Une bien triste journée de pluie, que ce soit à Tokyo ou à Kyoto; une drache qui a commencé le matin pour se terminer dans la nuit. Et vive les parapluies transparents et les bottes en caoutchouc – je n’en avais jamais vu autant de modèles. La matinée, nous la passons en partie dans le Shinkansen, bien à l’abri. Nous sommes six à partir en course d’école, avec Shin, Sheena, Watanabe et un autre membre de l’association BMIA (association de promotion et d’accompagnement de business models). Il n’est pas nécessaire de se chercher d’un bout à l’autre du quai de notre train, en gare centrale de Tokyo – Shin nous a donné le numéro de la voiture, les numéros sont inscrits sur le quai et c’est très précis.
Durant les trois heures de trajet entre Tokyo et Kyoto, je discute joyeusement avec Sheena tandis que Yves peaufine sa conférence de l’après-midi et avec l’interprète sous la main, ce sera picobello. Les japonais ne perdent pas de temps, ils emportent dans le train un bento pour leur repas mais rien, absolument aucun déchet ne restera dans le train (il n’y a d’ailleurs aucune poubelle à l’intérieur); chacun rassemble ce qu’il doit jeter et le dépose à la sortie dans les poubelles sur les quais ou même mieux, une employée attend à chaque porte du train avec un grand sac poubelle !
A l’arrivée, nous nous séparons dans la gare; notre hôtel sera le même qu’en 2012, je m’y rends seule en métro car en cas de pluie, un peu comme à Singapour, il est impossible d’attraper rapidement un taxi. L’équipe rejoint elle le Research Park en train, après avoir acheté de quoi faire leur lunch tandis que moi, une fois installée dans la chambre, je vais m’enquérir d’un restaurant. Sheena m’a chaudement recommandé de goûter du yuba, une spécialité de Kyoto (il s’agit de la peau qui se forme sur le lait de soja quand on le chauffe pour faire du tofu). La réceptionniste du Citadines Hotel semble bien disposée à m’aider, elle m’imprime même le plan d’accès … tout écrit en japonais et me voici partie en métro puis à pied vers mon but, parapluie et plan en mains.
J’ai déjà dit que les chiffres aident, j’ai donc compris que le restaurant se trouve au troisième étage … chance que de ce côté-là de la rue (rue sans nom bien sûr), il n’y ait pas trop de bâtiments à enseignes sur plusieurs niveaux. Première tentative vers une étage trois : je me trouve devant un beauty salon … le deuxième choix sera le bon! Contente et pas peu fière, je commande au bol un des trois menus proposés, que je savoure avec joie – une douzaine de petits plats succulents, dont j’envoie vite une photo à Sheena, qui mange son sandwich. Elle me félicite en retour et me redit combien le yuba est excellent pour la santé – je suppose par moi-même que le saké est aussi très bien.
Kyoto est une ville plus petite que Tokyo et on y parle encore moins l’anglais; toutefois sa topologie des routes bien quadrillées, aussi pour les lignes de métro, rend les déplacements assez faciles. C’est la pluie et la cacophonie des parapluies qui vont guider mon emploi du temps pour la fin de l’après-midi, à savoir explorer le marché couvert Nishiki avec ses plus de 130 commerces; il s’étend tout en longueur, en couleurs et les échoppes super bien présentées vendent des friandises, des souvenirs, des pickles, de la viande ou du poisson, de la nourriture cuisinée ici sur place … qu’est-ce que ça sent bon !! Mais je suis loin d’être la seule à avoir eu cette idée, on avance à la queue leu-leu et j’observe que Kyoto est une ville beaucoup plus touristique – je me retourne même assez souvent en entendant parler français.
Marre de la foule et ses bousculades, je me dirige vers le métro – sans reprendre mon souffle à l’air de la rue – pour rentrer à l’hôtel. Le repos sera de courte durée, un message me convie déjà à rejoindre le groupe de la conférence pour le souper. C’est en taxi que je pense plus facile d’y aller sans être trempée à l’arrivée mais le taximan me déposera à deux rues du bon bâtiment (sans que je ne m’en doute évidemment, il semble si sûr de lui) … je cherche, j’appelle Sheena, je me renseigne à un point d’information du Park de recherche – où la connaissance de l’anglais ne doit pas être une compétence requise – je persévère et retrouve enfin l’équipe qui nous invite au repas.
La conférence, heureusement traduite par notre amie, a eu un gros succès auprès des membres d’un important incubateur de Kyoto. Son directeur est un bon vivant, très enjoué; nous nous retrouvons une dizaine dans un petit restaurant local, nous occupons tout l’espace, tant c’est minuscule et le menu se cuisine juste à côté de nous. Une fois encore ce sont divers petits plats goûteux qui s’accumulent sur la table; le volume sonore monte à mesure que les bouteilles s’ouvrent et comme tous les asiatiques, ils prennent des couleurs et en oublient parfois que nous ne comprenons pas le japonais. C’est très drôle, on ressent profondément leur fierté pour leur pays et tout spécialement ces habitants de Kyoto qui ne désespèrent pas que leur ville, tellement chargée d’histoire, bien conservée en plus, redevienne un jour la capitale du Japon (le ministère de la culture serait d’ailleurs déjà revenu dans la cité qui a dirigé le pays avant Tokyo). Nous nous éclipsons les premiers, pour une marche digestive jusqu’à l’hôtel, les laissant continuer avec leur mélange bière-vin-saké : ils s’octroient la fête ce soir!