Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine

Lunch avec Kato-san et musée national

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Le retour vers Tokyo hier s’est déroulé comme si nous étions déjà de grands habitués des transports en commun japonais, avec changements de trains, réservations de places en dernière minute pour le Shinkansen et le métro jusqu’à l’appartement. Nous avons papoté sur le premier tronçon avec deux dames japonaises qui habitent près de Yokohama; le plaisir de pouvoir échanger en anglais fut partagé, elles étaient charmantes.

Ce midi Kato-san, la gérante de l’immeuble, m’emmène manger dans un petit restaurant à deux rues d’ici, où les tempuras sont la spécialité; nous sommes installées le long d’un comptoir et toute une série de légumes et poissons panés et frits tout frais nous sont servis au fur et à mesure – on voit même encore les crevettes se tortiller quand il les décortique (au moins nous sommes assurées de la fraîcheur, me dit Kato). Elle est bavarde et très joyeuse; je passe un super moment à discuter avec elle. C’est assez drôle, elle est très petite et à côté de moi dans la rue, cela la fait beaucoup rire; elle reconnaît qu’elle a une taille en-dessous de la moyenne et pour la satisfaire je lui dis que moi, c’est le contraire!

Nous prenons un café dans le lobby de l’autre immeuble qu’elle gère et où elle a son bureau; son père aimait énormément la calligraphie, elle me montre une brochure avec plusieurs de ses œuvres et celles qui sont dans nos appartements ont été dessinées par lui. Même si c’est mystérieux pour moi, je les trouve très jolies; ce sont souvent des pensées ou poèmes chinois.

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Il pleuvine, il vente et je poursuis ma balade digestive en contournant le parc Ueno avec l’intention d’aller visiter un des musées, une activité idéale pour la météo du jour. Dans les alentours, je me laisse aller à l’intuition, dans les ruelles de ce quartier traditionnel; je passe près d’un petit temple bien sombre et bien caché puis près de l’université des Beaux Arts avant de déboucher juste devant le Musée National de Tokyo.

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Ayant observé puis déposé moi-même mon parapluie dans les bacs prévus à cet effet (gratuit et avec une clé), je choisis de parcourir le bâtiment principal consacré à l’art au Japon. Il s’appelle Honkan et je lui trouve une apparence un peu austère avec sa structure en béton et son toit de tuiles – c’est le style « impérial » qu’a voulu lui donner  l’architecte Watanabe Jin. D’autres constructions de l’enceinte présentent des œuvres du reste de l’Asie, des expositions temporaires, des trésors archéologiques ou des reliques d’un ancien temple.

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C’est le plus ancien musée du Japon, né d’une première exposition qui remonte à 1872 et aujourd’hui plusieurs dizaines de milliers d’objets y sont présentés tout au long de l’année. Je me plais à m’imprégner de l’histoire de ce pays, de la succession des différentes périodes aux noms qui me disent parfois quelque chose et cela au travers de l’évolution de sa culture et de son art. Les premières figures en terre cuite remontent à la période Jomon que l’on situe il y a 12’000 ans. Des objets en bronze, des porcelaines, des calligraphies, des écritures de sutras en rouleaux, etc sont présentés et traduisent les étapes qui vont se succéder. Évidemment la religion, le bouddhisme arrivé au Japon au milieu du sixième siècle, prend une part importante de la culture du pays et je retrouve ici, dans ce rapide cours d’histoire, l’introduction du bouddhisme zen pendant la période shogounale de Kamakura.

Au seizième siècle c’est le maître Sen no Rikyu qui amène à son apogée la fameuse cérémonie du thé, influencée par la Chine dans ses ustensiles mais dont la notion d’humilité et de simplicité caractérise la cérémonie japonaise (on parle de l’esthétique wabi-sabi).

Du treizième siècle jusqu’à l’ère Meiji (1868), ce sont les samouraïs qui règnent; leurs armures, leurs cuirassés, leurs sabres sont impressionnants de sophistication. Une salle expose de superbes paravents peints faisant état des rencontres entre japonais et européens, échanges situés au seizième siècle.

On en peut pas parler d’art et de culture japonaise sans évoquer non plus plus le théâtre et la couture. Le théâtre Noh trouve ses origines au quatorzième siècle, uniquement joué par des hommes portant tous un masque. Les mouvements sont lents, symboliques; les costumes deviendront de plus en plus sophistiqués. Et la version plus dansée, plus musicale, s’appelle Kabuki et est née à Kyoto trois siècles plus tard. La mode se traduit dans ces robes aux formes droites, aux tissus soyeux, aux broderies fines, appelées à l’origine Kosobe, l’ancêtre du kimono. Aujourd’hui encore nous croisons dans la rue, dans le métro, des dames et même des jeunes filles très élégamment vêtues du kimono traditionnel; le Japon est vraiment un pays de contrastes entre modernité, nouveautés et coutumes, traditions.

Le pluie ne s’est pas calmée pendant les deux bonnes heures de visite, il me reste des courses à faire pour regarnir les victuailles, avant de rentrer au chaud. En rue cela surprend toujours non seulement de voir et entendre surgir un camion pompier, une ambulance, une voiture de police, tous feux clignotants et sirènes retentissantes mais qui aussi diffusent par les micros un message aux usagers sur les routes et les trottoirs : nous imaginons qu’ils avertissent, qu’ils mettent en gardent, qu’ils demandent poliment qu’on leur laisse l’accès libre … amusant!

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