Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine

Le Vieux Montréal et son histoire

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Inspirée par notre visite hier du musée McCord, je pars explorer plus en détail le Vieux Montréal, tout en sachant que les musées ont portes closes le lundi. Au dix-huitième siècle, la ville était fortifiée, ses murs furent ensuite démolis pour permettre le développement de la vie économique; le quartier du Vieux Montréal correspond au territoire que couvrait la cité dans ses remparts. Le siècle suivant, cela devient le quartier de la finance, le Wall Street du Canada, avec des sièges de banques et d’assurances. La rue St. Jacques nous montre les édifices imposants, aux lourdes portes, aux halls énormes de marbre et de dorures de la Banque Royale, la Banque Molson – issue d’une famille célèbre pour sa brasserie, la Banque de Montréal – bâtie sur le modèle du Panthéon de Rome et qui rappelle ce film avec Jean-Paul Belmondo, la New York Life – compagnie d’assurances de huit étages en grès rouge, considérée en 1888 comme le premier gratte-ciel de Montréal. L’architecture de cette rue est riche et variée, de petits hôtels luxueux accueillent des célébrités et ils devaient être bien complets avec le Grand-Prix, comme le Saint-James, le Saint-Régis ou le LHotel qui renferme des collections privées d’arts pop et contemporains dont une œuvre de Botero sur le trottoir.

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La Place d’Armes est riche en histoire, elle était sous le régime français le cœur de la ville, utilisée pour les manœuvres militaires, les processions religieuses et elle détenait aussi le puits qui constituait la première source d’eau potable de Montréal. Elle sera plus tard transformée en un jardin public puis en terminus des tramways et aujourd’hui, une place touristique où trône la statue de Paul de Chomedey de Maisonneuve, qui en 1642 fonde la colonie française sur cette île tout d’abord dénommée Ville-Marie, nom qui tombera peu à peu en désuétude pour devenir Montréal, inspiré du Mont-Royal, nom donné par Jacques Cartier à la montagne. Sur cette place, le plus ancien bâtiment de Montréal est le Vieux Séminaire de St Sulpice construit dans les années 1680 et qui est toujours habité par les prêtes de St Sulpice. Il est dit qu’au moment de sa construction, la ville comptait cinq cents habitants, terrorisés par les attaques des Iroquois et que ce séminaire représentait un coin de repli de civilisation européenne. Les Sulpiciens rêvent dans les années 1820 de faire construire la plus grande église au nord du Mexique, ils font appel à James O’Donnel, un architecte de New York d’origine irlandaise protestante et on raconte qu’il s’est converti au catholicisme avant de mourir pour pouvoir être ici enterré. La basilique Notre-Dame est de style néogothique, son décor intérieur est étonnant, entièrement de bois peint et doré à la feuille, avec un ciel de cèdre bleu, une chaire en noyer et tilleul sculptée à la main, des vitraux représentant la vie à Montréal et un orgue aux sept mille tuyaux. À l’arrière, toute en bois également, une petite chapelle qui est plutôt réservée aux mariages.

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En descendant la rue St Sulpice, je fais un crochet par le Cours Le Royer, emplacement initial de l’Hôtel-Dieu fondé par Jeanne Mance et qui devient ensuite un ensemble d’entrepôts pour les biens arrivant dans le port tout proche – on voit encore quelques enseignes sur ces bâtiments. Aujourd’hui, ce sont des lofts ou des bureaux le long d’une petite rue piétonne agrémentée de fontaines, de bancs, de sculptures et de verdure.

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La rue St Paul serait la plus ancienne et pendant longtemps la principale artère commerciale; elle est bordée de boutiques et de galeries magnifiques – super art inuit entre autres-, installées dans des anciens immeubles de pierre – on y prépare déjà l’hiver à ce que je peux observer par le dépôt d’un tas de bûches dans un hôtel particulier. Elle mène à la Place Royale, ainsi nommée par l’explorateur Samuel de Champlain en 1611, qui souhaite y installer un poste pour la traite des fourrures mais dont les projets seront stoppés par les guerres entre les tribus amérindiennes. La Place Royale sera renommée Pointe-à-Callière et c’est ici que fut fondée Montréal en 1642, avec la colonie missionnaire de Paul de Chomedey et Jeanne Mance ainsi qu’une cinquantaine de pionniers arrivés de France. La visite du Musée Pointe-à-Callière sera très intéressante, il y aura aussi le Centre d’Histoire de Montréal – à côté du restaurant Gibby’s de Nestor et des anciens bureaux de Alain – et l’ancien Hôpital des Sœurs Grises, dont la place porte le nom de la fondatrice de cette communauté, la Mère d’Youville. Ce terre-plein tout en longueur est un endroit vert et paisible, un obélisque rend hommage aux fondateurs et premiers colons arrivés à Montréal. Voici un quartier dont je reviendrai visiter quelques musées.

