Blog d'Isabelle

Journal d'une Lausannoise en Asie, Australie et Amérique latine


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Valparaiso, la fantástico !

Finalement nous nous rangeons à la suggestion d’Alex, nous donnons à un chauffeur Uber l’adresse de notre hôtel à Santiago et celle de Valparaiso et nous pouvons nous détendre – pas besoin de chercher la ligne de métro, le guichet des autocars à la station centrale ni trouver le moyen de rejoindre l’hôtel à destination. Notre chauffeur est un jeune chilien, né au Danemark par contre et qui a justement grandi sur la côte à Viña del Mar; il nous sera un bon guide durant le trajet qui dure environ une heure et demi, par la seule route qui rejoint les 2 plus grandes villes du pays, la route 66 !

Après avoir quitté les beaux immeubles de Santiago, nous retrouvons comme au jour de notre arrivée, les étendues de quartiers excessivement pauvres et sales, ressemblant à des bidonvilles – selon Knud c’est une plaie dans toute l’Amérique latine. Puis ce sont les contreforts arides et sablonneux des Andes, où pousse une végétation clairsemée et sèche, avec de hauts cactus; il nous dit observer un changement de climat depuis les 15 dernières années, comme si le fameux désert d’Atacama se rapprochait. On voit peu de vie sur ces larges étendues, quelques fermes avec des chevaux et des vaches qui cherchent leur verdure et au-dessus de nos têtes parfois des volées de condors.

La région de Casablanca, vers l’Ouest, est réputée pour son vin; tout devient plus vert dans cette plaine qui s’élargit. Les champs de vignes bien alignées sont immenses, les rangées ne sont pas ici bornées par un rosier comme à Lonay, mais par un beau plant de lavande et ce sont de majestueux palmiers qui entourent les allées et certaines parcelles. On peut également voir des cultures de maïs, d’avocats, des productions d’agrumes et de tunas; dès que la vue s’éloigne de l’autoroute, ce sont des pistes en terre qui amènent aux fermes et résidences. Le tuna du Chili, est un fruit du cactus; demain dans un bistrot de Valparaiso, je dirai à un serveur qui m’avance une carte de menu où je reconnais le mot Tuna, que nous aimerions seulement boire un jus de fruits et non manger … il me confirme que c’est bien la carte des jus de fruits et explique que le tuna est un fruit local, à la saveur proche d’une figue de barbarie. Le jus de Tunas et Naranjas est excellent !

Plus loin de jolies productions d’olives, dont il semble que la destination soit fréquemment l’Espagne quand ils en manquent là-bas; la moitié des olives vendues comme espagnoles proviendraient en fait du Chili. Toutes ces informations nous viennent de notre chauffeur et je ne prendrai pas la peine de les vérifier; il a étudié l’agronomie ici au Chili et ceci nous incite à le croire. Des forêts plus denses bordent la route 66 à mesure que nous approchons de la destination; ces forêts sont quasi chaque été amputées à cause de la sécheresse, par des feux gigantesques et affolants, nous en voyons des traces à plusieurs endroits mais cette année les grandes dévastations par le feu ont eu lieu plus au sud du Chili, et seraient d’origine criminelle.

Valparaiso est un port sur le Pacifique, créé en 1541 par les espagnols; la ville est construite sur les flancs de collines vraiment abruptes avec des ruelles qui plongent vers l’océan, des voies tortueuses, des escaliers et c’est la ville des funiculaires/ascenseurs. Les locaux les empruntent tout autant que les touristes; en 2003, le centre historique de Valparaiso est reconnu patrimoine culturel par l’Unesco. Avant l’arrivée des espagnols, ce sont les Chango, des indigènes principalement pêcheurs et des indiens Picunche, plutôt eux agriculteurs, qui occupent la région côtière. Valparaiso (littéralement Vallée du Paradis, les conquistadors tombent sous le charme de la baie) prend son nom au 16ème siècle et fut créée par Pedro de Valdivia pour donner un port à la ville de Santiago, qui se situe à 120km dans les terres.

C’est le principal port du pays, il a subi de nombreuses attaques de pirates, il fut aussi dévasté par des tremblements de terre et des raz de marée. Aujourd’hui le centre historique de la ville nous semble toujours aussi paradisiaque car dès le 19ème siècle les travaux de rénovations et l’attrait des artistes ont enrichi ses ruelles de couleurs, de peintures murales innombrables, énormes et fantastiques. C’est époustouflant et les appareils photos ne savent où crépiter – de plus la chaleur estivale balayée par la brise de l’océan lui offre un climat idéal. Heureusement Angelica à l’hôtel nous a dessiné sur un plan, un itinéraire bien utile; Yves est aujourd’hui mon guide, avec ce tracé que nous suivons à la lettre et ainsi je peux me focaliser sur les photos. Il y a des touristes mais en nombre vraiment parfait (ni trop ni trop peu). Et encore plus qu’à Santiago, les chiens errants sont partout … attention où l’on met les pieds, non pas pour leurs crottes mais parce qu’ils dorment souvent couchés de tout leur long là où on ne les attend pas. Les ruelles sont toutes faites de pavés, assez glissants ; les moteurs des voitures doivent souffrir et celui qui passe ici son permis de conduire est un as des démarrages en côte ! Les véhicules sont assez vieux, d’anciens modèles même, beaucoup de coccinelles – et si l’on veut prendre un taxi, il est recommandé d’appeler un taxi bleu.

Sur la recommandation de notre hôtesse, après la Plaza Sotomayor, nous nous offrons également une visite en bateau du port et de la baie. La vue depuis le Pacifique nous montre l’étendue incroyable de cette ville pentue (250’000 habitants) où les ruelles qui tombent toutes droites à pic font penser à des tracés de pistes de ski dans nos montagnes (image purement personnelle ;-). Nous pensions les sud-américains plus exubérants, bruyants et depuis notre arrivée, à maintes occasions, nous nous apercevons qu’ils sont au contraire calmes et posés. Sur notre petite embarcation, l’excursion se déroule si agréablement, les gens ne parlent pas fort, seul le guide est lui très volubile pour crier ses commentaires mais tout en espagnol et avec un débit qui nous échappe … le plaisir des yeux suffit largement; nous approchons non seulement des petits bateaux de pêcheurs, d’énormes porte-containers mais aussi d’un phoque installé sur un flotteur, il fait le beau et semble savoir qu’il est l’une des attractions des touristes.

Angelica nous a été également d’un excellent conseil pour les restaurants. A l’heure du lunch (où nous sommes toujours les premiers avec nos montres suisses ;-), nous dégustons au MM450, un assortiment de ceviche. Ce régal est une spécialité des côtes pacifiques; du poisson cru, coupé en cubes, marinés dans beaucoup de citrons, avec des avocats, des fruits, des feuilles de coriandre et autres épices savoureuses … miam miam. Le soir ce sera au Mito que nous mangerons une cuisine également chilienne (mélange de cuisine espagnole et mapuche, des populations natives), avec une purée de pommes-de-terre et maïs, agrémentée de morceaux de tomates, d’oignons et d’épices formant un lit pour un délicieux poisson grillé.


