Sur le flan de la colline que je descends pour aller faire mes courses, nous avons repéré le premier jour, un espace clôturé – Yves pensait que c’était pour les enfants et moi pour une raison horticole quelconque. Eh bien non, il s’agit d’un « dog run » ; c’est bien vu car les chiens sont interdits presque partout et en tout cas jamais sans laisse. Si on m’avait demandé où as-tu vu des chiens à Singapour, j’aurais répondu à Robertson Quay, le long de la river, un quartier où résident beaucoup d’expatriés. En nous y promenant d’ailleurs ce week-end, la rive nous a semblé bien vide; par contre, au plus grand des hasards, nous avons rencontré une connaissance de l’an dernier – lors d’un repas organisé par une collègue. Une seule soirée et nous nous sommes reconnus, sans avoir maintenu le contact. Il est possible que l’on se recroise cet été à Montréal, nous dit-il.
Le métro de Singapour est très bien organisé, fréquent et dessert très bien la ville. Il y fait calme, sans bousculades; les gens font docilement la file pour emprunter les escaltors et pour pénétrer dans la rame, en attendant que les sorties soient ok. De plus, les corridors sont vraiment larges et d’une propreté saisissante quand on pense aux milliers d’usagers par jour (posséder une voiture coûte vraiment cher). Le respect des autres, du travail des gens et des choses mises à disposition du public est exemplaire – même si on sait qu’il est en partie dû à la répression sévère en cas contraire. Des panneaux attirent souvent l’attention sur les missions des uns et des autres, sur les bonnes conduites, les bons réflexes à avoir en public. Cela donne en tout cas un environnement, un cadre de vie paisible, sécurisant et très agréable.
Nous habitons près de la côte au sud-ouest de l’île et rejoindre une adresse dans le centre est nettement plus rapide en voiture, en dehors des heures matinales et de sortie des bureaux. Uber est très confortable dans son utilisation et il existait déjà ici GrabCar, un système semblable mais local. Il ne semble pas y avoir de protestations des taxis singapouriens , sans doute à cause du nombre; Uber compte huit cents voitures face aux quarante mille taxis officiels. Nous empruntons les uns et les autres selon et dans les deux cas, je suis touchée par le fait que très souvent, les chauffeurs nous disent travailler des heures incroyables (jusqu’à 12h/jour et 7 jours/7) pour … payer les études de leurs enfants ! Tout le monde prend le taxi – pour se rendre au travail, pour aller au sport, pour faire ses courses et même les enfants à la sortie des écoles hèlent un taxi dans la rue pour rentrer chez eux.
Aujourd’hui c’est à Little India que je sors du métro, comme si j’avais changé de pays. L’ordre, la netteté, l’air aseptisé n’existent pas ici, c’est plus authentique – et chose étrange, chaque fois que je m’y promène c’est le jour du ramassage des cartons (ou alors est-ce une collecte quotidienne). Les étals de colliers de fleurs sont multicolores et parfumés – tout comme les nombreux restaurants ouverts sur les trottoirs qui laissent s’échapper des parfums d’épices. Les boutiques vendant/achetant de l’or, les saris en soie sont éclatants et plus visibles que les nombreux bureaux de trading dont on ne voit que l’enseigne au dessus de portes fermées. Je me sens tranquille, même s’il y a moins de feux pour traverser les rues, si le comportement des autos/vélos/camionnettes est plus chaotique et si à Little India, on ne croise quasi que les hommes (les femmes travaillent!). La sécurité pour moi qui aime me balader un peu partout seule, est vraiment appréciable – jamais je ne doute, ni je n’ai peur et ce même la nuit tombée (sans que je sois vraiment un oiseau de nuit !).
De l’autre côté du canal Rochor, je reconnais ce bâtiment à la forme originale (The Concourse building), la mosquée bleue puis celle du grand sultan; le quartier arabe est plus soigné, il y a plus de recherche dans la rénovation des boutiques et des façades des anciennes shophouses. Ce sont des bars à chichas, des restaurants turcs, libanais et je me fais plus interpeler par ici – ils cherchent le client. L’état a voulu limiter les permis de travail pour étrangers; par contre dans la restauration, nombreux étaient les serveurs malais, indiens, chinois, philippins qui se contentaient de plus petits salaires que les locaux – plusieurs établissements ont dû fermer pour cette raison.
Dans mon souvenir, il se trouvait dans Little India mais voici que je le retrouve par hasard au croisement de North Bridge et Aliwal street … mon salon de massage réflexologie ! Il y en a pourtant des quantités invraisemblables d’enseignes du genre mais c’est le Tang Dynasty qui m’avait séduit en 2012. La joie de le revoir doit se lire sur mon visage – juste une petite attente de 10 minutes et c’est parti pour une heure de bien-être.
Toute légère et heureuse, je continue vers le Malay Heritage Center, cette fois persuadée de pouvoir y acheter ma boisson bien-aimée au ginger. La dame me propose d’en déguster un sur place, ils n’en vendent plus – à mon air tellement déçu et voyant que je n’étais pas pressée de repartir, elle cédera et ira m’en chercher une boîte en cuisine. J’ai un peu insisté mais à en avoir goûté différents, le leur est sans aucun doute mon préféré !
Yves rencontrait lui une dizaine d’anciens HEC Lausanne dans un wine bar choisi par Laura et tenu par un belge, dans le même quartier. Il fait déjà nuit noire quand nous nous retrouvons pour un dernier verre au Parkview Square – c’est notre jour de chance, la serveuse au costume ailé se hisse encordée dans les hauteurs pour aller dénicher notre bouteille … un spectacle que nous croyions seulement exister dans l’imagination de ceux qui nous en avaient parlé … eh non, c’est bien vrai et unique !