Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine

Visite de Takayama sous la neige

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Je n’ai pas encore parlé de la salle-de-bain, qui est un modèle réduit des anciens bains publics c’est-à-dire composée d’une partie où sur un tabouret très très bas, on se savonne, on se rince avec un baquet ou la douchette; une fois bien propre, on peut se détendre dans l’eau chaude de la baignoire. Et le Japon a de moins en moins de secrets pour nous …

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L’heure la plus tardive pour le petit-déjeuner était 8h et nous retrouvons la même table qu’hier soir. Nous ne sommes par contre pas encore assez japonais pour manger soupe-riz-poisson au saut du lit et c’est donc un menu européen qui garnit notre table, avec un foyer à la bougie pour fricasser soi-même œufs-lard-saucisses. Nous échangeons quelques mots avec un couple de français vivant à Tahiti et qui sont étonnés du froid. En effet il neige ce matin et eux ne sont pas du tout équipés pour se balader par ce temps, ce qui ne sera pas notre cas évidemment – notre veste en plume Uniqlo en deuxième couche fera l’affaire et nous sommes contents de retrouver nos chaussures à la sortie du ryokan!

Ainsi chaudement habillés, nous nous dirigeons tout d’abord vers le marché où chaque matin des paysannes s’installent pour vendre leurs légumes, leurs fruits, leurs légumes vinaigrés, leurs bricolages. Elles n’ont pas trop de clients ce jour et ne doivent pas avoir fort chaud, car en plus de cette neige qui tombe à gros flocons, le vent souffle en rafales.

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Nous nous trouvons  à l’entrée de Takayama-jinya, l’ancien château où vivait le clan Kanamori et ensuite le gouvernement des shoguns jusqu’au 19ième siècle. La première construction date de 1615 mais ce que nous visitons de nos jours en est la version reconstruite deux cents ans plus tard. On y visite de nombreuses salles de réception, les cuisines, des bureaux, des salles de repos ou pour le thé; on mesurait la taille des pièces en nombre de tatamis au sol. Elles sont toujours modulables, tout est parfaitement à l’équerre, les parois coulissent par simple glissement bois sur bois. Le jardin et la cour intérieure doivent être de toute beauté à la saison des feuilles et des fleurs. Les greniers à riz se visitent, sans photo autorisée; c’est là qu’était stocké ce que l’état percevait comme taxe auprès des paysans. Une salle de torture est reconstituée et illustrée – les sévices n’étaient pas légers!

Sanmachi suji est le nom de la vieille ville, principalement composée de trois ruelles dont plusieurs maisons sont classées « heritage houses« . Cela nous rappelle effectivement certains quartiers de Kyoto, avec des constructions assez basses, uniformes et de bois foncé. Elles renferment quelques musées mais surtout des commerces, des échoppes de nourriture, de biscuits, thé, d’artisanat, des restaurants et de chaque côté de la rue, une large rigole où coule l’eau en permanence. Quand on pénètre ces devantures, le décor est hors du temps; des plafonds bas, un sol en terre ou en pierre, des étalages superbes et bien garnis, sur une profondeur de bâtiment insoupçonnée.

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Plusieurs maisons hébergent des distilleries de saké; elles sont repérables par une grosse boule de feuilles de cyprès qui se balance au-dessus de l’entrée. On y déguste diverses variétés de cet alcool de riz et nous nous laissons tenter par une bouteille qui a reçu un prix d’or en 2013 et dont la tradition remonte à 1961. C’est vraiment l’escapade où nous devenons de plus en plus comme des « locaux« ! Et nous continuons à sillonner ce quartier typique qui est bien fréquenté et où s’entrechoquent les parapluies.

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Takayama est connue pour ses deux festivals de chars qui ont lieu l’un mi-avril et l’autre mi-octobre, aux changements de saison. Ces fêtes attirent des milliers de visiteurs venus admirer une douzaine de chars qui paradent pendant deux jours dans les rues; ils sont tirés par des figurants en costume d’époque et animés de marionnettes super sophistiquées. La nuit, le défilé se prolonge avec les chars éclairés de leurs multiples lanternes. Certains chars sont bien rangés dans une sorte de très haut garage; nous en avons repéré l’un ou l’autre dans la vieille ville.