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Les contrastes

Le Pueblito Los Dominicos se trouve à l’extrémité de la ligne de métro L1. Derrière le monastère dominicain et l’église attenante San Vicente Ferrer aux dômes de cuivre vert, nous découvrons ce village qui a conservé son aspect rural. C’est vaste et paisible, coloré et original. Fin des années 70, se sont installés ici des ateliers et des magasins d’artisanat. La plupart des artistes et des artisans créent, fabriquent sur place leurs oeuvres ou simplement les vendent, dans un décor traditionnel fort agréable. Certains travaillent le cuir, le cuivre, le bois, d’autres façonnent la terre, le verre, la pierre semi-précieuse du Chili, le Lapis-lazuli ; on admire de jolis tableaux ou des ouvrages en laine d’alpaga … quelques volières animent le bourg, beaucoup de chats se faufilent dans les ruelles de terre ou se cachent du soleil sur les toits de tôle ombragés par une végétation abondante et c’est ici que je déguste ma première bière locale (brassée en Patagonie … donc pas si proche que cela). Tout est propre, coquet, fleuri – magnifique !

Passer du traditionnel à la modernité, voici mon parcours de la journée; deux extrêmes qui me plaisent tout autant. Je laisse le métro me conduire jusqu’à l’office de tourisme et je remonte ensuite l’avenida Providencia, sur des trottoirs noirs de monde … des gens qui marchent mais aussi beaucoup de vendeurs ambulants de toutes sortes de babioles ou nourriture et boissons. Mon point de mire est la Tour du Costanera que je dépasse pour parcourir l’avenue Isidora Goyenechea dans le quartier El Golf qui jouxte Las Condes où nous résidons. Ici les immeubles hauts, aux parois de miroirs, bordent des restaurants aux terrasses fort sympathiques (repérage pour de futurs soupers); cet arrondissement est surnommé Sanhattan, par concaténation de Santiago et Manhattan.

Ce jour Yves est interviewé par une journaliste d’El Mercurio, un des deux gros acteurs médiatiques du Chili. Cela se passe dans le lobby de l’hôtel et la curiosité du personnel de la réception est bien attisée en voyant le photographe installer son matériel… Yves ne passe pas vraiment inaperçu.
Et ce soir nous retrouvons avec un énorme plaisir notre ami chilien Alex, perdu de vue depuis 2008 et faisons la connaissance de son épouse Sigal. La soirée est longue, beaucoup à se raconter autour d’un repas excellent – ils ont choisi de la cuisine péruvienne qui selon eux, surpasse les spécialités purement chiliennes. Ils s’étonnent que nous ayons déjà si bien récupéré du décalage horaire et aussi nous mettent en garde sur des endroits ou des comportements susceptibles d’attirer des mauvaises intentions … amusant de voir qu’ils semblent plus inquiets pour nous que nous ne le sommes nous-mêmes. À réfléchir toutefois pour notre voyage de demain … la nuit porte conseil.


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Tour de la ville

Oh, j’ai super bien dormi, le quartier est calme à Las Condes, nouveau centre de la finance et des affaires. Le vol a été long mais avec seulement 4 heures de décalage horaire, je me sentirai très vite à l’heure à Santiago.

Le petit-déjeuner sur cette même terrasse au 17ème étage, laisse présager d’une journée belle et chaude – le vent « d’altitude » est toujours le bienvenu à Piso 17. Le buffet est assez classique, bien garni et les fruits sont succulents, goûteux et pas acides. Nous allons nous régaler de jus de fraises, framboises et naranjas.

Il faut toujours écouter les conseils de son petit frère … et nous voici embarqués pour un tour de la ville dans un bus Turistik hop-on hop-off. Au départ juste derrière l’hôtel, nous sillonnons les rues de Las Condes et El Golf; ce sont ici les bâtiments de plus belles architectures de la ville. Des logements sont récemment venus se construire proches des lieux de travail et on peut observer que les balcons sont bien garnis de verdure; certains buildings ont même une façade entière de plantations. A la plaza Peru, nous viendrons dimanche pour le marché d’art hebdomadaire, ce sera à 5 minutes à pied.

Le bus file vers le centre commercial Parque Arauca, un mall gigantesque aux marques prestigieuses – il est assez décentré pour moi, sans accès métro facile et il faut reconnaître que les distances sont vraiment grandes. Notre première halte sera donc au pied du Funiculaire qui nous monte à la célèbre statue et sanctuaire de l’Inmaculada Concepcion, qui se dresse toute pure sur un socle de 8 mètres d’épaisseur … cela donne la proportion de la vierge elle-même. Le parc est joli, fleuri et bercé d’une musique d’Ave Maria touchante – un lieu paisible, de silence d’où la vue sur la ville est fantastique. Il y a également un Teleferico qui permet d’accéder au somment de ce Cerro San Cristobal qui culmine à 860 mètres.

La Maison de Pablo Neruda, la Chascona, est une visite fort plaisante; sa maison, devenue musée et siège de la Fondation est construite bizarrement en divers petits morceaux, où uniformément la passion de l’artiste pour la mer, le naval se ressent dans la forme des pièces, la décoration, les ouvertures, les couleurs. Sa compagne Mathilde y a vécu jusqu’à ses derniers jours et a fait son possible pour protéger un maximum du patrimoine lors du coup d’état militaire de 1973, .

La grosse saison touristique doit être terminée, la rentrée scolaire a eu lieu la semaine dernière et ainsi nos visites se déroulent sans files d’attente trop longues. Par contre la circulation se densifie au fil des heures; je trouve qu’il y a surtout beaucoup de bus – assez vieillots – et de taxis, noirs aux toits jaunes. Les conducteurs chiliens semblent bien plus calmes que leurs ancêtres espagnols, tout se passe sans nervosité et presque sans klaxons. Je pense que je me sentirai en sécurité pour autant que je reste sur les circuits fréquentés car il y a beaucoup de policiers partout, hommes et femmes, en voitures, motos, à pied – aux carrefours, aux entrées de métro, de magasins.

La Plaza de Armas est le centre historique de la ville, c’est ici que Pedro de Valdivia a créé Santiago en 1541; une grande place carrée entourée de bâtiments culturels (musées, basiliques, etc) et où les chiliens se retrouvent pour jouer aux échecs, pour admirer les artistes ambulants. Après un bain de foule dans les rues piétonnes très animées aux alentours, nous nous réfugions dans la cour du Musée d’Art PréColombien pour un lunch (qui nous paraît tardif mais qui finalement s’acclimate très bien à l’horaire du sud).

