C’est drôle cette impression qu’on nous regarde, alors que nous portons chacun une caisse en direction de la poste ; Yves est certain qu’ils seraient venus les chercher à domicile mais je n’ai pas poussé le service aussi loin ! Nous serons probablement les seuls aussi dimanche matin à sillonner les trottoirs de Bunkyo-ku en tirant nos lourdes valises vers la gare de Ueno, alors que la ville s’éveille seulement, à 6h30.
Sheena a bien senti que la plupart des endroits touristiques, je les avais parcourus, alors elle me propose vendredi de passer un moment ensemble dans un endroit plutôt insolite. Un peu comme à Happo-en, il s’agit d’un endroit où les japonais se réunissent pour célébrer un heureux événement, pour partager du bon temps dans un cadre qui fait penser au passé, à la somptuosité des scènes du temps des empereurs. Gaoien Gardens est un espace de vie où pour quelques heures, tu t’échappes de l’effervescence de la ville pour plonger dans un décor de tableaux en bois sculpté, de dorures et de plafonds peints, de boutiques et de restaurants, de fontaine ou cascade, d’un jardin intérieur autour d’un pavillon typique. Distinguée dans son kimono, la serveuse nous installe dans un salon privé – nous sommes juste Sheena, sa petite Mizuka et moi-même pour un lunch au prix tellement abordable, dans un décor lui tellement superbe de simplicité, de sérénité. Mizuka semble aimer le sol en tatamis et aussi les pickles qu’elle suce sur mon doigt, puis elle s’endort tandis que nous bavardons – nous nous découvrons l’une l’autre, un peu mieux à chacune de nos rencontres et nous apprenons la culture de l’autre. Elle pourrait être ma fille, un moment fort de mon séjour.
Notre balade se poursuit dans le quartier de Meguro, elle va m’aider à dénicher quelques produits que j’aimerais rapporter ; j’essaie de lui expliquer quel type de sauce je cherche, elle croit savoir mais les emballages, aucun mot d’anglais et pour le transport, il me faudrait un contenant rigide et petit (en général c’est dans une grande bouteille en plastic que l’on trouve les sauces !). Elle m’emmène ensuite vers le centre commercial Atré, très élégant, puis à Ebisu Garden Place, et une fois de plus le mot « garden » n’a pas la signification que j’attends. Peu de verdure mais un quartier très moderne, des bâtiments imposants en marbre rose, des sculptures de Rodin et même une construction qui ressemble à un petit château à la française. Suis-je toujours à Tokyo ? Il paraît que c’est un endroit très fréquenté par les expatriés … en mal de style de vie occidental. Pour terminer en beauté cette journée ensemble, nous montons au dernier étage du building principal pour une vue panoramique toujours aussi impressionnante.
Samedi c’est la dernière préparation pour le retour en Suisse et l’agenda est déjà très rempli pour les deux petites semaines que nous y passerons avant de partir vers le Canada. Je remplis assez rapidement les valises, activité que mon amie appelle très joliment un puzzle, une sorte de jeu pour que tout rentre et trouve sa bonne place !
Une petite escapade dans les rues de Tokyo, en plein centre, dans l’animation de Ginza et je montre à Yves certaines de mes récentes découvertes. Un apéro au Pastis dans un café du nom de « Aux Bacchanales », c’est pour me réhabituer gentiment à l’Europe, tout en m’amusant à observer une mamy qui promène non pas son petit-enfant dans une poussette mais bien son chien et elle est drôlement équipée pour le faire boire et manger, le chiot. Dans ces rues piétonnes de Ginza durant le week-end, il y a du monde mais non pressé et c’est très agréable. Tandis que Yves est attiré par l’Apple store où il espère pouvoir acquérir une Apple Watch, je m’approche d’un attroupement – les gens prennent tout simplement en photo deux chats perchés sur un panneau de signalisation et on dirait bien qu’ils comprennent être les vedettes du jour ! On pousse la balade quelques rues plus loin toujours dans l’espoir de cette montre dernier cri, qui fait tant parler d’elle mais pas de chance, il fallait figurer sur une liste de réservation – c’est râlant de savoir qu’ils en ont pourtant … insister ne servira à rien (ce qui sort du cadre prévu n’est pas envisageable, dans la culture d’ici).
Le dernier souper sera un Yakiniku chez Jojoen au 38ème étage de la tour Ebisu Garden Place ; une grillade sur la table, du Wagyu Beef qui fond dans la bouche, Tokyo illuminée à nos pieds – « le décor idéal pour un selfie à la japonaise », me dit Olivier en voyant notre photo !
Demain c’est le départ, toujours avec l’espoir de revenir – ça facilite les séparations ; les toilettes vont vite devenir moins confortables, les métro et bus plus bruyants, par contre le fromage suisse est excellent et le chocolat de chez Kevin bien supérieur au Meiji !