Alors que Chinatown enlève ses lanternes et ses guirlandes après les festivités de la mi-automne, le quartier indien, Little India, sort ses décorations de rue pour Deepavali, la fête hindoue des lumières, qui brillera tout le mois d’octobre. Little India est un quartier qui a conservé une atmosphère plus pittoresque, moins aseptisée que le reste de Singapour. Ce n’est pas ici que l’on trouvera des magasins au sol de marbre et avec un air climatisé.
Les arcades de shophouses, également très colorées, débordent sur les trottoirs d’échoppes d’où se dégagent de la musique et des relents d’épices. Ces échoppes s’entassent, proposant parfums, cds, vêtements, chaussures et bien sûr des bijoux en or ! Les fruits et légumes se vendent quasi jour et nuit, le long des rues.
Et les colliers de fleurs attirent les regards ; c’est tout un art et un apprentissage que de choisir et enfiler ces petites fleurs isolées pour créer de superbes « bijoux », destinés aux offrandes mais aussi aux décorations lors de cérémonies de mariages, Deepavali ou simplement pour garnir les cheveux. Au 19ème siècle, ont émigré d’Inde et de Malaisie les premiers « flower garland makers » ; ils façonnent leurs oeuvres avec des petites roses, du jasmin et des tagètes … dont je trouve le terme anglais de marigold plus mignon.
Certains petits malls ont un thème bien précis, comme Tekka Centre qui à l’étage au-dessus d’un marché mouillé bien odorant, regorge de marchands de saris. C’est tellement coloré, satiné et aussi tout en brillance de paillettes. L’autre jour dans le métro, nous avons admiré deux petites filles indiennes avec habits, sac et bijoux traditionnels, si mignonnes.
Ce ne sont pas non plus les restaurants qui manquent et les serveurs, parfois en habit, essaient de nous aguicher … je sais par contre que les plats sont souvent fort épicés et j’attendrai Yves pour faire une découverte astronomique typique ; nous avons quelques adresses. Aujourd’hui, j’assure … je plonge dans une sorte de self-service, tout clair et hyper propre, où j’espère trouver à mon goût un petit snack. Oh, la carte est incompréhensible pour moi sans photo; alors je me fais aider, il y a un jeune serveur qui parle un peu anglais et il me prépare une assiette de samosa chaat arrosée d’une délicieuse sauce verte … c’est excellent, juste un peu relevé et tellement parfumé ! Il est ravi que cela me plaise.
Tout le monde ici m’a dit d’aller voir Mustafa … ce n’est pas une personne mais un grand magasin, ouvert 24h/24 où l’on trouve de tout et en quantité inimaginable (des bijoux en or, des jeans, tongs ou baskets, des sacs et valises, des parfums, de la literie, des jouets et vêtements bébés, des colliers ou petites robes tutus, des costumes pour Gilles … de la vaisselle, de l’alimentation et tout un rayon Lindt, …)! Les expats viennent se fournir ici quand ils s’installent … et non chez Ikea, trop cher. Mais c’est un fouillis indescriptible par endroits, la marchandise est entassée en couches superposées … ça valait le détour. J’y admire les rouleaux de tissus, style de marchandise que l’on ne trouve plus guère chez nous. Le magasin ou les magasins sont énormes, assez sombres et vieillots, avec des escaliers plutôt que des escalators et je dois un peu chercher pour en trouver la sortie …
Il y a peu de limite entre le quartier indien et arabe. Ayant déjà visité quelques temples, j’explore aujourd’hui les mosquées. J’hésite à entrer dans la belle Masjid Abdul Gaffoor, habillée de tons de vert et crème, la mosquée des indiens tamouls, car je n’y aperçois que des hommes. Mais une jeune touriste d’Ouzbékistan se joint à moi ; pieds nus et vêtues d’une longue djellaba, nous pouvons ainsi pénétrer dans la salle des prières, sobre et aérée.
Et alors que je suis mon plan le long du canal Rochor vers une autre mosquée, je découvre une petite église blanche, immaculée, l’église catholique de Notre Dame de Lourdes ! Elle a été construite en 1888 sur le modèle original, semble-t-il. La mosquée des musulmans malabars, du sud de l’Inde et du Sri Lanka, a été reconstruite il y a 50 ans; elle resplendit de mosaïques bleues, couleur lapis-lazuli, et d’un dôme doré. A côté, dans un fouillis d’herbes folles, on peut voir des stèles d’un vieux cimetière abandonné.
La mosquée principale des communautés malaises et indonésiennes, Masjid Sultan est également impressionnante mais j’y arrive trop tard pour la visiter. Elle est située près du Malay Heritage Center, avec son musée rénové tout récemment et j’y reviendrai également pour une visite guidée. L’endroit est paisible en cette fin de journée, dans un joli parc où le gazon semble taillé aux ciseaux, tout à fait comme le mien à Lonay!
Bussorah street, Arab street, Haji lane sont des ruelles au mode de vie alternatif, où il est agréable de flâner, de chiner parmi les petites boutiques d’artisanat, de foulards, de vêtements … on peut s’y faire peindre les mains à l’henné … on y adore la fumée odorante des narguilés.
J’allais oublier de dire que pour la pause au milieu de mes longues heures de balade dans ces quartiers chauds (point de vue température, bien sûr), je me suis laissée tenter par l’enseigne du Tang Dynasty. Je gravis un petit escalier sombre, étroit et je découvre un merveilleux spa, charmant comme tout, où je m’offre une heure de massage des pieds … quel bien cela fait !
4 octobre 2012 à 15:11
Bien reçu cette fois
Nice meeting
Love
Yves Pigneur HEC Lausanne
4 octobre 2012 à 15:12
Beau texte! 🙂
Bises
Yves Pigneur HEC Lausanne
4 octobre 2012 à 21:33
Tes reportages sont toujours aussi intéressants et diversifiés. Bravo! J’attends la suite avec impatience.