Le Palais Présidentiel, la Moneda, anciennement palais de la monnaie, est imposant et sans doute l’édifice historique le plus lumineux et prestigieux que les espagnols aient construit dans leurs colonies en Amérique Latine. Un drapeau chilien vraiment énorme ondule au gré du vent sur l’Avenue Libertador Bernardo O’Higgins que nous remontons à pied un moment, longeant ainsi la Cerro Santa Lucia, un marché d’artisans à venir découvrir, l’église San Francisco à la façade rouge, diverses universités dont la Pontificia Universidad Catolica de Santiago où Yves est l’invité.

Le bus s’éloigne de la trajectoire d’une grosse avenue pour nous faire découvrir des rues résidentielles verdoyantes. L’avenue Providencia doit son nom aux religieuses venues du Canada en 1850; elles auraient dévié de leur destination première qui était l’Oregon (soumis à des inondations importantes) et se seraient laissées embarquer sur un navire chilien. Les terres de ce quartier leur sont données pour autant qu’elles poursuivent leur mission d’éducation et de soins auprès des populations locales pauvres.


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Départ pour le Chili

Me revoici sur le blog après de longs mois d’absence. La destination est une première pour nous, l’Amérique latine  qui nous paraissait toujours si lointaine et qui pourtant nous tentait. C’est à Santiago de Chili que Yves reçoit des invitations nombreuses, tant à l’université que pour des incubateurs ou même des entreprises locales. Le voyage se prépare en peu de temps et je n’irai pas très loin dans mes cours Babbel.

Nous décollons de Paris Charles de Gaulle le lundi 27 février à 23h40, pour un vol de plus de 14 heures à bord d’un Boeing de la compagnie Air France. Les menus sont dignes des grands chefs français, paraît-il … mais je pense que je dors déjà avant même le décollage ! Les turbulences sont nombreuses, sans toutefois trop perturber mon sommeil et je me réveille en bonne forme … pour le survol magnifique de la Cordillère des Andes ! Un paysage à couper le souffle, qui fait oublier la durée du vol. Un massif montagneux énorme, aride, sans traces de passages – seuls les sommets les plus élevés (certains atteignent les 7’000 mètres) sont encore enneigés et je comprends mieux pourquoi le Chili peut être comparé à une île, isolé des autres pays. Il est bordé par le désert d’Atacama, jugé le plus austère au monde, par la Cordillère, par le pacifique et le détroit de Magellan.

L’arrivée à l’aéroport, les passages immigration (le préposé ne parlant que l’espagnol, l’interrogatoire se veut très rapide et succinct) et douane (2 reniflements de chiens avant de passer nos valises au détecteur) s’enchaînent aisément et à la sortie, Edouardo de l’hôtel nous attend avec un panneau Isabella Pigneur. Il fait beau et chaud, moins humide qu’à Singapour. Les 20 minutes dans le taxi pour rejoindre l’hôtel nous montrent une facette de la ville qui ne me plait guère; beaucoup de quartiers très pauvres, de maisons précaires aux toits de tôle, aux abords gorgeant d’immondices. La rivière est pratiquement à sec en cette saison d’été finissante et sert de dépôt de déchets en tout genre.

Le concierge de l’hôtel est très gentil, serviable et nous conseille très bien pour nos premières heures, en attendant que la chambre soit prête. Destination le centre commercial Costanera, en passant par les rues Helvecia et Zurich ! Ici on ne s’embarrasse pas toujours d’ajouter rue, chemin, etc … notre adresse est simplement Ebro 2828. Les pickpockets sévissent souvent, dit-on, dans les centres commerciaux et les lieux touristiques; il est conseillé de porter son sac à dos sur l’avant … mais moi, je pense que je m’annonce vraiment comme touriste si je le porte ainsi, alors que les locaux le portent sur le dos !

Costanera Center est intéressant tout d’abord pour son point de vente Nespresso et aussi pour sa Sky Tower, sinon la mondialisation a ce désavantage de retrouver partout à travers le monde les mêmes grandes enseignes. Nous avons déjà faim vers midi et nous sommes les premiers clients au Mila – où je commande des tapas locaux, excellents, en quantité plus que suffisante (heureusement, le serveur nous propose un doggy bag)!

La Sky Tower Costanera est récente, son architecture élégante a été dessinée par l’architecte des Petronas Twin Towers de KL (l’argentin Cesar Pelli); celle-ci culmine à 300 mètres au-dessus de la ville, le plus haut building d’Amérique latine – ils sont aussi du genre ici à avoir tout « le plus » quelque chose. Oh que la ville est gigantesque (la population de la suisse dans cette seule capitale), elle s’étend au loin, bordée par les sommets des Andes, avec peu de hauts buildings, de la verdure assez présente. Eh oui, c’est grand … je vais certainement beaucoup marcher, user mes Dolomites vertes et avoir besoin de les remplacer pour les prochains voyages, Thomas !

L’installation au Plaza EL Bosque Ebro est rapide et nous ressortons, repérer le métro le plus proche – Tobalaba – où nous nous procurons déjà nos cartes de transport Bip. Les OK markets sont les dépanneurs du coin et j’ai également déniché un petit centre de photocopies (entre mes quelques mots d’espagnol et un peu d’anglais, on se fait comprendre). Les boîtes envoyées par Fedex sont bien arrivées mais du matériel supplémentaire sera certainement nécessaire.

Le choix de l’hôtel s’avère idéal au premier abord (j’y ai passé des heures et des heures à cette recherche). La chambre est spacieuse, avec un coin salon/bureau et une kitchenette – il y a même une machine à café, malheureusement pas une Nespresso. Au 17ème étage, une piscine et de chouettes chaises longues feront mon bonheur après mes grandes heures de marche. Et le Club Piso 17, avec sa terrasse surplombant le quartier, propose des afterwork alléchants : deux mojitos pour le prix d’un et une carte de spécialités qui clôturent en beauté notre première journée …et les suivantes, peut-être aussi !


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Derniers jours à Tokyo

Notre séjour touche à sa fin, le temps est venu de trier les affaires, faire des lessives et déjà ce sont les gens de Montréal qui remplissent notre agenda – enfin, surtout celui de Yves. Les réservations de vols et d’hôtels pour les déplacements depuis le Canada s’organisent et je fais ma to-do liste pour ce prochain séjour. Pour notre mois à Lonay, c’est Melina qui m’a prévu des gardes de ma petite Lucie et j’en suis tellement impatiente.

