Une nuit bien confortable dans un Boeing de la compagnie japonaise ANA me permet de rêver aux derniers jours de chaleur et de piscine et de projeter de belles rencontres et découvertes au pays où nous nous sentirons un peu analphabètes.
Mes deux derniers jours, je me les suis offerts tranquilles entre l’appartement (lessives – tris – valises) et la piscine alors que Aves donnait encore un cours hier matin. Sa visite à NUS a été très appréciée et lors du repas final, ses collègues l’invitaient déjà our l’an prochain. Ceux-ci ont été étonnés du restaurant que j’avais trouvé hier pour notre délicieux canard laqué – dans un black&white house, un cadre idyllique, sur Rochester Park, le Min Jiang – selon eux, un choix des meilleurs ! Malgré le nombre incroyable de magasins, de centres commerciaux, j’ai très peu acheté et ainsi mes deux valises suffisent et nous les retrouvons en bon état à Narita.
Kato, notre propriétaire, et le concierge nous attendent sur le trottoir en bas de l’immeuble, avec un grand sourire – j’ai conservé un contact écrit avec elle depuis deux ans que nous la connaissons. Avec raison, elle suppose que nous n’avons pas de questions sur l’appartement – nous nous y sentons un peu comme à la maison et cela nous plaît de retrouver la domotique, les gadgets de confort de la salle-de-bain. Nous sommes venus à pied depuis la gare de Ueno; la température a bien changé sur notre nuit et alors que nous trouvions déjà que Singapour est peuplé, ce n’était rien comparé à Tokyo.
Il faut se réhabituer au fait que le rouge et le vert n’ont pas toujours la même signification que chez nous. On peut monter dans le train seulement quand la lumière devient rouge, ainsi aussi pour les toilettes libres ou les taxis disponibles mais par contre les feux de circulation sont identiques aux autres pays. Les kobans, ces petits bureaux de police de quartier et les dépanneurs konbinis sont toujours aussi nombreux et c’est rassurant – ils vont souvent nous aider. Pour une métropole de cette importance, c’est étonnant de voir autant de vélos – la circulation est calme, les taxis sont nombreux et au désespoir de Yves, il semble qu’ils soient plus rares à porter les gants blancs.
Seules les grandes avenues portent un nom – heureusement écrit en anglais aussi – et cela rend beaucoup moins aisé l’utilisation de mon application maps.me qui m’a bien guidée à Singapour. Ici elle me montre les blocs gris des immeubles, quelques symboles en changes et l’aiguille directionnelle tourne souvent comme une girouette … Ainsi c’est à force de persévérance que nous sommes parvenus à retrouver le restaurant Marugo où nous avions souvenir de tonkatsu excellent. Ils ne nous ont pas rendu la reconnaissance facile car deux grands immeubles voisins du restaurant ont été ramenés au niveau du sol, c’était un de nos points de repère … ainsi que le mini sanitaire qui a lui été préservé. Nous sommes fiers et contents, d’autant plus que derrière nous dans la fille d’attente sur la rue, le patron vient poser sur un strapontin le panneau de « dernier client » (Yves se charge de déplacer le tout au fur et à mesure de l’avancement). Nous aimerions pouvoir plus communiquer avec les serveurs et le patron si l’anglais est peu répandu – nous leurs expliquons que nous aimons beaucoup leur cuisine et le décor rustique, typique, ils nous écoutent avec le sourire et nous répondent en japonais – un vrai dialogue de sourds, tellement joyeux !
Au Copy center en face de l’université, nous parvenons à choisir le type de papier, le format, le nombre de copies pour les canvas- le langage des mains aide et chance qu’il utilisent les mêmes chiffres (que ce soit pour un prix ou une quantité, ils les saisissent et nous les montrent toujours sur les calculettes pour vérifier la bonne compréhension, dans les deux sens).
Nos cartes Suica pour le métro sont toujours valables, nous les rechargeons et reprenons les réflexes pour emprunter le métro, trouver la bonne sortie, ne pas confondre les stations de métro et de train style Rer. Les écoliers portent un uniforme bien strict et cela va changer Yves des shorts courts, tops et tongs des étudiants de Singapour. Et les marques de costumes noirs doivent faire leurs affaires ici – tous les business men se ressemblent dans leur habillement!
Yves se demande si je me suis perdue … j’avais besoin d’une petite sieste mais j’avais trop envie de me faufiler dans le parc Ueno pour voir les cerisiers. Nos sommes vendredi après-midi et c’est noir de monde! Les groupes commencent à réserver leur emplacement, sur les bâches bleues au sol, les nombreux containers à déchets s’étalonnent le long de l’allée, certains ont déjà bien attaqué les boissons et des groupes d’hommes en costume de bureau risquent bien de rester là un moment. Certaines dames sont bien élégantes avance leur joli kimono coloré, revêtu pour venir se faire photographier devant les fleurs adorées. Un plaisir pour les amoureux et les enfants consiste à louer un pédalo sur l’étang. Et pour se restaurer, une allée regorge de petits stands où se cuisinent côte à côte des nouilles, des brochettes de poulpe, des pommes d’amour, des beignets de crevettes, des bananes enrobées de chocolat, des poissons grillées autour d’un brasero … ça sent trop bon!
Je passe au Bunka Kaikan, la salle de spectacles dans le parc Ueno, pour obtenir un programme anglais que je vais étudier – je vois juste que l’espoir d’un opéra est foutu. Un bain de foule un peu différent dans le grand marché de rue Ameyoko qui s’étend en largeur et en longueur sous les rails de la Yamanote Line – les échoppes y vendent vraiment de tout, c’est à celui qui crie le plus fort pour attirer le client. Les Pachinko (salles de jeux machines à sous) ont beaucoup de succès, c’est bruyant et enfumé. Et d’ailleurs dans la plupart des restaurants, il y a encore une zone « fumeurs ». Impensable pour moi, de me balader dans ce quartier sans me prendre une petite figurine dans les distributeurs à surprises – bonne première pêche.
Yves est lui tout content de retrouver un autre genre de distributeur -son café chaud dans une canette lui coûte le tiers du prix de ma figurine! Nous nous chipons presque les pièces de 100 yens. Le soir, les premières gouttes de pluie procurent à Yves le plaisir d’acheter un parapluie transparent au konbini du coin (le patron lui fait même une réduction de moitié … parce qu’il pleut justement!!). Je lirai que ces parapluies plastic transparent sont une originalité du Japon. Il en va de même à mon avis pour les rangements organisés des parapluies devant les musées.
Sheena nous souhaite la bienvenue par un message et elle m’attend dimanche chez elle, à la campagne.