Les cinq heures pour parcourir les 550 km qui nous séparent de Toronto, à bord d’un train dit rapide de la Compagnie ViaRail sont bien confortables et relaxantes. Le service est impeccable, le dîner trois plats et les boisons tout au long du trajet agrémentent le temps passé à bouquiner, moi sur la ville où nous allons séjourner quelques jours et Yves sur les quatre ou cinq présentations qu’il va y faire. Le personnel est nombreux, sympathique et blagueur; les annonces nous font sourire, surtout lorsqu’ils s’apprêtent à tenter d’enclencher la climatisation et tout le monde crie ‘Ah Ah‘ dès son ronronnement caractéristique. Ce n’est bien sûr par un TGV, on ressent régulièrement des à coups – il faut veiller à ne pas trop remplir les verres – mais je ne me plains pas de la vitesse qui me permet de mieux admirer et photographier le paysage. Il faut également savoir que les trains de marchandises sont prioritaires et surtout au départ, nous voici quelques fois à l’arrêt pour en laisser passer un – ceux-ci sont lents et très très longs!
Les paysages défilent sur un relief plat à perte de vue, avec des fermes aux façades typiques de lamelles de bois et leurs gros silos, des ranchs, des zones marécageuses et des forêts aux arbres brûlés, gris squelettiques comme nous en avons vu souvent dans les alentours de Vancouver. Proche des petites localités, nous retrouvons également de superbes terrains de golf au tapis de velours vert tendre et le silence de cette campagne est troublé par les sifflements des trains qui coupent les routes, sifflement chantant bien typique, comme dans les films.
Le temps a passé, une heure avant le but, surgit sur notre gauche l’immensité du lac Ontario et soudain ce sont les faubourgs puis les buildings de Toronto. C’est la plus grande ville du Canada, avec 5,5 millions d’habitants dans la région métropolitaine et son impressionnante concentration de gratte-ciel, la plus importante après New-York et Chicago en Amérique du Nord. En sortant de Union Station, c’est le vertige; on se sent tellement petit au pied de ces tours qui pointent vers le ciel. Je comprends mieux la remarque ‘Montréal est un village comparée à Toronto‘! Les façades de verre jouent aux miroirs et se reflètent les unes dans les autres pour le plus bel effet. Mais tout comme à Montréal, des bâtiments anciens – comme le Toronto Stock Exchange – et des églises ont résisté et prennent toute leur splendeur en se mirant dans leurs tours voisines. Les tramways font partie du paysage de la ville depuis très longtemps, ce qui est rare dans les agglomérations américaines. Les taxis sont également très nombreux, le plus souvent bicolores et ainsi reconnaissables de loin.
C’est en 1834 que la ville de York, sous régime anglais depuis le milieu du 18ième siècle après avoir été française avec la découverte de Jacques Cartier, devient Toronto. Elle va rapidement prospérer grâce entre autres à la construction de la Voie Maritime du St.-Laurent qui a facilité son développement économique. Et ensuite de grands projets architecturaux audacieux vont la porter au sommet de sa reconnaissance.
Ce soir notre balade nous mène déjà vers le Centre Rogers, premier stade en 1989, à toit rétractable, qui abrite le club de baseball, les Blue Jays de l’American League. Le symbole de la ville est sa CN Tower, haute de 553 mètres, construite dans les années septante pour faciliter la transmission des ondes radio et Tv. Nous resterons au sol pour admirer, et flipper un peu, en regardant les courageux visiteurs qui harnachés et câblés s’aventurent sur la corniche extérieure à 356 mètres de nous.
Le quartier du Waterfront, avec ses anciens entrepôts, ses vieux rails de chemin de fer et son horrible autoroute surélevée en béton, voit depuis quelques temps des travaux de rénovation et d’embellissement du littoral, qui attire touristes et citadins au bord du lac pour des balades, des activités ludiques ou culturelles. Nous y mangeons de succulents spaghettis au Lobster!
Le Germain est un hôtel situé dans une petite rue calme en marge du quartier des loisirs; c’est un petit bijou de design, de simplicité, avec un lobby fort chaleureux, tout comme son personnel d’ailleurs. A recommander vivement.