Sheena travaille à Roppongi et je la rejoins ce vendredi pour un dernier lunch en sa compagnie. Nous choisissons un restaurant chinois dans l’immeuble Roppongi Hills et cela me fait plaisir de revenir un moment dans ce quartier des affaires, animé la semaine par les gens qui y travaillent et le week-end pour les loisirs (musées, cinémas, …) et le shopping. Elle aimerait venir nous voir en Suisse, cet été peut-être avec sa petite Mizuka. Elle a organisé son travail pour pouvoir rester discuter avec moi et même m’accompagner jusqu’au magasin Muji de MidTown. Sur une petite place, les guirlandes de poissons en tissus sont déjà suspendues au-dessus de nos têtes et se balancent au vent. Mikiko m’a expliqué que ce sont des carpes koï; les familles en mettent aussi devant leur porte au moment de la fête des enfants. Il y a la fête des filles début mars et celle des garçons début mai – je crois qu’ils aiment les fêtes dans ce pays. Roppongi – MidTown, c’est tellement différent du Tokyo de Yushima – Ueno où je vis; comme si je passais de l’effervescence, de la modernité, du bruit de la ville au calme, à la tradition de la vie rurale.

Revenue à Ueno je me laisse tenter par le Peonies garden. J’ai eu la chance d’admirer le Sakura de cerisiers, de toutes les sortes, des azalées et voici la pleine floraison des pivoines, fleur sacrée en Asie et souvent représentée sur des toiles ou des porcelaines. Yves me dira en voyant mes nombreuses photos : et bien oui, ce sont des pivoines ! Elles sont toutefois tellement bien présentées dans ce jardin, abritées joliment par des wagasa, ombrelles japonaises faites de bambou et papier washi et des toits de roseaux ou bambous, que la beauté de la fleur elle-même ne peut laisser indifférent; elles paraissent si délicates. Ce jardin a été aménagé en avril 1980, en même temps que le sanctuaire Toshogu, pour marquer l’amitié entre le Japon et la Chine (amitié toute relative je pense) et il se compose aujourd’hui de 110 variétés de pivoines, c’est une véritable attraction. En sortant j’admire la porte toute rénovée du sanctuaire, avec ses dorures et ses dragons à la mode chinoise. L’allée des grandes lanternes de pierre, la pagode toute proche donnent le décor du mémorial pour Hiroshima où brûle en permanence une flamme et où s’accumulent des grues en origami.

Un Yakiniku et un Shabu Shabu à volonté seront nos deux dernières dégustations culinaires, que nous savourons comme de « presque vrais » tokyoïtes. Yves goûtera également au maquereau grillé lors de notre balade dans le quartier de Yanaka que je me plais à lui faire découvrir, avant de m’octroyer – puisque les valises sont bouclées – un dernier moment de zénitude dans un bain public onsen … là aussi en vraie japonaise, si ce n’est que le onsen a le même effet sur la couleur de mon visage que le saké pour eux … et bien sûr … mon apparence !!


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Découverte de Kanazawa

Kanazawa est une ville de 500’000 habitants située au bord de la mer du Japon, dans la préfecture d’Ishikawa, une région réputée pour sa nature et sa gastronomie. L’accès y est rapide depuis une année alors que le Shinkansen permet de s’y rendre en direct depuis Tokyo, cela a fait croître le nombre de visiteurs et le train est bien rempli. La gare est grandiose, œuvre de l’architecte japonais Tameo Kobori, comme une large cathédrale de verre et une entrée en bois côté Est en forme de portique de temple typique de la région.

Les habitants sont bavards, ils aiment parler avec nous et le taximan babille sans arrêt, nous explique probablement ce que l’on voit sur la route qui nous mène au Musée d’Art Contemporain, appelé musée du 21ième siècle. Sa forme ronde, dessinée par le bureau Sanaa, est originale; l’espace est lumineux, très blanc pur et présente peu d’œuvres dans chaque salle.

Le château de Kanazawa est le premier château que je visite, il n’en reste que quelques-uns de l’époque féodale dans le pays. Il fut la résidence de la famille Maeda depuis la fin du 16ième siècle, il fut détruit par les flammes fin du 19ième; une partie seulement fut restaurée et ouverte au public en 2001. Il trône comme nos châteaux forts sur la colline, son ossature bois est typique et nous est présentée en détail dans les salles que nous visitons. Le bois utilisé provient en grande partie de la région, du cèdre rouge japonais, du pin, du cyprès japonais et aussi du cèdre blanc d’Amérique. La forme des tours est carrée, les murs en bois recouverts de pierre claire, les portes sont très belles, les toits courbés et les fenêtres sont dépassantes vers l’extérieur – le bas pouvait se lever pour permettre de jeter des projectiles sur l’ennemi envahisseur. La maquette nous montre que c’était pratiquement tout un village qui entourait la famille régnante.

Externe aux douves du château, se trouve le fameux Kenrokuen garden, le troisième plus beau jardin japonais selon les experts. Sa première esquisse date de 1676 et aujourd’hui il s’étend sur dix hectares, ce qui n’est pas de trop pour accueillir tous les visiteurs! C’est avec une bonne glace au macha que je parcours les allées, admirant les érables, le jeu de couleur des mousses, les pins qui sont soutenus par des pieux, les étangs où se reflètent végétation, lanternes, pont, pavillon ou maison du thé. Il reste quelques cerisiers en fleurs mais c’est la saison des iris d’eau qui pointe son nez.

La marche n’est pas trop longue pour rejoindre Nagamachi Bukeyashiki-ato, le quartier résidentiel des samouraïs, avec ses ruelles étroites pavées de pierres plates, ses habitations basses cachées derrière des murs en torchis. Les japonaises s’y baladent en kimonos, ce qui ajoute un charme supplémentaire à cette atmosphère traditionnelle. Mikiko m’a conseillé un petit salon de thé, où assis face à un jardin tout mignon et paisible, nous dégustons un macha avec des sucreries à base de haricots rouges, comme il se doit. Le délicat arrangement floral, le service à thé, la soucoupe en argent sont d’une finesse tellement touchante. Juste à côté, la résidence Nomura date de l’époque féodale, c’était une famille connue de samouraïs du clan des Maeda. C’est une maison traditionnelle, avec ses tatamis au sol, ses parois coulissantes, ses peintures et ses calligraphies, son autel de prière et son beau jardin.

Après un Teppanyaki excellent, seuls dans ce petit restaurant, nous rejoindrons l’hôtel. Le bœuf qui nous est préparé par le cuisinier est tendre mais celui-ci n’est pas du tout bavard, même un peu trop timide, alors que la dame qui nous sert, une dame très distinguée, d’un certain âge, avec le visage couvert de poudre blanche, est elle très gentille. L’hôtel choisi, est de construction très récente et nous y trouvons un style japonais moderne, avec des panneaux, du bois, une salle de bain typiquement japonaise, une porte de chambre qui coulisse et ouvre d’abord sur un petit vestibule, une œuvre d’art dans une vitrine à chaque chambre. Il y a même un onsen, que je me ferai le plaisir de fréquenter, une cour intérieure et un jardin devant l’entrée très bien aménagés. Nous apprécierons le calme dû à la localisation un peu excentrée ainsi que le bus navette qui relie la gare deux fois heure, avec proche de la gare un service de conciergerie très utile. C’est le nom Sainoniwa qui avait accroché mon attention (à cause du « niwa ») et je ne suis pas déçue.

