Le soleil nous sourit à nouveau après avoir boudé quelques jours. Les Montréalais se plaignaient de la sécheresse dans leurs jardins, j’espère à présent qu’ils sont satisfaits que vont oublier les nuages. Suite à mes réclamations, un jeune technicien installe une borne Wifi dans notre appartement. Je croise les doigts pour que cette connexion s’améliore, même s’il me dit bien que cela reste une ligne partagée et n’est donc pas comparable à une connexion privée.
Me voici en route vers le Marché Jean-Talon, le plus grand marché public de Montréal et je dirais aussi un peu plus populaire – non pas au sens péjoratif – que celui de Atwater. Il regorge d’étals de fruits et légumes, de produits du terroir, de poissonneries et boucheries, de fleurs et plantes à repiquer en quantité incroyable. Amusant d’y trouver un ‘Chez Nino‘, du nom de notre chef cuisinier de l’université de Lausanne. Le Marché des Saveurs est une boutique où l’on trouve tous les produits purement québécois – du pâté de caribou, du beurre d’érable, … – et je craque … non seulement pour nous mais j’y déniche aussi ce que Geneviève m’a demandé de lui rapporter.
Le quartier s’appelle ‘La Petite Italie‘; Montréal possède une forte communauté italienne et au vu des enseignes de bistrots et restaurants, des devantures de magasins, il n’y a aucun doute, les italiens émigrés se sont bien installés par ici. Plusieurs églises se trouvent sur mon chemin, dont celle de Madona della Difesa, avec une façade de briques rouges, berceau de l’histoire des italo-canadiens, construite en 1919.
Le Boulevard St. Laurent est une artère principale de la ville, il est appelé le ‘couloir de l’immigration‘ à Montréal. Depuis 1880 les nouveaux arrivants s’y sont installés, retrouvant leur communauté d’origine, les chinois en bas de la rue, les français, les portugais, les italiens. En repartant vers l’ouest par l’avenue Bernard, j’arrive ainsi à Outremont, le vis-à-vis francophone de Westmount, de l’autre côté du Mont-Royal. Le quartier a accueilli une population assez aisée, dont certaines familles influentes au Québec. Se dresse sur cette avenue Bernard le Théâtre d’Outremont, un bâtiment Art déco classé monument historique. Et dans ce quartier se trouve une grande partie de la communauté juive de Montréal; avec presque cent mille personnes, elle serait une des plus importantes d’Amérique du Nord et aussi la plus ancienne. Ce sont principalement des juifs ultra-orthodoxes qui habitent ces rues entre Outremont et Mile-End, le secteur résidentiel juif depuis les années 1950.
Je tombe admirative devant l’avenue Bloomfield, riche en verdure, calme, paisible avec son parc St. Viateur. Celui-ci est tellement joli avec son étang, son petit pont courbé, son pavillon blanc érigé sur un îlot. Puis le parc Outremont qui opère une belle tranquillité au milieu de ces rues résidentielles, avec une fontaine montrant un joyeux groupe d’enfants. Les bancs dans ces parcs sont bien prisés, des jeunes, des couples plus âgés, des mamans avec leurs enfants … c’est très beau et reposant.
Avant de rentrer, je me laisse flâner dans les rues et ruelles de Mile-End – St. Viateur, St. Urbain, Fairmont, Jeanne Mance, la minuscule rue Groll – où se ressent la diversité culturelle de Montréal; un quartier mi-bourgeois, mi-bohème, qui vit autour de ses nombreux bistrots qui débordent sur les trottoirs. L’église St. Michel-Archange semble coincée entre les magasins et les habitations; de style byzantin, elle est un sanctuaire pour la communauté polonaises et est garnie d’un dôme de vingt-trois mètres de diamètre, le plus grand après celui de l’Oratoire St. Joseph.
Je descends jusque l’avenue Laurier où les riches boutiques s’alignent, jolies vitrines pour la population aisée d’Outremont. Avant de remonter vers l’Université, je fais une halte à l’église St. Viateur d’Outremont, très belle construction de pierres grises, dont l’intérieur est riche en peintures, verreries, ébénisteries, sculptures recouvrant le plafond et les voûtes et le chœur – je me montrerai discrète en présence de l’office en cours. Courageusement je monte l’avenue MapleWood pour enjoindre Edouard-Montpetit. Cette rue très escarpée, est appelée ‘avenue du pouvoir de Outremont-en-Haut‘; les résidences sont ici incroyablement cossues, de vrais petits châteaux, aux jardins tellement magnifiques et sont habitées par des personnages influents … je n’en doute pas!
Une grande balade aujourd’hui qui m’a permis de m’imprégner dans des atmosphères très différentes, allant de la communauté italienne, aux juifs orthodoxes, aux habitants des ruelles du Mile-End, aux riches propriétaires d’Outremont.