Cette année, nous entendons parler du « haze » pour la première fois et pourtant en faisant des recherches sur Internet, je vois que les articles les plus anciens qui en parlent, datent de 40 ans. Ce haze est un brouillard de pollution amené par les vents depuis l’Indonésie lorsque brûlent les palmeraies dont les palmiers ne portent plus de fruits. Cette habitude indonésienne a pour but de fertiliser le sol et permettre de nouvelles plantations sur les mêmes terres mais la fumée qui s’en dégage peut être encore très dense jusque Singapour et donc nocive. Le gouvernement singapourien informe la population avec un indice journalier, heure par heure et mes amies possèdent cette application sur leur téléphone. En automne le taux est monté à des valeurs telles que l’on ne se voyait plus et que les écoles, les clubs sportifs ont été fermés – un peu comme en Suisse quand les températures dépassent les 32 degrés ou à Atlanta quand il gèle !
Hier il n’a pas gelé et je voyais encore le bout de mes pieds mais alors que j’étais à la piscine, le vent s’est levé (chouette, ça fait du bien) et le ciel a grondé, grondé si fort que l’orage menaçant a poussé le surveillant à nous inciter à rentrer chez nous. J’ouvre alors toutes les fenêtres, c’est la seule occasion où cela amène un peu d’air frais naturel et à peine une heure plus tard, je reprenais ma place au soleil dans une atmosphère agréable.
Pour le souper prévu avec un collègue chinois, je portais un t-shirt noir … grand bien m’en fasse car le menu se mange plus facilement avec les doigts (même lui a fait de même) et ça déborde de partout sur la table. La tradition chez les japonais est d’utiliser la lingette humide en début de repas par souci de propreté au contact de la nourriture mais ici j’aurais mieux fait d’attendre la fin pour m’en servir – mes doigts ont saisi du canard avec les morceaux d’os, des algues, ont décortiqué des crevettes à « pêcher » dans un bain de flocons de céréales – un vrai régal … comme les enfants qui ont du chocolat tout autour de la bouche … alors zut pour la propreté; les aubergines croustillantes panées dans de la soie de porc (traduction littérale 😉 sont aussi à recommander dans ce restaurant Putien à Vivocity. Notre hôte poursuivait la soirée avec un autre ami tandis que nous nous offrions une Ben&Jerry au caramel salé … après un nettoyage savonné des mains.
Jeudi midi je commence ma balade dans le quartier de Tiong Bahru avec une amie; on y trouve de très très hautes tours de logements qui ombragent les ruelles typiques de constructions plus basses des années 50. L’état tente de préserver un certain nombre de ces îlots où l’on ressent une ambiance de quartier sympathique. Mon passage au fameux Wet Food Market est tardif pour les étals de poisson ou viande. Les fleurs sont magnifiques de couleurs, on trouve des marchands de bazars de toutes sortes et aussi des objets en carton tellement drôles, pour le culte des anciens. Les chinois ont pour tradition de donner en offrande à leurs ancêtres, des objets qui pourraient leur servir, leur permettre une vie meilleure dans l’au-delà telle qu’ils se l’imaginent. C’est bien évidemment des billets de banque, mais aussi des bières, des voitures/vélos, des rice-cookers/casseroles, des gadgets d’électronique (iphone, etc.), des ventilateurs et j’en oublie un tas. Ces offrandes en carton se brûlent dans les chaudrons que l’on voit devant les temples et aux coins des rues.
C’est ma première montée au-dessus des immeubles Pinnacle@Duxton; la machine automatique pour y accéder avec ma carte de métro est en panne et c’est un concierge qui me laisse passer mais au cinquantième étage, c’est un tourniquet très sécurisé qui se met en route quand j’arrive (il me suit sur sa caméra de surveillance). J’ai un petit doute de pouvoir un jour ressortir d’ici car je ne repère pas de caméra près des portes de sortie … et je suis seule là-haut. Je parcours ce skybridge qui relie les sept immeubles (construction impressionnante !) – vue exceptionnelle sur toute la ville ou même l’île, les toits orangés du quartier chinois, la forêt de buildings de la finance, le port et son immense chantier naval, les parcs et les bois, … Et ce brouillard que j’aperçois dans la direction du nord, serait-ce le haze ?
Tout le monde peut être rassuré, je suis parvenue à quitter ce pré-paradis pour sillonner de près Chinatown, le Red Dot Museum, la fabuleuse maquette de île, le Buddha Tooth Relic Temple, les shophouses … et je me perds dans les souks chinois très colorés. Singapour se développe toujours, reprend des zones vertes pour de nouveaux buildings ou alors remet au niveau du sol ce qui est trop endommagé pour élever du neuf – sur les parois qui délimitent les chantiers, les ouvriers nous laissent un message d’excuse pour les inconvénients que cela procure …
Arrivée à Central, je décide que j’ai assez marché pour aujourd’hui; je ne le ressens plus par les pieds depuis que Thomas m’a choisi les baskets parfaites pour le climat de Singapour … le seul inconvénient est que je ne ressens donc plus non plus le besoin d’un massage réflexologie ! Il faudra quand même que je m’en offre un avant de partir …
C’est au Swiss Club (club très sélect où nous montrons patte blanche en franchissant le portail) qu’un repas entre francophones (deux belgo tout bientôt suisses, un italien, un français, une roumaine, un grec, une chinoise … vive la multi-culturalité!) termine notre journée, veille du God Friday férié ici à Singapour.
29 mars 2016 à 15:36
Je sais ce que je vais lire avec plaisir dans l’eurostar ! 🙂 Merci! Bisous
Olivier Poncin
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