Luan vient nous chercher à la villa à 5h45 pour nous emmener au débarcadère; il retourne ensuite contrôler que nous n’avons rien oublié. Un petit pic-nic déjeuner, un sandwich poulet emballé dans une feuille de bananier, nous est remis pour manger dans le taxi plus tard.
Le manager du village nous salue; sachant que nous faisons une halte à Saigon, il a imprimé de la documentation. Pour lui c’est une ville pour le shopping et pour bien manger! Au revoir chaleureux, c’est presque la larme à l’oeil que nous regardons s’éloigner An Lam. La luminosité est fantastique, j’adore cette traversée en bateau au lever du soleil.
Même accueil souriant sur l’autre rive, alors que les bateaux de pêche rentrent à quai. Il y a un petit souci avec la voiture, ils sont occupés à changer la roue et on s’arrêtera à mi-chemin pour gonfler à nouveau.
Nous avions presque oublié leur manière de conduire, décidément on ne s’y ferait pas. Le chauffeur doit forcer le passage pour s’immiscer entre les vespas et les camions, ne redoutant nullement de passer sur la bande à contre-sens si cela l’arrange et ça klaxonne toujours de toutes parts. Il est 6h30 et la circulation est dense; les gens habillés assez chic, casque sur la tête et le nez caché, se rendent au travail en deux roues. Comme promis, l’employée du village nous accompagne pour l’enregistrement, dans ce petit aéroport local; tout se déroule pour le mieux! Et un dernier café glacé vietnamien pour passer le temps avant l’embarquement, qui ici ressemble plutôt à la ruée des embarquements en Europe chez EasyJet qu’à la discipline et au calme des montées à bord à Singapour.
Rejoindre Ho Chi Minh depuis Nah Trang ne prend que 45 minutes; le décollage et l’atterrissage offrent des vues magnifiques, passant d’une région de campagne à une ville à très forte densité. HCMC compte douze millions d’habitants et est devenue le poumon économique du pays.
La navette du Majestic Hotel nous attend, ainsi qu’un business man Japonais qui travaille à Hanoï; il semble que ce ne soit pas facile de faire des affaires ici au Vietnam. L’aéroport est dans la ville, nous sommes de suite replongés dans la circulation bruyante et folle, sans toutefois être agressive, mais il y a bien plus de voitures, de bus, de taxis que dans Nah Trang.
Le Majestic est un hôtel mythique, datant de 1925, qui a conservé sa flamboyance et son décor à l’ancienne. Catherine Deneuve y a séjourné pendant le tournage de Indochine. L’hospitalité et le service sont de mise, leur anglais m’est plus compréhensible. Il est conseillé de laisser dans le coffre de la chambre, passeports et objets de valeur; un autre petit conseil consiste à ne pas ouvrir la fenêtre pour éviter la visite des geckos qui se logent sur la façade à la tombée du jour. La chambre, spacieuse, domine la rivière Saigon mais aussi le quai qui grouille de monde et qui grouillera jour et nuit!
Yves m’emmène à L’Usine, un repère pour designers, un bistrot tout autant qu’une boutique. L’arrivée ne me rassure guère, nous traversons une allée sombre qui donne sur un corridor où s’alignent les scooters, avant de monter à l’étage et là, je respire. C’est sans doute une des caractéristiques de la ville, on voit très peu de vitrines aguichantes mais en s’aventurant dans les arrière-cours, les découvertes sont étonnantes.
La population vit dehors, soit sur une mobylette, soit sur les trottoirs! L’air est très pollué, les bâtisses sont délabrées, on oublie la propreté singapourienne. À même le trottoir les vietnamiens, assis, font du commerce, mangent, font la vaisselle, réparent ou font la sieste sur leurs motos, se font la manucure/pédicure, cuisinent … Yves craque pour des gaufres toutes chaudes sorties d’un petit fer en fonte posé sur un braséro!
Les trottoirs servent également de parking surveillé pour les deux roues, il y a des gardiens partout et l’argent circule. Il nous semble que la population est moins souriante et moins communicative que ce que nous connaissons mais aucune agressivité, je dirai plutôt une nonchalance ambiante. La chaleur et l’humidité sont pesantes; il y a très très peu de touristes comme nous … on nous regarde un peu, je ne passe pas à vrai dire pour une dame couleur locale, avec ma petite robe fleurie! Et ce n’est qu’à l’abord des quelques sites touristiques que nous sommes accostés par des vendeuses de cartes postales ou des cireurs de chaussures. L’héritage français persiste, plusieurs enseignes et messages figurent dans notre langue.
Le sport pour les piétons, c’est de traverser les avenues en acceptant de se laisser klaxonner (mais est-ce vraiment pour nous?), de se laisser frôler par les vespas, les voitures. La devise est « quand il faut y aller, il faut y aller », on respire un bon coup et on se lance en zigzagant entre les véhicules … et ça fonctionne! Je préfère les croisements avec des feux mais si ce n’est pas 100% fiables. Ainsi notre parcours nous fait découvrir l’Opéra, les grands hôtels, la Poste, vestige de l’architecture coloniale avec sa verrière de Gustave Eiffel, la Cathédrale Notre-Dame, toute de briques rouges de Toulouse et ses vitraux de Chartres, le Palais de la Réunification, avec ses salons et ses salles de banquets somptueux, des parcs et des jardins où des militaires apprennent à marcher au pas.
Et j’insiste pour terminer, malgré la chaleur et les pieds fatigués, par le marché Ben Thanh mais là c’est comme dans un souk, les dames nous attrapent le bras et on s’en sauve en courant; dommage, les couleurs des textiles sont tellement colorées et lumineuses!
Le souper dans un des restaurants de l’hôtel nous offre un spectacle de danse et musique vietnamiennes fort agréable.