L’heure est venue de boucler la valise et surtout de dire adieu à cette vue de rêve que nous avions sur Atlanta depuis notre chambre. Aux nouvelles ce matin, l’image quasi irréelle d’une maison de retraite au Québec, détruite par les flammes et transformée par les pompiers en une œuvre de glace de désolation !
L’heure suisse, c’est aussi l’heure des Welke ; nos amis viennent nous chercher à 9h30 précises pour notre excursion du jour. Le zéro degré Celsius correspond je sais à 32 sur l’échelle Fahrenheit et l’indication sur le tableau de bord de Richard est bien plutôt autour des 24 – Candy mentionne d’ailleurs que cela fait longtemps qu’elle n’a pas eu besoin de chaussettes, bottillons, gants ! Peu importe, la journée avec eux sera belle !
Ils ont acheté cet été une maison au lac Oconee et s’apprêtent à quitter celle de Roswell, où Yves avait même aidé Richard à monter des étagères il y a 20 ans et où les enfants ont eux aussi de merveilleux souvenirs (sauna, ping-pong, home cinéma, etc.). La circulation dans Atlanta est un vrai poème ; à toute heure, nul ne peut prévoir comment cela va rouler, les accidents sont fréquents mais ce matin, nous seront peu ralentis. L’impression de largeur se ressent non seulement sur les 5-6 bandes dans la ville mais également sur l’autoroute vers l’est, avec ces terrepleins énormes ; je trouve que cela rend la conduite plus relaxe, moins stressante.
Madison est un village historique ; il se trouvait sur la trajectoire destructrice du général Sherman de Atlanta vers Savannah en novembre 1864 mais fut épargnée du feu grâce à la persuasion du sénateur Joshua Hill, qui voulut protéger cette localité prospère et riche en architecture – la plus culturelle et aristocratique sur la route de la diligence entre Charleston et New Orleans. Oh que j’aime ce genre d’endroit où le temps semble s’être arrêté ; nous voici remontés au début du 19ème siècle, à l’ère des plantations de coton, avec ces magnifiques maisons victoriennes – appelées antebellum – avec leur porche où se balancent toujours les rocking chairs.
Nous visitons deux petites maisons musée, des maisons type classe moyenne qui à l’époque comptaient seulement deux pièces sur deux étages seulement ; celle de Reuben Rogers date de 1809, elle fut agrandie une dizaine d’années plus tard lorsqu’elle hébergea 18 personnes et fut restaurée sur base de photographies la présentant dans les années 1873 – le mobilier étant lui aussi le reflet du milieu du 19ème. Le cottage de Adeline Rose est touchant de par l’histoire de cette dame de race noire, née pour être esclave et qui par son travail de couture et repassage a pu en 1891 se construire cette petite bâtisse où elle vécut tout le restant de sa vie.
Il nous faut quitter cette bourgade de Morgan County, telle un décor de film de la période des fermes, des cultures avant la guerre de sécession, pour rejoindre la route principale où les enseignes énormes, les magasins alignés nous ramènent au présent. Rapidement nous rejoignons les abords du lac Oconee, le deuxième plus grand lac de Géorgie, un lac artificiel créé lors de la construction d’un barrage ; sa forme est étrangement tentaculaire, faisant penser à des coraux, dira Candy. La pause pour le lunch dans un lodge très luxueux, autour d’un vaste golf et en bordure de l’eau nous donne presque envie d’y passer un jour des vacances – c’est splendide !
Les terres dans cette région sont toutes propriété de Reynolds Plantation ; ce n’était que forêt il y a peut-être encore 15 ans mais des énormes community – comme on dit par ici – se sont créées avec des superbes terrains de golf et de nombreux retraités y ont trouvé leur bonheur, pour un peu de détachement par rapport à la ville. Habor Club est le nom du domaine où nos amis ont déniché leur maison. Le cadre est incroyable, merveilleux, paisible à souhait ; ils ne pourront que s’y sentir sereins et bienheureux. Tel un petit village bien protégé, enfoui dans une nature abondante, des maisons aux tons qui se fondent avec elle, des rues qui suivent les courbes du terrain et l’on parcourt ce pays hors du temps, à droite puis à gauche, ça monte et ça redescend … Et enfin apparaît leur maison – l’espace, la vue sur un bras du lac, beaucoup de pins aux alentours, une jolie piscine avec jacuzzi, un ponton pour le bateau appelé ‘pontoon boat’ que Richard a déjà acquis et un petit cabanon où peut-être Candy pourra trouver l’inspiration pour ses toiles.
J’espère que leur installation s’y fera rapidement, sans souci et que Zack trouvera sa place dans la ‘sun room’. Merci de nous y avoir emmenés, d’avoir partagé avec nous ce projet, de nous avoir fait découvrir la campagne géorgienne.