Oups, sur l’agenda ce matin, un rappel du vol pour Genève en soirée! Yves a bien récupéré le coup, Mathieu et Thomas ne nous en veulent pas trop, Cristina est un peu triste … nous serons de retour en août.
Il fait trop beau pour rester cloîtrée, je descends avec le bus 165 jusque Sherbrooke que je décide de découvrir vers l’ouest. C’est la rue des écoles, universités, bibliothèques et collèges plutôt anglophones et très chics, tels de petits châteaux.
Sur le domaine du Fort de la Montagne, les Sulpiciens fondent le Séminaire de Saint-Sulpice à l’époque où ces prêtres furent les Seigneurs de l’île (de 1663 à 1854). La mission avait pour vocation d’initier les Amérindiens à la vie chrétienne. Le Fort comptait quatre murs de pierres reliant quatre tours dont deux subsistent encore aujourd’hui ; l’une d’elles logea des religieuses de Notre-Dame.
En 1857, le Grand Séminaire, qui formera les séminaristes de tout le diocèse, vient occuper le Fort, reconstruit dans un style néo-classique sur le plan de celui de Saint-Sulpice à Paris ; un agrandissement vers l’est accueille le Collège de Montréal et c’est ainsi que je le découvre aujourd’hui. Ces bâtiments sont encore bien à l’abri derrière un mur d’enceinte. Le Collège Dawson est lui aussi prestigieux, la Selwyn House est une école anglaise privée pour garçons et je déniche également l’Ecole Internationale.
D’anciens manoirs sont transformés en appartements luxueux; je suis sans aucun doute dans un quartier de Montréal très différent de celui d’hier matin à la Pointe-Saint-Charles!
L’église catholique romane ‘Ascension of our lord’, je la trouve très belle, élégante mais ses portes sont closes.
Sur Maisonneuve, je pénètre par contre dans l’église Saint-Léon-de-Westmount, impressionnante pour son plafond peint d’inspiration Renaissance par l’artiste peintre, maître verrier et architecte Guido Nincheri ; un vrai chef d’œuvre. Le jubé est finement sculpté en bois, les lambris et pieds des colonnes sont en marbre ainsi que la chaire à prêcher; cette église valait que je la cherche un peu sur mon plan.
Je me balade dans les rues, admirant tantôt une maison, tantôt un jardin qui me fait rêver; les Schoolbus ramènent les enfants dans ces rues résidentielles toujours aussi ombragées par les arbres. Le ciel est bleu, le soleil est juste chaud, un petit vent adoucit et je fais une pause dans le parc Victoria. Je ne m’étonne plus cette fois que son étang soit à sec!
Le parc renferme le Victoria Hall, bâti en 1924 dans le style néo-Tudor et qui abrite une galerie où les gens de la commune peuvent exposer. Je pénètre ensuite dans une suite de petites serres, de mode anglaise probablement, où le plaisir des yeux est assuré; elles n’ont rien à envier à celles du Jardin Botanique mais c’est là un avis purement personnel. Celles-ci donnent accès à une bibliothèque, la première bibliothèque publique du Québec fondée en 1899. Elle fut agrandie et revêt de nos jours, une architecture joliment mêlée d’ancien et de moderne et un arrangement intérieur qui reflète bien le genre de quartier dans lequel elle se trouve.
La rue Arlington, la Côte St Antoine qui suivrait elle le tracé d’une ancienne piste amérindienne, toutes deux accrochées à la Montagne recèlent de somptueuses demeures de la bourgeoisie anglophone … je passe mon chemin et je regarde … j’essaie de m’imaginer que mon jardin un jour s’en inspirera.
La Place Jacques Cartier est cataloguée par les Montréalais place pour les touristes mais j’aime m’y asseoir sur un banc au soleil, écoutant les airs des artistes de rue, sirotant un smoothie fraîchement mixé, chattant avec Martine … tout en attendant Yves, qui a aussi passé un peu de bon temps au Vieux Port à cogiter. Les nouvelles sont toujours meilleures quand il me parle de HEC Montréal que Lausanne et nous conversons ensemble sur des solutions qui pourraient lui rendre l’avenir plus rose.
La terrasse du Jardin de Nelson est tellement bien fleurie, signe de gens de bon goût de ses tenanciers … nous nous y installons pour un souper fort agréable, avant de poursuivre la soirée au rythme des Francofolies … quand je me souviens tout-à-coup que nous sommes proches de la galerie Peter W. Hart, où j’aimerais montrer les toiles à Yves. Première chance, elle est encore ouverte; deuxième chance, l’épouse de l’artiste nous reçoit chaleureusement. Nous craquons pour ‘Révélation Cramoisie‘ et c’est Mathieu qui assurera la réception à Lonay. Peter nous rejoint et si elle, s’étend plutôt sur le côté artiste de son mari, lui nous parle de son entreprise ‘Rideau’, une entreprise familiale qui a débuté avec des objets de reconnaissance pour les clubs et les grandes entreprises et a évolué vers des programmes informatiques de gestion des reconnaissances pour le personnel. Il est en contact occasionnel avec HEC Montréal, Paris; il nous propose une visite de ses bureaux et nous attendrons son mail.
Tout guillerets nous remontons vers la Place des Arts où ce soir sur la scène Bell, l’animation est créée par les mélodies de deux chanteurs qui ont fait partie de la comédie Notre-Dame de Paris, Bruno Pelletier et Daniel Lavoie. Celui-ci est originaire de Manitoba, état des grandes prairies du centre du Canada – avec toutefois quelques pourcents de manitobiens francophones ; sourire aux lèvres et la guitare en bandoulière, il nous enchante avec ses histoires d’enfance et fascine son public avec des succès tels ‘Docteur Tendresse‘ ou ‘J’ai quitté mon île’. Nous apprendrons demain par le journal qu’il a chanté plus tard ‘Tu vas me détruire’ et ‘Belle’ … zut ! La soirée est belle encore aux sons vibrants de notre premier festival à Montréal.
Yves m’emmène pour un dernier verre au Lounge Plateau de l’hôtel W, lounge particulier pour lequel que le bureau d’Alain a résolu des problèmes d’acoustique. Le résultat est non seulement concluant pour cet aspect bruit mais je le trouve fort joli avec son ambiance sombre et feutrée et ce plafond de lamelles de bois à clair-voie.