Les chinoiseries présentées par une dame des FOM me passionnent un peu moins que lundi dernier. J’apprends toutefois que les Cours d’Angleterre, de France, de Hollande, de Suède ont été attirées dès le 16ème siècle par les motifs d’Asie, faisant souvent un doux mélange entre l’art indien et chinois, que ce soit dans les tapisseries, les céramiques, les laques, les lanternes, les meubles et plus tard le thé et les services à thé (auxquels ils ont ajouté le pot à lait et le sucrier, absents en Asie). Après avoir importé ou ramené d’explorations des objets dits chinoiseries, les européens ont commencé à les fabriquer eux-mêmes, avec souvent plus de symétrie et de géométrie mais tout en conservant les motifs typiques, que ce soient les dragons, les oiseaux, les phoenix, les éléphants, les pivoines, les bambous, les ombrelles, les pagodes et j’en passe. Le Royal Brighton Pavilion, la chinese room de Buckingham Palace, le chinese Pavilion de Drottningholm en sont encore un bel héritage.
Le soleil rayonne dans un beau ciel bleu à ma sortie du Musée et je sillonne les rues avoisinantes, sans prendre le métro, ni mon plan … pour refaire certaines photos mieux valorisées et aussi élargir mon périmètre. Je n’avais pas encore approché le Padang, ce terrain de sport mythique bordé d’arbres centenaires et au cœur du quartier des édifices gouvernementaux. D’un côté le très select et fermé club de cricket et de l’autre le recreation center pour les citadins. Non loin de là, est érigé un mémorial aux victimes militaires de la guerre, avec sur une face ceux de la guerre 14-18 et sur l’autre ceux de la seconde guerre mondiale. A l’image d’un obélisque tronqué et ajouré, telles des baguettes de béton tendues vers le ciel, un monument plus récent rappelle aux mémoires les nombreuses victimes civiles de la guerre avec le Japon.
Une jolie fontaine bleue en fonte a été commanditée en souvenir de Tan Kim Seng, un commerçant malais qui fut le leader de la communauté chinoise de Singapour au 19ème siècle et qui a œuvré principalement pour les travaux d’apport d’eau aux habitants.
Au passage on peut admirer la chambre de Commerce de Singapour qui a conservé une façade à l’architecture typiquement chinoise, dans une rue aux constructions plus modernes.
La plus ancienne église chrétienne de la ville est l’Armenian Church, minuscule et immaculée ; elle fut construite en 1835 grâce à une levée de fonds auprès des arméniens d’Inde et de Java mais aussi des européens et chinois de l’île. La communauté arménienne n’a jamais été très nombreuse mais ils furent prospères et la ville leur doit le Raffles Hotel, The Straits Times newspaper et la découverte d’une orchidée hybride qui portera le nom de son inventrice, Vanda Miss Joaquim. Au fond du jardin, restent des vestiges d’un cimetière et partout règne une atmosphère de recueillement.
Parmi les bâtiments d’époque, figure l’ancienne caserne des pompiers ; une grande bâtisse de briques rouges avec ses tours ; c’est également une aquarelle qui est sur ma to do liste … J’arrive au MICA (ministère de l’information, de la communication et des arts) reconnaissable de loin par ses volets aux multiples couleurs, juste en bordure de la rivière. C’était anciennement le poste de police de la ville. Les cours intérieures sont aussi colorées et on y découvre des sculptures assez imposantes.
Je suis dans les heures de visite aujourd’hui pour pénétrer dans la grande mosquée du Sultan ; je me laisse raconter un bout de son histoire par un vieux musulman qui avait 7 ans quand les bombes japonaises ont détruit le quartier, sans toucher l’édifice religieux qui a ainsi sauvé quelques cinq mille personnes, dont lui-même. Il paraît qu’à la base du dôme doré, la couronne sombre est faite de tessons de bouteilles sombres, offertes par la population pauvre qui voulait participer à la construction de la mosquée ! Les photos sont autorisées dans la grande salle de prières des hommes mais pas dans celle des femmes ( « elles sont plus vite dérangées par les visiteurs » … s’en excuse-t-il auprès de moi !).
Le quartier indien, Little India, célèbre Deepavali, la fête des lumières et c’est là que nous nous retrouvons avec Yves pour passer un moment de la soirée. Les illuminations en quantité, dans la rue principale font penser aux lumières de Noël chez nous et cela reste magique dès que le ciel s’assombrit. De nombreuses tentes ont poussé comme des champignons un peu partout, offrant encore plus de marchandises à vendre, bibelots, vêtements, bijoux, fleurs, fruits et légumes. C’est également le jour du ramassage des cartons : un peu vieillot comme système. Un camion s’est arrêté au beau milieu de la rue et les gens arrivent avec des vélos super chargés ou des charrettes en bois, pour apporter leurs cartons à éliminer ! Ici à Little India, on pourrait presque oublier que nous sommes dans la grande métropole moderne de l’Asie. C’est pourtant très sympathique, les indiens nous interpellent dans la rue pour s’enquérir de « comment nous allons ce soir » … Nous nous mêlons à la population locale pour manger au Komala, des crêpes que l’on trempe dans un éventail de sauces délicieusement parfumées et parfois un peu fort épicées. Un monsieur s’assied à notre table pour boire son café, les dames de la table voisine nous font admirer la belle plante verte qu’elles viennent d’acheter, une spider plant … et c’était pas cher ! On ne peut rentrer à la maison sans que je montre à Yves ce qu’est Mustafa ! Il n’en revient pas … des marques et des quantités inimaginables !
Et c’en est fini pour quelques jours avec mes sorties, pour pouvoir préparer le voyage au pays du soleil levant …