Il nous arrive de descendre en ville, de nous plonger dans son animation, d’admirer cet urbanisme particulier de Montréal où des immeubles très modernes côtoient des bâtiments classiques et bon nombre d’églises. Nous avons repéré une ancienne fonderie dont la deuxième vie voit siéger dans ses murs des expositions d’art visuel et que nous visiterons plus tard.
La gare centrale à BonAventure est un joli grand hall avec des galeries de boutiques et restaurants qui ont conservé un cachet d’antan. Nous y avons acheté nos billets de train pour aller à Toronto samedi. Après ce film IMAX sur le train canadien, l’envie me tenait de parcourir un petit tronçon du trajet pour le plaisir d’admirer ces paysages vastes et sauvages. Le gain n’est ni pécuniaire ni temporel par rapport à l’avion et même l’expérience ferroviaire risque de nous réserver des surprises, à en croire nos amis … histoire à suivre ! Je reste zen, positive et nous avons trois jours d’avance sur le premier rendez-vous de Yves, no panic.
La rue Ste Catherine est la correspondante de mon Orchard de Singapour mais plus abordable ici. Les magasins se succèdent sur des kilomètres, c’est l’artère vivante de la ville pour le shopping probablement. Avec Yves le rythme n’est pas au lèche-vitrine nonchalant … j’y reviendrai seule. Nous avons plaisir de reconnaître la Place des Arts avec le Musée d’Art Contemporain, l’opéra, les théâtres et salles de concerts ; le quartier des spectacles qui cet été va vibrer jour et nuit au rythme des danses et des musiques du monde.
A l’opposé de l’effervescence de la ville, j’aime toujours autant marcher dans les espaces verts, observer le réveil rapide de la végétation – les marronniers en fleurs et les fleurs des fruitiers s’envolant toutes légères au gré du vent -, m’arrêter devant un écureuil qui grignote ou une marmotte aux aguets.
Le parc du Mont-Royal, au sud des deux cimetières que je traverse pour y accéder, est le poumon vert de la métropole. La végétation est toute différente de ce que j’ai parcouru durant sept mois en zone équatoriale ; ici tout est plus léger, aéré, plus tendre dans les couleurs et le toucher. Je m’y sens plus détendue … ils ne me feront pas peur ces petits lézards, ces salamandres ou ces couleuvres rayées que je pourrais apercevoir se chauffant au soleil … j’ai été habituée à plus impressionnant ! C’est à la Maison Smith, bureau d’information sur le parc, que j’ai appris leur présence. Je suis également remontée jusqu’au Belvédère Kondiaronk d’où la vue est toute ouverte sur la ville et le St Laurent.
Une boucle en forêt nous fait faire le tour du sommet de la Montagne, avec au passage une croix assez originale, ressemblant presque à une antenne. Le bois est sillonné de larges, même très larges, chemins et routes et aussi de petits sentiers plus pittoresques mais moins bien indiqués; j’y vais de mon flair pour m’orienter, sans me perdre. Et comble du comble, je renseigne deux dames qui veulent atteindre la fameuse croix, un groupe de jeunes qui cherchent le Lac des Castors et un papy en voiture qui me dit ‘être tout mêlé’ dans cette forêt – comprenez ‘je suis totalement perdu’ !
C’est l’endroit idéal pour les jeux et courses d’orientation ; je croise des classes, des patrouilles de scouts dont j’aime écouter les cris de ralliement qui percent la forêt. On pratique la course à pied, le vélo et VTT, la promenade des chiens et sous la surveillance des ‘rangers’ qui circulent en voiture. Je suis toute déçue de voir le Lac des Castors en travaux, la rénovation ne sera sans doute pas terminée avant fin juillet … dommage, c’est le seul point d’eau du parc. Il faudra de toute manière revenir à Montréal car il y a également un autre projet en cours : une balade aménagée sur le pourtour extérieur du Mont-Royal qui s’étendra sur une dizaine de kilomètres.
Je traverse cette fois en zigzag le Cimetière protestant pour déboucher sur le Boulevard Mont-Royal, ‘LE’ boulevard de la riche bourgeoisie francophone, le quartier huppé d’Outremont, très agréable à observer, jolies maisons et jardins comme j’en souhaiterais un. Alain se fera un plaisir de nous y balader un soir, confirmant que c’est tout-à-fait hors de nos moyens ; aucune villa à moins de quatre millions de dollars … et pourtant j’en avais repéré une à vendre !
Il fait beau sur Montréal … les lilas embaument, les clochettes des muguets s’ouvrent, celles des cœurs de marie se balancent au vent et les hostas forment de jolies coroles au pied des arbres …