Alors que nous prenons un délicieux petit-déjeuner au Pain Quotidien, boulangerie avec salon de consommation tenue par un belge, un orage violent éclate. Nous faisons traîner mais le ciel ne semble pas vouloir se calmer; Mathieu et moi, rentrons à l’hôtel, je sèche ce que je peux avec le sèche-cheveux, le ventilateur de la climatisation ou le fer à repasser tandis que Yves va faire la visite du Centre d’Architecture proche de l’université. Il s’agit d’un bâtiment récent, d’une dizaine d’années, conçu avec des espaces vastes et lumineux. Il y découvre une exposition passionnante sur un projet à venir de la ville : Hudson Yards; des films, des maquettes sur ce futur quartier à l’ouest de Manhattan, au niveau de midtown. Une nouvelle petite ville dans la ville avec des logements de luxe, des bureaux, des magasins, des théâtres et cinémas, des restaurants, une station de métro toute neuve … et voilà encore une bonne raison de revenir à New-York d’ici quelques années.
Nous repartons ensemble vers le sud de Manhattan, ce fief réputé de la finance qu’est Wall Street mais aussi Ground Zero où la communauté offensée et meurtrie le 11 septembre a décidé de resurgir de plus belle.
Tout est étroit, plus serré dans la pointe de l’île; City Hall Park renferme les bâtiments imposants, aux colonnades, de l’hôtel de ville, des courts de justice, de l’administration communale ainsi qu’une jolie place avec une fontaine. Tel une énorme cathédrale néogothique, haute de soixante étages, se dresse le building Woolworth, dont le propriétaire de la société rêvait pour image selon l’ampleur de son empire, une chaîne de magasins à bon marché. Il fut en 1913 le plus haut building de New-York; ainsi est l’histoire ici, des plus hauts immeubles détrônés après un certain temps par un autre encore plus élevé.
Surgit ensuite la belle Freedom Tower, ou One World Trade Centre (1WTC), la plus haute des quatre tours reconstruites (ou en cours) sur le site de Ground Zero. Elle culmine à 541 mètres – soit 1’776 pieds, année de l’indépendance des États-Unis -, et est surmontée d’une antenne de 124 mètres. Daniel Childs, partenaire du groupe des bureaux d’architectes Skidmore, Owings & Merrill, l’a conçue comme une fine tour de verre, très élégante; sa base est en béton armé et métal et devrait résister à des camions piégés.
Nous ne faisons pas la queue pour aller nous recueillir autour des deux bassins d’eau et de lumière immortalisant les empreintes des tours jumelles et de leurs victimes; le site sera accessible plus tard depuis la 1WTC. La zone est encore un énorme chantier qui grouille d’activités au son des grues et des bulldozers; des travaux d’envergure que j’aimerais pouvoir admirer une fois finalisés. L’impression est toutefois étrange de voir passer dans le ciel en arrière-plan un avion proche de cette tour, signe que les images marquantes restent ancrées dans nos mémoires.
Le shopping n’est pas absent de ce quartier; Century 21 est un magasin fou, supermarché des marques où Ralph Laurent, Tommy Hilfiger, Calvin Klein, etc sont ici soldés jusqu’à 70% – sacs, chaussures, lunettes, montres, bijoux, vêtements, parfums, sous-vêtements!
Face à la Freedom Tower, l’hôtel W présente un bistrot très alléchant pour notre lunch, le BLT grill; décor, service et table parfaits. Le Morton’s Steak House de l’autre côté de la rue nous ferait bien envie une prochaine fois.
Maintenant direction Wall Street; son histoire remonte au dix-septième siècle lorsque la ville de ‘La Nouvelle Amsterdam‘ appartenait à l’empire colonial néerlandais d’Amérique. Les colons étaient principalement des Wallons francophones, qui en néerlandais se disait ‘Waal‘. La rue formait la frontière nord de la ville et un mur de rondins et terre fut alors construit pour se protéger des indiens et des colons britanniques. Lorsque les anglais prirent la Nouvelle-Néerlande en 1664, ils la re-baptisèrent New-York et quelques trente-cinq ans plus tard le mur, qui avait été renforcé au fil des ans, fut détruit. Ainsi le mot néerlandais ‘Waal‘ de wallons devint ‘Wall‘ en mémoire du mur érigé à cet endroit.
La rue est étroite, elle traverse le quartier des affaires et de la finance, sous haute surveillance d’unités et de dispositifs de sécurité. On y trouve bien évidemment le New-York Stock Exchange, la plus importante bourse au monde mais aussi, plus ancienne comme construction, le Federal Hall qui remplaça l’ancien Hôtel de Ville de New-York. Une statue de George Washington commémore le lieu où il prononça son serment d’investiture en 1789.
J’insiste pour poursuivre jusqu’à la pointe sud, moi qui suis tant attirée par l’eau mais mes hommes ne sont toutefois pas partants pour le Musée des Indiens, installé dans ce que fut l’Hôtel des douanes, à l’endroit où le gouverneur Stuyvesant acheta l’île aux indiens autochtones Lenapes en 1626.
En face, l’ancien site de batterie de l’artillerie est transformé en un jardin, avec un monument aux morts de la seconde guerre, où trône une superbe sculpture d’un aigle. Le passage entre l’East River et la Hudson River ouvre le paysage sur des bateaux de tourisme, sur les îles et sur la Statue de la Liberté au loin.
Mathieu a repéré sur le net deux magasins de magie sur la 34th St.; un jour sans shopping, ce n’est pas possible! Ce ne sont pas des boutiques avec pignon sur rue mais des commerces bien secrets dans un petit appartement haut perché dans un immeuble, au fond d’un corridor désert. Nous le laissons à ses recherches, faisons notre lèche-vitrine; le plus grand Macy’s voit défiler trente-cinq mille visiteurs par jour et s’étend sur cent mille mètres carrés! Par contre Esprit a déserté le continent nord-américain; ‘c’est pour que tu viennes chez moi en rentrant’, me dit Thomas.
Nous traversons une partie de l’île, bien plus large ici, passons près de la ‘grande poste’ de NY et en face la célèbre salle omnisports Madison Square Garden. Près de l’Hudson River, nous cherchons le départ de la High Line – balade conseillée par Thomas. Yves reconnaît depuis la gare Pennsylvania, le futur quartier de Husdon Yards dont il a admiré la conception ce matin. Le Centre des Congrès en d’ordure de l’eau semble très beau, comme de grandes verrières cubiques.
La promenade est superbe, le long d’une ancienne ligne de voie ferrée à dix mètres de hauteur, avec un jardin de fleurs et graminées qui serpente entre les usines abandonnées ou transformées en condos, des immeubles plus modernes, des expositions d’artistes. Je prends mes photos et je cours pour les rattraper … ils avancent d’un bon pas, mes deux, sans feu rouge pour les freiner!
L’arrivée sur Meatpacking nous amène dans le district qui fut celui des abattoirs et aujourd’hui voit naître des terrasses, des bars, pour une jeunesse branchée. Quoi de mieux pour un apéro rafraîchissant accompagné d’un délicieux plat de nachos et guacamole; juste en face d’un hôtel qui accueille les stars, devant lequel l’attroupement de jeunettes dure depuis des heures, semble-t-il.
Sur le chemin du retour, après un crochet vers mon restaurant manqué d’hier – mais également complet ce soir, il doit être très bien- nous dénichons un très bel endroit. Le Kingswood, au décor de jardin d’hiver, à l’ambiance calme, au service accueillant et attentionné, aux menus délicieux , qui nous laissera un très bon souvenir.