Régis, son frère et 3 stagiaires de Archipelago Adventure emmènent nos jeunes tôt ce matin dans le pick-up pour une escapade en VTT sur les chemins escarpés de Bali, depuis les hauteurs de la montagne Batur – ils auront la chance de mieux apercevoir le volcan. Entre vingt et trente kilomètres sur routes et sentiers pour admirer, sentir la nature, s’arrêter dans des temples, observer le travail des rizières.
Olivier a lui envie de plage et de Hard Rock Café et c’est à Kuta que Made le conduit après nous avoir déposés nous deux Yves dans le centre d’Ubud. Ses rues que nous avons chaque jour traversées en voiture, j’ai envie de les parcourir à mon aise, en flânant. Elles sont une succession continue de galeries et magasins assez exigus, avec à l’arrière les zones d’habitation. L’organisation est très particulière, chaque enclos familial est entouré d’un mur d’enceinte fait d’argile ou de briques et contient plusieurs pavillons ; un temple dédié au culte des ancêtres de la famille, une cour centrale pour les activités communes, des pavillons d’habitation pour la famille et d’autres pour les invités, un grenier, des bales pour le tissage, la sculpture, etc. Nous apercevons certaines entrées, sans y pénétrer même si cela ressemble à des mini-villages – ces îlots préservés assurent l’intimité des balinais à l’écart des touristes qu’ils accueillent avec un grand sourire dans leurs commerces, cafés et restaurants. Nous sommes aussi souvent interpellés par des taxi-guides qui proposent de nous balader, de nous faire visiter leur région. Pour traverser les rues, on s’impose entre les vélomoteurs et les voitures mais rien de comparable avec Ho-Chi-Minh.
Le musée Puri Lukisan – littéralement le Palais de la Peinture – est logé dans un très joli jardin, magnifiquement entretenu, tel un oasis paisible au centre d’Ubud. Ce musée a été créé en 1953 par un prince balinais et un artiste hollandais qui s’inquiétaient de voir partir à l’étranger les œuvres des nombreux artistes locaux. Trois salles exposent des sculptures sur bois et des toiles d’artistes balinais, produites au vingtième siècle, où se mélangent les traditions de l’île et l’art occidental. Un thé ou café glacé, garni de friandises nous sont offerts pour prolonger ce moment de détente.
Puis en arrivant près du wantilan, l’espace ouvert dans la rue principale, où se déroulent des réunions ou des spectacles, un bruit soudain venu d’un arbre, tombant à nos pieds sur le trottoir me fait frémir – ce n’est autre qu’un serpent qui déguerpit rapidement dans les pierres. Un petit frisson et c’est reparti de l’autre côté de la rue vers le Puri Saren. Le Palace impérial ne se visite pas semble-t-il; nous pouvons juste pénétrer dans l’avant-cour ombragée encore bien garnie des décorations pour le mariage. Chaque soir la cour sert de cadre pour un spectacle de danse traditionnelle.
Dans mon guide, j’ai repéré un bel endroit pour manger, le Lotus Cafe, un restaurant sur pilotis devant un bassin tapissé de fleurs de lotus, où se reflète le Pura Taman Saraswati (Puri est un palais, Pura un temple). Après une assiette dégustation de spécialités locales, délicieusement parfumées d’épices et accompagnée d’un jus d’ananas frais, la petite visite du temple me plait beaucoup. Il est toujours important d’emporter avec soi son paréo. Un peu à l’écart de l’animation de la rue Jalan Raya Ubud, le calme et la beauté du site sont prodigieux.
Ubud est connue pour son grand marché, le Pasar, en partie dans un intérieur serré et étouffant mais aussi des ruelles un peu comme un souk, où tout se marchande gaiment. Des boutiques et des échoppes vendent toute la journée de l’artisanat et des en-cas. Yves patiente encore avec un bon café pendant que je m’offre pour cinq francs seulement, un foot massage de trente minutes! Mon masseur est expert, ses doigts tambourinent sur mes pieds avec force et cadence – magique, unique!
Made nous a conseillé de prendre un taxi pour rentrer; c’est sans connaître notre plaisir de la marche et surtout le sens d’orientation de Yves. Cela permet de faire encore du shopping visuel, de s’arrêter pour une boisson rafraîchissante, énergisante à base de fruits locaux, avant de prendre routes et chemins de plus en plus déserts et en nature. Des artisans, tisseurs de vanneries, tailleurs de pierres ou sculpteurs sur bois, des fabriques de briques en sable de lave, des mini-marts s’échelonnent le long des routes; beaucoup nous saluent et demandent d’où nous venons. Le tout dernier raccourci nous mène droit à la villa et nous découvrons le mode de vie très rural, pauvre et simple de nos voisins directs. Ils sont bien cachés dans la forêt, leur habitat est spartiate et comprend aussi un temple. Ils possèdent tous des poules, des coqs, une ou deux vaches juste pour la compagnie, paraît-il (on mange ici à Bali du porc et du poulet principalement) et aussi des chiens errants qui aboient de jour comme de nuit!
Il fait chaud et humide, le plongeon dans la piscine est plus que bienvenu après notre marche et la randonnée VTT des jeunes, tout en attendant Olivier et Made de retour des plages et des palmiers.
Le programme de ce soir a été influencé par nous deux Mélina et réservé par notre maître de maison. Il nous emmène au Laka Léké, pour un repas agrémenté d’un spectacle de danse balinaise. Barong & Kris dance est magnifique par ses costumes, la musique du gamelan, le décor et les éclairages. L’histoire raconte la conquête du pouvoir par deux royaumes qui s’opposent et deux rois qui se battent pour une jolie déesse. Le rythme, le mouvement, la succession des scènes nous donnent un super aperçu de leur théâtre traditionnel ; nous sommes fascinées par les danseuses à la grâce et la souplesse extrême jusque dans les pieds et les mains mais surtout par le jeu, l’expression de leurs yeux, de leurs pupilles dans un visage pour le reste totalement figé !
Les hommes supportent le spectacle, ils apprécient les mets savoureux, épicés, parfumés et joliment présentés; la perspective des nouveaux essais de cocktails pour ce soir les passionne davantage. L’Arak va remplacer la vodka et il se marie très bien aux limes et à l’ananas, sans oublier les sugarcanes. Komang, Thomas et Mathieu sont devenus experts en la matière!