Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine

Le sanctuaire shintoïste Meiji-jingu et les quartiers branchés de la jeunesse

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Ce matin, Yves prend son petit-déjeuner avec le professeur Noboru Konno ; l’échange est fructueux et il s’avère que c’est lui qui a écrit la préface de BMG dans sa version japonaise. Il lui propose également une rencontre le lendemain avec la star des professeurs japonais, le professeur Nonaka qui a lui rédigé la bandelette teaser du livre ! Offrir un petit présent, bien emballé est une coutume japonaise et aujourd’hui nous recevons une œuvre sur tissu, dessinée par un artiste local réputé.
Benoît est au poste à 10 heures pour une seconde journée de découvertes ; nous sommes un peu étonnés lorsque dans la gare (Eki en japonais), il nous arrête devant un distributeur de boissons … je dois m’en approcher bien en face et voici que la machine me propose un thé chaud au jasmin ou bien un jus de mandarines – Yves fait de même et le résultat est une boisson énergétique ou une bière. La technologie et l’attrait des gadgets ont conduit à ce processus qui selon l’âge, le sexe, la saison, l’heure de la journée nous fait une proposition de boisson ! Amusant …
Notre visite culturelle du matin est le sanctuaire shintoïste Meiji-jingu qui fête cette année les 100 ans du décès de l’empereur Meiji ; il fut construit en 1912, au cœur d’un immense parc superbe qui compterait 150’000 arbres. A l’entrée, une magnifique Torii de 12 mètres en bois de cèdre, doux et sobre ouvre le chemin vers une large allée où les touristes et les fidèles affluent particulièrement le dimanche matin pour admirer les mariages traditionnels qui y sont célébrés. Sur le côté droit on peut voir une alignée de tonneaux de saké et en face des vins de Bourgogne!
    
Le temple est majestueux, nous reconnaissons à présent les différentes étapes qui précèdent la présentation des offrandes et les prières. C’est un lieu d’une beauté simple, où règne la sérénité ; le temple a des lignes épurées, un toit de cuivre sur des murs en cyprès japonais. Nous avons la chance d’y voir ce matin plusieurs mariages avec leurs séances de photos ; le marié porte toujours le même costume traditionnel gris foncé ligné sur le dessous et noir au dessus, les épouses sont souvent en blanc, superbe kimono brodé et revêtent parfois par-dessus une autre toilette lumineuse de couleurs, dans les cheveux soit des fleurs, soit une coiffe traditionnelle tandis que les parents sont eux habillés en noir. Ces costumes traditionnels sont loués pour la cérémonie ; j’en viens à échanger quelques mots avec le papa, la sœur et la grand-mère d’une jeune fille qui va se marier dans quelques heures … c’est émouvant de les entendre, de percevoir leur fierté de pouvoir célébrer un mariage dans un cadre aussi mythique. Les séances de photos sont méticuleusement orchestrées par le maître de cérémonie, qui prend soin de chaque détail, chaque pli dans une robe, le port des lunettes, l’orientation des visages … c’est incroyable, tout doit être parfait. L’organisation est impressionnante ; avant de se diriger pour la photo de famille, les dames ont des caisses où déposer leur sac-à-main, qui seront recouvertes d’un drap. Beaucoup de petits enfants sont si mignons en kimonos et on voit arriver les familles avec des valises à roulettes ; elles iront se changer dans une salle réservée. Nous assistons devant nos yeux à la procession d’un couple de mariés avec leur famille et précédés par les prêtres … c’est magique, émouvant !

           

En quittant ce parc, une dame promenant son chien se laisse fièrement photographier et Benoît nous explique que les chiens sont rois. On les habille, on les chausse, il y a quantité de magasins avec toutes sortes de jouets, vêtements et matériel pour eux et ils sont de sortie comme un bébé dans une poussette très confortable ! Nous poursuivons vers le parc Yoyogi-koen, l’un des plus grands de la ville où se retrouvent les familles et les groupes de jeunes pour un bon bol d’air. On y fait du jogging (souvent par deux avec les poignets enlacés), on y répète des morceaux de danse, des pièces de théâtre, on y joue au badminton et autres … Les roses sont encore en fleurs aujourd’hui mais c’est surtout au printemps les célèbres cerisiers en fleurs qui font toute la beauté de ce parc. Au sud se trouve l’imposant stade national, avec son toit suspendu, construit pour les jeux olympiques de 1964. L’animation y règne ce dimanche, probablement un événement musical.
  

Sur le pont de pierre qui enjambe la ligne ferroviaire nous croisons quelques jeunes gothiques ; elles avaient l’habitude de se regrouper le dimanche par ici mais il semble qu’elles se dispersent depuis quelques temps, peut-être perturbées par les touristes qui les prenaient en photo, nous dit Benoît. Il nous emmène dans l’étroite ruelle Takeshita-dori où là nous en verrons bon nombre et les boutiques sont pour eux, originales, excentriques et peu chères. C’est l’endroit branché de cette jeunesse, collégiens ou lycéens, aux revenus modestes, qui s’agglutinent pour découvrir les dernières nouveautés.
      