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L’eau a joué un rôle très important dans l’histoire de Montréal, cette île où les premiers explorateurs ont mis pied à terre pour s’éloigner des courants rapides au large du St Laurent. Ce sont également ces rapides qui ont aidé à l’essor industriel par l’exploitation de l’énergie hydraulique et le canal de Lachine avec ses écluses, a permis de relier Montréal aux Grands Lacs à l’époque du commerce de la fourrure; il devient le premier port intérieur d’Amérique du Nord, s’étendant sur vingt-cinq kilomètres le long du fleuve. Depuis la fin des années 1970, des travaux de rénovation du quartier du Vieux Port sont à l’œuvre pour que soit expliquée l’histoire de ce lieu primordial, mais aussi qu’il devienne un port de plaisance et un endroit de détente et de culture. Ainsi des parcs, des étangs, des chemins de balade à pied, rollers ou vélos sont agréablement aménagés. Quelques quais sont restaurés, pour accueillir les ferries de croisières, également un centre des sciences avec le cinéma IMAX et sur le Quai des Convoyeurs, on peut encore voir la haute tour qui servait au transbordement des céréales provenant de l’Ouest canadien. La Compagnie du Grand Tronc comptait huit voies ferroviaires ici près du port, assurant la liaison maritime et terrestre pour le transport des marchandises, avant l’avènement du transit par camions; il reste aujourd’hui deux voies de ce chemin de fer, le long d’une piste cyclable.

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Je remonte ensuite vers la rue Notre-Dame que je vais enfiler jusque bien loin vers l’Est, atteignant presque le Pont Jacques Cartier. Sur Notre-Dame, les bâtiments anciens et modernes des Palais de Justice et de la Cour d’Appel du Québec, et avant de descendre sur la Place, l’Hôtel de Ville bien en vue, au balcon duquel le Général De Gaulle a lancé son ‘Vive le Québec libre!‘ lors de sa visite en juillet 1967. La Place Jacques Cartier vit surtout à la bonne saison, avec les terrasses des restaurants, les artistes qui s’y installent, chanteurs, musiciens, caricaturistes ou peintres. Elle plonge depuis l’hôtel de ville, et la colonne de Nelson – financée par les marchands britanniques pour commémorer la victoire de la flotte de l’amiral Nelson à Trafalgar – vers le quai Jacques Cartier et le fleuve. Sur un côté, la petite Place de la Dauvesière, attenante au Château Ramezay – qui sera lui aussi pour une prochaine visite – attire le regard autour de la statue de bronze de Jean Drapeau. Cet homme, maire de Montréal durant de nombreuses années entre 1954 et 1986 sera l’initiateur de grands projets pour la ville.

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La rue Notre-Dame m’amène, hors du circuit touristique vers l’énorme brasserie Molson dont on repère de loin le bâtiment de briques rouges et dont les effluves sur le trottoir sont assez fortes. Fondée en 1786, elle est la plus ancienne brasserie du Canada et après la Compagnie de la Baie d’Hudson, la deuxième plus ancienne entreprise du pays. Le quartier intermédiaire semble devenir un lieu de résidence avec de jolis immeubles modernes, et en contre-bas, je découvre par surprise le siège du cirque Eloize fondé en 1993. Il s’est installé dans l’ancienne gare Dalhousie qui avait accueilli en juin 1886 le premier train de passagers transcontinental canadien; cette gare a été excavée à l’emplacement d’une colline boisée, proche des fortifications de l’ancienne Ville-Marie.

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La Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours est une très ancienne église en pierre sur les quais; depuis sa chapelle très surélevée on baptisait les navires et les matelots en partance pour l’Europe – une visite vaudrait aussi la peine. Le musée Marguerite-Bourgeoys retrace la vie de cette pionnière de l’éducation au Québec, originaire de Troyes et venue créer une école à la demande de Paul de Chomedey. C’est elle qui prendra aussi en charge l’accueil et la formation des femmes appelées ‘filles du Roy‘, ces quelques huit cents jeunes femmes, souvent orphelines, ayant émigré en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 pour fonder une famille et dont le roi Louis XIV paya le voyage et la dot. D’ailleurs juste tout à côté, l’ancienne maison familiale Pierre-du-Calvet, d’architecture typique style petit château français, abrite une auberge luxueuse nommée ‘les filles du Roy’.

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Le marché Bonsecours, de pierres grises et au dôme argenté, servait autrefois de grande halle pour les maraîchers, il a ensuite abrité le siège du Parlement Canadien alors que le bâtiment orignal avait brûlé et aujourd’hui on s’y balade entre boutiques et expositions, sans rien d’exceptionnel. Par contre en face, je prends un vrai plaisir à découvrir les œuvres de Peter W. Hart, aux couleurs vives et aux mouvements captivants.

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Autrefois les pêcheurs et les agriculteurs arrivaient ici par bateau au Quai Victoria pour aller vendre leurs marchandises dans les marchés publics; il fut renommé Quai de l’Horloge depuis qu’en 1922 cette tour fut construite pour rendre mémoire aux marins de la marine marchande morts durant la première guerre mondiale – elle sert aussi de phare alors aux navires entrant dans le port. Elle ressemble à un petit Big Ben avec ses faces couvertes d’horloges et les quelques deux cents marches nous montent à cinquante mètres du niveau de la mer, offrant de l’observatoire une vue sur le fleuve, ses îles et ses ponts et sur le Vieux Montréal. Au pied, une plage urbaine a été créée, comme c’est la mode en Europe aussi, avec du sable fin, des transats et des parasols, des brumisateurs mais pas de possibilité de se baigner – c’est désert à cette saison, en semaine en tout cas. Ce long parcours m’a plongée dans l’histoire de la ville, fort intéressante et c’est une pause bien agréable que me propose Martine, sur sa terrasse, avant que je rentre préparer un bon repas.

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