Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine

Le rêve devient réalité

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Un rêve de trente années devient réalité pour Yves ce matin ! Un vol de sept heures à bord d’un boeing 777 de Singapore Airlines nous transporte à Tokyo, il est 7h40. Le paysage à l’approche de cette grande capitale de près de 33 millions d’habitants nous ferait presque penser à la Belgique, un pays plat avec beaucoup de verdure et de champs de cultures. Nous nous posons à Narita, l’aéroport qui est le plus éloigné de la ville. La file et les démarches d’immigration se passent assez rapidement, avec prise d’empreintes et de photo ; déjà nous constatons l’efficacité et la gentillesse du personnel qui aiguille la foule. Un vol Swiss s’est posé près de nous ; les gens qui en sortent sont habillés plus chaudement. La valise récupérée ainsi que ma petite carte Victorinox qui n’a pas pu voyager avec moi (un joli panneau Mrs Poncin m’attend près des tapis roulants !), les douaniers nous apposent un joli Visa et l’aventure peut commencer.
  
Le train rapide Skyliner qui doit nous mener au centre ville est déjà à quai mais nous ne pouvons prendre place avant un nettoyage minutieux, qui a lieu après chaque trajet et surtout le pivotement des sièges pour que les voyageurs soient toujours dans le sens de la marche, épatant ! Le train est spacieux, confortable, peu fréquenté, ponctuel et les annonces, précises, sont données dans un anglais très clair. Le paysage défile, très différent de Singapour ; le ciel est d’un bleu parfait, l’horizon s’étend bien au loin sur une région sans collines, la ville approche et nous remarquons de suite tout ce réseau d’électricité qui est encore en hauteur, tellement visible.

Nous voici arrivés à Ueno Station, c’était assez facile et nous prenons des forces dans un « Vie de France », avec de délicieux croissants mais un personnel qui ne parle pas l’anglais … le bonjour, le merci, le bon appétit se devinent ; elles sont très souriantes et parlent énormément. Il semble que les japonais ne soient pas du tout avares de mots. Le ton est chantant, nous nous faisons l’oreille gentiment, c’est joli. Ici nous déposons l’argent et reprenons le change sur un petit plateau ; chaque pays a ses coutumes. A Tokyo, le réseau de trains et de métro est très dense et je l’ai déjà un peu étudié avant de partir ; aux interconnexions, il faut souvent ressortir et chercher la gare du train ou du métro que l’on cherche. Ainsi à la gare JR (Japan Railway), nous parvenons à faire trois démarches et en sommes assez fiers : Yves achète à un guichet automatique, avec un minimum d’indications en anglais, des cartes multi-réseaux SUICA ; nous échangeons les vouchers achetés à Singapour contre un JR Pass pour les grandes lignes de train – beaucoup de cachets, de papiers à remplir et un double contrôle par une autre opératrice ; et c’est à un troisième guichet que nous réservons nos places pour le voyage à Kyoto de jeudi – en présentant un papier avec la date, la destination et l’heure, tout se fait très vite. La gare grouille de monde, sans toutefois que ce soit fort bruyant – pas de cris, pas de mouvements de foules ni de bousculades.
  
Le climat étant tout différent de celui de Singapour, les codes vestimentaires le sont également ; il est facile de noter qu’il y a ici plus de recherche, plus de variété, plus de coquetterie. Et nous ne sommes que partiellement étonnés de voir plusieurs japonais porter le masque blanc sur le nez et la bouche ; ce serait autant pour la pollution que pour des problèmes d’allergies ou simplement en cas de rhume afin d’éviter de propager les microbes.

Un taximan nous conduit à notre hôtel ; ils sont équipés de gps, ils entrent le numéro de téléphone de l’adresse de destination et le navigateur les dirige. Tous les taxis sont nickel-propres, tout brille; le chauffeur actionne les portières, il ne faut surtout pas toucher et les dossiers et appuie-têtes sont recouverts de jolies petites dentelles blanches … tous les détails sont soignés ici au Japon. Nous verrons même des camions de chantiers aussi rutilants qu’un miroir et un ouvrier polir une boîte-aux-lettres publique ; Singapour est propre mais Tokyo la bat encore.

