C’est seule aujourd’hui que je navigue dans cette énorme ville de Pékin; après avoir rassemblé plans, guides, documents et avoir repéré mon itinéraire en métro, je passe voir au deuxième étage comment s’annonce le Business Review Summit. Woah, quelle organisation … de grandes affiches avec les deux conférenciers de la journée, les livres joliment disposés, des hôtesses en strass et paillettes, fleurs à la boutonnière pour les intervenants, presse, télé et salon VIP pour les interviews. Tout se passera très très bien pour Yves, dont la présentation fait sensation et qui à l’issue de la journée signe quantité de livres et est happé pour être pris en photo! Déjà ils parlent de le ré-inviter l’année prochaine.
De mon côté je suis assez contente de passer haut la main mon test de parcours en métro, avec deux changements pour rejoindre le Temple des Lamas, mon premier objectif. Le pourtour du mur d’enceinte de ce complexe est jalonné d’échoppes d’encens, des bottes de toutes longueurs et de toutes épaisseurs que les fidèles brûlent avant leurs prières; cette odeur me baignera tout au long de la visite. Il s’agit du plus important temple bouddhiste tibétain de Chine, il est tout en couleurs, en sérénité, en harmonie. Il fut offert aux moines Lamas en 1732 et abrite encore une centaine d’entre eux, que l’on voit prier ou se promener dans les jardins sublimes. Le but principal de la visite est certainement la grande statue de Maitreya, Bouddha du futur; elle est la plus grande au monde, taillée dans un seul tronc de santal, elle mesure 18 mètres. On la découvre progressivement en pénétrant dans le pavillon principal, levant lentement le regard vers le plafond.
Le temps est magnifique, j’ai la chance d’un soleil qui brille dans un ciel bleu et je me suis habillée de couches qui ne sont pas inutiles. Non loin de là, le Temple de Confucius, datant de la dynastie mongole des Yuans, est moins couru mais un endroit de tranquillité très agréable. La statue du célèbre philosophe trône dès l’entrée, comme s’il nous accueillait dans ce parc avec ses pavillons dédiés aux mathématiques, à la musique, à la médecine, ses bronzes, les statues de ses disciples et surtout ses quelques deux cents tablettes de pierre alignées où sont gravés les noms des milliers de personnes qui réussissaient l’examen impérial pour devenir bureaucrates. Dans un pavillon musée, sont exposés des pierres semblables où sont gravés des pages et des pages de doctrine … quel héritage!
Je me perds ensuite dans les ruelles de terre d’un quartier de Hutongs non touristique, où vivent des gens en toute simplicité; ils y ont organisé leur vie avec des petits commerces, des temples, des écoles et ils se cachent derrière des murs très fermés.
A la sortie du métro à GulouDajie c’est non seulement le soleil qui me permet de me repérer mais un gentil jeune chinois, me devance pour m’indiquer le chemin et sans dire un mot, il me fait un signe pour me signaler que je suis proche de la Tour de la Cloche, haute de 47 mètres. Je grimpe la longue rampe d’escaliers hauts et raides pour admirer au sommet, l’énorme cloche qui donnait l’heure aux pékinois mais aussi le superbe panorama sur la ville, sur les Hutongs aux alentours et sur sa tour jumelle, la Tour du Tambour que je gravis ensuite. De là haut, la vue se dégage au sud vers le parc Jingshan avec dans l’alignement la cité interdite et la place Tian’an Men et sur l’ouest, la Pagode Blanche de Beihai, que je vais viser ensuite. Les gens me regardent en souriant, se demandant probablement ce que fait une touriste seule à pied dans ces larges avenues de la ville; en général ils se déplacent en taxi d’un site touristique à un autre. Moi, j’aime justement marcher ainsi pour mieux sentir la vie de tous les jours et c’est ma seule occasion de déambuler seule aujourd’hui.
J’aime les parcs et celui de Beihai, septante hectares, un des plus grands, des plus beaux de la capitale me permet de me détendre en sillonnant ses allées, en admirant son très grand lac, en m’éloignant sur de petits chemins vers des pavillons cachés, des jardins de pierres … avant de grimper vers son symbole, la Pagode blanche, haute de 40 mètres et qui semble dominer la ville. Elle est de style tibétain et fut construite sur le modèle des anciennes stoupa, pour honorer la visite du cinquième Dalaï-lama en 1651 à Pékin. Et voici encore un espace qui respire la paix, au sein d’une grande métropole et où il fait bon flâner au rythme de ses envies. Les innombrables fleurs de lotus sur le lac sont en cette saison prises dans les glaces de l’eau, flétries et roussies par le gel mais je peux facilement m’imaginer que le spectacle en été est magnifique.
Continuant sur ma lancée, même si mes jambes et mes pieds s’en ressentent, mon enthousiasme me pousse encore vers les quartiers commerçants où la foule vit à un rythme tout autre. Depuis le nord de la rue Xidan, je reconnais l’endroit où nous avons mangé hier midi, avec en face les Galeries Lafayette, les enseignes connues de Adidas, le centre ‘109’ avec ses figurines japonaises, de nombreux grands magasins pour les mariages, un ‘department store’ local et en face Joy City, qui s’étale sur onze étages très très vastes et où je vais acheter en prévision de l’excursion de mercredi, des gants pour Yves et un bonnet de laine pour moi.
Une station de métro plus loin et alors que le nuit est tombe rapidement, je ne résiste pas à l’envie de découvrir également Wangfujing Dajie. En partie piétonne, cette avenue est la plus grande rue commerçante de la ville, avec des centres commerciaux, des cinémas, des boutiques de luxe, des petits magasins et même une librairie où je verrai les deux ouvrages BM au rez de chaussée. Le décor est tout différent, ressemble à une ville moderne comme toute autre, avec beaucoup d’étrangers, au point que l’on ne se croirait plus en Chine … sauf en s’immisçant dans les ruelles perpendiculaires du marché de nuit. L’ambiance y est pittoresque; on trouve des échoppes de bricoles et souvenirs, des restaurants sur la rue, des vendeurs de brochettes … même des brochettes vivantes de mille-pattes! Lumières, musiques, rires, voilà une attraction qu’il ne fallait pas manquer.
Je pense me reposer un peu en prenant le métro pour rentrer à l’hôtel; grosse erreur, il s’agit à cette heure tardive d’affluence et sur la ligne principale du réseau, d’une véritable épreuve de force. Se faire dépasser, marcher sur les pieds, compresser dans les rames au point de se demander comment on va sortir de cette boîte de sardines et si les sacs vont suivre ou se faire arracher au passage … What an experience! Dont je me remets le soir avec un extraordinaire massage aux huiles parfumées dans un cadre des plus romantiques que j’aie rencontré.