Omicho Market est un grand marché couvert, avec plus d’espace que celui de Kyoto. Il est ouvert six jours sur sept et ses 180 étals de nourriture sont surtout impressionnants quand ils proposent du poisson. Les poissonniers s’en donnent à crier leurs produits et nous sourions en voyant se balancer les paniers en osier qui servent de caisse pour les recettes – ils ont la chance de vivre dans un pays où le vol est inconnu. C’est un peu tôt pour le repas et pourtant les restaurants de ce marché sont à la source de produits frais et ceux de l’étage offrent une belle vue sur le va-et-vient des clients.

Le pont Asanogawa enjambe la rivière du même nom et nous amène à Higashi Chaya district, l’un des trois anciens quartiers de geishas. Nous voici à nouveau remontés dans le temps, au 19ième siècle; les rues piétonnes sont bordées de maisons basses en bois (les portes me paraissent si petites), aux fenêtres lattées. On dirait des maisons borgnes et pourtant en y pénétrant on découvre un décor très mignon, des jardins, des points de lumière très raffinés. Ce sont aujourd’hui des boutiques d’artisanat de la région, connue pour sa poterie, céramique ou porcelaine de Kutani, ses teintures sur soie Kaga Yuzen, ses objets recouverts de laque de Wajima dessinée ou de laque Yamanaka laissant voir le grain du bois, ses dorures à la feuille d’or – que ce soit sur des vêtements, des sacs, chaussures, porcelaine, verre ou papier, nourriture, même les murs d’une pièce. Les 99% des feuilles d’or produites au Japon le seraient ici à Kanazawa.

Et nous resterons sous le charme de ce quartier, même sous une petite pluie – qui donne le plaisir d’admirer de beaux parapluies japonais encore en bois – en savourant un menu local dans une ancienne maison de thé. Décor sobre, senteur de la paille des tatamis et du bois de la construction, présentation des plats comme des œuvres d’art, calme et grande gentillesse des serveuses.


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Mikiko, ma nouvelle guide et Benoît, notre ancien guide

Mikiko est une guide francophone, amie de Tadashi et elle sera ma guide ce jour pour rayonner dans un quartier insolite proche de chez moi. Je fais sa connaissance à la sortie de la station Nezu sur ma ligne de métro et de suite le contact se passe très bien, je la trouve sympa – nous allons passer un super moment toutes les deux.

Je n’avais jamais visité le sanctuaire de Nezu, quelle erreur; il est sobre, pas trop grand, peu peuplé. Et surtout il semble protégé par sa colline couverte d’azalées; celles-ci sont toutes à leur apothéose de floraison et avec une météo ensoleillée, c’est magnifique – Maude m’avait prévenue qu’une surprise m’y attendrait et elle avait raison.

Un retraité, amoureux de la nature et de la photo, se met à parler avec nous et me conseille les bons spots pour mes photos. C’est un bavard et Mikiko me résume souvent ses propos – il est venu plusieurs fois en Suisse, dans les montagnes, pour des photos et en garde un merveilleux souvenir. Nous sillonnons la colline au milieu de ces massifs joyeusement colorés et nous traversons le tunnel des Torii rouges où sont gravés les noms des donateurs.

Mikiko me remet en mémoire les bases du shintoïsme (religion née au Japon) et du bouddhisme (religion importée et adaptée), elle répond à mes interrogations ou mes étonnements et nous pratiquons ensemble la phase de lavage des mains, de la bouche (pour la parole gentille) puis de l’offrande et des vœux après avoir claqué des mains. Une petite scène accueille, surtout l’été, le théâtre Nô et les kiosques vendent les amulettes, les emas, les porte-bonheur divers.

Ensuite elle me demande si j’aimerais goûter du Amazaké : why not? Il s’agit d’une boisson chaude sucrée, à base de riz fermenté; c’est un peu épais, pas très alcoolisé et surtout c’est un fortifiant, bon pour la santé ! J’aime et suis très contente d’avoir pu participer à ce partage – on en prépare seulement aux grandes occasions, ici c’est pour la fête des enfants qui a lieu début mai. Sheena me dira qu’elle n’a pas souvent l’opportunité d’en déguster, parfois à la nouvelle année seulement. La dame du stand est surprise de ma présence ici, moi seule étrangère, elle nous offre du thé et me félicite, via ma guide, pour mon accent parfait du Arigato gozaimasu !

Nous nous promenons alors dans Yanaka, qui signifie « la vallée du milieu », quartier situé entre les plateaux de Ueno et de Hongo. C’est une chance que ces ruelles aient été préservées dans le temps des bombardements, des incendies, des intempéries; les maisons y sont restées petites, souvent en bois et certaines sont restaurées pour leur redonner le cachet d’antan. Les habitants y vivent à un autre rythme que dans le centre de Tokyo, ici on prend le temps de discuter, on garnit les devantures des habitations avec des plantes, des pots de fleurs.

Yanaka est connu comme étant la ville des chats, ils sont nombreux à se dorer au soleil, à se promener comme nous; la plupart sont sauvages et ont élu domicile dans le grand cimetière. Il n’est donc pas étonnant que le chat soit la mascotte de cette zone; les japonais aiment les mascottes, ils en ont des centaines et font même des concours de popularité. Ici, dans une toute petite ruelle nous discutons un moment avec un monsieur assis à même la route, avec son chat en laisse – il m’autorise à photographier … le chat … et finit par me donner un plan en anglais de Tokyo ainsi que sa carte business. Il a des chambres à louer sur Airbnb et son épouse, d’origine russe, tient une petite école dans sa langue maternelle – leur maison est mignonne. Ceux qui n’aiment pas les chats alignent devant leur porte des bouteilles d’eau en plastic – Mikiko n’est pas du tout convaincue de l’efficacité. Et les barreaux que j’observe souvent aux portes ou fenêtres n’ont pas pour fonction de se protéger de la délinquance mais bien des tremblements de terre.

Par le passé Tokyo a subi plusieurs incendies importants et le gouvernement a alors décidé de déplacer un maximum de temples vers Yanaka, qui en plus d’être la ville des chats est aussi devenue la ville des temples. On les compte par dizaines, on les repère sur les plans par le manji 卐 , qui ici représente l’amour, la sagesse, l’union des religions. Ils ont tous leur cachet, leur cimetière adjoint, leur verdure tellement belle, leurs statues de pierre dont beaucoup d’enfants protégés d’un bonnet rouge. Le grand cimetière de Yanaka, très connu pour son allée de cerisiers – sous lesquels les tokyoites viennent aussi pique-niquer au moment de Sakura – possède des tombes d’hommes célèbres, artistes, politiques et aussi la famille du dernier shogun.