Dans le prolongement la foule s’amenuise, l’ambiance est plus calme et ce sont des boutiques design, plus chics, plus à notre goût, qui selon le thème offrent un décor vraiment artistique. C’est l’endroit de Tokyo où je pourrais vivre … nous nous y sentons bien.
Omote-Sando est l’avenue des Champs Elysées de la capitale nippone, large boulevard arborisé où s’alignent les vitrines de haute couture. Un petit écart nous fait découvrir une fabrique artisanale de bonbons aux dessins de fruits, de fleurs, de personnages ; je les avais déjà vus à Singapour mais ici nous pouvons voir les dames qui roulent le bandeau de sucre jusqu’à obtenir un bâtonnet qui sera sectionné en candies ! Et qui craque ici pour en acheter ??
Un nouveau centre commercial vient de s’ouvrir sur l’avenue principale et sur le toit, s’est installé un Starbuck où nous prenons notre lunch par un temps superbement bleu et chaud ; la vue nous confirme l’étendue de la ville et nous repérons les quartiers grâce aux grands parcs et aux tours Skytree et Tokyo Tower.

         


Nous reprenons notre pas en direction du quartier de Shibuya, en traversant des rues qui font penser à La Rue Neuve de Bruxelles, avec des boutiques pour des jeunes plus friqués qui se promènent avec le sac Louis Vuitton. Je m’étonne de ne pas voir de grand supermarché d’alimentation et Benoît explique que la dame japonaise aime cuisiner des produits hyper frais, elle fait très souvent ses courses dans la petite supérette de son quartier. On appelle ‘Konbini’ les petits magasins que l’on trouve à chaque coin de rue ; les 7-eleven ou les FamilyMart sont les plus répandus au Japon et il nous y montre les bonnes marques pour les douceurs (Meiji, Kit-Kat, les Pocky de Glico) aux goûts de chocolat, fraise et bien sûr thé vert. Partout nous retrouvons des salles de jeux Pachinko, des magasins d’électronique, de mangas, de figurines … avant de découvrir Shibuya 109, une tour de Babel de la mode, repaire inconditionnel des jeunes filles lookées, branchées, manucurées, maquillées comme des poupées qui créent la tendance ! Dix étages de boutiques, de la plus chic à la plus folle, avec des vendeuses aussi joyeuses, aguicheuses, volubiles … un monde génial, qui a vu son pendant masculin créé de l’autre côté de la rue. Shibuya 109 est un must pour l’ambiance du shopping à Tokyo, une vraie expérience.
         

Nous plongeons alors dans Shibuya Crossing, une intersection emblématique, immortalisée dans ‘Lost in Translation’, avec ses diagonales de passages piétons, sa foule compacte, ses publicités géantes ; les jeunes se donnent rendez-vous à la sortie de cette gare la plus fréquentée et où la statue de Hachi-ko, noyée dans la cohue, rend hommage à ce chien fidèle qui après la mort de son maître vint l’attendre tous les soirs à cette station. De nombreux quartiers ont ainsi leur mascotte avec son histoire.
 
  

De Shibuya nous remontons en train vers Shinjuku, le quartier animé des affaires, du commerce et de la nuit, avec sa forêt de gratte-ciel d’un côté et de l’autre le fatras d’enseignes clignotantes de Kabuchiko, le quartier chaud. A la sortie de la gare, un moine fait la manche ; c’est le premier que nous voyons et ce sont les seuls autorisés à récolter ainsi des fonds. Les buildings Keio du groupe qui comprend hôtels, lignes de trains, magasins, l’école de design en forme de gros cigare sont sur la route qui nous mène à la Mairie. Benoît nous montre l’école où il a appris le japonais et où il a aussi rencontré celle qui deviendra son épouse ; il était payé pour être l’élève d’une candidate enseignante et il a ainsi gagné sur tous les plans.
 

TMG, Tokyo Metropolitan Government building est la plus grande mairie au monde avec ses 243 mètres de hauteur et dont la silhouette s’inspire de Notre-Dame de Paris. Au 45ème étage des tours jumelles, deux observatoires offrent au public un panorama vertigineux. Nous y accédons vers 16h30, le temps est clair, le soleil orangé se couche non loin d’où émerge le cône mythique du Mont Fuji … un moment intense et captivant … je ne pensais pas le voir au cours de notre voyage, je suis gâtée !
     

La ville s’éclaire de tous ses feux, c’est magique vu de haut et nous redescendons nous plonger dans le quartier des cinémas, des salles de Pachinkos, des bars où cette fois ce sont les garçons maquillés et parfaitement nippés qui racolent dans les rues. Benoît nous explique le fonctionnement des maisons particulières aux devantures bigarrées qui guident les visiteurs vers les endroits de plaisirs selon leurs souhaits particuliers … un vrai commerce qui marche à la commission. Les Love Hotels sont ici très chics ; on peut y louer une chambre à l’heure ou bien pour une nuit de 20h à 8h. L’étroitesse des maisons japonaises laisse peu d’intimité aux jeunes et même aux couples qui vivent encore souvent avec plusieurs générations ; ainsi est né le succès de ces hôtels qui permettent de passer un agréable moment intime dans un cadre souvent luxueux et sur un thème envoutant parfois. On y va sans se cacher mais toutefois après avoir choisi sur un écran la chambre qui plait, on paie à une réception munie d’une vitre noire qui assure la discrétion. L’hôtel dont nous verrons l’entrée n’a même pas de fenêtres. Ce genre d’établissement servirait quand même aussi pour la prostitution. Et pour les hommes d’affaires (et pourquoi pas les femmes), en attente d’un train par exemple, il existe des chambres à louer, comme un petit studio tout calme où s’allonger sur un fauteuil confortable avec la télé, la musique, des jeux vidéo et tous les services que l’on peut imaginer et commander.

 

Et voici encore une journée inoubliable qui a commencé dans la tradition des mariages au sanctuaire Meiji et qui se termine dans le quartier chaud de Tokyo … deux extrêmes que Benoît nous a parfaitement fait partager, avec joie, bonne humeur et humour … Grand merci !

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