Le taxi commandé hier chez Diamond se présente pile à l’heure à 7h15 et nous n’oublions pas de lui demander un reçu cette fois-ci. En une vingtaine de minutes nous sommes à l’aéroport, l’enregistrement, le contrôle de sécurité se passent sans aucune file d’attente, le hall est vaste et désert, le personnel est vraiment très agréable à chaque poste et ce n’est pas moins de dix fois que notre carte d’embarquement est scannée. C’est à la douane américaine, que l’on passe par chance ici à Montréal, que nous nous attendions à des questions insistantes … eh bien non, que du contraire, le douanier est souriant, sympathique et nous souhaite un très bon séjour aux US. Martine en conclura qu’il doit être content de vivre au Québec. Il nous reste ainsi plus de deux heures pour un copieux petit-déjeuner et du travail de messagerie pour Yves tandis que je bouquine mes guides sur Boston.
La vue à l’atterrissage est superbe sur la baie mythique de Boston, avec quantité incroyable de voiliers et des îles éparses. Munis d’un pass pour les transports en commun, le trajet vers l’hôtel se déroule aisément et nous découvrons Copley Square, magnifique et animée ce jour d’un marché dit ‘familial’. En attendant que notre chambre soit prête, un lunch sur Newbury St. nous met de suite dans l’atmosphère d’une ville à l’ambiance joyeuse, aux terrasses bondées, aux bars où la musique fait vibrer.
Boston est dite la ville la plus européenne d’Amérique du Nord, elle compte aujourd’hui un peu plus de six-cent-mille habitants mais deux millions de visiteurs par an; elle est la capitale du Massachusetts et plusieurs quartiers font penser à l’Angleterre. Les premiers arrivants venaient en effet de Grande-Bretagne mais ont suivi des vagues d’immigration d’Irlande, d’Italie et plus récemment d’Asie, ce qui en fait une ville très cosmopolite.
C’est en 1620, à bord du Mayflower, que débarquent les premiers immigrants issus d’une secte presbytérienne puritaine qui fuyait les persécutions religieuses de leur pays et ils fondent la petite colonie de ce qui deviendra Boston, une dizaine d’années plus tard avec John Winthrop, le premier gouverneur du Massachusetts. Les colons veulent une société chrétienne et où l’éducation tient une place importante; en 1636, Harvard College voit le jour pour former les pasteurs de la colonie.
La capitale prend aussi le surnom de ‘berceau de la liberté‘ car c’est ici qu’ont démarré les manifestations contre le prélèvement de taxes dans les colonies exigées par l’Angleterre. Celle-ci face aux rebelles autorise alors les compagnies de l’Inde de vendre leur thé et c’est la révolte, le conflit avec les anglais et finalement les anglais quitteront Boston en mars 1776, quatre mois avant la proclamation d’indépendance des États-Unis. La ville se développe rapidement au niveau commercial, industriel et culturel; les musées, les salles d’opéra et de concerts, les librairies en sont le témoin encore aujourd’hui.
J’entraîne Yves à la découverte de l’histoire de la ville par le Freedom Trail, un parcours piéton de quatre kilomètres, tracé d’une ligne rouge sur les trottoirs, qui se réfère – via seize sites – aux événements, lieux et personnages importants de la guerre d’indépendance des États-Unis. Le parcours débute dans un grand parc public, magnifique, avec des massifs déjà bien fleuris, des gazons superbes, des arbres géants, des étangs où l’eau ici ne fait pas défaut. Ma prise de photos ralentit un peu de rythme de Yves, nous avons une petite brochure qui nous détaille chacun des sites et nous admirons ainsi le nouveau bâtiment du Gouvernement avec son Dôme recouvert de feuilles d’or, des églises de briques rouges au clocher élancé tout blanc, de petits cimetières épargnés dans les ruelles, un des importants salons littéraires du dix-neuvième siècle, le Hall Faneuil – lieu historique de la révolte des colons, la plus ancienne demeure coloniale en bardeaux du centre, celle de Paul Revere, un patriote qui a joué un rôle important au moment de l’attaque des anglais.
Nous enjambons la Charles River pour atteindre Charleston, un très joli quartier, paisible qui clôture le parcours avec un obélisque de granit, le Bunker Hill Monument. Il commémore sur une colline la première grande bataille sanglante de la révolution américaine; c’est sans doute une petite chance pour moi que l’entrée en soit déjà fermée en cette fin d’après-midi – il ne doit pas y avoir d’ascenseur pour en atteindre le sommet mais bien quelques trois cents marches. Charleston était autrefois un quartier ouvrier, de par son chantier naval. A quai, le USS Constitution Old Ironsides – dont l’équipage avait cru ses flancs en acier quand un boulet de canon avait rebondi dessus – construit fin du dix-huitième siècle, c’est le plus vieux navire en service de la marine américaine, il sort à quelques reprises sur l’année pour des croisières dans le port.
Vite, vite, me crie Yves … une navette fluviale est sur le départ pour nous ramener sur l’autre rive près de l’Aquarium, une petite traversée de rêve pour nous offrir une jolie vue sur la ville et le fleuve. Le quartier nous tente pour un repas en terrasse du Tia’s et nous nous lançons dans l’éclatement d’un homard entier pour en savourer sa chair délicieuse, armés de pinces, aiguilles, d’un bavoir et je me désaltère d’une bonne bière locale, une Samuel Adams. C’est succulent, une spécialité de Boston; je ne m’en priverai pas tout au long du séjour, sous différentes présentations – le Lobster Roll est aussi un régal. Le retour à pied le long du fleuve, sur le parcours de HarborWalk, et ensuite en traversant le quartier financier pour rejoindre notre douce chambre d’hôtel permet de repérer les balades des prochains jours.