Un petit déjeuner plus copieux s’impose ce matin avant l’ascension de notre montagne et c’est au Mocan & Green Grout que nous dégustons de délicieux oeufs pochés, une de leurs spécialités – par contre, nous ne nous faisons pas encore au ‘sour bread’ ni à l’âpreté du café australien. Ce restaurant fait partie du quartier NewActon Nishi, tout comme notre hôtel – un design heureux, alliant bois, verre et béton brut ; ils ont été notés 4.5 sur l’échelle Nabers qui ici en Australie mesure la performance environnementale comme les économies d’eau et d’énergie.
Isabelle a donc concocté un plan pour tous les deux : Mount Ainslie, qui culmine à 850 mètres, à l’emplacement d’un ancien village aborigène du nom de Kokoda, connu aussi pour les rudes combats menés contre les japonais durant la deuxième guerre mondiale tout le long d’une piste dont nous empruntons une partie. Le point de vue au sommet est formidable, donnant sur 360 degrés jusque bien bien loin. La délimitation de la ville nous apparaît clairement et nous apprenons que c’est en 1911 qu’un certain Walter Burley Griffin a conçu le dessin de la nouvelle Canberra, avec ce lac ou bassin artificiel ainsi que l’alignement des Parlements et du Musée de la guerre sur deux collines formant un amphithéâtre, les larges espaces arrondis de City Hill et Capital Hill.
La balade dans le bush australien nous fait un peu penser à la garrigue, sauvage et dans une forêt d’eucalyptus de diverses variétés – ils perdent une fois par an toute leur écorce en lambeaux croustillants sur lesquels nous marchons comme sur nos feuilles mortes en Europe (ici ce sont surtout les platanes qui vont se dénuder de leurs feuilles pour l’hiver). Cela donne de jolis troncs blancs, avec le feuillage qui persiste et leur parfum délicat qui embaume. Au Canada, Isabelle pense planter un érable dans son jardin de Lonay, à Singapour un Frangipanier, au Japon un Osmanthus et voici que j’ajoute ici un eucalyptus – mais Yves ne se formalise plus, il sait que dès mon retour à la maison l’idée se sera envolée ! À chacun de nous deux, ses intérêts : tandis que mes yeux explorent la flore, lui veille à la faune (que parfois je préfère éviter). Ainsi il repère de superbes perroquets rouges haut dans les arbres, mais ni serpent, ni lézard et pas non plus de kangourous alors que c’était un des objectifs premiers de la marche en nature. Ils se cachent souvent durant la journée, nous disent deux dames et chacun à qui j’ai demandé où les voir à Canberra m’a indiqué un spot différent.
Le ‘Memorial War Museum’ est un musée vraiment très intéressant et attrayant même s’il est le reflet très imagé de la participation des nombreux australiens aux combats des deux guerres mondiales. C’est le 25 avril 1915 que naît l’ANZAC, le corps armé commun entre l’Australie et la Nouvelle Zélande et dès l’année suivante, ils partent en renfort dans les Dardanelles pour la guerre à Gallipoli; ensuite ils combattront en France, en Belgique – des vitrines relatent des scènes de guerre notamment à Ypres, dans La Somme. La seconde guerre est présentée avec des avions, des films et parle largement de la guerre du Pacific, de l’invasion des japonais, de la piste de Kokoda.
Les noms des dizaines de milliers de morts au combat durant les guerres sont récités en permanence dans des hauts-parleurs et sont gravés par année et par bataillon sur les longs murs qui mènent au mémorial du soldat inconnu – le 25 avril dernier, le ‘Anzac day’, la princesse Kate et le prince William y ont déposé quantité de ‘poppies’ pour le centenaire de 14-18. Le coquelicot est un symbole pour les anciens combattants australiens de la première guerre (voir texte ci-dessous). Leur rouge éclatant ressort sur les longs murs de bronze également. L’Australie va célébrer aussi les 100 ans de l’Anzac, avec de nombreux événements tout au long de l’année et la surveillance est renforcée, notamment auprès de ce musée qui attire beaucoup de visiteurs – les forces de l’ordre, avec leur beau chapeau, ne nous semblent pas particulièrement agressives.
Et voici trois jours magnifiques où Canberra s’est fait connaître à moi, avec divers aspects de l’histoire, de la culture, des habitudes de ce pays d’accueil.