Triste paysage ce matin du haut de notre chambre, nous apercevons des tas de parapluies. La météo n’est guère optimiste pour aujourd’hui, annonçant même des chutes de neige.
Yves me propose des centres commerciaux … pourquoi refuserais-je? Et nous voici descendus dans les sous-sols de la place City Hall pour notre premier test du métro coréen. Se retrouver sur le réseau est toujours assez simple, c’est la prise de tickets aux machines automatiques qui peut s’avérer un peu plus compliquée – il y a un minimum d’anglais – mais nous nous en sortons très bien. Les coréens sont comme les japonais, toujours prompts à nous aider quand nous sortons un plan pour nous repérer … et nous émergeons en surface, à l’est de la ville, près de la plus ancienne porte de la cité d’autrefois.
Dans ce quartier de DongDaemun, la guide du Tour en bus a parlé de quelques vingt-sept mille magasins … il y en a à perte de vue. Ils sont souvent groupés par thème, nous traversons le marché des chaussures; il y aurait aussi tout un immeuble de sept étages avec uniquement des jouets ou alors une rue avec des magasins de motos. Le premier centre commercial où nous nous réfugions pour nous protéger de la pluie est MaxTyle et les boutiques y sont arrangées comme si nous nous trouvions sur un marché. L’immeuble en face semble plus grand … mais quelle n’est pas ma déception en lisant sur la porte qu’il est fermé le lundi! Un plan B s’impose car seules les petites boutiques qui ressemblent à des souks accueillent les clients le lundi et ça, nous en avons assez vu à Singapour et ailleurs.
Par contre la pluie ici n’a rien de comparable avec les trombes d’eau de Singapour; j’achète un second parapluie et suggère un retour à pied le long de Cheonggyecheon. Nous oublions la pluie, pour une balade presque bucolique le long de cette rivière qui connait une seconde vie depuis 2005. Par le passé elle fut recouverte pour construire une voie express et un projet récent a permis de créer cette soupape d’oxygène en plein centre de la cité. Je ne suis pas certaine que sans Krystelle nous nous serions retrouvés ici. C’est magnifique, presque magique, cette impression d’être à la campagne, deux étages sous le niveau de l’agitation citadine. Certains vieux ponts de pierre subsistent ainsi que des passages à gué restaurés; des plaques ou des murs de glace se dressent entre les herbes sèches. Elle sera aussi très belle de nuit avec des sapins éclairés. Des catelles sur un des murs retracent des cérémonies de processions, avec tout l’art coréen et sous un large pont, des photos anciennes nous confirment ce qu’était la rivière Cheonggye à l’origine; c’est effarent de constater que jusque dans les années septante, les abords ressemblaient encore à des pseudo-bidonvilles. Séoul est une ville qui a explosé à une vitesse vertigineuse vers la modernité et la croissance.
Au bout de cette marche active de six kilomètres, nous remontons à la surface sur le boulevard Sejong-Ro qui mène au Palais Gyeongbokgung et Kristelle a mentionné dans la discussion Kyobo, une grande librairie. Yves ne conteste pas évidemment quand je lui en parle et là, c’est incroyable aussi. Cette librairie est gigantesque, avec plutôt par endroits des airs de bibliothèque tellement les ouvrages sont en nombre impressionnant. Des œuvres non seulement en coréen mais également en anglais, en français et un rayon papeterie et ‘gadgets’ qui retient mon attention; je dois me raisonner … je ne suis pas à la maison.
Kil-Soo est coréen, il était en sabbatique en 2004 et partageait avec Yves le bureau de UBC à Vancouver. Il est professeur à l’Université de Yonsei et c’est lui qui a invité Yves à donner un cours; un autre collègue de UBC est maintenant rattaché au même département ici et assiste à l’exposé de Yves avec intérêt.
Pendant ce temps je me relaxe en chambre et dans la superbe piscine-jacuzzi de l’hôtel, tout en mettant sur papier les récits pour mon blog. Le lounge propose suffisamment de petits snacks délicieux pour mon souper.
Surprise, Yves et Kil-Soo passent me chercher pour aller boire un verre dans le parc Namsan. Cela me fait plaisir de le revoir et nous trouvons, respectivement, que nous n’avons pas changé! Il commence une année sabbatique et envisage voyager en Europe; il sera d’ailleurs à Milan début avril et nous lui proposons un stop en Suisse. C’est bien connu, les asiatiques ont l’alcool vite joyeux et il ne lui faut pas un verre de vin rouge pour devenir de plus en plus drôle et blagueur. Il nous explique la rigueur et l’ordre de la hiérarchie qui laisse peu de place pour exprimer ses idées personnelles lors des journées de travail mais très souvent ils sortent le soir entre collègues et la boisson les aide à se lâcher; elle ‘autorise’ presque tout discours! Selon divers aspects les coréens se situent entre les habitudes, le mode de vie, la culture chinoise et japonaise et cela correspond assez bien à ce que nous même avons constaté jusqu’à présent … un doux mélange entre l’ordre, le respect des japonais et la gaieté, la spontanéité des chinois.