Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine

Saint-Benoît-du-Lac

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Martine et Alain viennent nous chercher à 9 heures pour nous emmener à Saint-Benoît-du-Lac, découvrir cette abbaye bénédictine et surtout rencontrer son dernier architecte.

Hier soir en rentrant, nous avons été surpris par un orage violent, les trombes d’eau et le vent nous ont trempés en moins de deux et ce matin encore c’est la pluie qui est au rendez-vous à notre départ en excursion.

Ça papote tout au long de ce trajet bien agréable qui nous fait découvrir les régions campagnardes de l’est de la ville; nous nous dirigeons d’ailleurs vers ce qu’on appelle Les Cantons de l’Est, en bordure de la frontière toute droite avec les États-Unis. Une large autoroute – cela étonne toujours venant de l’Europe – à la conduite tranquille, traverse des étendues énormes de cultures mais aussi parfois un paysage plus boisé et vallonné, un peu comme le Jura ou les Ardennes. C’est bien vert, les collines sont plus hautes, les premières montagnes apparaissent ainsi que le soleil qui pointe son nez.

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Bolton, Austin et nous découvrons le site enchanteur de l’Abbaye. La communauté compte aujourd’hui quarante moines vivant selon la règle monastique de St. Benoît; c’est en 1912 que la communauté normande de St. Wandrille, en exil en Belgique, projette de s’établir au Canada et envoie quelques moines qui achètent une ferme aux abords du lac Memphrémagog. La communauté va s’agrandir et il est décidé de construire un monastère en pierre; c’est Dom Bellot, moine architecte de Solesmes qui dessine les plans des deux ailes qui seront terminées en 1941 – c’est lui également qui a participé à la conception de l’Oratoire St. Joseph.

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Une dizaine d’années plus tard, le monastère est élevé au rang d’abbaye, il compte soixante moines et des soutiens financiers vont permettre d’ajouter un clocher, l’hôtellerie et la crypte de l’église abbatiale, dessinés par un disciple de Dom Bellot, le moine architecte Dom Côté. C’est lui qui a eu l’idée de colorer les joints entre les pierres de l’édifice, ce qui est assez surprenant et se remarque de suite. Les couleurs sont d’ailleurs très présentes dans le choix des briques et des carrelages du corridor que l’on peut encore traverser, un vrai damier.

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Les moines vivent du travail de leurs mains, ils assurent leur subsistance grâce à la fromagerie, le verger, la cidrerie, une production de sirop d’érable et dont les produits sont vendus dans leur magasin, tous les jours sauf le dimanche … zut, pas de chance.

Dan Hanganu, est un architecte roumain établi à Montréal et qui va être appelé à dresser les plans à la fin des années huitante, de l’église abbatiale. Woah, quel challenge! Et quel énorme plaisir et honneur pour nous, de pouvoir ce jour l’écouter nous raconter cette grande aventure; il est passionnant. Il commencera par visiter en Europe de nombreuses abbayes pour s’inspirer de leur atmosphère, du sens à apporter à son œuvre; les discussions avec les moines ne sont pas tristes … et leur réponse ou leur moyen d’obtenir le dernier mot face aux discordes avec l’architecte, sera toujours la voix de Dieu.

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L’édifice s’insère magnifiquement bien, entre deux ailes anciennes; difficile à décrire le pourquoi mais l’uniformité du lieu est incontestable, un vrai chef d’œuvre. Nous pénétrons tous ensemble dans l’église pour assister à la messe chantée par les moines, tout est chanté même les lectures et l’évangile, sur ce ton universel qu’ont ces chœurs de monastères … clore les yeux et se laisser enchanter par la mélodie, parfois accompagnée de l’orgue joué par le père abbé lui-même. C’est par contre au moment de l’homélie que l’on se rappelle que nous sommes au Québec.

L’église est tellement superbe, élancée, éclairée par les rayons du soleil qui pénètre par les nombreuses fenêtres haut-perchées; ce soleil qui va justement éclairer l’autel au moment où tous les moines y sont réunis pour l’eucharistie. Une énorme charpente métallique soutient la construction, séparée des corps de briques; les lumières, les croix, les stalles, les bancs, … tout a été dessiné dans la recherche et la sobriété, procurant un effet d’ensemble face auquel il est impossible de rester indifférent. Il y a toute une symbolique dans les divers éléments, que Dan nous narre avec passion et humour. Derrière l’autel, une énorme croix toute simple d’éclats de verre bleu de Murano attire le regard et devant elle, des rideaux de câbles d’acier qui, éclairés par le soleil tombant du puits de lumière de la tour, donnent une impression de pluie vivante reliant le ciel à la terre, tandis qu’à l’autre extrémité c’est une très jolie rosace qui laisse pénétrer la clarté, sur le narthex et sur ce bénitier où scintille un petit triangle doré.

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C’est le 4 décembre 1994 que par la célébration de la Dédicace, la communauté a offert la messe d’inauguration, messe où nos amis étaient aux côtés de Dan Hanganu. Aujourd’hui une assemblée nombreuse s’est réunie, en spectateur de ce moment que les moines ne partagent pas vraiment avec les fidèles. L’hôtellerie peut accueillir pour quelques jours les hommes qui désirent prendre un peu de recul par rapport à leur vie bouillonnante et se plonger dans leur fort intérieur. Les dames elles seront reçues dans une petite maison dans le parc, la Villa Sainte-Scholastique. Merci à Dan, Martine et Alain pour ce moment de partage dans un oasis de paix et de beauté.

C’est dans le petit village de Knowlton que nous trouvons une terrasse dans un pub pour un lunch qui me fait découvrir le plat typique de la smoked meat, de la viande de porc fumée, coupée en lamelles que l’on déguste en sandwich entre deux tranches de pain … j’aime assez. Le pub s’appelait anciennement l’auberge Bolton Pass, située sur le chemin qui constituait la seule route carrossable entre les États-Unis et la région de Montréal via le passage difficile des montagnes du Bolton Pass.

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Nous sommes au bord du lac de Brome, où Alain a déjà couru un demi-marathon et connu pour son élevage de canards. Que de longs hangars aux alentours de la jolie petite boutique où nous craquons toutes les deux pour un beau magret, du foie gras, de la sauce Carminée aux pommes. Avant de reprendre l’autoroute vers la ville, une halte pour un café dans le village Sutton; situé au pied des Monts Sutton qui culminent à 960 mètres, c’est le pied à terre des amateurs de ski sur ces montagnes qui offrent une vue à la ronde. Ces villages sont typiques avec les maisons dont les pignons sont recouverts de lattes de bois peint.

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Montréal est vite atteinte lorsque l’on discute et nous allons découvrir un des endroits chers à Martine et Alain, où ils ont vécu avec leurs fille Fabienne petite. L’Île des Sœurs, que l’on rejoint juste après le pont Champlain, à l’époque était habitée principalement par des européens, ils vivaient presque en communauté ou en tout cas s’entraidaient pour tout. Ils étaient quelques milliers et maintenant il y aurait quasi vingt mille résidents. La forêt la recouvrait en grande partie alors que de nos jours la verdure a été sacrifiée pour des immeubles, beaucoup d’immeubles mais cela reste un magnifique endroit de résidence, une île au milieu du fleuve St. Laurent.

Une réflexion sur “Saint-Benoît-du-Lac

  1. chère Isabelle, aujourd’hui je t’ai accompagné à la découverte ST-Benoît au Lac. Une visite passionnante pour moi aussi. Bon we, je t’embrasse, Cristina

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