ‘la totalité’ des attractions.
Cet ancien vélodrome au toit faisant penser à un casque de vélo, abrite maintenant un musée pour les plantes et les animaux en milieu artificiel reconstituant les températures et niveaux d’humidité. Je pénètre ainsi dans la forêt tropicale – tiens donc, un panneau annonce à l’entrée qu’il y fait chaud et très humide – où je me reconnais assez bien, replongée trois-quatre mois en arrière. Ensuite la forêt Laurentienne, le St. Laurent marin et enfin le monde polaire. Dans chaque écosystème, des mammifères et des oiseaux nichent, parfois bien cachés, dans la végétation. Les exclamations de surprise et d’émerveillement des nombreux enfants qui se promènent sont mignonnes à observer.
En face, depuis un mois seulement, est ouvert un planétarium dont la structure extérieure fait penser à deux télescopes pointant vers le ciel. Une exposition sur la découverte de l’univers et du système solaire, très didactique, très axée nouvelles technologies média – avec un tuteur en hologramme – interactives et accessibles attire bien des jeunes, en aparté des deux énormes sphères qui produisent des spectacles. Confortablement installée dans le ‘Théâtre du Chaos’, cette première représentation nous emmène dans un voyage qui nous immerge dans l’art et l’émotion, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Sur fond de mélodie tantôt relaxante, tantôt vibrante – musique de Philip Glass -, au-dessus de nos têtes, des nuages éclatent, les étoiles dansent, les planètes s’entrechoquent, les couleurs se mélangent … pour un véritable détachement de la réalité.
Dans la seconde sphère, le ‘Théâtre de la Voie Lactée’, ce sera plus instructif et ce petit rappel, tellement bien fait par un jeune aux explications claires et imagées, capte mon attention – non pas comme mon voisin qui se met à ronfler dès l’extinction des lumières. En cette fin de mois de mai, ici à Montréal, on peut observer la conjonction de Mercure, Venus et Jupiter vers l’horizon à l’ouest et il nous indique aussi où trouver Saturne. C’est nettement plus facile de repérer tout cela, aidés par cette vraie modélisation 3D de la voie lactée où l’instructeur pointe ce dont il nous parle. Il ne passera pas en revue les huitante-huit constellations mais principalement celles dites permanentes que l’on peut observer toute l’année parce que proches de l’étoile polaire. Et si nous nous éloignons de la ville vers le nord, avec un peu de chance, il est probable d’observer en cette période de soleil intense, ces rideaux de lumières des aurores boréales. Il nous emmène enfin pour un voyage dans l’espace, étudier de plus près les planètes du système solaire, parcourir notre galaxie et même en sortir … qu’est-ce qu’on se sent petit alors !
Mon quatrième ticket donne accès au Jardin Botanique, un peu plus grand encore que celui de Singapour. L’imposant bâtiment de briques rouges, style Art déco, ouvre l’accès à une dizaine de serres que je parcoure tranquillement, admirant ici des orchidées, des plantes grasses, des pivoines, des plantes asiatiques, etc. Je dois avouer que suite aux incroyables dômes de Marina, il m’est difficile de vraiment m’émerveiller mais cela me fait plaisir plutôt de reconnaître cette végétation tropicale que j’ai respirée, admirée des mois durant. Il est possible de se perdre dans les méandres des jardins extérieurs, des jardins à thème comme la roseraie – pas encore fleurie malheureusement -, les jardins des plantes de montagne et de rocaille, les jardins des premières nations, les sous-bois et autour d’un étang de magnifiques massifs colorés de pivoines aux fleurs riches en pétales délicats.
Je plonge un moment seule dans l’Arboretum plus sauvage, aux sentiers tortueux mais une partie du parc est privée d’accès pour la préparation de sculptures géantes de verdure qui seront l’animation d’un festival à partir du 22 juin – certaines sont terminées, fantastiques.
Je suis bien évidemment intéressée par le Jardin Japonais, ses arbres en fleurs, son jardin sec, ses points d’eau, ses lanternes de pierre et son pavillon … qui fait surgir en moi la nostalgie de ma chambre zen de Lonay.
Le Jardin de Chine est lui aussi remarquable avec tous ses pavillons de bois rouge, ses portes rondes, sa pagode, ses étangs, ses bonsaïs … il manquerait juste le Koï Pond, cet étang des carpes koï où l’on cherche à voir une carpe jaune pour nous porter bonheur la journée. Un artisan façonne de délicats petits sujets en farines colorées … et nous explique qu’il réalise beaucoup de serpents car c’est l’année du serpent pour les chinois … ça je m’en souviens!