L’été chaud arrive à Montréal, nous apprécions grandement le ventilateur prêté pour des nuits supportables dans un appartement qui se dit ‘art déco‘ et sans air conditionné. Avec l’indice humidex – mesure utilisée par les météorologues canadiens pour intégrer les effets cumulés de la chaleur et de l’humidité -, la chaleur ressentie aujourd’hui devrait être de quarante degrés mais pas question que je reste cloisonnée; j’emporte mon pic-nic, ma bouteille d’eau et je m’évade sur l‘île Ste Hélène.
Le parc Jean Drapeau, du nom d’un maire important de Montréal, regroupe deux îles au sud-est de la ville en face du Vieux Port. L’île Ste Hélène est une île naturelle, baptisée ainsi par Samuel de Champlain quand il arriva à Montréal, et une destination de loisirs; les Montréalais y viennent pour la piscine extérieure et le parc d’attractions, La Ronde, mais aussi les dimanches d’été pour les fameux Piknic Electronik.
L’île Notre Dame a été créée de toutes pièces dans les années soixante, au milieu du fleuve, avec les terres issues du chantier du métro – quelques quinze millions de tonnes de gravât ; c’est sur cette île artificielle que l’on trouve le Circuit Gilles Villeneuve du Grand Prix de Formule 1 et également le Casino de Montréal.
C’est ici sur ces deux îles qu’a eu lieu en 1967 l’Exposition Universelle; le Casino fut aménagé par la suite dans les pavillons de la France et du Québec. Et sur l’île Ste Hélène, subsiste la Biosphère, pavillon des États-Unis, œuvre de l’architecte Richard Buckminster Fuller. Il s’agit d’une grosse boule faite d’une sphère intérieure composée d’hexagones en tubes d’acier, superposée à une sphère extérieure composée elle de triangles de tubes en acier semblables; la biosphère a la hauteur d’un bâtiment de vingt étages, avec un diamètre de septante-six mètres. Ce fut le ‘bâtiment’ le plus visité durant l’Expo et il reçut le Prix du Design l’année suivante. La couche d’acrylique qui couvrait la surface a brûlé en 1976 lors de travaux de soudure et ainsi il reste de nos jours la structure trouée, pour abriter un musée de l’environnement.
Je me balade sur le tour de l’île, apercevant le St Laurent et ses ponts puis la ville de Montréal reconnaissable par ses buildings typiques et sa ‘montagne‘, le pont Jacques Cartier qui passe au-dessus de ma tête. L’île est par endroit sauvage et très boisée, c’est agréable de s’y promener.
Jean-Marie Lucas-Girardville a dit du fleuve : ‘Ainsi, il n’y a pas un Saint-Laurent mais « des » Saint-Laurent : tantôt rivière, tantôt rapides, tantôt lac, tantôt canal, tantôt fleuve, et tantôt mer, il peut être langoureux ou déchaîné selon le lieu et l’heure.’
Le parc renferme des œuvres d’art public, certaines créées pour l’exposition comme « L’homme » de Alexandre Calder. Le Fort de l’île fut construit au dix-neuvième siècle pour défendre Montréal et on voit encore le bâtiment de la Poudrerie. Et c’est au pied de la Tour de Lévis que je m’installe pour mon pic-nic, seule avec les bruits de la nature environnante et profitant de sa fraîcheur. Cette tour construite dans les années 1930, se loue aujourd’hui pour des cérémonies, elle peut accueillir une soixantaine de personnes qui seront éblouies, semble-t-il, par la vue depuis la terrasse d’observation. Elle fut construite à l’origine comme un réservoir d’eau, à l’époque où le parc de l’île Ste-Hélène est conçu par Frédérick G. Todd, un célèbre architecte paysagiste, d’origine américaine mais dont la carrière se déroula entièrement au Canada; on le connaît ici pour ses nombreuses réalisations à Vancouver, Terre-Neuve, Québec, Montréal.
Yves a fait sa dernière présentation, chez Provencher et demain après la défense de thèse d’un doctorant de Suzanne, il en aura terminé avec ses interventions pour HEC Montréal.