Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine

Papotage entre une suissesse et une japonaise

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Aujourd’hui je retrouve Sheena, une amie rencontrée l’an dernier; elle était l’interprète de Yves pour une de ses conférences et nous sommes toujours restées en contact. Sa situation a changé; elle est enceinte, elle a dû interrompre ses activités professionnelles et ils ont déménagé la semaine dernière. Ils se sont rapprochés de la belle-maman, ce qui est fréquent encore ici au Japon, même si celle-ci a une forte activité et ne pourra pas s’occuper du bébé. Mon amie pense rester une année à la maison à apprendre son métier de maman, c’est ainsi qu’elle le présente.

Elle a la trentaine, tout comme Benoit rencontré hier; elle est pure japonaise alors que lui est français installé ici et c’est amusant d’entendre la différence d’approche et d’analyse de la vie japonaise. Sheena a voyagé, elle a étudié en Californie pour son Master et a passé plusieurs mois en Europe. Même si elle reconnaît les avantages de la sécurité, du sens du service, de la propreté de son pays elle voit l’Europe comme un espace où la liberté est plus grande, où les gens prennent le plaisir de vivre, d’apprécier la nature. Elle rêve de grands espaces sans beaucoup de monde – tout l’opposé de Tokyo, sa ville de résidence.

J’aime l’idée qu’elle ne trouve pas d’explication logique au fait que les rues n’ont pas toutes un nom et qu’elles se tortillent; elle me confirme que c’est tout autant compliqué pour les japonais. Elle a souvent recours au téléphone si elle va à telle adresse, elle appelle dès qu’elle est proche de son point de chute et demande qu’on vienne la chercher à telle enseigne de Konbini par exemple! C’est un comble … son explication serait la reconstruction tous azimuts, sans plan global, presque dans l’anarchie, après les gros bombardements de 1945 et c’est depuis lors aussi que la verdure a disparu du paysage de Tokyo. Il est vrai que Kyoto, préservée par la guerre est une ville plus verte et dont les rues sont alignées à l’équerre. La tradition, les origines pèsent fortement sur une personne, je pense que sa vie restera par ici et je lui souhaite des voyages à la mesure de ses rêves.

Elle s’ennuie chez elle, ce retrait forcé du travail perturbe sa vision et ainsi notre rencontre tombe à point; moi aussi je suis ravie de pouvoir échanger avec une amie, tout-à-fait librement. Nous sommes deux bavardes et la journée passe à toute vitesse; elle sait combien j’attends la floraison des cerisiers et c’est d’ailleurs elle qui m’a envoyé en mars dernier une superbe photo toute en fleurs et en rose! Nous nous baladons dans le parc Ueno, un quartier traditionnel qu’elle aime particulièrement, où elle a vécu. Je lui fais découvrir les premiers arbres en fleurs à la base du parc; la température est tellement douce aujourd’hui, il y a du monde de sortie et elle s’en étonne elle aussi. C’est presque comme un jour de week-end. Dans l’allée principale, les agents ont dressé les cordes pour délimiter les zones latérales où les gens vont venir célébrer Sakura. Ils s’installent sur une toile bleue, font la fête à manger, à écouter de la musique et à boire; Kato me dira par la suite que c’est le seul parc de Tokyo où sont autorisées ces retrouvailles joyeuses, à même le sol et certains groupes se lèvent tôt pour réserver leur place. Ce n’était donc pas un mythe ce Cherry Blossom japonais … je crains toutefois de manquer le pic des festivités. Leur hiver fut exceptionnellement froid, avec des quantités de neige comme jamais vu et le printemps s’est fait un peu plus attendre.

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Je me sens bien habituée dans mon quartier, les magasins n’ont plus guère de secrets, je sais où trouver ce que je cherche pour mes repas et je papillonne de l’un à l’autre. Pourtant chaque jour je découvre une nouveauté; un magasin ‘tout à 100 yens’ (comme les one dollar) ou une galerie de boutiques très sympa juste sous la ligne de train Yamanote – aucun espace n’est perdu et ça se remarque tout au long des rails surélevés dans notre Ku. Je trouve toujours aussi bizarre dans le paysage urbain et compliqué pour les opérateurs, ces poteaux électriques aux fils tortillés dans tous les sens. Et pourquoi donc, dans les supermarchés, le sel et le sucre sont-ils voisins dans les rayonnages tout comme les marshmallows, les chocolats avec les chips – cela ne facilite pas mes choix!

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