Au bas de Yanaka ginza, la rue mentionnée dans tous les guides, avec ses chats peints, sculptés un peu partout et ses boutiques d’artisanat, Mikiko a son restaurant préféré pour le poisson grillé. Je n’aurais jamais osé franchir cette porte, ne m’imaginant pas que c’était un restaurant et c’est pourquoi j’aime parfois la compagnie d’un guide pour ce genre de découverte. Le tenancier est poissonnier également (en fait c’est une histoire de famille sur trois générations et c’est ainsi que ça fonctionne souvent par ici pour ces petits restaurants de quartier) et Mikiko me conseille de goûter le Saba, une espèce de maquereau japonais. Je vois le patron l’embrocher et le faire griller sur le charbon. Sa peau caramélisée au sucre brun est un régal, le Saba est très goûteux – il faut que je retienne le nom (c’est d’ailleurs le nom de ce poisson qui fait que les japonais aiment nous demander « ça va? » car c’est pour eux la même prononciation) !

J’apprécie tant ce quartier que ma guide me propose de le sillonner encore un moment et on garde son autre projet pour une prochaine visite. Les boutiques d’artisans sont nombreuses, elle en choisit quelques-unes et je suis fascinée par une papeterie avec toutes sortes de décors traditionnels pour des objets d’utilité, comme des sacs, des porte-monnaies, des couvre-livres, des tissus également ou des cartes, des serviettes. Chez le boulanger l’odeur de cuisson est alléchante mais je n’ai plus faim et pourtant ce goût de sésame grillé me ferait bien envie.

Et c’est ici que ma chance se révèle; dans la teahouse voisine, des dames distinguées, en kimono, proposent la cérémonie du thé. Étonnamment je n’ai encore jamais participé à une dans ce contexte purement traditionnel et avec les explications de Mikiko ce sera un vrai moment intense – prendre le temps d’observer, d’admirer, de respecter les objets que l’on utilise, le bol, le petit fouet en bambou, la cuillère pour doser la poudre de macha. Tout est codifié et devenir maîtresse de cérémonie demande un long apprentissage, ce sera un moment d’échange que je n’oublierai pas, avec trois maîtresses et six participants. Il y a même une maman venue de loin dans Tokyo, avec son petit garçon de quatre ans – souvent les enfants ne sont pas les bienvenus mais le sien est très calme, bien gentil et il aime tant ces cérémonies du thé, nous dit sa maman. La maîtresse du jour nous informe en quittant quelle n’organise ces cérémonies pour le public qu’une seule fois par mois – c’est mon jour de chance!

Sur ce, l’horloge a tourné et il est temps de revenir vers la civilisation. Nous allons emprunter un « community bus », soit un petit bus de quartier dont le circuit passe par les ruelles plutôt que les grandes avenues. J’en découvre non seulement l’existence mais aussi les circuits et les horaires fréquents, bon tuyau de ma guide. Sur le trajet, elle me parlera aussi d’un onsen public et du jardin des pivoines. Mon seul regret sera de ne pas avoir rencontré Mikiko plus tôt dans mon séjour.

Ce soir Yves et moi sommes en partance vers Koiwa, la campagne, soit un quartier un peu éloigné, où la vie est moins bruyante, les vélos sont nombreux. Nous sommes de plus en plus à l’aise dans les rues pour nous repérer et ce ne sera pas trop compliqué de retrouver la maison de Benoît. Il était notre premier guide à Tokyo en 2012; nous suivons ses projets et connaissons depuis l’an dernier sa famille, son épouse Akiko, leur fils Link qui a 3 ans et leur petite Luna qui fêtera son premier anniversaire dans un mois exactement. Link est beaucoup plus volubile que l’an dernier, je n’y comprends rien mais il me met la manette du jeu vidéo en mains pour que je me mesure à lui … tellement drôle, tandis que Luna se cale dans mes bras, tout sourire. Benoît a lancé un commerce en ligne de friandises japonaises, il y a ajouté petit-à-petit des figurines ou objets du monde des mangas. Les 80% de ses clients sont en France et le nombre de commandes croît sans cesse, il s’est multiplié par trois depuis une année. Tant et si bien que leur projet d’aménager des chambres d’hôtes dans la maison sur trois niveaux qu’ils ont fait construire, tombe à l’eau car toutes les pièces servent de stock. Ils aimeraient pouvoir acheter la maison et le terrain voisin pour encore s’étendre. La poste vient trois fois par jour, 7 jours sur 7, chercher les colis qu’ils ont préparés manuellement, tandis que ses achats, il va les chercher lui même et il nous explique à nouveau que toutes les transactions pour son commerce se font en cash, il achète en liquide des timbres pour payer le facteur et il doit donner du liquide quand il va chercher ses friandises, etc. chez ses fournisseurs. C’est vraiment une habitude japonaise que de procéder ainsi, même pour s’offrir un sac Vuitton ou une montre Rolex, nous dit-il. Le repas est chaleureux autour d’un magnifique et délicieux plateau de sushis que Akiko a fait livrer … nous serons toujours les bienvenus chez eux.


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La vallée d’Hakuba, dans les Alpes Japonaises

Après une grosse journée de rendez-vous et de conférences pour Yves, nous voici en route pour un petit week-end de repos zen dans la vallée de Hakuba, au-dessus de Nagano, dans ce qui se nomme les Alpes Japonaises. La vallée pourrait faire un peu penser à notre vallée de Joux, en beaucoup plus long et plus large; un vaste plateau à 900 mètres d’altitude, entouré de sommets à plus de 3’000 mètres. Sur les quatre ou cinq domaines de ski proches de Hakuba station, certains sont encore ouverts mais ce n’est plus le beau décor d’un manteau blanc neigeux.

Pour nous rendre à notre résidence de ce week-end, j’ai pris l’option du Shinkansen jusque Nagano – où c’est d’ailleurs la date du marathon – puis du bus Highland Express qui rejoint Hakuba Valley en une heure et quart. C’est l’idéal pour apprécier le paysage montagneux, ses tunnels, ses rivières à la couleur des eaux de glaciers, ses villages aux maisons basses avec des potagers prêts à être plantés/semés, les rizières en nombre important. La forêt est  un mélange de pins bien verts et de feuillus grisâtres en cette saison, mais aussi de nombreux cerisiers à toutes altitudes. Les chauffeurs d’autocars adoptent une conduite vraiment tranquille et douce, sans freinages brusques – comme c’est agréable, comparé à nos conducteurs de Singapour.