Une autre ressemblance est sans nul doute leur faculté de vente : le réceptionniste de l’hôtel Niwa nous réserve un accueil hyper chaleureux, nous vente les qualités de la chambre réservée, tout en proposant un bon deal pour un upgrade qui nous permettra de passer encore un séjour plus inoubliable, et avec un jacuzzi dans la chambre … il ne devait pas en dire plus pour que nous craquions. L’hôtel est idéalement situé près d’une station métro et aussi train, dans une petite ruelle qui s’avèrera d’un calme profond la nuit ; le design de ce petit établissement est ravissant, sobre et purement japonais.
  
Midi approche, le ventre tiraille, nous débutons très fort avec un lunch au 43ème étage du Dome Hotel ; le buffet est magnifique, nous avons envie de tout goûter, la fontaine de chocolat blanc coule à flot, la vue sur 360° nous enchante. Le Dome est un stade de baseball et une salle de spectacles ; les gens y font la file pour des réservations et pour s’épargner les jambes, certains ont laissé par terre leur sac-à-dos ou ont scotché un papier pour réserver leur place. Pourrions-nous imaginer cela en Europe ? Le quartier abrite aussi un parc d’attractions avec des montagnes-russes, une grande roue, etc et bien évidemment des restaurants et le centre Laqua, notre premier centre commercial japonais. Les boutiques nous paraissent très attirantes, les décorations sont raffinées, les vêtements très attrayants ; le shopping sera pour plus tard.
       
Nous tombons littéralement sous le charme du parc Koishikawa Korakuen, le plus ancien parc de Tokyo, dessiné au 17ème siècle et dont les paysages représentent en miniature des lieux japonais et chinois ; son pont de pierre en forme de demi-arc dont le reflet dans la rivière crée une vision de la lune, son étang avec une île où trône un héron, ses petits chemins sillonnant dans une végétation variée, ses jardins à thème dont une petite rizière, ses lanternes, sanctuaires et temples … un paradis au milieu des buildings.
     
