Miki et Minako viennent nous chercher à midi pour nous emmener manger et nous faire découvrir de nouveaux endroits. Elles sont tout heureuses de nous recevoir, c’est touchant. Minako travaille pour la maison d’édition qui a publié la version japonaise de BMG et Miki a sa propre affaire de consultance en marketing et business modèles. Elle est devenue une fan du Canvas, l’utilise énormément dans ses contacts avec les entreprises locales et vient de publier un livre sur les cas qu’elle a abordés. L’offrir à Yves est une marque de reconnaissance, même si le frein de la langue sera rédhibitoire.
Nous avons l’habitude de nous déplacer en métro mais nos deux compagnes préfèrent héler un taxi; je ne suis pas certaine que ce soit plus rapide et pourtant notre chauffeur est assez nerveux, il a la conduite brusque. J’ai l’impression que les taximen se ressemblent tous, cheveux grisonnants, lunettes, gants blancs, costume sombre; leurs taxis sont toujours nickel propres, les dentelles recouvrent les appuie-tête et les portières s’ouvrent automatiquement tant au départ qu’à l’arrivée!
C’est au Maisen qu’une table est réservée; ce restaurant, qui s’est établi dans le bâtiment d’anciens bains publics, a pour spécialité le porc pané. Il est accompagné de chou râpé, servi cru et nature – diverses sauces sont proposées pour accompagner légumes et viande – ainsi que du radis en purée. Ce n’est pas la première fois que nous recevons ce bol de purée mouillée blanche et Miki confirme que cela aide à la digestion. Nous ne sommes pas seulement les quatre; Masanao, professeur d’université à Kobe a souhaité rencontrer Yves car il utilise également la méthode dans ses cours. Son éditeur est justement le mari de Minako et le contact s’est ainsi fait rapidement – tout se sait très vite ici. Masanao semble tout impressionné de la rencontre et s’empresse de demander une dédicace. Les quatre repassent très souvent entre eux au japonais, le dialogue est parfois décousu mais l’ambiance est fort chaleureuse.
Le restaurant est proche de Omotesando et toute la troupe se met en marche vers l’avenue des boutiques de marque. Miki souhaite me faire découvrir d’une part un magasin de souvenirs, le Bazar Oriental (c’est bien un nom pour les touristes!) et je reconnais qu’il y a de très jolies pièces. Ensuite c’est Omotesando-Hills, un énorme centre commercial qui a remplacé un ensemble de petites maisons; j’avais lu l’information sur un guide sans y être encore venue. C’est génial comme concept; les boutiques se succèdent le long d’une sorte de rue en pente qui monte en lacets. L’architecte a creusé afin de ne pas dépasser la hauteur des anciennes bâtisses et a réussi à créer un espace géant sur cinq niveaux.
Masanao discute passionnément avec Yves tandis que les femmes regardent les vitrines ou les files de gens qui patientent pour du chocolat, une glace ou des popcorns. La proposition ensuite est de partir vers Shinjuku pour une grande librairie. L’enseigne du centre ne nous est pas inconnue puisqu’il s’agit de Takashimaya comme à Singapour et idem pour la librairie qui n’est autre que Kinokuniya où nous avons aussi acheté plusieurs livres à Singapour. Tandis que je m’intéresse à quelques mangas – ma connaissance sur le sujet est vraiment nulle – Masanao va acheter les deux ouvrages qu’il a écrits sur business models, pour les offrir. Nous voici donc avec trois livres business en japonais … bonne chance, Yves!
Miki et Minako nous font encore découvrir Tokyu Hands, un magasin géant sur huit étages avec tout pour bricoler dans la maison, au bureau; il s’appelle ‘creative life store’. Nous prenons tous les quatre un dernier thé avec une douceur, dans un salon aux produits chinois, où je me régale d’un pudding à la mangue adouci au lait condensé. Nous décidons de rester en contact, avec l’espoir de partager encore un agréable moment ensemble d’ici notre départ.
Avant de rentrer chez nous, je veux montrer à Yves le nouveau supermarché rénové au sous-sol de Matsuzakaya. C’est fou, l’ambiance qui y règne; tous les vendeurs crient, interpellent les clients pour vendre soit leurs salades, soit leur thon, … Le mélange entre les rayons du supermarché lui-même et les échoppes indépendantes tout autour est flou et dynamique. Il y a un personnel nombreux pour aiguiller, renseigner – avec nous c’est plus compliqué – et aussi pour former les files aux caisses (il ne faut pas croire que l’on peut se mettre où l’on veut), étrangement disposées au plein milieu du jeu. Il règne une telle cacophonie dans ce supermarché – je n’ai jamais rien vu de tel! Et c’est luxueux, un peu comme Globus, en nettement plus grand …