Une navette du Sierra Resort nous attend à l’arrêt Happo-bus, pour nous emmener dans un endroit isolé au milieu de la forêt – magique, magnifique, décor du lobby et des salons de repos excellent, accueil très chaleureux. Et très rapidement nous n’aurons plus besoin de donner notre numéro de chambre pour les réservations; Isabelle, de la chambre 404, sera connue de tout le personnel – pas étonnant, nous sommes les seuls clients non-japonais, explique un des réceptionnistes!

La procédure pour les onsens, nous la connaissons bien pour l’avoir plusieurs fois pratiquée et nous allons nous faire plaisir dans ces bains chauds adoucissants, d’une source thermale à 48 degrés riche en minéraux, parfois en bains privatifs très cosy mais aussi dans le bain public face à la montagne … un bienfait pour la santé et pour la peau. Cependant nous ne passerons pas inaperçus lorsque nous nous présentons au restaurant pour le repas du soir avec 7-8 minutes d’avance sur la réservation : le deuxième jour, on nous demandera gentiment d’être plus ponctuels – ce qui aura pour effet une gêne momentanée de notre part et des hôtesses, gêne vite passée devant le bon repas servi.

Dimanche matin, en vrais montagnards, nous voulons absolument aller marcher dans les hauteurs; le dialogue vaut l’anecdote : eux, essayant de nous décourager à cause des ours qui au printemps sortent avec leurs petits, les protègent et nous, persuadés que les ours ne seraient pas si proches des pistes et des hôtels. Le compromis est venu de leur part : ok, on va vous déposer en navette à la station suivante de Iwatake où on viendra vous rechercher mais vous prenez chacun une cloche pour éloigner les ours. Dans son meilleur japonais, le chauffeur est volubile et nous fait voir en chemin un temple, un cimetière, avant de nous déposer dans ce qui ressemble à un no-man’s land. Je comprends mieux leur étonnement devant notre volonté affirmée de venir nous balader par ici – toute la station a été désertée avec la fermeture des remontées de ce « ski area ». Pas âme qui vive, aucun magasin ouvert, aucun café ni même aucun distributeur; je fais bringuebaler ma clochette et nous nous imaginons cet endroit en pleine saison de neige. Il nous reste la visite du petit temple pour rassasier nos âmes, à défaut de trouver de quoi nous sustenter.

La température de 18 degrés est bien agréable pour marcher et nous n’allons pas périr dans cet endroit mort; à l’aide de nos deux téléphones et d’une carte un peu globale, nous prenons la direction de Happo village, avec l’espoir de trouver de quoi manger un petit bout. Nous longeons les rizières, nous passons près d’un onsen et près de ce qui doit être une boîte de nuit fracassante les soirs d’hiver, nous voyons le tremplin qui a servi aux compétitions de saut lors des jeux olympiques de 1998 – nous sommes seuls, seuls au monde. Happo montre plusieurs restaurants sur le plan mais je crois que finalement, nous dénicherons l’unique qui soit ouvert – un petit bistrot très sympa, typique, où nous sommes accueillis avec grand sourire (sans doute les seuls clients de la journée) et où nous serons servis comme des rois. Le décor est traditionnel, la présentation de tous les petits plats très jolie, le menu excellent et nous repartons avec des origami que les dames passent leur journée à façonner. J’ai appelé l’hôtel pour déplacer le point de rendez-vous pour le retour et … tout est bien qui finit bien – les hôtesses sont rassurées de nous voir revenir sains et saufs !

La montagne, la vie dans les stations de montagne ne ressemble pas du tout à ce que nous connaissons en Europe; sans doute est-ce plus proche des Etats-Unis ou du Canada mais il faut dire que nous sommes ici au creux des saisons. En nous baladant autour de l’hôtel, nous voyons plusieurs jardiniers qui rafraichissent les abords des habitations. La forêt a été décimée pour faire place à ces petits centres de vacances, de repos au sein d’une nature qui sent bon le pin. Les étangs et les marécages voient fleurir ces jours des mizubashō, fleurs à la corne blanche en son centre.

Il y a quelques maisons individuelles mais surtout des petits lodges à louer ou des pensions, une sorte de bed&breakfast. Ces constructions sont jolies, ont du charme, il leur manque un peu de vie aujourd’hui. Je suis certaine que la belle saison verra revenir les vacanciers, d’un week-end pour les japonais, et que des activités se développent alors, comme l’accro-branche que nous avons vu à Iwatake. Les « resort », tels que l’hôtel que j’ai choisi pour notre repos, sont prisés pour les japonais qui souhaitent célébrer leur mariage à l’occidentale; tout y est organisé pour eux, il y a une jolie chapelle dans les dépendances et la cérémonie se déroule ici même.

Nous avons beaucoup apprécié le décor de la nature environnante du Sierra Resort – les moments de détente dans les onsens, le massage à l’huile aromatisée à la lavande et à la menthe que je me suis offert en chambre, les fauteuils relax dans la salle de repos aux énormes baies vitrées … juste pour lire, rédiger, fermer les yeux et se laisser flotter.

La soirée, la dernière pour mon amie Maude, nous la passerons ensemble à Jimbocho, à sillonner et chiner chez les bouquinistes, à essayer de nous faire comprendre pour trouver ce qu’elle cherche, à échanger nos impressions et nos adresses, à partager un repas de tempuras.


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Un peu chez nous à Tokyo, entre deux déplacements …

C’est un très fort tremblement de terre qui a secoué ces deux jours la région de Kumamoto, sur l’île Kyushu au sud du Japon; nous en parlons avec Shizue alors qu’elle m’invite pour le lunch dans un restaurant au parc Ueno. On sent que les japonais sont coutumiers de ces catastrophes naturelles, un peu résignés et très tristes pour les personnes qui sont restées sous les décombres (et aussi pour les bâtiments historiques détruits). Nous avons toujours beaucoup d’autres sujets de discussion ensemble, c’est un plaisir d’être reçus par Shizue de cette façon. Je lui montre des photos de Lucie et de mon jardin en Suisse; ce lien que nos enfants entretiennent quasi quotidiennement avec nous est très précieux pour moi – j’ai énormément de chance …

Notre quartier de Yushima nous plait bien, nous y avons nos repères, nos adresses et il nous réserve parfois de nouvelles bonnes surprises. J’avais le vague souvenir de boutiques coquettes qui se trouvaient sous la ligne de chemin de fer qui descend de Ueno vers Akihabara, alors que plus proche de la gare, c’est presque un souk bouillonnant à la japonaise. En effet, je retombe sur 2K540 Aki-Oka, où des artisans, des designers ont occupé une portion toute fraîche, blanche, épurée, calme du sous-voies – un vrai petit bijou d’espace marchant.