Impatients de découvrir notre chambre, et aussi de tester le métro, nous faisons un petit crochet pour emprunter une des innombrables lignes du Subway ; avec les couleurs et les destinations inscrites en anglais, rien de trop compliqué à première vue et tout se passe dans un calme incroyable. Les hommes sont tous en costumes sombres et cravate, c’est presque comme un uniforme … les écoliers le portent tous, le vrai uniforme, jusqu’à la fin des études secondaires. Il semble donc que ce soit juste la période des études supérieures qui permet à la jeunesse de revêtir un peu de variété et d’originalité ; nous verrons des dames sortant d’une entreprise, toutes en tailleur classique bleu ou noir. Quel changement par rapport à Singapour !
Du quinzième étage de notre chambre, nous surplombons une des écoles du quartier et au loin des immeubles à n’en pas finir. C’est un vrai plaisir après une nuit en avion et une belle balade, de se plonger dans le jacuzzi pour un moment de détente – des sels parfumés, un écran en face du bain pour regarder la télé, un décor moderne et impeccable de propreté et de technologie. Je ne peux passer sous silence, le test tant attendu des toilettes japonaises, avec ses jets, soufflerie, désodorisant et son siège chauffant … il faut l’avoir vécu pour comprendre et apprécier. Cette technologie, ou ce gadget, est né dans les années 1980 et aujourd’hui, même les toilettes publiques en sont équipées. La maison japonaise est souvent sobre, de taille assez petite mais avec une pièce recouverte au sol d’un tatami, servant à l’origine de salon du thé, ou de chambre d’amis, de jeux ou de bureau. La domotique est perfectionnée, recherchée et interagit souvent par la voix ; par exemple une petite voix signale si l’eau coulée dans la baignoire serait trop chaude pour y plonger ou bien elle signale qu’elle va actionner au contraire le réchauffement si l’eau s’est trop refroidie. Un système de parlophone entre les différentes pièces permet de communiquer sans se déplacer : ‘le repas est servi’ ou bien ‘tu peux sortir le bébé du bain’ …
Bien requinqués nous partons à la découverte des rues au sud de l’hôtel ; pedibus nous parcourons Jimbocho, le quartier des bouquinistes (il y en aurait 160 dont le stock total dépasse 10 millions d’ouvrages). Des dizaines de petits magasins, vieilles librairies proposent des tonnes de vieux livres, illustrés, des estampes, souvent de seconde main … la ville présente ainsi plusieurs quartiers à thème ; celui-ci est totalement impressionnant, même si évidemment toutes les œuvres sont en japonais. Dans une plus grande librairie, sur huit étages, nous tentons de demander où trouver le domaine Business … eh oui, BMG est bien ici en quelques dizaines d’exemplaires traduits, avec une couverture redessinée en style manga !
Après les rues de bouquinistes, c’est le quartier des magasins de sport et l’on retrouve des marques bien connues, entre autres pour le matériel de ski et snowboard qui est ici encore en profusion. Nous sommes bien dans un pays qui connaît des saisons et les sports correspondants ; la nuit tombe tôt, avant 17 heures et la température également … nous reprenons une habitude courante pour nous, qui est de s’habiller plus chaudement pour sortir à l’extérieur, contrairement à Singapour.
  
La gare centrale de Tokyo est un magnifique bâtiment immense, de briques rouges, érigé en 1914 sur le modèle de celle d’Amsterdam. Elle est le point de départ du quartier de Marunouchi, ses tours modernes, centre financier et commerçant très actif, des rues bordées d’arbres aux guirlandes lumineuses donnant presque un air de Noël avant l’heure. Les grandes marques de couture, bijouteries, montres sont ici mais dans le centre commercial nous découvrons de nouvelles marques locales. Les décors de boutiques sont merveilleux, les vendeuses sont dynamiques, elles sont élégamment habillées, maquillées, coiffées de chapeaux, excentriques ; elles essaient des vêtements ou manteaux, au point de les confondre avec des clientes … la seule différence est probablement qu’elles ne portent pas de sac-à-main et qu’elles parlent haut et fort, avec ce ton chantant. Un monde de la mode qui paraît réellement très fascinant, un vrai plaisir. Une rue de restaurants au dernier étage, tous très attrayants au vu des photos mais pas facile d’en comprendre plus. Yves a une envie de viande, un bon morceau de steak et c’est moi qui choisis … un établissement où, pas de chance, il n’y a ni photo ni english menu, juste une vitrine où j’ai vu beaucoup de viande ! Un seul jeune serveur parvient à nous expliquer que ce sera une sorte de charbonnade avec une variété de morceaux différents ; on se régale, dans la bonne humeur, faisant griller nous-même nos morceaux qu’il faut ensuite manger avec les baguettes … merci de nous avoir donné une bavette ! La viande n’a pas du tout la couleur rouge d’un filet de bœuf comme nous le connaissons, elle est au contraire très nervurée de blanc mais elle fond littéralement dans la bouche. La vue plongeante sur la gare éclairée de briques rouges ajoute au charme de ce premier souper japonais qui restera un de nos meilleurs souvenirs gastronomiques. L’expérience métro puis train pour le retour vers l’hôtel est concluant, nous passons notre permis ‘déplacement à Tokyo’ avec succès. Le sentiment est assez étrange pour moi ; parmi une population à 99% japonaise, nous devrions nous sentir tellement différents et pourtant leur taille, leur habillement, leur discrétion me permettent presque de me confondre plus facilement dans leur monde.
    

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