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Le hall Yatai Kaikan en expose quatre durant toute l’année; c’est coloré et impressionnant par leur hauteur. Ils dateraient tous du 17ième siècle et la tradition se perpétue, attirant toujours les foules – les photos et courts-métrages font rêver. Ces chars sont montés sur roues mais il en existe un, appelé Mikoshi, qui fut porté à l’époque par 80 hommes et son poids est de 2,5 tonnes – une réplique plus petite le remplace, il devenait impossible de trouver 80 volontaires qui de plus devaient avoir la même taille.

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Ce hangar jouxte le sanctuaire Sakuramaya Hachimangu que nous trouvons fort joli, coincé à la montagne et la neige qui a garni la forêt aux alentours nous montre une image nouvelle de ces lieux de recueillement.

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Après un lunch yakiniku de bœuf Hida dont on se régale, notre motivation pour poursuivre par ce froid la visite de la ville est redescendue. Nous passons chercher notre bagage à l’hôtel avant de rejoindre la gare pour y réserver nos places sur les deux trains. Oups, l’employé au bureau JR comprend très bien notre demande mais nous avertit que tous les trains sont complets jusque 17h30. Il s’agit en effet de deux journées de congé pour le Japon; on célèbre le printemps … même s’il neige et les voyageurs sont nombreux partout. La valise prend donc place dans un casier de la gare et nous dans un bus qui nous amène à Hida no sato dans la montagne.

Ayant dû gravir quelques dizaines de mètres, le paysage est ici bien enneigé et ce n’en sera que plus beau dès que le ciel se dégagera de sa grisaille. Tout est prévu pour faciliter la vie des visiteurs; il y a non seulement des parapluies à disposition mais aussi des paires de bottes en caoutchouc en libre accès … incroyable, dans de nombreux autres pays, elles auraient disparu depuis longtemps. Hida no sato est un vaste parc où des fermes et maisons anciennes ont été reconstruites autour d’un étang; elles proviennent toutes de la région et datent pour certaines du milieu du 18ième siècle. Les toits sont en bardeaux ou en chaume, comme ceux que nous avons déjà admirés au musée en plein air de Tokyo. Toutefois la particularité des toits de ces fermes d’une région montagneuse est leur pente très forte; à cela, il y a deux explications : le rappel des mains en prière ou la neige qui ne peut s’y accumuler. Cet habitat traditionnel de la région du Chûbu se nomme Gasshô zukuri. Cette visite valait le détour, c’est paisible et les intérieurs sentent toujours bon la fumée, le bois, la paille.

La descente à pied nous permet de nous arrêter au Musée des Arts et l’intuition est excellente; ce musée a reçu la distinction de trois étoiles au Michelin. Le bâtiment est déjà en lui-même une belle réalisation; perché sur une colline, il offre une vue imprenable sur les Alpes japonaises du nord. Il est dédié à l’Art Nouveau avec une influence d’Europe. Nous y admirons une collection de verreries, dont une fontaine en verre de trois mètres de haut, réplique d’une des Champs Elysées, œuvre du maître verrier René Lalique. Des vases, des plats, des bijoux d’autres artistes comme Tiffany, Gallé, Marinot me passionnent plus que mon mari et ensuite une exposition de mobilier art déco nous permet de connaître Charles Rennie Mackintosh. La boutique du musée présente des objets souvenirs très tentants et le café, au décor et à l’ambiance Mackintosh offre une pause bienvenue.

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Le retour à la maison sera plus tard que prévu mais les trajets en train sont confortables. C’est vraiment appréciable de voyager avec des gens discrets et calmes. Les espaces sont agréables, rien n’est détérioré, la propreté est irréprochable – d’ailleurs les japonais ont l’habitude de rassembler eux-mêmes leurs déchets et de les porter dans les bacs à cet effet entre les wagons. Tout est prévu également pour que le trajet soit douillet, il y a des couvertures à disposition à l’entrée de chaque voiture et là non plus, elles ne disparaissent pas!

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