Le restaurant « Bouteille » sera une agréable découverte également; l’établissement est petit et tenu par un couple de japonais qui a voyagé dans la Bourgogne pour ses vins. La carte que le chef vient nous présenter ne nous parle pas mais quand il nous emmène dans son petit cellier, c’est plus compréhensible et sur base de la bouteille que nous avons choisie, il va nous concocter un menu sur mesure! J’adore les menus surprises et nous nous régalons de foie gras, de côtes d’agneau, avec une touche japonaise pour les sauces et les accompagnements. Le couple installé à la table voisine sympathise avec nous, nous échangeons un verre de nos vins respectifs et après des rires, des compliments, des courbettes, cela se clôture même par des photos! Vraiment le vin les rend très joyeux et chaleureux…

Maude m’a confirmé lundi que le parc de Shinjuku est splendide, je ne dois pas trop attendre si je veux encore pouvoir m’émerveiller sous les cerisiers en fleurs. C’est une balade où je ne vois pas passer le temps, où je me mêle aux autres amoureux de la nature, où les photos ne seront que le pâle souvenir de mes yeux fascinés. Shinjuku gyoen est vaste, reposant; les premières traces de ce parc remonte à l’ère Edo au 16ème siècle, il deviendra une ferme expérimentale pour la culture de fruits et légumes sous l’ère Meji pour prendre le nom de Jardin Botanique Impérial au début du 20ème siècle et être ouvert au public en 1949. Le ciel a la couleur idéale pour se marier avec le vert tendre des jeunes feuilles des érables, le rouge des érables japonais aux troncs tortueux, le fuchsia des buissons d’azalées et les variétés de roses de ces splendides cerisiers – il y en aurait plus d’une soixantaine de sortes différentes dans ce parc, pour plus de mille arbres dont la floraison s’étale sur quelques semaines … leur panache ce jour est fabuleux, les pompons se baladent à la brise légère, le miroir des étangs amplifie la magie du spectacle.

Et ma visite du quartier de Shinjuku se termine par une vision panoramique de Tokyo du haut d’une des tours du bâtiment du Gouvernement Métropolitain, aussi appelé plus simplement la mairie de Tokyo; ce bâtiment, dessiné par l’architecte Kenzō Tange était le plus haut building de la ville jusqu’en 2006. S’y trouve aussi un office de tourisme qui me donne des brochures sur divers endroits du pays, dont certaines même en français, que je collecte pour nos amis Patricia et André en vue de leur séjour le mois prochain. Yves donnait lui ce matin une conférence chez NEC, dont la vue depuis les étages lui a offert le Fuji-san.


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Le Palais Gyeongbokgung et rencontre avec JP Gauthier

Lors de notre précédente visite de Séoul en janvier 2013, la forte pluie et le froid du dernier jour m’avaient fait renoncer à la visite du Palais Gyeongbok. Ce matin, je me mets en marche dans sa direction, je me repère facilement jusque la rivière Cheonggyecheon qui a été recouverte par une autoroute dans le passé et a revu le jour, en contrebas des avenues – une jolie promenade insolite. Sur mon chemin, je fais une courte visite au centre bouddhique et au temple Jogyesa dont les nombreuses décorations en papiers de toutes les couleurs, font penser à une fête que l’on y célèbre ces jours.

Le palais royal Gyeongbokgung date du quatorzième siècle, à la fondation de la dynastie Joseon. Un très long mur d’enceinte entoure cette propriété qui nous révèle encore la splendeur et de cette résidence. Les portes, les cours se succèdent en alignement, jusqu’à plusieurs palais et la salle du trône où se réglaient les affaires du pays puis les bureaux et résidences du roi. L’architecture des toitures, avec leurs tuiles d’arêtes en forme de figurines animales protectrices, les sous-toits sculptés en bois et peints dans les couleurs vert/bleu/orange, les cheminées en briques à l’arrière, les pavillons pour les banquets, les étangs, les arbres en fleurs … tout y est pour permettre de plonger dans le passé – certaines jeunes filles se sont d’ailleurs parées de jolies robes de princesses. Et pour ajouter au folklore, des gardes sont de piquet à l’entrée principale sur les remparts, revêtant les costumes d’époque et jouant la relève en musique.

En partant ce matin, je suis passée au restaurant Arirang réserver une table pour notre lunch. C’est une adresse dont nous avions conservé le souvenir excellent d’un repas barbecue coréen, cuisiné à notre table, avec le parfum des sauces, la grande variété de légumes et la viande tellement tendre qui se grille sur un foyer de charbon fumant.

J’emmène alors Yves au DDP; il reconnaît de suite le côté majestueux de ce centre du Design, et aussi la folie des boutiques de gadgets et d’objets d’art. Nous ne serons pas déçus non plus par l’exposition Jean-Paul Gaultier; exposition créée à Montréal avec le Musée des Beaux Arts et en collaboration avec la Compagnie de théâtre UBU – elle a voyagé dans le monde et c’est ici à Séoul, la douzième et dernière étape de la tournée. La présentation est superbe et très surprenante; les mannequins « artificiels » semblent tellement vivants … ils bougent sur un plateau de défilé, ils parlent, font des mimiques ou des sourires, nous suivent des yeux. Et qui plus est, JP Gaultier s’exprime ainsi aux visiteurs ébahis, à ses admirateurs, en français ! Plusieurs salles sont aménagées, présentant de grandes étapes de sa carrière (sa première collection date de 1976) et les visions originales, extravagantes, de ce créateur de mode mondialement connu. C’est fabuleux! Merci à Emilien qui me l’a suggéré, en lisant mon message sur Facebook le jour de notre départ de Suisse, et où je mentionnais nos étapes de visites.

Le coréen est moins timide que le japonais, nous semble-t-il, il engage plus vite la conversation avec nous et c’est ainsi qu’en voulant quitter l’hôtel pour prendre un taxi vers l’aéroport, un hôte du Westin nous suggère le train rapide pour Gimpo (je ne l’avais pas vu mentionné dans mes guides ni sur les sites internet). L’idée est très bonne, nous rejoignons le Terminal international bien plus rapidement qu’en arrivant hier avec le bus navette pour les hôtels.

C’est encore avec ANA que nous volons pour rentrer chez nous, le « chez nous » de Yushima à Tokyo. La compagnie japonaise est vraiment très très bien, les hôtesses très souriantes et serviables et ici aussi, l’une d’elle est coréenne et se met à échanger avec nous … les japonaises sont nettement plus discrètes et je pense que c’est dû au frein de la langue. Notre vol se passe dans un ciel de nuit noire et donc pas de Fuji-san à l’horizon; nous atterrissons à Haneda à 22h15 et reprenons notre monorail puis la ligne du train. Quelle n’est pas notre surprise de voir encore autant de monde dans les transports … et principalement des hommes qui rentrent du travail, toujours en costume, cravate et avec leur mallette … il est minuit et les trains sont bien remplis !