C’est moi encore aujourd’hui qui vais faire office de guide touristique et nous commençons par réserver à la gare les places pour le train du retour demain soir vers l’aéroport de Osaka … snif. La météo est triste, il pleut, les parapluies et k-ways sont de mise ; je ne passe pas inaperçue avec ma veste de pluie rose fluo que Thomas m’a achetée chez Esprit, au sein des costumes sombres des gens qui se rendent au travail !
Kyoto est entourée de montagnes et se caractérise par la présence d’un grand nombre d’érables japonais. L’enceinte du temple de Tofukuji en compte deux milles qui ont déjà commencé à revêtir leur manteau rouge d’une telle beauté picturale. Le complexe est une représentation du bouddhisme zen depuis 750 ans ; le pont en bois Tsutenkyo qui traverse la vallée, long d’une centaine de mètres, offre une vue apaisante sur cette nature luxuriante. De nombreux bâtiments sont imposants comme la porte Sanmon de 22 mètres de hauteur, une des plus anciennes de la ville et le grand temple aux mêmes dimensions.
Le temple Hojo est entouré lui sur les quatre côtés par un jardin, chacun avec son caractère zen, mélange de tradition et d’abstraction moderne considéré comme un exemple de jardin zen contemporain ; l’un arrangé comme un damier de verdure et de pierres, un autre comme un jardin sec où sur un tapis de fin gravier joliment ratissé sortent des rochers, certains recouverts de mousse ou encore un jardin d’azalées ou de pierres cylindriques provenant des anciennes fondations … un moment de méditation tout en écoutant un office chanté par un moine qui frappe le gong d’une main et sonne parfois la cloche de l’autre, apaisant !
De retour par le train à la gare de Kyoto, nous en prenons quelques photos et profitons pour la visiter de l’intérieur ; une construction hyper moderne, sur onze étages, qui n’a pas été de suite à sa création en 2009 acceptée par les habitants. Isetan, une grande enseigne japonaise s’étale sur de nombreux étages de part et d’autre du hall central que l’on gravit par d’impressionnants escalators, jusqu’au sommet où nous prenons un lunch dans un petit restaurant, choisissant encore un Bento sur base d’une petite photo.
Au Miyako Messe, le musée d’artisanat traditionnel, nous assistons à des danses et présentations de geishas maquillées, coiffées et vêtues de leur plus belle parure … nous admirons les danses et les toilettes mais ne comprendront rien aux commentaires uniquement diffusés en japonais, c’est très beau ! Un must à Kyoto est le parcours à pied du Chemin de la Philosophie, chemin qu’a foulé jour après jour un célèbre philosophe de Kyoto, tout en méditant, le professeur Nishida Kitaro. Le sentier longe un vieux canal, semblable à nos bisses du Valais, prenant son départ au temple Nanzenji près duquel nous découvrons par surprise un superbe aqueduc de briques rouges, construit fin du 19ième siècle, faisant partie d’un canal pour un projet ambitieux de transport de marchandises. La pluie a cessé et le ciel nous laisse au sec pour une jolie promenade tranquille dans la nature … nature qu’un artiste peint avec charme, assis sur un petit pont qui enjambe l’eau. Grâce à nous, il se dit content d’avoir gagné sa journée, qui s’annonçait morose et il nous offre une petite reproduction au fusain également. L’alignée de cerisiers qui borde cette demi-heure de balade laisse présager un spectacle formidable à la saison des Cherry Blossoms …
Le cadre bucolique laisse soudain place à un décor plus touristique, avec nombre de visiteurs et de pousse-pousse mais aussi une ruelle en pente gorgée de boutiques de souvenirs et de friandises, telles les rues de nos villages de Provence. Elle mène au Temple Ginkakuji, appelé aussi Pavillon d’Argent car il fut construit au 15ième siècle pour servir de villa à un shogun qui désirait le couvrir de feuilles d’argent. Le souhait ne fut jamais réalisé et à sa mort la villa fut transformée en temple bouddhique. Son rez-de-chaussée est construit selon une architecture japonaise traditionnelle alors que l’étage adopte le style des temples chinois. Sur le faîte est perché un Phoenix de bronze, pointant vers l’est et qui protège le temple dédié à Kannonbosatsu, déesse de la miséricorde. Le temple trône sobre et même un peu sombre au sein d’une forêt abondante, avec d’innombrables érables, que l’on peut gravir pour admirer le panorama mais nous restons subjugués par le charme incroyable de son jardin sec. On s’imagine les mouvements des vagues et le Mont Fuji moulé dans du sable blanc ; reflet d’un travail inimaginable, pas un faux pli, pas une trace qui diverge, pas une feuille pour entacher la pureté du tableau … certains de ces jardins sont refaits par les moines chaque matin, notamment ici où le grain est très fin, et parfois un seul ratissage hebdomadaire suffit. Quelle splendeur !
Les choux à la crème et les confiseries fourrées de pâte de haricots rouges nous permettront de tenir un moment avant le repas du soir ; Yves avait entendu parler par des collègues des Yatsuhashi, spécialité de Kyoto, ces petits triangles de pâte de riz et de cannelle, fourrés aux marrons, à la fraise, au chocolat … il n’en raffole pas mais moi, cela me plait.
Le retour dans la civilisation est obligatoire … nous ne pouvons vivre tout le temps dans ce monde sacré et paisible ; nous connaissons le chemin de retour par les rues commerçantes animées même le dimanche et faisons une halte au BAL, conseillée par Tadashi pour sa librairie. Et quelle librairie ; elle s’étend sur 3 ou 4 étages et comprend un large rayon en anglais … ce sera lourd mais je craque. Et c’est à deux endroits très visibles que Yves retrouve les versions japonaises de BMG et BMYou. Le reste du magasin abrite les collections de Muji ; on sent presque chez soi déjà.
Il ne faudrait pas rater notre dernier souper au Japon … et pourtant ce fut presque le cas : ma première adresse s’avère beaucoup trop bruyante et enfumée – eh oui, la cigarette est encore autorisée dans les lieux publics. Une petite attente qui me serre le cœur et j’entraine Yves vers un taxi qui nous amène dans le quartier de Gion. Une révélation … un endroit inespéré … comme dans nos rêves. Le YakinikuKaiseki à Yasaka propose à ses clients des petits salons privés, avec la table toute basse, les merveilleux shojis – portes coulissantes typiques, un serveur aux petits soins pour nos moindres questions et désirs … le nôtre, probablement le seul qui parle l’anglais est adorable. Il nous suggère un Kaiseki course menu, soit un menu traditionnel digne de la ‘haute cuisine’ et nous voyons se succéder des plats délicats, d’une qualité adorable, une présentation digne de la renommée japonaise, avec comme plats principaux deux assortiments de morceaux de bœuf que nous grillons à notre table – le serveur nous montrant chaque fois sur lui, la pièce en question (joue, langue, côte, cuisse, …) et nous tâchons de ne pas en rire. Nous croyons rêver, si cela ‘ce n’est pas terminer en beauté’, me dit Yves …
7 novembre 2012 à 21:51
Est-ce vraiment terminé ou seulement un aurevoir!